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Grand reportage - La preservation des sols, l'exemple de l'Estonie

RFI

RFI propose un grand reportage réalisé par les envoyés spéciaux et les correspondants de la rédaction, partout dans le monde. Diffusion du lundi au jeudi à 19h40 TU. (et 03h10 TU du mardi au vendredi, à partir du 31 mars 2024). Le samedi et le dimanche à 09h10 TU, Patrick Adam, rédacteur en chef de l'information monde vous présente une version enrichie, sur 50 minutes avec la diffusion de deux Grands Reportages et à l’issue, un entretien avec leurs auteurs.

Location:

Paris, France

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RFI

Description:

RFI propose un grand reportage réalisé par les envoyés spéciaux et les correspondants de la rédaction, partout dans le monde. Diffusion du lundi au jeudi à 19h40 TU. (et 03h10 TU du mardi au vendredi, à partir du 31 mars 2024). Le samedi et le dimanche à 09h10 TU, Patrick Adam, rédacteur en chef de l'information monde vous présente une version enrichie, sur 50 minutes avec la diffusion de deux Grands Reportages et à l’issue, un entretien avec leurs auteurs.

Language:

French


Episodes
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En Amérique du Nord, le retour vital du bison dans les Grandes Plaines

5/9/2024
Les bisons américains ont failli disparaître à la fin du XIXè siècle, et avec eux tout un pan de la culture autochtone du continent. Au Canada, ce lourd passé colonial est désormais un véritable moteur pour la réintroduction des bisons, entre réconciliation culturelle, écologique et économique, pour les descendants des colonisateurs et des peuples autochtones. Dans les vastes plaines jaunies du sud de l'Alberta balayées par le vent, le bâtiment du centre d'interprétation de Head-Smashed-In est parfaitement intégré dans l'une des falaises des plateaux situés au pied des montagnes des Rocheuses. Quinton Crowshoe, membre de la communauté des Piikani, est guide à Head-Smashed-In, site inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco : c'est là, du haut de cette falaise, que ses ancêtres chassaient le bison. Rassemblés dans un bassin, les bisons étaient attirés jusqu'au bord des falaises au soleil levant. Éblouis et effrayés par des Piikanis, ils se précipitaient dans le vide. Au pied de la falaise, les autres membres de la communauté les achevaient, puis utilisaient l'intégralité des carcasses pour survivre au rude hiver du continent. Le centre de Head-Samshed-In reçoit chaque année plus de 80 000 visiteurs. Pour Quinton, perpétuer cet héritage, c'est aussi reconnaître l'importance des bisons pour les écosystèmes des Grandes Plaines. « Lorsque le Créateur a créé les bisons, il a conçu leurs sabots de manière à ce que, lorsqu'ils se déplacent, ils aèrent naturellement le sol. Ils nourrissent le sol une fois qu'ils ont mangé toute l'herbe, puis se déplacent vers leur prochaine zone de pâturage. Ils laissent derrière eux une formidable fertilisation », explique le petit-fils de Joe Crowshoe Senior, qui a participé à la création de ce centre d'interprétation. Un allié écologique Les peuples autochtones connaissent depuis toujours le potentiel écologique du bison, mais il a fallu qu'il manque de disparaître pour que les Blancs réalisent l'importance de leur rôle. Les bisons ont été presque annihilés pour leur cuir, utilisé dans les courroies des machines lors de la révolution industrielle en Europe, et pour chasser les peuples autochtones des plaines que les animaux avaient fertilisées. À la fin du XIXè siècle, il n'en restait plus qu'une poignée, contre des dizaines de millions un siècle plus tôt. Dans le nord de l'Alberta, près du parc national de l'Île aux Élans, Wes Olson, ancien employé de Parc Canada et spécialiste du bison, a établi sa résidence. « Les bisons sont des espèces-clé, et lorsqu'ils ont été retirés des grandes plaines d'Amérique du Nord ou de tout autre endroit où ils vivaient, ces écosystèmes se sont généralement effondrés », explique le passionné. Wes Olson a participé à la réintroduction des bisons dans le parc national canadien de Banff, en 2017, aux côtés de Dillon Watt, toujours employé là-bas. Casquette visée sur la tête, le travailleur de Parc Canada explique : « Aujourd'hui, il y a un peu plus de cent bisons dans le parc national de Banff. Nous avons commencé avec 16 animaux en 2017. On peut parler d'une réussite, même si beaucoup de choses restent à accomplir, notamment pour faire cohabiter l'homme et l'animal sauvage ». Aujourd'hui, le bison n'est plus une espèce en danger. Rien qu'au Canada, on compte plus de 12 000 bisons des plaines et des bois en liberté, et près de 150 000 bisons d'élevage. Une économie écologique ? Dans un café de Calgary, la ville la plus peuplée de l'Alberta, le rendez-vous est pris avec Kelly Long. À la tête de l'entreprise Noble Premium Bison, la femme d'affaires exporte de la viande de bison jusqu'en Europe. Pour Kelly, cultiver le bison permet de promouvoir un élevage plus responsable : en moyenne un producteur canadien détient seulement 150 têtes dans sa harde. « Nous ne pratiquons pas d'insémination artificielle et nous ne donnons pas d'hormones de croissance. La façon dont nous élevons les animaux ajoute de la valeur à la terre, aide l'environnement, aide le sol, aide...

