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Le grand invité Afrique

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Du lundi au vendredi, Christophe Boisbouvier reçoit un acteur de l'actualité africaine, chef d'État ou rebelle, footballeur ou avocate... Le grand invité Afrique, c'est parfois polémique, mais ce n'est jamais langue de bois.

Location:

Paris, France

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RFI

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Du lundi au vendredi, Christophe Boisbouvier reçoit un acteur de l'actualité africaine, chef d'État ou rebelle, footballeur ou avocate... Le grand invité Afrique, c'est parfois polémique, mais ce n'est jamais langue de bois.

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French


Episodes

Révision constitutionnelle au Togo: «Nous avons clairement fait le choix d'un régime parlementaire»

3/28/2024
Au Togo, il n'y aura plus de présidentielle au suffrage universel. L'Assemblée nationale a adopté ce 25 mars une nouvelle Constitution qui donne tous les pouvoirs au chef du parti – désormais « président du conseil des ministres » – qui gagnera les législatives. Est-ce le poste que vise l'actuel président, Faure Gnassingbé, au terme des législatives du mois prochain ? Entretien avec Innocent Kagbara, député du Parti démocratique panafricain et signataire de la proposition de loi constitutionnelle. RFI : Innocent Kagbara, la réalité du pouvoir va passer du président de la République au président du Conseil des ministres, mais sur le fond, qu'est ce qui va changer ? Innocent Kagbara : Fondamentalement, ça veut dire que nous quittons un régime qui était hybride. On ne savait pas si c'était un régime présidentiel ou semi-présidentiel, mais maintenant, nous avons fait clairement le choix d'un régime parlementaire où le centre du pouvoir est au Parlement. Donc, le parti qui gagne les élections législatives dirige le pays, très simplement. C'est un peu comme ce qu’il se passe en Allemagne ou en Grande-Bretagne. Dorénavant, c'est le Parlement qui sera au cœur de la démocratie togolaise, où le parti qui va gagner les élections aura le choix de nommer le président du Conseil des ministres, et son chef pourra éventuellement devenir le président du Conseil des ministres. Il y a dorénavant une séparation claire de la fonction du président de la République, qui est une fonction représentative, qui est la première personnalité de l'État et qui est la personne qui est garante du bon fonctionnement des institutions de la République, et le cœur du pouvoir exécutif. Évidemment, [ce pouvoir exécutif] reviendra au président du Conseil des ministres. Qui sera le chef des armées ? Le Président du Conseil des ministres sera dorénavant le chef des armées. Et qui conduira les affaires de la nation ? C'est le président du Conseil des ministres qui conduira dorénavant les affaires de la nation avec un contrôle renforcé du Parlement. C'est un changement de régime. Et qui représentera le Togo dans les conférences internationales, par exemple ? C'est le cœur du pouvoir qui est dorénavant le président du Conseil des ministres. Mais rien n'interdit au président de la République, qui est la première personnalité de l'État également, de faire des déplacements hors du pays. Donc le président du Conseil des ministres sera le cœur de l'exécutif, mais le président de la République, quand même, garde son rôle de première institution et de garant des institutions de la République. Mais alors, concrètement, Innocent Kagbara, si au terme des législatives du 20 avril prochain, le parti au pouvoir Unir reste majoritaire, est-ce que le chef de ce parti, Faure Gnassingbé, deviendra président du Conseil des ministres ? Ce que nous savons, le texte le dit clairement, c’est que le parti qui gagne les élections, le chef du parti, sera de facto proposé pour occuper le poste du président du Conseil des ministres. Et dans six ans, après les législatives de 2030, ce sera le même système, ce sera le chef du parti vainqueur qui deviendra président du Conseil des ministres ? Oui, tout à fait. Dans ce système, ce qui est intéressant, c'est que les partis doivent aller les uns envers les autres, puisque parfois, à l'issue des élections, il faut une coalition pour pouvoir diriger le pays. C'est un système qui oblige les gens à se parler, à avoir un véritable programme de société, à diriger, si possible, le pays ensemble. Donc, en 2030, si c'est Unir qui gagne les élections, il reviendra toujours à Unir de proposer le poste du président du Conseil des ministres. Alors, si la Constitution actuelle avait été conservée, Faure Gnassingbé aurait été atteint par la limitation des mandats. Il aurait dû quitter le poste de président de la République au plus tard en 2030. Avec la nouvelle Constitution, il peut donc devenir président du Conseil des ministres ad vitam æternam, non...

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Pape Ibrahima Kane: «Je ne suis pas sûr que la sortie du Sénégal du franc CFA sera rapide»

3/27/2024
« Je suis porteur d'un panafricanisme de gauche », a déclaré le nouveau président sénégalais après l'annonce de sa victoire lundi 25 mars. Avec Bassirou Diomaye Faye au pouvoir, qu'est-ce qui va changer entre le Sénégal et ses voisins d'Afrique de l'Ouest d'un côté, entre le Sénégal et la France de l'autre côté ? Le chercheur sénégalais Pape Ibrahima Kane est un spécialiste des questions régionales en Afrique. Pour lui, cette alternance au Sénégal permet d'espérer un retour du Mali, du Burkina et du Niger dans la Cédéao. RFI : Dans les quatre-vingts pages du projet de Bassirou Diomaye Faye, le mot souveraineté apparaît 18 fois. Sur le plan économique d'abord, quelles sont les conquêtes de souveraineté que vise le nouveau président ? Pape Ibrahima Kane : Mais je pense que la première souveraineté qu'il veut conquérir, c'est la souveraineté de l'État sur ses ressources naturelles. On a le gaz, on a le pétrole. Il dit vouloir renégocier les contrats. Et on a aussi les phosphates, on a le zircon. L'agenda est vraiment de faire en sorte que le Sénégalais puisse jouir le maximum possible des ressources naturelles qui se trouvent sur son territoire. Alors, dans le domaine du gaz et du pétrole offshore, le président sortant, Macky Sall, affirme que l'État sénégalais est déjà majoritaire dans tous ses contrats avec les compagnies internationales comme British Petroleum et la compagnie américaine Kosmos Energy. Qu'est ce qui va changer, demain, avec le nouveau président ? Mais, ces contrats-là, Macky Sall a dit que le Sénégal était majoritaire, mais on attend de voir. Il n’y a pas l'information qui permet de vérifier tout cela. En plus, dans certains domaines, on partage le pétrole et le gaz avec un voisin, la Mauritanie, et l'on sait que les négociations ont été très rudes avec certaines compagnies comme BP, et peut-être que cette nouvelle présidence va nous permettre d'en savoir plus sur le dossier. Et comme eux-mêmes, ils disent qu'ils vont vouloir renégocier des contrats qu'ils considèrent comme léonins, on va certainement voir quel va être leur marge de manœuvre pour renégocier tous ces contrats. Dans le domaine de la pêche, le nouveau président veut revoir les permis accordés aux acteurs étrangers. Qu'est-ce qu'il peut faire de ce côté-là ? Ah là, il peut faire beaucoup de choses parce que beaucoup de ces contrats en réalité ont été octroyés à des Sénégalais qui les ont après sous-loués à des compagnies chinoises, en tout cas asiatiques de façon générale. Là, l'État a la possibilité en constatant que ce n'est pas celui qui a signé le contrat qui en est l'exécutant et donc peut remettre en cause beaucoup de ces contrats. D'autant plus que beaucoup de pêcheurs sénégalais se plaignent de la raréfaction du poisson à cause de ces compagnies qui disposent de matériel hautement sophistiqué. Donc, si l'État veut satisfaire, en tout cas, les demandes de ces dizaines de milliers de pêcheurs, il faudra faire quelque chose dans ce domaine. Et je pense que c'est possible pour le gouvernement de remettre un peu d'ordre dans ce secteur-là. Sur le plan politique, « il faut sortir du néocolonialisme », disent les nouveaux dirigeants du Sénégal. Quelles mesures pourraient prendre Dakar vis-à-vis de Paris ? Certainement, la plus facile à réaliser, c'est peut-être de demander la fermeture des bases militaires qui sont, Sonko l’a rappelé plusieurs fois, qui sont vraiment l'exemple de présence néocoloniale sur le territoire sénégalais. Et je pense également aux accords de défense, vouloir les renégocier et faire en sorte que le Sénégal ne soit plus dépendant de ses relations avec la France lorsqu'il s'agit de sécurité. Je dois même ajouter que [les nouveaux dirigeants du Sénégal] insistent sur la France, mais le Sénégal a aussi signé des accords avec les Américains. Vont-ils renégocier ces accords-là ? Vont-ils demander à la petite unité des forces américaines qui se trouve à l'aéroport de Yoff de quitter le territoire ? Ça, les semaines à...

