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Pour mieux comprendre notre environnement, Aujourd'hui l'économie vous propose un rendez-vous quotidien pour décrypter un fait marquant de l'actualité économique. Un focus quotidien complété par une sélection d'informations économiques. Le vendredi, diffusion d’«Aujourd’hui l’économie, le Portrait», celui d’un acteur ou actrice de cette actualité, d’une entreprise grande ou petite...

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France

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Pour mieux comprendre notre environnement, Aujourd'hui l'économie vous propose un rendez-vous quotidien pour décrypter un fait marquant de l'actualité économique. Un focus quotidien complété par une sélection d'informations économiques. Le vendredi, diffusion d’«Aujourd’hui l’économie, le Portrait», celui d’un acteur ou actrice de cette actualité, d’une entreprise grande ou petite...

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Episodes

Le Japon cherche à relancer sa production de semi-conducteurs

4/12/2024
Depuis deux ans le gouvernement japonais investit très lourdement pour doper la production nationale de semi-conducteurs, un secteur où l'Archipel s'est fait distancer ces dernières décennies par ses voisins taïwanais et sud-coréen. 27 milliards de dollars sur trois ans ont été prévus pour relancer cette industrie hautement stratégique. Le Japon est-il en train de réussir son retour dans le secteur des puces ? La rapidité avec laquelle la première fonderie du géant taïwanais des semi-conducteurs, TSMC, a été construite en un peu plus de deux ans dans l'Archipel en témoigne. Inaugurée en février dernier, codétenue avec le conglomérat électronique Sony et l'équipementier automobile Denso, l'usine de Kumamoto a coûté plus de 8 milliards de dollars, dont plus de 40 % ont été apportés par le gouvernement japonais. Objectif : produire des puces entre 12 et 28 nanomètres que l'on retrouve par exemple dans les jeux vidéo ou l'électronique embarquée utilisée notamment dans l'automobile. Une deuxième, voire une troisième usine devraient sortir de terre dans les prochaines années. La rapidité est la clé dans l'industrie des semi-conducteurs, répètent les Japonais. À lire aussiSemi-conducteurs: le groupe taïwanais TSMC inaugure une nouvelle usine au Japon Avantages pour Taïwan Côté taïwanais, le groupe TSMC a trouvé une main d'œuvre très qualifiée sur place. Ce n'est pas le cas pour ce qui est de son autre méga-usine en Arizona, aux États-Unis, dont l'ouverture a dû être repoussée à 2025. Plus globalement, Taipei veut diversifier sa base de production, actuellement très concentrée sur l'île. D'où ces projets de construction d'usines aux États-Unis et en Allemagne. Pour Taïwan, c'est une question vitale. Plus les pays se sentiront liés à lui, plus ils seront solidaires face à l'éventuelle menace de la Chine, se dit Taipei. Et puis, le Japon est tout proche. Les deux pays veulent surmonter un passé douloureux, Taïwan était occupé par le Japon jusqu'en 1945, le courant passe apparemment. Côté Japon Champion des puces dans les années 1990, le Japon veut ramener la production des semi-conducteurs sur son sol. Durant la pandémie, en manque de vaccins anti-Covid, le gouvernement japonais s'est rendu compte de sa dépendance aux approvisionnements étrangers. Tokyo ne veut pas que cette situation se reproduise. L'industrie des puces fait désormais partie des secteurs hautement stratégiques pour le pays. Vers une production nippone des puces de pointe Dans le Nord du Japon, un grand projet public-privé avance pour une construction d'une fonderie de puces de 2 nanomètres, soit les plus puissantes du monde, dédiées notamment à l'intelligence artificielle. Le consortium Rapidus, rassemblant huit entreprises japonaises, assure que son usine sera opérationnelle dès 2027. D'autres entreprises étrangères, comme Microsoft, Google ou Nvidia, investissent dans ce secteur crucial. Tous ces projets devraient propulser le Japon dans une nouvelle ère. Tout en garantissant un approvisionnement fiable, loin des tensions existantes entre les États-Unis et la Chine. À lire aussiLe Japon investit 3,6 milliards d'euros supplémentaires dans les semi-conducteurs

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BCE: les taux d’intérêts vont-ils enfin baisser en Europe?

4/11/2024
En Europe, maintenant que l'inflation apparait sous contrôle, les taux d'intérêts vont-ils enfin redescendre à des niveaux plus abordables ? C'est au conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne d'en décider. À l'issue de sa réunion prévue ce jeudi à Francfort, sa présidente, Christine Lagarde, devrait faire connaitre ses intentions. Christine Lagarde pourrait même annoncer dès ce jeudi une première réduction de son taux directeur, parient les plus audacieux. Mais il faut reconnaître qu'ils sont ultra-minoritaires. Chacun sait que les banquiers centraux détestent les effets de surprise et préfèrent communiquer leurs intentions longtemps à l’avance, histoire d’éviter un coup de chaud sur les marchés. Mais cette option fait partie des multiples hypothèses discutées par les experts. Le sujet passionne sur les marchés obligataires où les traders font des paris sur le calendrier qui sera annoncé tout à l’heure, avec une première baisse des taux européens envisagée en juin, lors de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs. Ils sont nombreux à penser que la BCE agira plus vite et plus fort que la Réserve Fédérale. À lire aussiLa Fed et la BCE à la manœuvre face à l’inflation Une baisse des taux très attendue en juin Ils estiment qu’elle pourrait couper son taux de 1 % en 2024, contre 0,65 % seulement pour la Banque centrale des États-Unis. Pour mémoire, le taux directeur de la BCE est à 4 % et celui de la Fed à 5,5 %. Emprunter coûte beaucoup plus cher aux États-Unis. La Banque centrale européenne va sans doute devancer la Fed parce que l’inflation a vraiment reculé en Europe. Elle n'est plus qu'à 2,4 % en zone euro, elle se rapproche donc de l'objectif de la bonne inflation fixé à 2 %. Il n’y a plus lieu de maintenir la pression sur les taux d’intérêt. Tandis qu’aux États-Unis, c’est l’inverse. L’inflation est repartie à la hausse, elle était à 3,5 % en mars, a-t-on appris hier. Dans ce contexte, la Fed va prendre son temps, elle pourrait reporter sa première baisse en septembre. Les deux zones monétaires divergent aussi en termes de croissance. À lire aussiLa Fed et la BCE prêtes à lâcher du lest dans la lutte contre l’inflation ? Le grand écart États-Unis/Europe Aux États-Unis, l’activité est restée très dynamique. Contrairement à ce qui était redouté, la politique de hausse des taux d’intérêts n’a pas cassé la croissance. La Fed se concentre donc sur sa mission de contrôle des prix. En revanche, en Europe, l’activité est faiblarde depuis un an et demi. Les entreprises empruntent beaucoup moins parce que le crédit est devenu trop cher. Comme les particuliers qui repoussent les projets immobiliers pour les mêmes raisons. Il y a donc urgence à abaisser les taux directeurs pour réveiller la croissance. C’est d’autant plus urgent que l’effet sur l’économie ne sera pas immédiat. Cela prendra des mois avant que la baisse ne se répercute sur la demande de crédit. Donner le signal de la baisse serait déjà un signal positif. Susceptible de redonner confiance aux entrepreneurs. Les consommateurs en revanche ont besoin de concret. Ils ne ressentent pas du tout les bienfaits de la lutte anti-inflation menée par la BCE et constatent au supermarché que les factures sont toujours aussi salées.

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Pourquoi le travail des enfants explose aux États-Unis

4/10/2024
Aux États-Unis, le travail des enfants est en pleine expansion, au mépris des lois fédérales interdisant l’emploi des moins de quatorze ans. D’après le ministère américain du Travail, l’emploi des 16-19 ans a culminé l’année dernière, à un niveau comparable au pic de 2009, c’est-à-dire l’année où les ménages américains se débattent avec les retombées de la grande crise financière. Le travail des ados américains explose, mais il est de plus en plus souvent hors la loi. Les infractions à la législation sur le travail des mineurs ont triplé en dix ans. C’est dans la restauration rapide et l’industrie agro-alimentaire que les excès sont les plus répandus. Sur le banc des accusés, dénoncés par la presse américaine, on retrouve très souvent les abattoirs, employant des enfants de 13 ans. L’envers du plein emploi Depuis la grande vague de démission liée au Covid, les employeurs font face à une pénurie de main d’œuvre, les plus jeunes pallient en partie le départ des anciens. L’inflation a aussi propulsé la demande. Les jeunes travaillent de plus en plus tôt et de plus en plus pour aider leur famille à joindre les deux bouts. À partir de 2021, l’arrivée massive de jeunes migrants non accompagnés, en provenance surtout du Guatemala et du Honduras, a aussi comblé les attentes des employeurs sans scrupules. Ces jeunes acceptent les jobs les plus durs et les plus risqués pour survivre et envoyer de l’argent à leurs parents. La presse américaine a multiplié les reportages sur les ruferitos, les enfants couvreurs. Un métier pourtant strictement interdit aux moins de 18 ans, où l’on déplore une centaine de morts par an, sans qu’on connaisse le nombre de mineurs concernés puisqu’ils ne sont pas déclarés. La lutte contre les abus en échec Selon la loi américaine, le travail des enfants est autorisé mais avec un certain nombre de garde-fou. Depuis 1938, le travail des moins de quatorze ans est interdit et les emplois dangereux réservés à ceux qui ont plus de 16 ans. Le travail en soirée est strictement encadré pour permettre aux enfants de suivre normalement leur scolarité. L’an dernier, face à l’ampleur des abus dénoncés par la presse, l’administration Biden a promis de durcir la lutte contre l'exploitation des mineurs. En reconnaissant que les amendes de 15 000 dollars maximum sont bien trop légères pour dissuader les entreprises. Et en demandant une enveloppe de 100 millions de dollars au congrès pour renforcer les contrôles. Une loi de plus en plus contestée Certains républicains veulent au contraire assouplir la réglementation fédérale. Selon le Washington Post, 19 États veulent faciliter l’emploi des enfants. En supprimant par exemple l’autorisation préalable demandée aux parents et à l’école, ou en autorisant le travail en soirée ou dans des secteurs à risque. Mais les entreprises soucieuses de leur réputation sont aussi en train de multiplier les contrôles internes pour éliminer les infractions. Reste le trou noir de la sous-traitance, le terrain le plus propice aux abus et le plus difficile à surveiller.

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Atos: l’État à la manœuvre pour sauver le groupe français

4/9/2024
Atos, le fleuron français de l’informatique, a publié ce mardi matin son plan de refinancement pour échapper à la faillite. Sur cette base, le groupe a maintenant bon espoir de convaincre de nouveaux repreneurs, si possible tricolores. Atos dit avoir besoin de 1,2 milliard d'euros dans l'immédiat. Les banques et l'État ont donné leur accord de principe pour une première enveloppe intermédiaire de 450 millions d'euros. En échange, l'État aura un droit de regard en devenant actionnaire du groupe. Car le sort de l’entreprise est devenu un enjeu de politique nationale. Depuis que des sénateurs se sont mobilisés pour empêcher l’arrivée d’un repreneur étranger, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Il a fini par renoncer. Mais dans la foulée, Airbus, pressenti pour jouer les sauveurs, a décliné à son tour. Cette double déconvenue survenue il y a quelques semaines a aggravé la crise qui couve depuis trois ans, depuis que ses soutiens financiers ont sifflé la fin de sa course folle aux acquisitions. En 2024, la mariée n’est pas très appétissante, avec un gros passif, une dette de 4,5 milliards d’euros dont les trois quarts sont à rembourser avant 2025. Et des actifs, essentiellement les services informatiques, en perte de vitesse. Pépites stratégiques Atos dispose tout de même de quelques pépites stratégiques pour l’État français. Cela justifie l’intervention de la puissance publique. Atos fournit par exemple les supercalculateurs indispensables pour la simulation des essais nucléaires. C’est aussi Atos qui assure la cybersécurité des Jeux olympiques de Paris 2024. Il assure aussi la sécurité informatique d’une partie des services fiscaux, de la Sécurité sociale, de certains réacteurs nucléaires d’EDF. L’étoile de la multinationale est bien pâle sur la scène mondiale, mais en France, elle joue un rôle de premier plan. C’est pourquoi Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, s’est engagé à trouver une solution nationale pour sauver le soldat Atos. Et la solution passe peut-être par un poids plume du secteur numérique, la société de conseil Onepoint. L’entreprise française dirigée par David Layani est devenue le premier actionnaire du groupe à la fin 2023. Une reconfiguration encore incertaine Ses offres de service ont longtemps été snobées par les dirigeants d’Atos. Mais elle apparait aujourd’hui comme le meilleur des plans B. Surtout depuis qu’elle a obtenu le soutien du fonds de Walter Butler spécialisé dans la reprise des entreprises en péril. L'information annoncée pendant le week-end a revigoré les investisseurs. Ce lundi 8 avril, l’action Atos a rebondi de 20% à la Bourse de Paris. On parle aussi de l’arrivée éventuelle d'OVH, la licorne française du big data. Dassault aviation ou le groupe de défense Thalès pourraient être sollicités. Enfin, le Tchèque Daniel Kretinsky n'a pas dit son dernier mot. Le suspense reste donc entier sur la configuration future du groupe. Son avenir dépend aussi de la négociation avec les créanciers. Pour eux, la pilule est amère. Atos souhaite diviser sa dette par deux en échange d'une montée au capital. À lire aussiAtos, le géant du numérique français regarde vers l'Afrique

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Réussite économique du Rwanda: un succès trop inégal

4/8/2024
Trente ans après le génocide, l’essor de l’économie rwandaise suscite l’admiration du monde entier. Un succès réel qui ne profite pas encore à la majorité de la population. La reconstruction de l’économie est un succès indéniable. La gouvernance à la fois rigoureuse et dirigiste du Front patriotique rwandais (FPR) a permis à ce petit pays enclavé de se doter de routes, de centrales, d'hôpitaux indispensables au développement et de renouer avec une croissance robuste. De l’ordre de 7 à 8% depuis vingt ans. De quoi faire reculer la pauvreté. Elle concernait les trois quarts de la population en 2000, plus que la moitié en 2013. Mais encore la moitié aujourd'hui : c’est bien le problème, selon la Banque mondiale qui remarque que les progrès stagnent depuis dix ans. Des fruits de la croissance mal partagés Le Rwanda est encore l’un des pays les plus inégalitaires d’Afrique subsaharienne. Les fruits de sa prodigieuse croissance ont du mal à atteindre les campagnes où vit la majorité de la population. Le coefficient de Gini, qui mesure les inégalités, est à 0,44. C'est le plus élevé de la Communauté d’Afrique de l’Est après le Soudan du Sud. Les services, le tourisme haut de gamme sont les nouveaux relais de croissance, mais le moteur essentiel est encore l’agriculture. C’est toujours plus d’un emploi sur deux et près de la moitié du PIB. Autre bémol qui relativise le miracle rwandais, 45% des revenus de l’État dépendent encore de l'aide internationale. Le gouvernement espère néanmoins entrer dans le club des économies à revenu intermédiaire d'ici à dix ans. Un secteur privé pas assez développé Un objectif ambitieux pour un pays encore fragilisé par ses relations orageuses avec ses voisins immédiats. Les entreprises locales se tournent de plus en plus vers les pays où elles bénéficient de la diplomatie active de Paul Kagame, comme la Centrafrique, ou plus récemment le Mozambique. En profitent surtout les sociétés contrôlées par Crystal Ventures Limited. Une holding très discrète et très puissante qui appartient au FPR. C’est le premier employeur après l’État. Un poids lourd dans les secteurs du bâtiment ou de la sécurité. Mais une société qui laisse peu de place à la concurrence, se plaignent à mots couverts les entrepreneurs privés. C’est pourtant le privé qu’il faut absolument développer, estime la Banque mondiale, pour créer de l’emploi et générer une croissance plus inclusive. À lire aussiTrente ans du génocide des Tutsis: le Rwanda commémore un passé dont «il faut tirer les leçons»

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Comment expliquer l'envolée de l’économie indienne ?