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Au Sénégal, la proposition de «changer le mode de gouvernance» a emporté l’adhésion des électeurs

3/26/2024
En votant dimanche dernier dans son village natal, Bassirou Diomaye Faye a promis « la rupture ». Alors qu'est-ce qui va changer, maintenant qu'il vient d'être élu président du Sénégal ? Y aura-t-il une nouvelle monnaie ? Y aura-t-il des renversements d'alliance ? Mamadou Lamine Sarr enseigne les sciences politiques à l'université numérique Cheikh-Hamidou-Kane de Dakar. En ligne de la capitale sénégalaise, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Mamadou Lamine Sarr, êtes-vous surpris par cette victoire annoncée de Bassirou Diomaye Faye dès le premier tour ? Mamadou Lamine Sarr : Pas tout à fait. Les dernières tendances avant le scrutin nous laissaient un peu présager, n'est-ce pas, de cette victoire. On pouvait s'attendre peut-être à une victoire au second tour, mais cette victoire au premier tour n'est pas du tout surprenante au vu, justement, de la mobilisation générale de l'électorat. À cause du bilan de la majorité sortante ? Oui, c'est un facteur explicatif effectivement, un bilan qui n'est pas satisfaisant aux yeux de nombreux Sénégalais. Le premier point, on a une accentuation des inégalités économiques et sociales. C'est une société où, de plus en plus, on a de grandes difficultés et une société où les gens vivent au quotidien le fait que les choses ne sont pas réparties de manière égale dans la population. Et ces inégalités, qui se sont incluses ces dernières décennies, notamment sous la présidence Wade et sous la présidence de Macky également, ont participé à ça. Et les gens, ils continuent à avoir de grandes espérances en matière de lutte contre les inégalités. Ça, c'est le premier point. Le deuxième point est plutôt relatif à la sauvegarde de nos institutions. Les Sénégalais sont des gens qui sont très attachés à leur culture politique, à leurs institutions, et, depuis l'alternance de 2000, les gens ont cette habitude-là, cette culture-là, de patienter, d'être endurant, je dirais même, dans l'épreuve, en se disant que l'élection présidentielle va arriver, ce sera l'occasion pour nous de renouveler ou bien d’exprimer notre volonté de changement ou autre. Et donc, quand on touche aux institutions, quand la séparation des pouvoirs n'est plus claire, quand le président est omniprésent, quand le Parlement ne joue plus son rôle, quand la société civile a un espace un peu plus réduit, à un moment, le peuple sanctionne. Et ça, ce n'est pas par rapport à Macky Sall, ça, tout président aujourd'hui qui passe aura ces questions-là. Et ces questions vont se poser justement au nouveau président, monsieur Bassirou Diomaye Faye. Est-ce qu'on peut dire qu'après 40 ans de socialisme, avec Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf, et 24 ans de libéralisme de droite, avec Abdoulaye Wade et Macky Sall, on revient à une période socialiste ? C'est difficile d'avoir cette lecture-là au Sénégal parce que je ne sais pas si Abdoulaye Wadeétait tout à fait libéral. Peut-être... Et je ne sais pas si Macky Sall l'était également. Donc, c'est difficile d'avoir cette lecture qu'on a en Occident, par exemple, entre libéraux, socialistex, sociaux-démocrates et cetera. La lecture qu'on peut par contre avoir, c'est qu'on a en face de nous un président et ses amis qui sont donc, en particulier, Ousmane Sonko et les autres de la grande coalition, qui, à mon avis, ont compris les attentes des jeunes en matière de panafricanisme, d'intégration régionale, d'intégration continentale, en matière de relation avec les plus anciennes puissances coloniales, notamment la France. Tous ces grands enjeux-là, les jeunes se l'approprient. Donc, je ne pense pas que cette lecture-là puisse se faire, mais ce qui est sûr, c'est que c'est une rupture, effectivement, entre Senghor et Abdou Diouf d'une part, Wadeet Macky Sall d’autre part, ça, c'est une évidence, oui. Sur le plan tactique, est-ce que les atermoiements de Macky Sall, ces dernières semaines, quand il a voulu reporter la présidentielle à la fin de l'année, ça a compté dans le vote des...

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Procès Zogo au Cameroun: «Ce serait bien que le public suive les débats», estime Christophe Bobiokono

3/25/2024
C’est un crime qui a bouleversé tout le Cameroun. Qui a tué le journaliste Martinez Zogo en janvier 2023 à Yaoundé ? Et qui a commandité cet assassinat ? Ces deux questions sont au cœur du procès qui doit s’ouvrir ce lundi 25 mars devant le tribunal militaire de Yaoundé. Au Cameroun, Christophe Bobiokono est le directeur de publication de Kalara, le journal spécialisé dans le traitement des affaires judiciaires. En ligne de Yaoundé, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Dans le box des accusés, il va y avoir dix-sept personnes, dont l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga et les deux anciens patrons de la DGRE, c’est-à-dire des services secrets camerounais, Maxime Eko Eko et Justin Danwe. De quoi sont-ils soupçonnés ? Christophe Bobiokono : M. Jean-Pierre Amougou Belinga et M. Eko Eko apparaissent, au terme de l’enquête, comme de probables commanditaires de ce qui s’est passé. M. Jean-Pierre Amougou Belinga est poursuivi comme quelqu’un qui aurait aussi financé l’opération. Mais il y a une troisième personne qui est dans la peau d’un commanditaire, c’est M. Martin Savom, maire d’une localité que l’on appelle Bibey dans la région du Centre au Cameroun. C’est la dernière personne à avoir été inculpée, mais qui apparait comme ayant même été présente sur la scène du crime, au moment où l’homme de médias a été tué. L’un des principaux accusés, c’est Justin Danwe, l’ex-numéro 2 des services secrets (DGRE). Il serait passé aux aveux, il aurait dit ne jamais avoir eu l’intention de tuer Martinez Zogo, « il fallait lui faire peur » aurait-il dit. Est-ce que c’est crédible ? C’est difficile que ce soit crédible, dans la mesure où M. Danwe est finalement la pièce maîtresse de tout : il est au contact de toutes les personnes qui se sont retrouvées impliquées dans la filature, dans l’enlèvement, dans le traitement, voire l’assassinat de la personne, donc c’est lui qui organise finalement tout. Je le dis sur la base de ses propres déclarations et sur les témoignages de certains des mis en cause. Quand Justin Danwe dit qu’il n’avait pas du tout l’intention de tuer Martinez Zogo, est-ce que vous le croyez ? Ou est-ce que vous ne le croyez pas ? Disons que, si on se base sur l’ordonnance de renvoi, donc le rapport d’instruction du juge qui les renvoie en jugement, on peut dire que cette déclaration-là est douteuse. Dans la mesure où c’est bien lui qui renvoie sur les lieux du crime les trois personnes qui sont supposées avoir donné la mort à Martinez Zogo. Comme l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga est réputé avoir été un proche de l’actuel ministre de la Justice, Laurent Esso, la presse s’est étonnée, l’année dernière, que ce ministre n’ait jamais été entendu par un juge. Qu’est-ce que vous en pensez ? Sur la base des informations que nous avons vues, le nom du ministre de la Justice n’est pas ressorti comme un acteur des actes de filature, d’enlèvement et d’assassinat ou de torture. Donc je trouve tout à fait normal que le ministre de la Justice n’ait pas été inquiété. Mais je peux vous dire que l’influence du ministre s’est fait grandement sentir au début de l’enquête, M. Amougou Belinga a bénéficié d’un traitement de faveur. D’ailleurs, il n’est interpellé que trois semaines après l’enlèvement de Martinez Zogo. Ce qui nous paraît quand même énorme ! Le président de la République a dû recourir à une commission mixte police-gendarmerie pour mettre entre parenthèse l’institution judiciaire telle qu’elle fonctionne normalement pour mener l’enquête policière. C’est dire si, depuis le sommet de l’État, on savait que l’influence du ministre de la Justice pouvait fausser certaines choses. Certains disent que l’assassinat de Martinez Zogo est la manifestation la plus spectaculaire et la plus tragique de la lutte des clans qui se durcit actuellement au sommet de l’État camerounais. Qu’en pensez-vous ? Je pense que c’est vrai. Je crois avoir lu dans les documents que j’ai consultés que M. Eko Eko, qui...

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Adam Shatz revisite le psychiatre Fanon en Algérie: «Frantz Fanon, Une vie en révolutions»

3/24/2024
Redécouvrir Frantz Fanon : le personnage, sa pensée et son époque... C'est ce que propose une biographie que viennent tout juste de publier les éditions La Découverte. L'ouvrage est intitulé « Frantz Fanon, Une vie en révolutions ». On y voit le penseur mûrir ses idées anticoloniales et s'engager aux côtés des indépendantistes algériens, avec pour arrière-plan les débats intellectuels et les luttes d'influence de son époque. Une grande fresque, donc, dont nous parle son auteur, l'essayiste et journaliste américain Adam Shatz.