4/5/2024
À deux semaines des élections législatives en Inde, le pays annonce une croissance de 7,6% pour l’année fiscale qui se termine. La performance de l’Inde surpasse même celle de la Chine depuis 8 ans (excepté pour l’année 2020, celle du Covid) et le pays pourrait devenir à terme la troisième puissance mondiale. Décryptage. C’est une tendance que l’on observe depuis plusieurs années, l’Inde se rêve en nouvelle locomotive de l’économie mondiale, rôle qu’elle aimerait bien prendre à la Chine. Le cabinet Xerfi parle même d’un point de bascule, car l’Inde a reçu davantage d’investissements directs étrangers que son puissant voisin l’an passé. Parmi les grandes économies mondiales, le pays est non seulement le plus peuplé, mais aussi celui où la croissance sera la plus forte cette année. Les clés de son succès sont d’ailleurs à chercher notamment du côté de sa démographie, la demande intérieure tire le reste de l’économie et alimente le PIB indien et la main d’œuvre est abondante. À lire aussiL’Inde, une première puissance démographique en quête de miracle économique Le gouvernement indien a aussi mis en place une taxe unifiée sur les biens et services qui lui rapporte de très bonnes recettes fiscales. Ce qui lui permet d’investir massivement dans les infrastructures, ferroviaires, aéroportuaires, routières, mais aussi numériques, ce qui favorise le développement industriel du pays. Selon le FMI, le PIB actuel de l’Inde est de 3730 milliards de dollars, ce qui en fait la 5ᵉ puissance économique mondiale. Mais l’Inde a encore de nombreux défis à surmonter avant de devenir la troisième puissance mondiale derrière les États-Unis et la Chine L’Inde est actuellement à la cinquième place et devrait ravir celles occupées actuellement par l’Allemagne et le Japon qui souffrent de taux de croissance assez faibles : proches de 1% pour le Japon et 0,3 % pour l’Allemagne. Elle est donc loin devant en termes de croissance. Mais attention à ne pas confondre croissance et taille de l’économie l’Inde ne représente aujourd’hui que 10 % du PIB de la région asiatique, très loin derrière la Chine, et il ne s’agit pas une force motrice comme peut l’être son puissant voisin, souligne le cabinet Xerfi. La Chine à elle seule représente 50 % du PIB régional. Le défi majeur de l’Inde reste de faire émerger une classe moyenne importante, mais aussi de réduire les inégalités. La forte démographie présente aussi des enjeux majeurs, tels que la formation et la création d’emplois pour les 13 millions de nouvelles personnes qui arrivent sur le marché du travail chaque année. Pour autant, l’Inde est en train de se tailler la part du lion sur certains marchés clés Les tensions géopolitiques se sont accrues entre la Chine et certains de ses partenaires historiques tels que le Royaume-Uni ou les États-Unis. Et l’Inde attire notamment les fabricants d’électronique avec des lourdes incitations telles que des réductions d’impôts par exemple ou l’acquisition facilitée des terrains pour implanter les usines. Le pays abrite notamment la plus grande usine de téléphones mobiles de Samsung Electronics, Apple fabrique aussi sept de ses iPhones en Inde par l’intermédiaire de son fabricant sous contrat Foxconn Technology group. L’objectif est de développer l’industrie manufacturière afin d’exporter davantage et de rendre l’économie plus autonome en réduisant les besoins d’importations.

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Les assureurs au défi du changement climatique

4/4/2024
La multiplication des phénomènes climatiques extrêmes et les dégâts considérables qu’ils entraînent menace la stabilité financière des assureurs. À tel point que certains commencent à se retirer des régions les plus exposées. En France, un rapport suggère de changer les règles du jeu pour éviter la formation de « déserts assurantiels ». Aux États-Unis, les phénomènes climatiques ayant entraîné plus d’un milliard de dollars de dommages se comptaient sur les doigts d’une main dans les années 1980 : 3 par an, en moyenne. Dans les années 2010, on est passé à une moyenne de 13 par an. L’an dernier, il y en a eu 28. À tel point que de nombreux assureurs se retirent carrément des Etats les plus exposés comme la Californie ou la Floride. La France n’est pas épargnée par ce phénomène. L’été, des milliers d’hectares de forêt partent en fumée tous les ans, des incendies qui désormais touchent des régions historiquement épargnées. Récemment, le nord du pays a été frappé par une série d’inondations spectaculaires à quelques semaines d’intervalles. La France fait partie des pays précurseurs puisqu’elle a créé dès 1982 un régime d’indemnisation des catastrophes naturelles qui garantit une forme de solidarité nationale même dans ces situations extrêmes. Mais face à des phénomènes de moins en moins exceptionnels, ce régime est aujourd’hui menacé. Rien que l’an dernier les catastrophes climatiques ont coûté 6 milliards et demi d'euros aux assureurs français. Et la facture risque de devenir très vite insoutenable. Comme aux États-Unis, certaines communes françaises ne trouvent déjà plus d’assureurs. Conscient du risque d’apparition de « déserts assurantiels », le gouvernement français avait mandaté l’an dernier trois experts chargés de proposer des solutions : Thierry Langreney, ancien assureur et président de l’ONG « les Ateliers du futur », Gonéri Le Cozannet, co-auteur du 6ᵉ rapport du GIEC, et Myriam Merad, directrice de recherche au CNRS. Leur rapport a été rendu public mardi 2 avril. « Changer les règles du jeu économique. » Face à « l’inflation climatique » pour reprendre l’expression de Thierry Langreney, il était urgent et impératif de refinancer le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles, en déficit structurel depuis 2016. Les rapporteurs chiffrent les besoins à 1,3 milliard d'euros par an, sans même prendre en compte « les effets futurs inéluctables du réchauffement climatique ». Le gouvernement qui a ce rapport entre les mains depuis plusieurs mois n’a pas attendu pour suivre leur première recommandation : à partir du 1ᵉʳ janvier prochain, la surprime sur les assurances habitation qui finance l’essentiel de ce régime passera de 12 à 20 %. Ensuite pour éviter l’apparition de « déserts assurantiels » ils suggèrent de « changer les règles du jeu économique » en transformant cette surprime en « bonus-malus fiscal » en fonction de la zone d’exposition. Si leur proposition était suivie, la part de ces 20 % qui reviendrait aux assureurs à la fois pour se rémunérer et indemniser d’éventuels dommages serait plus faible pour les biens assurés dans les zones les moins exposées et plus forte dans les zones où le risque climatique est plus important. Pour le dire encore plus clairement : les assureurs gagneraient plus d’argent en jouant pleinement le jeu de la solidarité nationale quand ils en perdent aujourd’hui. À lire aussiLa détresse des habitants du Nord-Pas-Calais frappés à nouveau par les inondations La mère de toutes les batailles Les rapporteurs écartent l’autre solution qui consisterait à laisser les assureurs augmenter librement les primes dans les zones les plus exposées, même s’ils suggèrent deux exceptions : les propriétaires de résidence secondaire et les propriétaires de biens locatifs pour inciter ces acteurs à l’assise financière établie à investir en réalisant les travaux nécessaires à la protection de leurs biens. La prévention est en effet « la mère des batailles », rappelle Thierry Langreney. Les mesures...

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L'Australie menace de crouler sous les panneaux solaires usagés

4/3/2024
En Australie, près d'un foyer sur trois est équipé de panneaux solaires. Un record mondial. Mais si le pays est en avance sur le photovoltaïque, il l'est aussi sur les déchets produits par le secteur. Ces panneaux solaires usagés commencent à s'accumuler et sont très peu recyclés. Un signal d'alerte pour toute la filière, face aux risques pour l'approvisionnement en matières premières critiques. Au début des années 2010, l'Australie a engagé une politique ambitieuse d'aides à l'achat de panneaux solaires. Le programme a si bien fonctionné qu'un tiers des foyers australiens ont aujourd'hui des panneaux sur le toit de leur logement. En Australie méridionale, l'un des huit États du pays, cette proportion est encore plus importante : un foyer sur deux est alimenté par des panneaux solaires à domicile. Les panneaux solaires peuvent fonctionner en théorie pendant 25 ou 30 ans. Cependant, en Australie, un changement des normes électriques a poussé certains habitants à remplacer plus tôt que prévu leurs panneaux solaires. Seul l'État de Victoria interdit l'enfouissement des panneaux solaires. Dans le reste du pays, des panneaux parfois encore en état de marche finissent dans des décharges et les métaux qu'ils contiennent ne sont pas récupérés pour fabriquer de nouveaux panneaux. 1 million de tonnes de panneaux jetés en 2034 Un panneau solaire contient du cuivre, de l'argent et du silicium. Ces matériaux sont cruciaux pour la transition énergétique, et la demande pourrait dépasser l'offre dans les prochaines années, en particulier dans le cas de l'argent. D'autant plus que lors de la COP28 en décembre dernier, engagement a été pris de tripler les capacités de production d'énergies renouvelables d'ici à 2030. D'où l'importance de recycler les panneaux. Mais en Australie, d'après une étude publiée la semaine dernière par l'université de Nouvelle-Galles du sud, la quantité de panneaux solaires en fin de vie dans le pays va être multipliée quasiment par sept en l'espace de dix ans, pour atteindre plus d'un million de tonnes par an en 2034. Une filière de recyclage à construire Le pays n'a pas les capacités de recyclage suffisantes pour valoriser ces déchets. L'enfouissement d'un panneau solaire coute 2 dollars australiens, mais le recycler coûte jusqu'à 10 fois plus cher. De plus, peu d'entreprises dans le monde ont mis en place des procédés efficaces à l'échelle industrielle pour récupérer les matériaux qui ont le plus de valeur (même s'il existe une usine de ce type en France, ouverte en 2023). Pour l'instant les compagnies qui vendent les panneaux en Australie ne sont pas incitées non plus à prendre en charge une partie du prix du recyclage, contrairement aux Pays-Bas par exemple, un des leaders européens en matière de recyclage. Les autorités néerlandaises ont récemment décidé de passer de 6,50 € la tonne à 40 € la tonne leur taxe sur le recyclage des panneaux solaires. En Australie au contraire, il n'existe pas d'incitations aussi fortes. Il y a quelques années encore, le pays envoyait ces déchets à l'étranger, ce qui a pu freiner le développement d'entreprises locales de recyclage. Il n'existe pas non plus de débouchés sur place pour réutiliser les métaux recyclés, car l'Australie importe presque tous ses panneaux solaires de Chine. Un paradoxe, selon le premier ministre lui-même : « Nous sommes le pays au monde qui compte le plus grand nombre de panneaux solaires par habitant, sur nos toits. Mais seulement 1 % de ces panneaux sont fabriqués en Australie », expliquait la semaine dernière le travailliste Anthony Albanese. Un milliard pour des panneaux solaires made in Australia Le gouvernement a annoncé jeudi dernier 1 milliard de dollars australiens (600 millions d'euros environ) d'investissements publics pour construire une usine de panneaux solaires, qui emploiera les anciens salariés d'une centrale à charbon. L'objectif est de substituer une partie des importations chinoises, c'est-à-dire d'éviter d'importer tous ses...