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Soudan: «À El-Geneina, la communauté massalit a fait l'objet d'un véritable nettoyage ethnique»

3/22/2024
Au Soudan, il n’y a toujours pas de trêve en vue dans le conflit qui fait rage depuis le 15 avril 2023 entre les deux généraux rivaux, Abdel Fattah al-Burhane et Mohammed Hamdane Daglo, et qui a plongé le pays dans le chaos. Depuis le début de la guerre, plus d'un demi-million de réfugiés sont arrivés au Tchad voisin. Une crise humanitaire d'une ampleur alarmante, mais qui souffre d'un profond déficit d'attention et de financements. Charles Bouessel, analyste Afrique centrale pour l'International Crisis Group (ICG), est l'invité de RFI. RFI : Vous êtes ici à Ndjamena. Vous rentrez tout juste d'une mission dans l'est du Tchad, à la frontière soudanaise, où les réfugiés continuent encore d'arriver, près d'un an après le début du conflit. Qu'est-ce qui vous a le plus marqué lors de votre séjour là-bas ? Charles Bouessel : La majorité de ces réfugiés ont été pillés. Beaucoup ont perdu des membres de leur famille, massacrés par les RSF [Forces de soutien rapide]. Les femmes, notamment, ont beaucoup souffert, les cas de viols sont innombrables. Cette crise s'ajoute à une situation socio-économique extrêmement difficile dans l'est du Tchad. La population locale souffre déjà de malnutrition, d'un manque critique d'infrastructures sanitaires. Et donc, vous imaginez que l'arrivée d'un demi-million de personnes en plus ne va faire qu'accentuer cette pression sur les ressources. Les points de tension les plus critiques sont, sans doute, l'accès à l'eau et au bois de chauffe. On m'a parlé de disputes et de bagarres autour de puits, dont le niveau baisse dangereusement. Les femmes également, les femmes de ces camps de réfugiés qui en sortent pour collecter du bois de chauffe, certaines d'entre elles se sont fait tabasser, voire violer à l'extérieur de ces camps. Avec toujours cette critique qu'elles font diminuer les ressources déjà rares des populations locales. On parle d'un risque sécuritaire local, diriez-vous qu’il y a aussi un risque de tension politique ? La majorité des réfugiés appartiennent à la communauté Masalit, qui a été violemment ciblée par les RSF. Cette communauté nourrit un esprit de revanche et certains commencent à recruter des milices d'autodéfense et les autorités tchadiennes craignent donc que ces recrutements ne perturbent une situation sociale déjà explosive. Mais c'est aussi une zone où il y a, depuis longtemps, de nombreux trafics. On imagine qu'il y a également un impact sur cette économie informelle ? Tout à fait. Il y a donc des trafics qui se sont développés de manière importante depuis l'éclatement du conflit soudanais. Peut-être les deux les plus notables sont le carburant et le trafic de produits pillés. On voit tous les jours d'importants camions de citerne libyens qui arrivent de la Libye jusqu'à Adré, qui déchargent ce carburant dans des fûts, que des pick-up chargent la nuit pour traverser la frontière et approvisionner la milice RSF en carburant. Trafic de carburant, trafic de véhicules également ? Effectivement, les trafics de véhicules volés au Soudan sont extrêmement importants. J'ai pu voir de mes yeux à Abéché, une zone où sont garées des dizaines et des dizaines de gros 4x4 Toyota, des Prados, des Hilux, qui sont vendus autour de 15 000 euros, ce qui est 3 à 4 fois moins que leur valeur réelle. J'ai pu également parler avec une Tchadienne qui avait voulu acheter un de ces véhicules et qui, au moment d'inspecter ce véhicule, ouvre la boîte à gants et voit un permis de conduire d'une personne de la communauté Masalit tomber, qui n'était clairement pas le vendeur de la voiture. Vous avez également recueilli de nombreux témoignages sur la situation au Darfour. Que disent ces témoignages de la situation de l'autre côté de la frontière ? La ville de El-Geneina a été quasiment vidée à 90% de sa population Masalit, qui a été l'objet d'un véritable nettoyage ethnique dans la ville. Une ville où on retrouve des fosses communes où les quartiers Masalit pour certains, ont été totalement rasés,...

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RDC: le journaliste Stanis Bujakera annonce ne pas faire appel de sa condamnation pour le moment

3/21/2024
Le journaliste Stanis Bujakera ne compte pas faire appel pour le moment. C'est ce qu'il annonce sur RFI. Condamné ce lundi à six mois de prison, puis libéré ce mardi, Stanis Bujakera a choisi RFI pour accorder sa première interview d'homme libre : les pressions sur lui pour qu'il révèle ses sources, les pressions sur les juges pour qu'ils le condamnent... En ligne de Kinshasa, notre confrère, correspondant de Jeune Afrique et de Reuters, mais aussi le directeur adjoint d'Actualité.cd, raconte ses six mois de détention. RFI : Ça fait quoi d'être un homme libre ? Stanis Bujakera : Quel soulagement ! Je veux dire, ça m'a manqué depuis le 8 septembre 2023. Je suis juste très content de retrouver enfin ma femme, mes enfants, mes parents, les collègues et de pouvoir encore continuer à ne faire que ce que nous savons faire, continuer avec mon travail d'informer. Il y a eu une forte mobilisation dans votre pays, le Congo, et à l'étranger. À qui pensez-vous aujourd'hui ? À tous ces vaillants journalistes qui se sont levés comme un seul homme pour dire non. Non à l'oppression, non aux intimidations contre le travail indépendant des journalistes, non à l'arbitraire. Je voulais ici dire merci aux différents médias pour qui je travaille, notamment Jeune Afrique, avec la direction [de ce journal] et tous les collèges journalistes qui se sont mobilisés. Je voulais dire ici merci à Reuters, merci à actualité.cd, merci très particulièrement aux collègues Patient Ligodi, Israel Mutala, Ange Kasongo, Wendy Bachi, Sonia Rolley, tous les autres confrères, ils sont nombreux, ils se sont beaucoup mobilisés et je dois tout à toutes ces personnes. Merci à tous. Mardi après-midi, Stanis, vous êtes passé par toutes les émotions. D'abord libérable, puis à nouveau incarcéré dans votre cellule collective de Makala, et enfin libéré. Qu'est-ce qui s'est passé ? Ce qui s'est passé, c’est une démonstration de plus de l'acharnement de la part de ceux qui ne veulent pas que les journalistes ne fassent que leur travail, celui d'informer la population, de leur donner une information indépendante. Dieu merci, finalement, après toute cette mobilisation, autour de 22 heures, je peux quitter la prison centrale de Makala et on m'a informé que le ministère public avait retiré son appel introduit plus tôt contre le jugement. Je voulais parler de ce jugement inique qui a été prononcé contre moi. Inique, parce que j'estime que, dans ce dossier, le droit n'a pas été dit. Et justement, cette volte-face du procureur, ce mardi à 22 heures, vous l’expliquez comment ? Depuis le début de cette affaire, le procureur, le parquet et tout le monde qui était derrière ces dossiers, ils étaient dans ce que je vais qualifier, moi, d’imagination. Tout a été fabriqué. Toutes les accusations ne reposaient sur rien, n'avaient aucun soubassement. On m'a accusé de tout, mais seulement, moi, je suis journaliste, je suis factuel. Ils ont été dans l'impossibilité de démontrer leurs accusations. Curieusement, le parquet m’a demandé à moi d'amener les preuves de leurs accusations. Or, ce n'était pas mon rôle. C'est l'accusateur qui apporte les preuves, et non l'accusé. À l'origine de votre arrestation il y a 6 mois, Stanis Bujakera, il y a eu une note des services de renseignement civils qui impliquait les services de renseignement militaires dans la mort du député d'opposition Chérubin Okende, en juillet 2023. Le procureur vous a accusé d'avoir fabriqué cette note et, ce lundi, la justice vous a officiellement condamné pour cela. Comment vous réagissez, aujourd’hui ? Je dis que ce qui s'est passé dans ces dossiers, il n’y avait rien de droit, donc c'est une affaire totalement montée, totalement fabriquée pour essayer de nous intimider. D'ailleurs, cela, le ministère public l'a assumé le jour de la plaidoirie, il disait qu’il fallait condamner Bujakera qui dérange, il fallait condamner Bujakera pour faire peur aux autres journalistes, il fallait le faire. C'est comme ça que je dis qu’il...

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«La Journée internationale de la Francophonie n'est pas une célébration politique», dit la porte-parole de l'OIF

3/20/2024
Ce mercredi 20 mars, c'est la Journée internationale de la Francophonie. De nombreuses manifestations culturelles sont prévues dans les pays où l'on parle français. Mais en République démocratique du Congo, il n'y aura pas de cérémonie officielle car les relations sont tendues entre Kinshasa et la secrétaire générale de la Francophonie, la Rwandaise Louise Mushikiwabo. Comment réagit-elle ? Entretien avec sa porte-parole, Oria Vande Weghe. RFI : Votre mot d'ordre cette année, c'est créer, innover et entreprendre en français. À quel public vous adressez-vous ? Oria Vande Weghe : Très clairement à la jeunesse francophone. Vous savez, on est un espace très jeune avec une moyenne d'âge assez jeune dans beaucoup de nos États. Et, cette année, la volonté de la Secrétaire générale et du président Emmanuel Macron, qui accueille le prochain sommet, a été de s'adresser directement aux jeunes dans cette thématique de création, d'innovation. Surtout parce qu’une des préoccupations principales de la jeunesse, c'est de s'insérer professionnellement et que ça passe par l'innovation, la création et l'entreprenariat. Et concrètement, est-ce que l'OIF organise, pays par pays, des concours dont les jeunes lauréats sont récompensés par le financement de leurs projets, par exemple ? Alors, ça ne fait pas partie de nos programmes. Mais effectivement, cette année justement, à l'occasion de cette thématique, l'OIF, la Secrétaire générale en particulier, a décidé de lancer un grand concours justement destiné à la jeunesse de tous nos États membres. On va le lancer en ligne et inviter tous les jeunes à proposer des projets innovants dans plusieurs secteurs, et les lauréats seront récompensés avec des enveloppes budgétaires permettant de mener à bien leur projet. Donc oui, c'est à l'ordre du jour et les lauréats seront annoncés normalement pendant le sommet. Pendant le sommet de la fin de cette année en France ? Oui, au mois d'octobre. On sait où il aura lieu, ce sommet ? Il aura lieu en France, en partie à Paris, en partie à Villers-Cotterêts, les 4 et 5 octobre. Et j'imagine que ce concours, il sera organisé notamment dans de nombreux pays africains, 85% des francophones étant africains. Exactement. On va le lancer en ligne et, tout au long du mois de mars et au cours des semaines qui suivent, on va vraiment mobiliser au maximum pour qu’on ait le plus de candidatures possibles. Donc, je profite d'être sur vos antennes pour lancer l'appel à la jeunesse pour participer massivement à ce concours. Le premier pays francophone d'Afrique, c'est la République démocratique du Congo. Mais cette année, à Kinshasa, il n'y aura pas de cérémonie officielle pour célébrer ce 20 mars, car les autorités congolaises vous reprochent, vous, l’OIF, d'être pro-rwandais dans le conflit actuel entre le Rwanda et le Congo Kinshasa. Quelle est votre réaction ? Écoutez, oui, nous avons appris cette décision de la RDC hier. Que dire ? Je ne sais pas si c'est en raison de la nationalité de notre Secrétaire générale, ou parce que le Rwanda est également un pays membre de notre organisation. Mais il faut savoir que le 20 mars, la Journée internationale de la Francophonie, ce n'est pas une célébration d'ordre politique, c'est une célébration citoyenne. Les États, les communautés, les instituts, les académies… Tout le monde culturel célèbre cette appartenance à un espace francophone. Donc, personnellement, je ne suis pas sûre de voir le lien entre la célébration du 20 mars et toute forme de reproche politique. Maintenant, de dire qu'on reproche à l'Organisation de prendre parti, j'aimerais savoir sur quelle base se fait ce reproche. Je ne pense pas qu'il y ait eu une quelconque prise de position à ce jour, bien au contraire. La Secrétaire générale a communiqué plusieurs fois positivement pour encourager la voie du dialogue, donc je pense que, en tout cas, il ne faut pas faire d'amalgame entre le politique et la vie citoyenne. Les nombreux francophones de RDC mériteraient...