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Malgré l'effondrement des cours, le Chili veut doubler sa production de lithium

4/2/2024
Les prix des minerais essentiels à la transition énergétique s'effondrent depuis plusieurs mois. Exemple le plus spectaculaire, le lithium, essentiel à la fabrication de la plupart des batteries de voitures électriques, a perdu près de 80% de sa valeur en l'espace d'un an. Malgré ces cours peu favorables, le Chili, deuxième producteur mondial, veut doubler sa production de lithium sur la prochaine décennie. Aujourd'hui, seule l'Australie produit plus de lithium que le Chili. Cependant, le pays d'Amérique du Sud a les plus importantes réserves mondiales de ce métal blanc très léger. Là-bas, il est puisé dans le salar d'Atacama, un lac salé au beau milieu du désert le plus aride du monde. La saumure, l'eau salée dans laquelle il se trouve, est déversée dans de grands bassins à ciel ouvert. Le lithium est récupéré après l'évaporation de l'eau. Avec l'essor des voitures électriques, de nombreux pays veulent augmenter leur production ou commencer à produire du lithium : l'Europe voudrait ouvrir des mines, et l'Argentine, qui extrait déjà ce métal, pourrait bientôt talonner son voisin chilien. Enfin, la Chine, troisième producteur mondial, continue d'augmenter ses capacités de production. L'effondrement des prix du lithium ralentit toutefois ses investissements. La moitié des lacs salés du Chili pourraient être exploités Malgré la baisse des cours mondiaux, le Chili appuie sur l'accélérateur : Santiago a annoncé fin décembre un accord inédit entre le géant public Codelco et le géant privé chilien du lithium Soquimich pour augmenter fortement la production dans le salar d'Atacama. Mardi dernier, le gouvernement a révélé qu'une trentaine de salars (soit près de la moitié des lacs salés du Chili) pourront être exploités, avec ou sans la participation d'entreprises publiques. L'objectif est de multiplier par deux la production de lithium d'ici à dix ans et ainsi d'alimenter les caisses de l'État, grâce aux taxes. Un pari sur l'avenir Ce pari pose plusieurs questions. D'abord celle du prix et de la demande en lithium à l'avenir : pour l'instant, la production annuelle de lithium dépasse les besoins industriels, mais la tendance pourrait s'inverser à partir de 2028. Autre interrogation : les batteries au sodium, moins chères, vont-elles remplacer celles au lithium ? Plusieurs constructeurs en ont déjà développé. Dépendance aux matières premières Le Chili risque d'exposer encore plus son économie aux fluctuations des marchés mondiaux. Aujourd'hui déjà, le pays est le premier producteur mondial de cuivre et quand les cours de ce métal baissent, la croissance du Chili s'en ressent systématiquement. Exporter encore plus de lithium risque de maintenir le Chili dans une dépendance aux matières premières. Le gouvernement de gauche au pouvoir a pour ambition de transformer davantage le lithium sur place, mais ce petit pays aura bien du mal à être compétitif dans la construction de batteries par exemple. Inquiétudes environnementales De plus, cette hausse annoncée de la production inquiète les défenseurs de l'environnement. Le gouvernement a beau annoncer qu'il va classer comme aires protégées 30% des lacs salés du pays, des dizaines de scientifiques et d'ONG locales alertent sur les risques pour l'accès à l'eau des peuples autochtones, pour l'agriculture locale. « Les salars ne sont pas des mines », ont-ils écrit dans deux tribunes (ici et là) la semaine dernière. Ce sont « des écosystèmes fragiles », qui nous aident à comprendre le passé, et peut-être le futur de notre planète. À lire aussiChili: le géant Codelco s'allie avec SQM pour doubler son extraction de lithium

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Emploi: l’industrie du jeu vidéo toujours en zone de turbulences

4/1/2024
À l’échelle mondiale, le secteur du gaming se porte bien : il a généré l’an dernier plus de 184 milliards de dollars de revenus et pèse désormais plus lourd que la musique et le cinéma réunis. Pourtant, on assiste depuis l’an dernier à des dizaines de plans sociaux. Malgré un cru exceptionnel de jeux au succès tant critique que populaire, 2023 fut une année noire pour le secteur du jeu vidéo sur le plan de l’emploi : plus de 10 000 suppressions de postes à travers le monde et des dizaines de studios poussés à la fermeture. L’engouement lié au Covid-19 s’est estompé au fur et à mesure que les confinements se terminaient et la hausse brutale des taux d’intérêts rend désormais plus difficile de financer des jeux toujours plus coûteux et qui ne trouvent pas toujours leur public. La saignée ne s’est pas arrêtée avec le passage à la nouvelle année : rien que sur les deux premiers mois de 2024, il y a déjà eu 8 000 suppressions d’emplois dans l’industrie. Autant dire que le triste record de 2023 sera très certainement pulvérisé bien avant la fin de l’année. Dernière en date à annoncer un plan social : Sega vient d'annoncer 300 suppressions d'emplois dans ses branches Europe et Amérique. L’entreprise japonaise ne fabrique plus de consoles de jeux depuis plus de vingt ans mais reste un studio et un éditeur important avec des licences comme Sonic et la série des Total War. L’an dernier, SegaSammy, la maison mère de Sega, a pourtant réalisé un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros pour un bénéfice de plus de 300 millions d’euros, en hausse de 46% par rapport à l’année fiscale 2022. Mais l’horizon s’assombrit. « Notre environnement d’affaires a changé rapidement avec la fin des confinements et le ralentissement économique dû à l’inflation, particulièrement en Europe. Notre profitabilité est en recul », écrit ainsi dans un message aux actionnaires, SegaSammy, pour justifier ces suppressions d’emplois. Autrement dit : « L’entreprise est encore profitable, mais pas assez pour rassurer les actionnaires. » Face à cette logique mortifère, les salariés s'organisent timidement On retrouve cette même logique chez Phil Spencer, le puissant patron d’Xbox, la division Jeu vidéo de Microsoft. Microsoft, première entreprise de la planète en termes de capitalisation boursière après avoir finalisé l’an dernier l’une des plus grosses acquisitions de l’histoire l’an dernier en rachetant Activision Blizzard pour 75 milliards de dollars et qui a annoncé 1900 suppressions d’emplois au sein de sa branche gaming en janvier. Dans une récente interview accordée au média spécialisé Polygon, Phil Spencer explique : « Ce qui m’inquiète le plus dans l’industrie c’est l’absence de croissance. (…) Or, nous devons montrer de la croissance à nos investisseurs, sinon pourquoi les actionnaires achèteraient-ils nos actions ? » Tout est dit. Le marché a arrêté de croître indéfiniment (sans pour autant reculer), et la stabilité financière ne suffit pas pour satisfaire les actionnaires. À défaut de pouvoir séduire un nouveau public, la seule solution pour augmenter la profitabilité des entreprises devient alors de réduire les coûts en supprimant des emplois. Face à cette logique mortifère, les salariés du secteur commencent timidement à s’organiser et donc à se syndiquer dans un secteur dont ce n’est pas du tout la culture. Quelques mois après une première série de licenciements, Sega of America, la branche américaine de l’entreprise japonaise, est ainsi devenue la première grosse entreprise du secteur aux États-Unis à ratifier une convention collective. Les employés concernés vont être augmentés dès cette année. En cas de licenciement, puisque c’est la tendance, le nouveau contrat leur garantit aussi d’être prévenus à l’avance et d’être indemnisés.