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Départ des troupes américaines du Niger: «Un coup dur pour les deux parties»

3/19/2024
Après les Français, c'est au tour des militaires américains d'être bientôt expulsés du Niger. C'est ce qu'a annoncé le porte-parole de la junte au pouvoir à Niamey, le 16 mars. Pourquoi le torchon brûle entre Niamey et Washington ? Et est-ce à dire que les Russes vont maintenant avoir le champ libre au Niger ? Entretien avec Paul-Simon Handy, directeur l'Institut d'études de sécurité (ISS) à Addis-Abeba. RFI : Avez-vous été surpris par la décision du Niger de rompre sa coopération militaire avec les Américains ? Paul-Simon Handy : J'ai été surtout surpris par le ton, par la forme et peut-être pas par la décision en elle-même qu'on voit poindre à l'horizon depuis un certain moment. Et le gouvernement du Niger n'étant pas à son premier coup d'éclat, disons que ce n'était pas une surprise totale. Mais la forme, il faut dire, est plutôt surprenante. Oui, puisque les Nigériens accusent les Américains de condescendance, voire d’arrogance ? Oui, ils n'ont pas eu la courtoisie de recevoir une délégation qui était dans leurs murs et ont utilisé un ton très peu diplomatique pour exprimer leur mécontentement, mais selon les dires des Nigériens, la condescendance de la partie américaine était à peine supportable. Sur le plan stratégique, est-ce que c'est un coup dur pour le dispositif américain AFRICOM ? Alors, il faut dire que c'est un coup dur, certainement pour les deux parties, parce que, même si le Niger décide de manière souveraine de renoncer à l'accord signé en 2012, le Niger perd énormément, déjà. Cet accord prévoyait de la formation, il prévoyait un appui en renseignements, un appui en équipements. L'armée nigérienne, au terme de cet accord, est dotée de transports aériens, d'avions C-130 qui sont importants dans toute opération. Pour la partie américaine, il y a de vraies pertes aussi. C'est un coup dur, définitivement, parce que la base américaine d'Agadez est certainement l'une des plus importantes bases américaines en Afrique, après celle de Djibouti. Cette base de drones permettait naturellement pour les Américains de recueillir du renseignement et des informations utiles à la lutte contre les groupes extrémistes violents, mais aussi certainement contre toute sorte de trafics illicites et les migrations aussi. Et vous pensez à la Libye ? On pense naturellement à la Libye. À la frontière du Niger avec la Libye, aussi, le Niger perd certainement un moyen important d'avoir des informations sur ce qui se passe à sa frontière avec la Libye. Et les Américains, à terme, perdront un énorme moyen de renseignement sur les mouvements en Libye et autour de la Libye. Depuis le putsch de juillet dernier au Niger, les Américains s'étaient désolidarisés des Français, afin de ménager la nouvelle junte de Niamey. Comment expliquez-vous que, malgré ces précautions, les Américains subissent aujourd'hui cet échec ? Disons que les Américains avaient peut-être mal apprécié la nature des militaires au pouvoir au Niger. On aurait pu penser au départ que c'est un coup stratégique de la part de la junte de vouloir diviser les Occidentaux, notamment la France et les États-Unis, s’aliéner la Francepour mieux se rapprocher des États-Unis, c'est ce qu'on aurait pu penser. Mais, pour les États-Unis, c'est un pari difficile à tenir, avec une junte militaire qui est pratiquement en contradiction avec toutes les normes et les idéaux démocratiques que représentent les États-Unis. Donc, il était difficile pour les Américains de tenir cette position, sans entrer en contradiction avec leurs principes. Et justement, l'une des demandes des Américains, en échange de leur maintien à Agadez, c'était le retour du Niger à la démocratie et la libération du président Bazoum. Est-ce que cela a pu indisposer le général Tiani et la junte de Niamey ? Je pense qu'il y a plein de choses qui indisposaient le général Tiani, parce que les Américains avaient littéralement les mêmes demandes que les Français. Les seules différences étaient peut-être sur le ton, mais du...

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Côte d'Ivoire: la candidature de Gbagbo «est de l'ordre de la stratégie du PPA-CI»

3/18/2024
C'est le premier des poids lourds politiques à se positionner pour l'élection présidentielle de 2025 en Côte d'Ivoire. Le 9 mars, le PPA-CI, le Parti des peuples africains, a désigné l'ex-chef de l'État pour être leur champion. Problème, Laurent Gbagbo est sous le coup d'une condamnation pour l'affaire dite du « braquage de la BCEAO » (Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest) pendant la crise post-électorale de 2010/2011. De ce fait, Laurent Gbagbo est privé de ses droits civiques et est donc inéligible. Seule une amnistie présidentielle de son ex-rival Alassane Ouattara pourrait le remettre en selle. Ousmane Zina est professeur agrégé en sciences politiques à l'Université de Bouaké. Il est interviewé par Frédéric Garat. RFI :Ousmane Zina, Laurent Gbagbo vient d'être désigné candidat à la présidentielle de 2025 par son parti, le PPA-CI, mais Laurent Gbagbo est, à l'heure où l'on se parle, inéligible du fait de sa condamnation à 20 ans de prison pour le braquage de la BCEAO. Aussi, on s'interroge, à quoi rime une telle désignation ? Ousmane Zina : Oui, je pense que c'est de l'ordre de la stratégie du PPA-CI. Premièrement, il s'agit de maintenir la figure de Laurent Gbagbo et donc, c'est une sorte de réponse à ceux qui pensent que nous tendons vers la fin de carrière politique de Laurent Gbagbo. Ce qui permettrait effectivement au PPA-CI de continuer à mobiliser ses militants en faisant exister Laurent Gbagbo au cœur du jeu politique ivoirien. Deuxième stratégie : projeter Laurent Gbagbo comme candidat en 2025, pourtant inéligible jusque-là, c'est aussi une manière de faire le forcing politique pour ouvrir les négociations politiques, seule voie pouvant permettre à Laurent Gbagbo d'être réintégré sur la liste électorale parce que c'est une figure assez forte pour le PPA-CI. Maintenant, reste à savoir si c'est la bonne voie. Sachant bien que, aux dernières élections communales et régionales, le PPA-CI n'a pas fait un très bon score en dépit du fait que Laurent Gbagbo ait été mis en avant comme cette figure très forte du jeu politique ivoirien. On verra bien si cette stratégie marche ou pas. Est-ce qu'il est le seul candidat potentiel au sein du PPA-CI ? Est-ce qu'il n'y a pas une alternative ? Il y a sûrement d'autres figures, il y a d'autres cadres. Beaucoup d'anciens cadres du FPI sont restés avec Laurent Gbagbo, mais est-ce qu’il y a cette volonté de laisser émerger de nouvelles figures, de nouvelles personnes ? Je pense que la figure de Laurent Gbagbo est tellement imposante au cœur du PPA-CI que, pour l'heure, l'on ne voit pas une autre personne qui puisse le remplacer malgré des signes de fragilité annoncés par certains ici et là. Justement, faire campagne, c'est aussi un exercice physique, on le sait. On a vu le « Woody », le garçon vaillant revenir fatigué de La Haye. Est-ce qu'il aura encore l'énergie pour cet exercice ? Il est clair que ce n'est plus le « Woody ». Ce n’est plus le « Woody » que l'on a connu durant les années 2000, de 2000 à 2010. C'est un homme d'un certain âge et, il faut le souligner, qui a connu un moment de maladie. Ce n'est plus forcément le même Laurent Gbagbo, mais il reste l'homme politique fort qui a marqué l'histoire politique de la Côte d'Ivoire. Il y a encore des générations qui se reconnaissent en lui et je pense que ça compte. C'est une voix qui compte dans le jeu politique, c'est une voix qui porte également, et c’est à lui peut-être encore de faire les preuves de sa capacité à mobiliser, de sa parole politique, qui soit ténue et écoutée par des milliers de personnes, comme on l'a vu dans le temps. Et donc, il y a encore des preuves à faire et 2025 n'est pas loin, et il y a du travail au niveau du PPA-CI. Du coup, on s'interroge sur l'attitude d’Alassane Ouattara en matière d'amnistie : soit il amnistie son meilleur ennemi et il endosse ainsi le rôle du grand réconciliateur de la Côte d'Ivoire, soit il n'y a pas d'amnistie et il écarte un candidat potentiellement dangereux...

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Howard Catton: le recrutement des infirmiers dans les pays africains est «une forme de néocolonialisme»

3/17/2024
C'est un cri d'alarme pour les systèmes de santé des pays africains. Howard Catton dénonce une forme de « néocolonialisme ». Le directeur général du Conseil International des Infirmiers/Infirmières (lui-même infirmier britannique) s'inquiète de l'accélération de la fuite des cerveaux infirmiers. En recrutant massivement des soignants dans les pays africains anglophones et francophones, les pays à revenu élevé contribuent à accentuer des déserts médicaux, dangereux pour les populations. Entretien avec Howard Catton. RFI : Vous dîtes que le recrutement d'infirmiers ou d'infirmières venus de pays vulnérables au profit de pays dit riches est devenu « hors de contrôle » ? Howard Catton : Nous avons constaté une augmentation très significative de l'activité de recrutement international au cours de la dernière année. Aujourd'hui, elle est principalement due à un petit nombre de pays aux revenus élevés. Des pays qui connaissaient déjà des pénuries importantes d’infirmières avant la pandémie de Covid-19. La pandémie a aggravé la situation. Et la solution de court terme de ces pays, c’est de recruter à l'étranger. En particulier dans des pays avec des systèmes de santé fragiles. Et nous sommes extrêmement préoccupés par l'impact négatif que cela a sur la capacité de ces pays qui perdent des infirmières à continuer à fournir des soins de santé à leur propre population. Sur le continent, quels sont les pays qui perdent le plus leurs infirmiers, leurs infirmières ? Nous voyons des recrutements dans un large éventail de pays africains, du Botswana à l'Eswatini, au Kenya, au Malawi, en Namibie et au Rwanda, de manière très significative aussi au Ghana, au Nigeria et en Ouganda. Bien sûr, il y a des exemples dans les pays francophones aussi. Car nous voyons une hausse du recrutement en France. La Suisse a toujours recruté de manière significative, comme le Canada. Mais des pays comme la Finlande ont également accru leur recrutement. Il y a aussi de plus en plus de demandes en Asie, mais là, il faut des formations linguistiques. En tout cas, ce n'est pas un phénomène propre aux pays anglophones. Et ce que nous avons vu, c'est que certains de ces pays semblent encourager, soutenir, le départ de leurs infirmières, parce qu’ils y voient un avantage économique : l'argent renvoyé au pays. Cela donne nous donne le sentiment de faire partie d'une forme de néocolonialisme : les pays à revenu élevé utilisent leur puissance économique et leur richesse pour prélever ce dont ils ont besoin dans des pays plus fragiles. Ils instaurent une nouvelle forme de dépendance inquiétante à long terme, car elle fait obstacle au développement de systèmes de santé accessibles à tous. Dans ces pays de départ, que disent les infirmiers et les infirmières pour expliquer leur choix ? La très grande majorité des infirmières et autres soignants nous parlent de l'échec de leurs gouvernements et de leurs systèmes de santé à investir en eux pour payer des salaires équitables, garantir des conditions de travail décentes, pour s’assurer qu’ils disposent de l’équipement dont ils ont besoin pour faire leur travail… Tous ces éléments motivent les départs. Il ne faut pas donc pas oublier les gouvernements des pays qui perdent leurs infirmiers, leurs infirmières, parce que cela est dû – en partie – à leur incapacité à investir correctement et sérieusement dans leur personnel et leurs systèmes de santé. Et à ce jour, qu’est-ce qui encadre le recrutement international et qui pourrait atténuer cette fuite des soignants ? Il existe un code de bonnes pratiques internationales qui encourage le recrutement éthique et équitable, mais, en réalité, nous pensons qu'il est trop faible. Vous voyez, il existe une liste de 55 pays où le recrutement est activement déconseillé. 37 de ces 55 pays sont en Afrique. Mais au cours de la dernière année, plus de 6 000 infirmières originaires de ces pays africains les plus vulnérables en matière de santé ont été recrutées et envoyées au Royaume-Uni....

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Sénégal: «Le fait que Bassirou Diomaye Faye a été retenu en prison a amplifié la campagne de ses partisans»

3/15/2024
Au Sénégal, l’opposant Ousmane Sonko et son second Bassirou Diomaye Faye, candidat à la présidentielle, sont sortis de prison cette nuit (jeudi 14 mars), provoquant la liesse de milliers de Dakarois. Comment interpréter ces libérations à dix jours de la présidentielle ? Quelles conséquences auront-elles sur la campagne en cours et au-delà sur le scrutin du 24 mars ? Elimane Haby Kane, le président du think tank LEGS-Africa est ce matin notre invité. Il répond aux questions de Pierre Firtion. RFI : Elimane Haby Kane, quelle lecture faites-vous du moment auquel intervient cette libération, d'Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye ? Qu'est-ce qui relève du juridique et qu'est-ce qui relève du politique dans le choix de ce moment, selon vous ? Elimane Haby Kane : Je pense que, déjà, le motif qui est donné par le président de la République laisse croire, parfaitement, qu'il s'agit d'une ingérence de la politique dans le judiciaire parce que tout simplement le président a parlé de « décrispation ». Ce qui l’a amené à prendre une loi d'amnistie, qui reste une loi impopulaire, décriée par de grandes franges de la société sénégalaise, mais par laquelle intervient aussi la libération de deux leaders très populaires de l'opposition sénégalaise, à savoir messieurs Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, qui est lui-même candidat à l'élection présidentielle de 2024. Comment se déroule depuis samedi la campagne de l'ex-Pastef ? Est-ce qu'elle a pu réellement démarrer sans que le candidat soit en liberté ? Oui, il y a un paradoxe : le fait que le candidat Bassirou Diomaye Faye soit retenu en prison a amplifié justement la campagne de ses partisans. Et en même temps, on a vu que sa coalition s'est bonifiée avec beaucoup de ralliements d'autres leaders de l'opposition, et que leurs équipes ont fait le travail sur le terrain sans la présence du candidat. Et ça a été une des manifestations les plus visibles depuis le début de cette campagne électorale. Je pense que l’effet du candidat en prison, qui est un fait inédit, a également amplifié l'écho de sa campagne sans lui. Il a finalement été l'absent le plus présent dans cette campagne électorale. À lire aussiSénégal : scènes de liesse à Dakar après la libération des opposants Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye Certains candidats qui sont déjà en campagne sont proches du Pastef, des candidats comme Habib Sy ou Cheikh Tidiane Dieye. Est-ce que vous voyez leur présence dans la course comme un élément de force ou comme un risque de dispersion des voix pour l'opposition radicale ? Je pense qu'ils ont quand même clarifié leur stratégie et leur posture. Ils ont dit assez rapidement qu’ils étaient des candidats dans une stratégie de maintenir la mouvance de l'ex-Pastef dans la course parce qu’ils étaient dans l'incertitude par rapport à la validation des candidats, de Bassirou… suite à l'invalidation de la candidature de leur principal leader Ousmane Sonko. Donc, aujourd'hui, dans la campagne, on se retrouve avec deux candidats qui, en réalité, battent campagne pour un seul, c'est-à-dire Bassirou Diomaye Faye qui reste finalement le candidat de la mouvance de l'ex-Pastef. Est-ce qu'on sait ce que ces candidats vont faire maintenant qu’Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye sont sortis de prison ? Ces candidats vont continuer à faire leur campagne avec les mêmes messages, c'est-à-dire se porter sur le projet, mais également adouber Bassirou Diomaye Faye. Donc, soit, d'ici la fin de la campagne, ils vont se retirer de la course après avoir occupé le temps d'antenne que cela leur confère au niveau surtout des médias publics. Ou bien, tout simplement, il vont donner des consignes claires et demander à ceux qui les suivent de voter pour un seul candidat pour éviter justement la dispersion des forces. Maintenant, c'est évident qu'aujourd'hui les têtes de pont, les véritables leaders, sont libres et vont certainement s'imposer et conduire le reste de la campagne. Ce qui ne manquerait pas de...