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L’Union européenne veut une taxe sur les céréales russes

3/29/2024
La Commission européenne va imposer des tarifs douaniers « prohibitifs » aux produits agricoles russes et biélorusses. Les céréales russes, qualifiées par l'UE de « source de revenus » pour Moscou, sont particulièrement visés. Cela peut surprendre alors que l’Union européenne, la France en tête, est l’un des plus grands producteurs de céréales au monde : les importations de céréales russes – blé, maïs, orge – ont quasiment doublé en un an. En 2023, 1,5 million de tonnes de céréales russes ont été importées dans l’Union européenne, contre 960 000 tonnes l’année précédente. Les céréales russes arrivent d’abord des ports du sud de la Russie vers les pays de la Méditerranée. L’Italie est le premier client européen (423 000 tonnes, essentiellement du blé dur), devant la Grèce (237 000 tonnes) et l’Espagne (166 000 tonnes). Quelques milliers de tonnes passent ensuite par la route, via les pays baltes, Lettonie en tête (263 000 tonnes). « Politique commerciale agressive de la Russie » Plusieurs facteurs expliquent ces chiffres. D’abord, parce que, contrairement au pétrole, à l’acier ou au diamant visés par les sanctions depuis l’invasion russe de l’Ukraine, les céréales russes entrent librement sur le territoire européen, et ne paient quasiment pas, voire aucuns droits de douane. Ensuite, parce que les dernières moissons en Russie ont été très bonnes. Les stocks de blé sont pleins et Moscou peut mener une offensive sur les prix. « Il y a une politique commerciale très agressive de la Russie qui force, d'une certaine façon, la main des acheteurs, en proposant des prix toujours plus bas, en dessous des cotations de référence », analyse Philippe Heusèle, porte-parole d’Intercéréales qui représente les professionnels de la filière en France. « On sait que les intérêts portuaires et céréaliers russes sont très proches du pouvoir et donc on a là la traduction d'une volonté politique du Kremlin de faire des céréales une arme alimentaire pour venir plomber le marché européen d'une certaine manière », ajoute-t-il. Déstabilisation du marché européen Si les importations de céréales russes restent limitées en volumes – par rapport aux 272 millions de tonnes produites dans l’Union européenne en 2023 –, la politique de Moscou sur les prix contribue à déstabiliser le marché européen, déjà mis à mal par l’importation des céréales ukrainiennes. C’est cette offre abondante qui explique, en partie, la chute des cours : le blé a atteint son niveau le plus bas depuis trois ans et demi. La Commission européenne, pressée par plusieurs pays à agir (République tchèque, Pologne, pays baltes) s’est décidée à taxer les céréales russes. La proposition, qui doit encore être entérinée par une majorité des États membres (quinze pays représentant 65% des États membres), prévoit d’imposer des droits de douane à 95 euros par tonne ou à 50% de la valeur des céréales, des huiles ou des produits qui en sont dérivés. La taxe ne concernera que les céréales destinées au marché européen (celles qui ne font que transiter par l’Union européenne ne seront pas taxées au nom du respect de la sécurité alimentaire). Bruxelles souhaite « assécher » les revenus permettant à Moscou de financer sa guerre en Ukraine et ainsi rétablir une concurrence « plus saine » sur le marché européen. Le signal est aussi politique. À moins de trois mois des élections européennes, et alors que la grogne touche encore certains pays comme la République tchèque ou la Pologne, Bruxelles entend montrer qu’elle se tient aux côtés des céréaliers. À lire aussiL’Occident marque des points dans sa guerre contre le pétrole russe

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L’Occident marque des points dans sa guerre contre le pétrole russe

3/28/2024
En raison du durcissement des sanctions occidentales, la Russie est à la peine pour encaisser les revenus du pétrole qui financent sa guerre contre l'Ukraine. L'étau se resserre-t-il enfin autour de la machine à cash de l'économie russe ? Plusieurs signaux l'indiquent : le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a reconnu que les paiements prenaient du retard à cause des sanctions dites secondaires. Il évoque les menaces de rétorsion proférées fin décembre par le Trésor américain contre les banques qui ne respecteraient pas scrupuleusement les sanctions. Un message reçu cinq sur cinq en Chine, aux Émirats arabes unis ou en Turquie. Dans ces pays amis de la Russie, plusieurs banques ont suspendu un certain nombre de comptes russes. Celles qui acceptent encore de travailler avec des intermédiaires russes redoublent de prudence et mettent donc plus de temps, des semaines, voire des mois, pour décaisser les paiements des transactions avec Moscou. Les importations indiennes de brut russe en recul Deuxième tour de vis en Inde : les raffineurs ont banni la plus grande société russe de transport de brut. La Sovcomflot a été interdite par Reliance, le plus grand raffineur privé, puis par l’ensemble de ses concurrents publics ou privés. La société transportait environ 15% du brut russe destiné à l’Inde. L’Inde qui est devenu le deuxième importateur de l'origine Oural, après la Chine, depuis la mise en place des sanctions, est en train de diversifier son approvisionnement. Ses importations russes ont baissé en volume depuis décembre et ont été compensées par des achats de brut irakien. Dans les prochaines semaines, l'Inde attend aussi une importante cargaison de brut américain. À écouter aussiMalgré les sanctions, le pétrole russe trouve preneur en Asie L’étau se resserre, les revenus pétroliers de la Russie sont en baisse, mais pas assez pour remettre en cause le financement de la guerre du Kremlin. La guérilla juridico-commerciale contre le pétrole russe ayant donné des résultats jusqu’ici assez mitigés, l’Ukraine est passée en janvier à l’action militaire. Elle a sérieusement endommagé des raffineries russes avec ses tirs de drones mais en a immédiatement payé le prix. Les tirs de représailles de l’armée russe ont détruit environ 20% de ses capacités électriques. Le cours du pétrole déterminant dans cette guerre La guerre de l’énergie ne fait que des perdants, sur le champ de bataille comme dans l'économie. Au-delà des dommages et des pertes humaines endurées par l’Ukraine, et par la Russie, l’Occident craint par-dessus tout que la destruction des infrastructures pétrolières stratégiques de la Russie ne fasse flamber les cours. Ce serait une nouvelle punition pour l'économie occidentale, surtout pour l'Europe déjà affaiblie par la hausse du gaz. Pour mettre à genoux la Russie, il faudrait surtout favoriser la chute des cours, recommande Andriy Yermak, conseiller de Volodymyr Zelensky. Dans une tribune publiée le 27 mars par le Wall Street Journal, il rappelle que la descente aux enfers du marché pétrolier de 1986 – quand le baril ne valait plus que dix dollars – a précipité l’effondrement de l’Union soviétique. Aujourd'hui, le baril est à 85 dollars, un niveau confortable pour la machine de guerre du Kremlin. À lire aussiComment expliquer l’étonnante résilience de l’économie russe?

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Le Sénégal devient la tête de pont de la sortie du franc CFA

3/27/2024
Le Sénégal de Bassirou Diomaye Faye sera-t-il le premier pays à abandonner le franc CFA ? C’est l’une des promesses phares du nouveau président. Mais qu’il entend mener en prenant son temps. Enterrer le franc CFA pour retrouver sa souveraineté monétaire, rompre l'un des derniers liens de sujétion avec l’ancienne puissance coloniale, c’est un sujet très populaire parmi la jeunesse ouest-africaine. Un geste qui serait très fort sur le plan politique, mais lourd de conséquences économiques. Une rupture brutale pourrait faire fuir les investisseurs et précipiter le pays dans une crise financière. Pas vraiment ce dont a besoin le Sénégal. Pas plus que les sept autres pays partageant cette monnaie. Même les trois pays dirigés par des juntes militaires, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, n'ont pas osé franchir le Rubicon. Ils veulent quitter la Cédéao, la Communauté des États d'Afrique de l'Ouest qui les a sanctionnés, mais pas question pour le moment de sortir du CFA. Fort de la légitimité des urnes, Diomaye Faye devient un porte-voix régional d'un mouvement jusqu'alors très populaire dans la rue, mais pas du tout assumé au niveau des dirigeants. À lire aussiRabah Arezki, économiste : « Le franc CFA a permis de juguler l’inflation » L’approche prudente privilégiée par Diomaye Faye Il reste cependant très précautionneux. Il souhaite d’abord se concerter avec les pays concernés par l'éco, la future monnaie commune de l'Afrique de l'Ouest. Une approche conforme à l'esprit de la réforme du franc CFA entérinée en 2020 par Alassane Ouattara et Emmanuel Macron. Les pays membres de la zone franc ont alors prévu d'abandonner le CFA au profit de l'éco. La date butoir de la création de l'éco est fixée à 2027. Elle pourrait encore être repoussée, car les discussions durent depuis trente ans. Chacun sait que parvenir à un accord exige de gros efforts de convergence économique et budgétaire entre les quinze pays intéressés. Si les conditions ne sont pas réunies au niveau régional, « le Sénégal pourrait considérer l'option de cette monnaie nationale », nous a indiqué Cheikh Fatma Diop, qui a coordonné le programme économique du Pastef. Au préalable, nous explique l'économiste, le Sénégal devra assainir ses comptes publics en renégociant sa dette, améliorer la balance commerciale aujourd'hui déficitaire et se constituer des réserves d'or pour garantir la future monnaie. Un processus qui prendra plusieurs années. À lire aussiSénégal: les priorités économiques du nouveau président élu Bassirou Diomaye Faye Une monnaie aux avantages controversés Depuis la réforme, le contrôle effectué par Paris a quasiment disparu. Les pays membres de l’UEMOA ne sont plus contraints de maintenir la moitié de leurs réserves dans les livres de compte du Trésor français et il n’y a plus de représentants français au sein des instances de gouvernance de la monnaie commune aux huit pays d’Afrique occidentale. Demeure le nom, le franc CFA, un symbole encombrant qui circule tous les jours dans les mains des usagers. Et la parité garantie avec l’euro. Une assurance appréciée par les opérateurs qui utilisent cette monnaie. Mais pas très adapté à un pays souhaitant favoriser les exportations.

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Les comptes de la France dans le rouge avec un déficit à plus de 5%

3/26/2024
Le déficit de l’État français a atteint 5,4% en 2023, a annoncé l’Insee. Ce chiffre finalement bien supérieur aux prévisions initiales du gouvernement provoque un vaste débat sur les comptes publics. Avec un gouvernement critiqué de toutes parts pour les causes comme pour les remèdes envisagés. Les comptes de la France sont dans le rouge. Le ministre de l’Économie Bruno le Maire avait lui-même annoncé la couleur en février en préparant l'opinion à des coupes de 10 milliards d’euros dans les dépenses pour limiter la casse. La semaine dernière, la Cour des comptes a enfoncé le clou en soulignant que la France était sur la troisième marche du podium des pays les plus endettés de la zone euro. Depuis, l’opposition se déchaine. La France serait sur la même pente que la Grèce selon les Républicains. L'improbable menace d'une crise de la dette La dérive des comptes publics français entamée il y a trente ans parait impossible à endiguer. La France ne sera pas en mesure de revenir dans les clous d'ici la fin du mandat du président Macron, c'est-à-dire à un déficit inférieur à 3 % selon la règle de la zone euro. Mais cela ne signifie pas pour autant que la crise de la dette menace la France. Rien à voir avec la crise qui a secoué la zone euro dans les années 2010. La dette française demeure très appréciée des investisseurs. L'écart avec les taux allemands, un indicateur très suivi par les marchés, n'a pas bougé depuis un an. Pas de panique donc dans les jours qui viennent. La perspective des prochaines semaines inquiète davantage le gouvernement. Un déficit au-dessus de 5 % pour 2023 comme pour 2024, pourraient conduire les agences de notation à revoir leur note à la baisse. Et si la note baisse, les taux grimpent. L’addition du service de la dette sera alors beaucoup plus lourde à régler. À lire aussiFaute de croissance, la France est contrainte de raboter ses dépenses Quelles pistes pour redresser les comptes La plus agréable pour tout le monde, celle sur laquelle comptait le gouvernement, c’est la croissance, car quand le PIB augmente, le déficit est relativement plus petit. Mais ce scénario idéal s’éloigne de jour en jour. Le gouvernement a révisé à la baisse sa prévision à 1 %. Pour rééquilibrer les comptes, il faudra donc employer la manière forte : dépenser moins ou taxer davantage. On connait la religion de Bercy en la matière : il faut freiner les dépenses publiques. Bruno Le Maire se fait le chantre de la sobriété dans l’essai qu’il vient de publier. La rigueur n'est pas sans risque : elle peut casser le peu de croissance escompté. Le remède serait pire que le mal. La hausse des impôts en débat C’est une ligne rouge pour le président Macron qui se refuse à augmenter les impôts, il a même promis un allègement aux classes moyennes. Mais l’idée chemine. Y compris dans la majorité. La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet évoque une taxe exceptionnelle sur les superprofits des grandes entreprises. La balle est aujourd’hui dans le camp de Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie.

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L’Éthiopie, nouvelle terre promise du bitcoin?

3/25/2024
L’Éthiopie veut, elle aussi, profiter de la vague du bitcoin en accueillant sur son territoire les entreprises de minage. Est-ce vraiment la nouvelle terre promise du bitcoin, comme l’affirment les acteurs chinois de cette industrie ? L’Éthiopie interdit l'usage du bitcoin, mais autorise son minage depuis 2022. Depuis, le pays est devenu la nouvelle frontière de ce rouage essentiel de la crypto monnaie. Essentiel pour créer de nouvelles unités de monnaie et pour valider chacune des transactions. Ces opérations effectuées via des serveurs exigent beaucoup, beaucoup d’électricité. Or l’Éthiopie avec son GERD, le « Grand barrage de la renaissance éthiopienne » a un potentiel pharamineux, qu’elle entend exploiter au maximum. D’où la signature d’un protocole d’accord avec 21 sociétés de minage en février dernier, pour la plupart chinoises. Elles paieront la facture en devise, c’est ce qui motive l’État éthiopien. Il est aujourd’hui aux abois, en défaut de paiement, et cherche donc par tous les moyens à faire rentrer des dollars. À lire aussiCryptomonnaies : « Les Africains sont assis sur un trésor » Une électricité à un prix garanti L’Éthiopie a beaucoup d’avantages à faire valoir. D’abord une source sûre de courant grâce au barrage. À un prix fixe garanti, stipule le protocole signé en février. Au Texas, la première région au monde du minage, le prix est sensiblement le même, mais il varie fortement au gré du marché. Ensuite, l’Éthiopie joue la carte du climat, ses températures modérées sont propices à une activité qui supporte mal les grosses chaleurs. L’origine hydro-électrique du courant est un plus pour une industrie accusée de polluer l’atmosphère en utilisant une électricité en grande partie d’origine fossile. L'Éthiopie a enfin un atout diplomatique avec les mineurs chinois. Car Pékin a construit et financé le grand barrage de la renaissance et c’est le premier créancier bilatéral de l’Éthiopie. Un lien qui les rassure, ils voient déjà ce pays comme un sanctuaire. Le minage de plus en plus rejeté Car le minage est aussi très controversé et souvent rejeté, à cause de ses besoins dévorants en électricité. La Chine, l'ex-empire du minage, régulièrement soumise à des coupures de courant, l’a banni en 2021. L’Iran et le Kazakhstan ont pris le relais avant de changer d’avis sous la pression de la population, excédée par les pannes à répétition. L’Islande envisage aussi de renvoyer les mineurs qui consomment autant que la population de l'île, car l'île arctique a, elle aussi, renoué l'an dernier avec les pics de consommation et les pannes, ce qui a durement affecté la pêche, la première industrie du pays. Le minage est ainsi devenu une activité de paria, précaire, susceptible d’être expulsée du jour au lendemain. Une menace pour la sécurité énergétique de l’Éthiopie La sécurité énergétique de l’Éthiopie pourrait, elle aussi, être menacée par cette industrie. C’est la grande inconnue et donc le talon d'Achille du projet. Le barrage a un potentiel indéniable, mais il a aussi des contingences, quand le niveau de l’eau baisse, la production est moindre, les délestages sont à craindre dans un pays où seulement la moitié de la population est raccordée au réseau. À lire aussiÉthiopie: le grand barrage de la Renaissance au cœur de tensions avec l'Égypte et le Soudan