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Soumaïne Adoum: «Le Tchadien veut sortir de la pauvreté, veut de la démocratie et de la liberté»

3/14/2024
Lors de l’élection présidentielle du 6 mai au Tchad, s’affronteront notamment le président de transition Mahamat Idriss Deby et l’ancien opposant et désormais Premier ministre Succès Masra. Le porte-parole de la plateforme de la société civile tchadienne Wakit Tama Soumaïne Adoum porte un regard sans concession sur le processus électoral et sur la présence militaire française dans son pays, après l’annonce du maintien des troupes françaises. Il est au micro de notre correspondant à Ndjamena, Carol Valade. Le scrutin du 6 mai est censé mettre un terme à la période de transition entamée en avril 2021 à la mort du président Idriss Deby et l’accession au pouvoir de son fils, Mahamat Idriss Deby porté par un groupe de généraux. Il intervient dans un contexte de tensions, marqué par la mort de l’opposant Yaya Dillo, tué lors d’un raid de l’armée au siège de son parti le 28 février dernier, mais aussi de crise sociale depuis la hausse brutale des prix du carburant. Ce contexte d’interrogation concerne également le plan diplomatique, après que l’envoyé spécial du président français pour l’Afrique, Jean-Marie Bockel, a déclaré à Ndjamena son « admiration » pour la transition en cours et le maintien des troupes françaises dans le pays. Soumaïne Adoum est le porte-parole de la plateforme de la société civile tchadienne Wakit Tama, il porte un regard sans concession sur le processus électoral et sur la présence militaire française dans son pays. RFI : Succès Masra, ancien opposant, aujourd'hui Premier ministre du Tchad, vient d'annoncer sa candidature à l'élection présidentielle. Quelles sont ses chances ? Soumaïne Adoum : Avant son accord de Kinshasa, Succès Masra s'est battu pour que les élections soient transparentes, crédibles, honnêtes, etc. Depuis qu'il est rentré, l'ensemble du processus pour mettre en place des élections crédibles ne le sont plus. L'Ange [Agence nationale de gestion des élections - NDLR] est dirigée par un membre du MPS [parti fondé par le défunt président Idriss Deby et qui a investi Mahamat Idriss Deby en tant que candidat - NDLR], le Conseil constitutionnel est dirigé par le porte-parole même du MPS. Alors que ces deux organes-là organisent les élections et le second arbitre les différends, quelle est l'assurance qu'il a déjà pour être candidat et, deuxièmement, pour croire qu'il peut gagner ? Avec un handicap supplémentaire du fait que, étant Premier ministre, c'est Succès Masra qui prend un peu tous les coups. On l'a vu avec l'augmentation des prix du carburant, c'est lui qui l'a annoncée. Et puis non seulement ça, maintenant, on annonce la gratuité de l'électricité, pour de l'électricité qui n'existe pas. C'est une moquerie et c'est une opération dans laquelle il gagne doublement : ils ne nous fournissent rien, ils rendent ça gratuit. Bon, pour ceux qui ne savent pas, ils applaudissent, ceux qui ont l'électricité à la maison, ils grognent. Mais oui, mais l'annonce a été faite que c'est gratuit, et ça compte pour la campagne. À vous entendre, le président de transition aurait un véritable boulevard devant lui ? Je ne vois pas qui va empêcher l'élection de monsieur « Kaka ». D’autant plus que la communauté internationale attend le résultat final pour dire « OK, c'est bon, l'important, c'est qu'on continue la coopération ». Et Jean-Marie Bockel qui dit qu'il est satisfait de la transition : je ne sais pas ce qu'il a appris de la transition, lui. Ces propos de Jean-Marie Bockel, qui ont été tenus donc à la présidence tchadienne, seulement quelques jours après la mort de Yaya Dillo, est-ce qu'ils vous ont choqués ? C'est plus que choquant. Déjà, la mort de Yaya Dillo est un choc. Qu'après, quelqu'un arrive et dise que la transition se passe bien, quand il y a à peine dix jours, on a assassiné un des opposants qui peut gêner pendant les élections, ça, quand même, c’est fort de café. Mais en plus Jean-Marie Bockel dit que... … que l'armée française reste présente, qu'elle doit rester au Tchad. Ça...

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Cameroun: «Il n'y a aucune raison d'appeler à une transition politique», dit le ministre René Emmanuel Sadi

3/13/2024
Au Cameroun, la présidentielle de 2025 se profile. Le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, sera-t-il candidat à un huitième mandat ? « Au terme de son mandat, les Camerounais seront informés de sa décision, le moment venu : se représenter ou se retirer », répond le ministre camerounais de la Communication, porte-parole du gouvernement René Emmanuel Sadi, qui précise que l’âge du chef de l’État - 91 ans - n’est pas un problème. Entretien. RFI : Dix ans après sa libération, le professeur Titus Edzoa plaide pour une transition politique au Cameroun, et se dit prêt à la diriger, quelle est votre réaction ? René Emmanuel Sadi : Il n’y a aucune raison d’en appeler en ce moment à une transition politique au Cameroun. Les institutions fonctionnent, le président de la République exerce pleinement ses fonctions. La question ne peut pas se poser, elle est absolument inopportune de notre point de vue. Titus Edzoa précise que certaines personnes du premier cercle du pouvoir l’ont contacté pour qu’il dirige cette future transition, qu’est-ce que vous en pensez ? Ecoutez, personnellement, j’en doute. C’est une déclaration qui n’engage que monsieur Titus Edzoa, et ceux probablement qui disent l’avoir contacté. Alors, transition ou alternance, monsieur Edzoa n’est pas le seul acteur politique camerounais à demander un changement au sommet de l’Etat… Est-ce qu’après 41 ans de présidence de Paul Biya, vous pouvez entendre ce besoin de changement ? C’est le peuple camerounais qui en décide. Et les élections s’annoncent en 2025, on verra bien si les Camerounais souhaitent changer dans un sens ou dans un autre. Quand monsieur Edzoa affirme que, depuis 2018, rien de ce qui a été promis n’a été fait, comment vous réagissez ? Il y a là encore l’expression d’une contrevérité. Au plan politique, le président de la République a organisé un grand dialogue national et, ça vous le savez, qui aura abouti à la création d’un statut spécial dans les deux régions du nord-ouest et du sud-ouest. Au plan économique, des grands chantiers ont été engagés, notamment des barrages, des ponts, des routes, pour ne citer que cela. Enfin, au plan socio-culturel, et sportif, comme vous le savez, notre pays a organisé en 2022 une des Coupes d’Afrique des nations les mieux organisées de l’histoire. Prétendre que rien n’a été fait depuis 2018, selon le professeur Titus Edzoa, me semble relever de la mauvaise foi. Le professeur Edzoa estime qu’en 2025, le peuple camerounais n’attend ni une nouvelle candidature du président Biya, ni une candidature de son fils Franck. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Ecoutez, le président de la République s’est prononcé publiquement, et ceci à plusieurs reprises, sur la question de son éventuelle candidature au terme du mandat en cours. Et il a toujours dit qu’au terme de ce mandat, les Camerounais et la Communauté internationale seront informés de la décision qu’il prendra : celle de se représenter, ou celle de se retirer. Le président de la République se déterminera en accord avec les militants de son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais, le RDPC. Quant à son fils, Franck Biya, s’il remplit les conditions de son éligibilité, il prendra sa décision en toute responsabilité. Est-ce que l’âge du capitaine est un paramètre dans les discussions à venir au sein du parti RDPC ? Je pense qu’il faut relativiser un peu cette question qui revient tout le temps, l’âge, l’âge, l’âge… L’expérience aussi ça compte, et l’expérience elle vient avec l’âge. Le professeur Titus Edzoa demande la libération des personnalités politiques actuellement en prison. Il cite notamment d’anciens Secrétaires généraux de la présidence, comme Marafa Hamidou Yaya et Jean-Marie Atangana Mebara, mais aussi Gilles Roger Belinga et notre confrère Amadou Vamoulké, sans compter bien sûr les 41 membres du parti d’opposition MRC actuellement en prison. Quelle est votre réaction ? Alors nous n’avons pas coutume de nous ingérer dans les...

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Guinée: «Nous devons travailler à une décrispation politique», annonce le Premier ministre Bah Oury

3/12/2024
En Guinée, le nouveau Premier ministre Bah Oury choisit RFI pour accorder sa première interview et il annonce que le référendum constitutionnel doit se tenir avant la fin de l'année. Est-ce à dire que la transition militaire ne va pas s'arrêter en décembre prochain, comme l'avait pourtant promis le général Doumbouya, et que les civils ne reviendront pas au pouvoir avant 2025 au plus tôt ? En ligne de Conakry, le Premier ministre s'exprime aussi sur les pénuries de carburant et d'électricité. RFI : Vous dites que vous venez à la primature pour décrisper la situation, l’une des causes de la grave crise d’il y a deux semaines, ce sont les coupures de chaînes de radios et de télévisions indépendantes, ce sont aussi les restrictions sur internet, « halte à la censure » disent les Forces vives de Guinée, est-ce toutes ces coupures vont cesser ? Bah Oury : La semaine dernière, j’ai déjà rencontré, à ma demande, les professionnels des médias, et nous avons eu à échanger sur la question. Dans les prochains jours, nous allons travailler à ce que la situation redevienne normale. En ce qui concerne la question de la restriction d’internet, la restriction a été levée. Et quand vous dites que vous avez dit aux patrons des médias que la situation allait redevenir normale, c’est du point de vue des chaînes de radios et de télévisions qui sont actuellement coupées ou brouillées ? Peut-être que je n’ai pas dit exactement que ça redeviendra normal, mais j’ai pris en compte leurs doléances et leurs préoccupations, et je vais en discuter avec le président de la République, le général Doumbouya, pour avoir son point de vue. Et je pense que l’état d’esprit qui doit prévaloir à l’heure actuelle, c’est un état d’esprit de décrispation, et comme les médias, notamment les responsables, vont mettre en place un organe d’auto-régulation interne, je pense qu’ils ont pris bonne note de la nécessité de moraliser et de discipliner une nouvelle génération de journalistes qui sont beaucoup plus dans la culture des réseaux sociaux que dans la culture d’un professionnalisme avéré, en ce qui concerne le métier du journalisme. Depuis l’explosion du principal dépôt de carburant de Conakry, c’était le 17 décembre dernier, il y a pénurie de carburant, il y a encore plus de délestage d’électricité qu’avant, qu’est-ce que vous comptez faire pour remédier à tout cela ? Cette situation, vraiment, a été une catastrophe nationale, avec bien entendu les pertes en vies humaines. Il faut faire face notamment aux besoins de la population affectée, pour retrouver, avant la saison des pluies, des logements décents et puis assurer l’approvisionnement en carburant du pays. J’espère que, dans les prochains mois, on pourra parvenir à assurer une desserte tout à fait régulière en attendant la construction d’un nouveau dépôt. En ce qui concerne la question de l’électricité, on se bat actuellement avec les équipes concernées pour trouver des solutions, quitte à débourser des montants qu’on aurait pu utiliser dans le secteur des investissements pour avoir la capacité de produire plus d’électricité, d’où la nécessité de faire appel à un bateau qui abrite des groupes thermiques pour assurer une capacité de production supplémentaire. Donc il y a dans le port de Conakry un bateau qui fait centrale thermique en quelque sorte, c’est ça ? Oui, c’est bien ça. Mais le bateau n’est pas encore là, et nous sommes en train de voir avec toutes les structures concernées pour activer l’arrivée de ce bateau et pour avoir une capacité supplémentaire de production d’électricité. Depuis l’arrivée au pouvoir des militaires du CNRD il y a deux ans et demi, le dialogue est très difficile avec les trois grandes formations politiques du pays, le RPG d’Alpha Condé, l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, et l’UFR de Sidya Touré… Que comptez-vous faire pour convaincre ces grands partis de parler avec le pouvoir et avec vous ? Vous savez, chaque chose en son temps. Dans la première phase, il y avait eu des...