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La transition électrique de l’industrie automobile plus lente que prévu

3/22/2024
Les États-Unis ont adopté cette semaine de nouvelles normes anti-pollution très strictes pour les véhicules dans le but affiché d’encourager la transition des moteurs thermiques aux moteurs électriques. Mais sous la pression de l’industrie, l’administration américaine accorde finalement beaucoup plus de temps aux constructeurs pour faire cette transition. En Europe aussi, le secteur automobile questionne les objectifs fixés par Bruxelles. Ne vous y trompez pas : la transition est bel et bien enclenchée, sous l’impulsion des gouvernements en Europe, en Chine, aux États-Unis et ailleurs qui ont fixé des objectifs et donc un cap à l’industrie automobile. L’administration Biden a, par exemple, annoncé cette semaine de nouvelles normes antipollution « les plus strictes pour les véhicules jamais prises dans l'histoire des États-Unis », s’est targué Michael Regan, à la tête de l'Agence américaine de protection de l'environnement. Dans les faits, ces normes qui s’appliqueront aux véhicules construits entre 2027 et 2032 pénaliseront beaucoup plus qu’aujourd’hui les véhicules à moteur thermique, mais cette annonce a été perçue comme une victoire majeure de l’industrie automobile. Pour le comprendre, il faut comparer le projet initial présenté par l’Agence américaine de protection de l’environnement au printemps 2023 et ce qui a été réellement annoncé cette semaine : l’an dernier, l’administration Biden disait vouloir fixer comme objectif que 60% des véhicules vendus aux États-Unis d'ici à 2030 soient des véhicules électriques. Un objectif qui a disparu dans la version finalement adoptée mercredi 20 mars au profit d’un objectif plus flou et plus général de réduction des émissions de CO2. En pratique, cela permettra aux constructeurs de respecter les objectifs fixés en proposant des véhicules hybrides plutôt qu’en devant à tout prix miser sur les véhicules 100% électriques. À lire aussiLes États-Unis durcissent les normes d'émissions des voitures pour stimuler l'électrique Les véhicules électriques représentent 7% des ventes aux États-Unis Surtout, le gouvernement américain donne beaucoup plus de temps à l’industrie automobile pour faire cette transition. Le secteur a pesé de tout son poids pour obtenir ce délai, arguant que « les consommateurs ne sont pas prêts ». Les véhicules électriques n’ont représenté que 7% des ventes l’an dernier aux États-Unis. Après l’engouement initial, la progression de l’électrique ralentit : les consommateurs américains se disent toujours intéressés, mais déplorent le manque d’infrastructures adaptées et notamment de bornes de recharge. En pleine année électorale au pays de la voiture reine, l’administration Biden avait aussi à cœur de ne pas se mettre à dos une industrie qui compte aux États-Unis et qui emploie encore des centaines de milliers de personnes. Avant d’annoncer ces nouvelles normes, Michael Regan a pris soin de préciser devant un immense drapeau américain : « J’aime la voiture, j’ai toujours aimé la voiture et je l’aimerai toujours. » Une formule qui fait écho à celle du président français en septembre dernier : « On aime la bagnole, et moi, je l’adore. » Emmanuel Macron a fixé un cap à l’industrie automobile française : produire 2 millions de véhicules électriques d'ici à 2030. À l’échelle européenne, la vente de véhicules à moteur thermique sera de toute façon interdite à partir de 2035 (même si l’Allemagne a obtenu une concession sur les carburants synthétiques). Le groupe Renault ne renoncera pas complètement aux moteurs thermiques Un objectif qui fait grincer des dents de ce côté de l’Atlantique. Le président de Renault, Jean-Dominique Senard, déplore une décision qui impose à l’industrie une technologie plutôt qu’une autre. Auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat mercredi 20 mars, il a aussi pointé du doigt une décision prise avec une « analyse d’impact proche de pas grand-chose ». « J’en veux pour preuve qu’une fois la décision prise tout le monde a...

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L’accord de libre-échange entre le Canada et l’UE suspendu au vote du sénat français

3/21/2024
Le CETA, l’accord de libre-échange entre l’Europe et le Canada, arrive enfin devant le Sénat français pour être ratifié. Le vote ne va pas de soi, car sept ans après avoir été approuvé par les chefs d’État et le Parlement européen, cet accord demeure très polémique parmi les agriculteurs français. Le sujet a été réactivé avec la récente crise agricole. Les sénateurs, très sensibles au monde rural, pourraient voter contre. Cette option du pire bloquerait en théorie l’accord, d'où la fébrilité du gouvernement. La France n’est pas le seul pays qui se méfie du CETA. Dix autres pays européens repoussent la ratification par crainte d’essuyer un rejet. Pourtant, le CETA est déjà partiellement mis en œuvre depuis 2017 et le bilan est plutôt rassurant. En valeur, les échanges entre le Canada et l'Europe ont augmenté de 37% depuis l’application de l’accord, et la balance est toujours très favorable à l’Europe. Les gains sont significatifs pour l’industrie, les services et l’agro-alimentaire. Même tendance pour la France avec un bond d'échanges avec le Canada de 30%. Un chiffre à relativiser, car il est conforme à l'évolution globale des exportations françaises. L'agro-alimentaire, grand gagnant du CETA Le quart des exportations françaises vers le Canada sont des produits agro-alimentaires. Contre toute attente, les éleveurs en profitent largement. Et contrairement à ce qu'ils redoutaient, le bœuf canadien n’a pas déferlé dans les boucheries françaises. Les 52 tonnes expédiées en 2023 dans l’Hexagone ne représentent que 0,0034 % de la consommation. De fait, les Canadiens utilisent seulement 2% du quota autorisé dans le cadre du CETA. Les vignerons français sont les grands gagnants de cet accord de libre-échange. Leurs exportations vers le Canada se sont envolées. Idem pour les producteurs de reblochon ou d’autres fromages AOC — Appellations d’origine contrôlée. Une tendance qui est valable pour toute l’Europe. Les exportations de parmesan, ricotta et autres douceurs italiennes ont bondi. Cela n’empêche pas l’Italie de la populiste Giorgia Meloni de refuser la ratification. En Italie comme en France, le CETA est devenu un objet de crispation très politique, trop politique pour être abordé sereinement à quelques mois des élections européennes. À lire aussiCETA, vrai ou faux? C'est plus compliqué... Encore des inconnues pour les écologistes Y compris pour examiner les réserves sérieuses sur l'évolution future du commerce avec le Canada. Les éleveurs canadiens pourraient se réveiller, se détourner de leur marché américain pour exporter du bœuf aux hormones en Europe, car les contrôles locaux s'avèrent légers au regard des normes européennes. Autre incertitude : le fonctionnement de la cour arbitrale chargée de régler les différends entre les entreprises et les États. Sera-t-elle une voie pour contourner les législations environnementales de l’Union européenne, comme le redoutent les écologistes ? Ces doutes exigent une franche discussion avec les responsables canadiens. Les sujets pourraient être abordés le 10 avril prochain lors de la visite de Gabriel Attal à Ottawa. Le premier ministre français sera accompagné de Franck Riester, le ministre délégué au Commerce extérieur. À écouter aussiFranck Riester: «Ne faisons pas du CETA un bouc-émissaire de la crise agricole»

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LVMH et sa filiale Loro Piana accusés d’exploiter les villageois andins du Pérou

3/20/2024
Loro Piana, filiale du groupe LVMH qui vend des pulls en laine de vigogne, profite d’un commerce inéquitable au détriment des communautés andines du Pérou, dénonce un reportage. Le fils de Bernard Arnault, directeur de cette marque, va devoir s’en expliquer devant le congrès américain. Loro Piana, spécialisée dans les fibres naturelles les plus raffinées, est l'une des machines à cash de l’empire LVMH, grâce entre autres aux pulls en laine de vigogne. Cet animal sauvage vivant sur les plateaux andins a une toison réputée parce que très chaude, très soyeuse, très rare, et donc très chère. Seulement, les villageois qui la tondent chaque année n'en profitent pas. Pour la matière première d'un pull vendu environ 9 000 euros, ils ne recevront que 260 euros, nous apprend un reportage de Bloomberg. Et c’est ce reportage qui a soulevé l’indignation de Robert Garcia. L'élu démocrate de Californie né au Pérou demande des explications écrites aux dirigeants de la marque italienne. La défense de Loro Piana Dans un premier courrier, les responsables estiment que Lora Piana fait déjà beaucoup pour la région. Antoine Arnault et le directeur exécutif de la marque reprennent la communication disponible sur le site internet, où l’on apprend que Loro Piana a construit des bassins d’irrigation pour lutter contre la sécheresse. Cette conséquence du changement climatique avait surtout l’inconvénient de disperser les vigognes. Car dans ce storytelling ponctué de magnifiques clichés de troupeaux de vigognes, l'animal au pelage doré et aux grands yeux de biche éclipse largement les paysans andins. Ce courrier est la seule réaction au reportage. Un commerce censé profiter aux seuls indigènes Le commerce de la laine de cette espèce protégée était censé profiter aux seules populations locales. C'est ce que dispose un traité international. Et à partir de 1994, le village de Lucanas, où se sont rendus nos confrères de Bloomberg, est le premier à en bénéficier en cédant toute la matière récoltée à Loro Piana. Mais si Bernard Arnault, le patron de LVMH, est devenu l'homme le plus riche du monde, eux restent très pauvres : 40% d'entre eux vivent en dessous du seuil de pauvreté. Leur situation ne s'est pas améliorée en trente ans. Les plus jeunes partent tenter leurs chances dans les mines d’or, et les plus âgés, comme l’une des femmes interrogées, sont désormais contraints de tondre bénévolement les vigognes, car le prix payé au village ne cesse de baisser depuis que LVMH a racheté la marque en 2013. La tonte des indigènes est même concurrencée par celle que Loro Piana réalise dans sa propriété. Dans les 2 000 hectares achetés dans la région avec la complicité d’un ancien membre de l’équipe du président Fujimori. La protection de la vigogne a permis d’augmenter le troupeau, au plus grand bénéfice du propriétaire actuel de la marque, LVMH. Car cela fait baisser les prix. Sur les réseaux, LVMH est désormais sommé de cesser cette exploitation et de payer la laine au juste prix. Un tout petit caillou dans les chaussures Berluti de la famille Arnault.

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Du climat à la défense, pourquoi la Banque européenne d’investissement est devenue incontournable

3/19/2024
La Banque européenne d’investissement (BEI) sera-t-elle le bras financier du réarmement de l’Europe ? C’est le vœu exprimé par quatorze pays européens. Un nouveau cap en perspective pour cette institution au cœur de toutes les mutations stratégiques de l'Union européenne. La France et l’Allemagne, l’Italie, la Pologne, ainsi que d’autres pays du nord et de l’est de l’Union européenne (UE), ont écrit à la nouvelle présidente de la BEI, l'Espagnole Nadia Calvino, pour demander que la Banque finance plus largement l’effort de défense, rapporte l'Agence France-Presse. Une petite révolution. Jusqu’à aujourd’hui, son soutien en la matière s’est limité aux applications à la fois civiles et militaires, à condition que les retombées dans le civil soient majoritaires. C'est cette clause que les États membres souhaitent d'abord lever. Un fonds dédié à ces applications duales a été lancé en 2022, pour faciliter entre autres la conception de drones. Les réserves politiques et financières de la BEI La BEI s'est longtemps interdite de financer davantage le réarmement pour des raisons politiques. Jusqu'à la guerre russe contre l'Ukraine, le pays le plus puissant de l'UE, l'Allemagne, était un partisan inflexible du pacifisme et jusqu'en décembre, c'était un Allemand, Werner Hoyer, qui dirigeait la BEI. Mais c’est aussi pour des raisons financières qu’elle a évité de s’aventurer sur les champs de bataille. Elle redoute de perdre son précieux triple AAA, qui lui permet de lever des capitaux au meilleur prix. Mais les nouvelles menaces qui planent sur l’Europe - la Russie à ses portes, le parapluie de l'Otan secoué par Donald Trump - vont sans doute la contraindre à changer de braquet. La Banque européenne d’investissement était devenue la banque verte de l’Europe. 60% des prêts qu’elle accorde servent aujourd’hui à financer la transition énergétique. Au moment de sa création, elle a surtout financé des travaux d’infrastructures dans les régions les plus pauvres. À partir de 2019, elle se transforme en banque du climat. Quand surgit le Covid, elle devient la plus grande pourvoyeuse de fonds pour le plan de relance. Demain, ce sera peut-être des canons qu’elle financera. Elle restera verte, mais avec une nuance kaki. Aubaine pour les États trop endettés Beaucoup d’États membres sont déjà très endettés, ils se tournent donc vers l'organe créé pour leur avancer de l'argent en toute sécurité pour financer leurs nouvelles priorités. La BEI, peu connue du grand public, est très réputée dans le monde de la finance. La plus grande banque multilatérale au monde est capable d'entrainer les investisseurs privés, rassurés par sa solidité financière. En perpétuelle mutation, elle est devenue centrale dans l’Union européenne. En témoigne la bataille féroce pour décrocher la présidence. L’Espagnole Nadia Calvino, ancienne ministre des Finances, l'a emporté en promettant d'en faire davantage pour la défense. Et pour le nucléaire : encore un nouveau champ à défricher. Cela ne signifie pas non plus que la banque avancera des capitaux les yeux fermés pour des canons ou des EPR [réacteurs nucléaires]. Elle reste une banque, soucieuse de limiter ses risques.

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Pourquoi les pays émergents redoutent l’invasion des produits bon marché chinois

3/18/2024
Le Brésil multiplie les enquêtes anti-dumping contre la Chine. D'autres pays émergents se plaignent aussi des excès du plus grand exportateur mondial. La montée du protectionnisme est-elle en train de diviser le Grand Sud ? Au cours des six derniers mois, le Brésil a ouvert au moins six enquêtes contre des produits importés de Chine, rapporte le Financial Times. Elles concernent principalement des produits intermédiaires industriels. En septembre, le Vietnam a ouvert une enquête sur les éoliennes chinoises à la suite de la plainte des producteurs locaux. En Inde, ce sont les lunettes de soleil chinoises qui ont déclenché l'ouverture d'une investigation. Au Mexique, les droits sur l’acier ont fortement augmenté l'an dernier pour tous les pays non signataires d'un accord commercial avec Mexico. Une décision qui affecte principalement la Chine. Des pays émergents inondés par les produits chinois Les grands émergents réagissent avec des mesures protectionnistes, parce qu’ils sont désormais inondés par les exportations chinoises. Depuis l’an dernier, le Sud Global est devenu le principal débouché de la Chine. Elle exporte dorénavant davantage dans les pays émergents que dans les pays occidentaux. C’est la demande des grands émergents qui a dopé son commerce extérieur en 2023. Les exportations chinoises vers le Brésil ont cru de 37%, de 28% vers le Vietnam ou encore de 14% vers le Mexique. Et cela s'amplifie encore. Sur les deux premiers mois de l'année, le commerce entre le Brésil et la Chine a bondi de 30%. Tandis que les importations américaines, européennes et nippones de produits chinois sont en net repli. Comme les vieilles industries occidentales se sont senties menacées par la Chine, ce sont maintenant celles des pays émergents qui sentent le vent du boulet et qui redoutent cette concurrence déloyale. À lire aussiChine: les exportations chinoises s'envolent, stimulées par la pandémie Les conséquences de la relocalisation Cette nouvelle donne du commerce mondial s’explique en grande partie par la relocalisation à l’œuvre depuis le Covid. Une relocalisation initiée par les Occidentaux pour réduire leur dépendance à l’égard de la Chine. Dans la mesure du possible, ils importent dorénavant les produits équivalents fabriqués par d’autres pays émergents. Les Chinois se sont très vite adaptés à cette nouvelle donne en ouvrant des filiales dans ces pays pour continuer à capter la demande occidentale. Les nouvelles importations qu'implique cette relocalisation fragilisent des filières naissantes. Elles aussi subissent la guerre des prix lancée par le rouleau compresseur chinois. Car avec ses difficultés internes, la Chine a plus que jamais besoin d'exporter les surplus de ses champions mondiaux dans l'acier, le solaire, l’éolien ou la batterie électrique. Faible menace de guerre commerciale La défense de l'industrie est devenue une priorité dans de nombreux pays du Grand Sud, notamment au Brésil. Mais la plupart exportent aussi vers la Chine, le Brésil par exemple est excédentaire avec la Chine grâce à ses exportations de matières premières, soja, fer ou poulet. C’est pourquoi le scénario d’une guerre commerciale paraît assez improbable. Ces pays ont trop à perdre en cas de représailles. Difficile aussi de se fâcher avec le leader des Brics, au moment où les dirigeants du Grand Sud, Lula en tête, cherchent à rééquilibrer les relations internationales. À lire aussiAvec ou sans Lula, l'agronégoce brésilien à l'assaut de la Chine

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