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Titus Edzoa: «Je ne conçois pas qu'on soit privé de sa liberté parce qu'on a une opinion différente»

3/11/2024
Au Cameroun, les grandes manœuvres commencent en vue de la présidentielle, prévue en octobre 2025. Du côté du pouvoir, on ne sait pas encore si Paul Biya, qui gouverne depuis plus de 41 ans, sera candidat à un nouveau mandat. Mais le professeur Titus Edzoa plaide pour une transition et se dit prêt à la diriger. Ancien médecin personnel de Paul Biya et ancien secrétaire général de la présidence, Titus Edzoa a payé cher sa volonté d'être candidat en 1997. Il a fait dix-sept ans de prison et vient de fêter les dix ans de sa libération. RFI : Vous qui avez connu 17 années dans un cachot de 8m², est-ce que vous avez toujours des relations avec les personnalités politiques qui sont toujours en prison ? Titus Edzoa : Oui, j’ai de leurs nouvelles et je ne cesse de les encourager parce que je sais ce que cela veut dire, et surtout beaucoup sont en prison pour leurs opinions. Donc pour le Cameroun, après tant d’années, c’est une honte. Parce que je ne conçois pas qu’on puisse être privé de sa liberté, tout simplement parce qu’on a une opinion différente de ceux qui sont au pouvoir. Vous pensez à qui en particulier ? Ils sont nombreux. Je vais donner quelques noms : Marafa [Marafa Hamidou Yaya], Mebara [Jean-Marie Atangana Mebara], Gilles Belinga [Gilles Roger Belinga], Vamoulké [Amadou Vamoulké], et bien d’autres. Et les 41 militants du parti d’opposition MRC ? Oui, ça va dans la même logique, parce que ce sont des comportements absolument abjects et on risque de les oublier, il faut qu’ils tiennent bon. Parce que, quand vous étiez en prison, vous aviez peur d’être oublié ? Non seulement peur, mais j’avais été oublié. Vous savez, 17 ans, dans des conditions terribles, c’est ça qui vous taraude, vous n’existez plus, et puis vous avez le temps aussi de penser à vous-même, mais aussi pour les autres. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai continué à faire de la politique, parce que pour moi la politique, c’est un instrument de service et non pas de jouissance, comme on le voit aujourd’hui dans notre pays. Lors de la présidentielle de l’an prochain, le président Biya aura 92 ans, et pourtant ses partisans l’invitent à se représenter, qu’est-ce que vous en pensez ? Oh, c’est toujours les mêmes farces, c’est-à-dire que je crois que, si ça se passe encore comme cela, c’est une mascarade de plus, puisqu’on a déjà vécu ça la fois passée. Vous pensez à 2018 ? Tout à fait. Vous savez, 2018, tout ce qui a été promis, rien n’a été fait. Les institutions sont bloquées, vous avez la guerre du nord-ouest et du sud-ouest, rien n’a été fait, bien au contraire. Sur cette guerre-là, on a plutôt privatisé la guerre et puis la mort se passe dans des conditions dramatiques, des deux côtés. Donc tout est en statu quo, et le pays se meurt. Alors dans les cercles du pouvoir, certains poussent Paul Biya à se représenter une énième fois, mais d’autres l’incitent à préparer son fils, Franck, pour lui succéder, quel est à votre avis le scénario le plus probable ? Je ne suis pas un devin. Je peux dire tout simplement que ni l’une, ni l’autre proposition n’est pas ce qu’attend vraiment le peuple Camerounais. Son fils, je lui avais donné un conseil, d’une façon publique, de se retirer de ces joutes, parce que, si jamais il acceptait, et s’il devenait candidat, ce serait pour lui quelque chose de très nocif, et ce serait pour le Cameroun un autre échec qu’on ajouterait aux échecs précédents. Alors quelle est la solution pour vous ? Alors, j’ai proposé une solution, celle de la transition. C’est-à-dire que les forces vives de notre pays se retrouvent et créent ce que j’appelle une période de transition. Et cette transition aura comme mission principale, fondamentalement, de remettre les institutions républicaines en place pour une refondation profonde. Ensuite, procéder à un audit, comptable et non comptable, de tous les secteurs du pays, et bien d’autres propositions qui feront l’objet de cette transition. Et réformer le code électoral j’imagine ? Tout à...

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Bobi Wine: «Ce film raconte l'histoire du peuple ougandais qui se bat pour la démocratie»

3/10/2024
Bobi Wine, le président du peuple, un film consacré à l'opposant ougandais, est nommé aux Oscars. La 96e cérémonie a lieu ce dimanche 10 mars à Los Angeles. Le documentaire, nommé dans la prestigieuse sélection, retrace le parcours de Robert Kyagulanyi Ssentamu de son vrai nom, depuis ses débuts en tant que musicien engagé jusqu’à sa candidature à la présidence en 2021. Un parcours semé d'embûches pour cette icône de la jeunesse, qui n'a jamais baissé les bras. À lire aussiOuganda: un documentaire sur l'opposant Bobi Wine nominé aux Oscars

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Dieynaba N'Diom: «Réfléchir à des mécanismes qui permettent aux féministes de ne pas être muselées»

3/8/2024
En ce 8 mars 2024, Journée internationale des droits des femmes, notre invitée de ce matin lance une alerte. Il faut, dit-elle, protéger les féministes en Afrique, notamment contre les attaques sur internet et contre le cyberharcèlement. La sociologue mauritanienne Dieynaba N'Diom milite au sein du Réseau des Jeunes Féministes d'Afrique de l'Ouest francophone. Elle se bat notamment pour que les auteurs de violences et de harcèlement à l'égard des femmes soient poursuivis par la justice. En ligne de Nouakchott, elle répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Pourquoi dites-vous que le féminisme, c'est un engagement patriotique ? Dieynaba N’Diom : Parce que je pense que dans une société où les règles du jeu ne sont pas équitables, où le système social ne met pas tout le monde sur un pied d'égalité, le féminisme devient un engagement. Parce qu’en fait, quand un système est patriarcal, c'est qu'il y a forcément des personnes qui sont lésées. Et l'un des gros problèmes que vous rencontrez dans ce que vous appelez ce système patriarcal, c'est le vide juridique, dites-vous. Dans quels domaines notamment ? Notamment sur les questions des violences faites aux femmes et aux filles. On a l'État mauritanien qui a mis des institutions en place pour cela. Il y a, par exemple, un observatoire de l'égalité genre au niveau de l'université de Nouakchott. Mais, pour moi, c'est un non-sens d'avoir toutes ces institutions qui sont là, mais qu’on n'ait pas un instrument juridique qui permette de réguler tout cela. C'est-à-dire que le pouvoir mauritanien encourage les associations de défense des femmes, mais ne fait pas voter de loi contre les auteurs de violences faites aux femmes ? Absolument, je le dis. Pourquoi je dis ça ? Parce qu'on a des mouvements d'obédience religieuse et parce qu'on a des personnes très réfractaires à l’émancipation de la femme, qui ont fait une campagne d'intoxication sur ce projet de loi pour, au final, qu'on ait des sit-in et des marches de personnes qui n'ont par ailleurs jamais visité le projet de loi et ne savent pas de quoi ça parle. Donc le gouvernement a fait machine arrière. Alors à chaque fois que ce projet de loi revient à la surface, il y a aussi les réfractaires qui reviennent à la surface. Et je pense que, dernièrement, on a assisté à des fatwas dans des mosquées, où les gens demandaient aux musulmans de sortir manifester, parce que, tout simplement, il y a une loi qui est là, qui essaie de pervertir la société, qui essaie de pervertir nos femmes, qui ceci, cela… On a vraiment une intoxication très forte et les gens sont sortis manifester et c'est comme ça que les gens sont contre la loi, mais personne ne saurait dire ce que dit la loi. Et donc le pouvoir n'ose pas faire passer à l'Assemblée nationale une loi contre les auteurs de violence et de harcèlement sexuel ? C’est comme ça que je le perçois, oui. Vous dites, Dieynaba N’Diom, qu'il y a des pays où maintenant les féministes sont diabolisées. Pourquoi ? Est-ce qu'il y a un pays où les féministes ne sont pas diabolisées ? Ça, ça m'étonnerait déjà. Mais prenez la Tunisie, qui était pour nous, par exemple, un pays vraiment très en avance sur les droits des femmes, avec les lois révolutionnaires qu’avaient, par exemple, prises Habib Bourguiba sur certaines choses. Aujourd'hui, c'est comme si on régressait en Tunisie. Moi, j'ai rencontré des amies féministes tunisiennes qui, aujourd'hui, ont du mal à prendre la parole dans des espaces féministes, à être filmées, à parler, parce que, tout simplement, elles sont confrontées à leur régime qui est de plus en plus réfractaire aux droits des femmes. Lors de la réunion de la plate-forme mondiale Women deliver, à Kigali, vous avez appelé à une protection renforcée des féministes dans un contexte de montée des mouvements conservateurs en Afrique de l'Ouest. Est-ce que vous avez subi personnellement des menaces ces derniers temps ? Oui. Souvent, ce sont les militantes féministes qui sont très...

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Sénégal: «Le Conseil constitutionnel ne pouvait pas renier sa propre jurisprudence»

3/7/2024
Au Sénégal, c'est finalement à la fin de ce mois de mars que le 1ᵉʳ tour de la présidentielle aura lieu. La présidence de la République se conforme donc à la volonté du Conseil constitutionnel, qui voulait qu'on vote avant l'expiration du mandat de Macky Sall le 2 avril prochain. Et lors de ce 1ᵉʳ tour, il n'y aura sur la ligne de départ que les 19 candidats prévus initialement. Pas de nouvelles candidatures possibles, comme l'espérait pourtant Karim Wade. Est-ce une surprise ? La réponse de Papa Fara Diallo, qui est maître de conférences en Science politique à l'université Gaston Berger de Saint-Louis. RFI : Le calendrier s'accélère, le premier tour aura lieu fin mars, quelle est votre réaction ? Papa Fara Diallo : C'est sans surprise. La décision du Conseil constitutionnel, c'était la décision qui était attendue. Et apparemment, le Conseil constitutionnel a informé l'exécutif et l'exécutif, apparemment, s'est exécuté, ce qui cadre avec l'horizon indépassable du 2 avril. Vous dites que vous n'êtes pas surpris, mais le président Macky Sall a tout de même essayé de reporter cette élection à bien plus tard dans l'année 2024, est-ce que vous n'êtes pas surpris que, finalement, il accepte la décision du Conseil constitutionnel ? Alors ce qui n’est pas surprenant, c'est la décision, en soi, du Conseil constitutionnel, parce que le Conseil ne pouvait pas renier sa propre jurisprudence. Maintenant, l'autre élément qui transparaît dans votre question, c'est la décision, finalement, du président de la République d’accepter de suivre les injonctions du Conseil constitutionnel. Oui, pour certains, ça peut être assez surprenant, parce que, clairement, il nous a semblé que le chef de l'État était un peu dans le dilatoire. Il était clair que le chef de l'État était dans une logique de gagner du temps, était dans une logique dilatoire, et la décision ferme du Conseil constitutionnel – de faire valoir son autorité de régulation de la vie démocratique et de l'État de droit –, c'est ça qui lui a permis de fixer une date, là où le chef de l'État prenait son temps pour pouvoir fixer une date et voulait, vraisemblablement, imposer le consensus issu du dialogue national, en fixant une date au 2 juin. Dans ce sens-là, ça peut être, effectivement, une surprise. Donc on peut imaginer que Macky Sall a espéré faire céder le Conseil constitutionnel, mais que devant la fermeté de celui-ci, il a fini par reculer, c'est ça ? C’est clairement cela. Le président de la République a été désavoué deux fois par le Conseil constitutionnel. La décision du 15 février, qui annulait son décret, était un premier désaveu. Là aussi, c'est un autre désaveu, parce que le président espérait effectivement attendre d’organiser un dialogue et de soumettre les conclusions du dialogue. Clairement, le chef de l'État espérait que le Conseil allait invoquer le consensus national comme motif de prolonger la durée du mandat, mais c'était sans compter sur la fermeté du Conseil. Alors l'autre grande information d'hier soir, c'est qu'il n'y aura pas d'élargissement de la liste des 19 candidats à la présidentielle. N'est-ce pas une grosse déception, non seulement pour Karim Wade, mais pour Macky Sall lui-même ? Oui, clairement. Le Parti démocratique sénégalais [de Karim Wade] a été l'un des artisans du report de l'élection présidentielle, ils l'ont même reconnu lors du dialogue national. Et clairement aussi, le président de la République, en soumettant la décision du dialogue national pour avis au Conseil constitutionnel, espérait que le Conseil allait accepter que la liste des candidats soit revue et que Karim Wade pourrait intégrer cette liste. Mais, là aussi, le Conseil ne pouvait pas renier sa propre jurisprudence, parce que, pour le Conseil constitutionnel, le processus électoral n'est pas annulé, c'est un processus qui a été interrompu. Donc le Conseil a tout simplement décidé que le processus allait reprendre avec les mêmes candidats qui ont été validés, c'est-à-dire les...

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Gabon: «il y a eu des erreurs, il faut le reconnaître», dit l’ex-Premier ministre Bilie-by-Nze

3/6/2024
Vous l'avez entendu hier mardi matin, Alain-Claude Bilie-By-Nze est sorti de son silence. L'ancien Premier ministre gabonais s'est exprimé pour la première fois depuis le coup d'État du 30 août. L'ex-chef du gouvernement a parlé d'une crise profonde au sein de l'ancien parti présidentiel PDG et a demandé une réunion d'urgence. Alain-Claude Bilie-By-Nze est notre invité ce matin. Il revient sur le putsch, ses causes, en reconnaissant d'ailleurs des erreurs. Il égratigne au passage la transition. RFI : Vous ne vous étiez pas exprimé dans les médias depuis le putsch. Qu’est-ce qui vous fait prendre la parole aujourd’hui ? Alain-Claude Bilie-By-Nze : J’avais souhaité prendre un peu de recul, observer le déroulement des événements. Il y a eu un coup d’Etat, nous étions le parti au pouvoir, nous avons perdu le pouvoir, il me paraissait utile d’observer, d’analyser, et de pouvoir prendre du recul. Aujourd’hui je pense que nous avons pris suffisamment de recul. Le moment me semblait opportun pour m’exprimer sur la vie du parti, sur son avenir, et sur la nécessité de le réformer. Justement vous diffusez une déclaration « pour une solution de sagesse et de rassemblement au PDG », écrivez-vous. Le parti va mal aujourd'hui ? C'est un truisme que de le dire. Le parti va très mal. Pour la première fois de son histoire, le parti se retrouve sans être au pouvoir. Ce parti, depuis le mois d'août, ne s'est pas véritablement réuni, parce qu'on a du mal avec les différentes absences – l'absence du président du parti, l'absence du secrétaire général. On a un intérimaire qui fait ce qu'il peut, mais nous pensons qu'il faut aller beaucoup plus loin que l'intérim, parce que cela fait six mois maintenant, un intérim ne va pas durer ad vitam æternam. Les militants sont déboussolés et nous pensons que c’est la première force politique du pays, c'est le parti qui est implanté partout sur le territoire. Il est indispensable qu'il soit réorganisé, réformé de fond en comble pour apporter sa contribution à la situation actuelle que traverse notre pays. Vous demandez que la parole des militants se libère, vous demandez une consultation « inclusive, participative et sans tabou ». Mais n’est-ce pas ce qui vient d’être organisé fin février avec les Assises ? C’est ce qui était prévu avec les Assises. Il faut bien faire le constat que les Assises n’ont pas atteint les objectifs qui étaient assignés. Les militants ne se sont pas manifestés. J’ai moi-même été sur le terrain. Les militants n’ont pas participé massivement aux Assises. Et donc on ne peut pas se contenter de ce format qui du reste a manqué de concertation préalable. Il faut aujourd’hui se regarder en face, il faut cesser de faire semblant, il faut cesser de faire la politique de l’autruche. Le parti va mal, redonnons la parole aux militants, analysons à froid les raisons pour lesquels nous en sommes arrivés là, et redémarrons l’activité du parti sur de nouvelles bases. Vous demandez d’organiser en urgence une réunion du bureau politique et du Conseil Consultatif des Sages. Pourquoi ne pas attendre le rapport des Assises qui est prévu le 12 mars, puis le Congrès prévu après en théorie ? D’abord parce que les Assises sont un élément qui a été voulu pour donner la parole et que la parole n’a pas été donnée aux militants, ou alors les militants ne se sont pas sentis concernés par ce qui a été fait. Ensuite nous avons des instances délibérantes qui existent, c’est le bureau politique, et on a une instance consultative qui est le Conseil Consultatif des Sages, qui doivent être convoqués lorsque le parti connaît une situation de crise. Nous allons naturellement continuer à travailler avec le Secrétariat général pour que la question soit entendue. Nous ne sommes pas dans une situation d’affrontement. Nous voulons qu’il y ait une large concertation. Le parti a aujourd’hui les personnalités en son sein qui sont des hommes et des femmes d’expérience et qui aujourd’hui sont capables de donner un certain...

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