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Cameroun : les échos de la crise anglophone dans la région francophone de l’Ouest

5/8/2024
Nous sommes dans l’ouest du Cameroun, une région francophone qui, depuis 4 ans, subit des attaques attribuées aux séparatistes anglophones. Bilan de la dernière attaque : neuf morts et une dizaine de personnes enlevées. C’était à Bamenyam, un petit village enclavé dans l’arrondissement de Galim. Désormais, les populations des villages de l'ouest du Cameroun, limitrophes avec les régions anglophones, apprennent à vivre avec ce risque d'incursion.

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Paris 2024, l'odyssée de la flamme d'Olympie à Marseille

5/7/2024
Elle annonce la tenue prochaine de chaque JO et veut transmettre un message de paix et d'amitié aux peuples, à travers les dizaines des milliers de relayeurs et relayeuses qui la portent. Jusqu'à la cérémonie d'ouverture le 26 juillet 2024, la flamme des JO de Paris 2024 va sillonner la France métropolitaine et l'outre-mer, en partant de Marseille, où elle arrive par bateau ce 8 mai après avoir été allumée en Grèce, berceau des Jeux de l'Antiquité. « Paris 2024, l'odyssée de la flamme d'Olympie à Marseille », un Grand Reportage de Christophe Diremszian.

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L’Allemagne face à l’extrême droite : les raisons d’une percée électorale

5/6/2024
Deuxième volet de notre série spéciale « Élections européennes : la montée des nationalismes en question ». Contrairement à d’autres pays européens, l’Allemagne a longtemps été épargnée par le populisme de droite. Cela a changé avec le parti AfD, l’Alternative pour l’Allemagne. Il pourrait devenir la deuxième force politique lors des élections européennes. Fondée, il y a 11 ans, cette formation classée « d’extrême droite avérée » par plusieurs gouvernements régionaux, ne cesse de gagner du terrain. Et cela malgré les scandales qui ont touché le parti, des procès pour incitation à la haine aux accusations récentes d’espionnage. Nous sommes sur le marché d’Oberursel, une ville dans la banlieue aisée de Francfort. C’est le début de la campagne électorale pour les Européennes. Les partis politiques ont installé leurs stands. Celui de l’AfD se trouve à côté d’un manège pour enfants. Peter Lutz de la section locale du parti distribue des brochures avec le slogan : « Pour une remigration légale au lieu d’une immigration illégale ». Il faut savoir qu’en Allemagne, le terme « remigration » fait polémique depuis quelques mois. En novembre dernier (2023), une réunion secrète révélée par la presse avait eu lieu à Potsdam, avec des néonazis et des cadres de l’AfD. L’objectif : discuter d’un « plan remigration », soit l’expulsion de millions d’étrangers et de personnes considéréees comme « non assimilées ». Cette réunion a provoqué un tollé mais n’a pas porté préjudice à l’AfD, explique Paul Beuter, un autre cadre du parti à Oberursel : « De plus en plus de gens se rendent compte que leurs préoccupations sont ignorées par les partis traditionnels. Ça commence par la politique d’immigration qui va au-delà de ce que ce pays peut supporter. » Paul Beuter cite l’exemple de sa ville d’Oberursel qui a dû construire deux nouveaux centres d’accueil de réfugiés, pour un total de 550 personnes. Et en plus, trois nouveaux postes à la mairie pour gérer ce dossier. Selon Peter Lutz, « on a laissé entrer trop de migrants en Allemagne. Tous ceux qui n’ont plus le droit de rester, qui viennent des pays sûrs ou qui devraient être reconduits, doivent partir. » En Hesse, l’AfD attire les cadres moyens L’AfD a été fondée ici à Oberursel, il y a onze ans, par une vingtaine de personnes, notamment des professeurs d’université et des intellectuels de droite. Parmi eux, Konrad Adam, ancien journaliste au quotidien conservateur et libéral Frankfurter Allgemeine Zeitung. Aujourd’hui âgé de 82 ans, il rappelle l’objectif de départ : « relancer la démocratie ». Déçus à l’époque de voir tous les partis « aller dans la même direction », les fondateurs de l’AfD voulaient créer un parti d’opposition national-conservateur pour « permettre aux citoyens d’avoir le choix lorsqu’ils se rendent aux urnes ». Mais pour Konrad Adam, le parti a pris un virage trop extrême. En 2020, il claque la porte de l’AfD, au moment de ses premiers succès électoraux. En Hesse, l’une des régions les plus riches du pays, l’AfD est devenue la deuxième force politique, après le parti conservateur de la CDU. Parmi ses bastions, la Wetterau, une région rurale à une heure de route de Francfort. À Schotten, jolie bourgade avec ses maisons à colombages, Thomas est en train de charger ses courses sur un pick-up. Oui, cela fait des années qu’il vote pour l’AfD, explique ce sexagénaire. Et tous ses amis font pareil. Selon cet agent administratif, cadre moyen dans le service du ramassage des ordures, le pays va dans la mauvaise direction. Il refuse la politique « va-t-en guerre avec la Russie », pense que Moscou et Kiev devraient « gérer leurs problèmes entre eux ». Il est parti de Francfort où il a vécu 40 ans : « Il y avait trop de bars à chicha, je n’entendais plus ma langue. » Financièrement, explique-t-il, ça va, il s’en sort bien. Mais il a toutefois peur du déclassement social, une fois devenu retraité. « J’espère que vous n’allez pas déformer mes propos comme le fait souvent la presse »,...

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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Au Soudan du Sud, les ravages du mystérieux syndrome du hochement de tête ET En Amérique du Nord, le retour vital du bison dans les Grandes Plaines

5/5/2024
Au Soudan du Sud, les ravages du mystérieux syndrome du hochement de tête Le syndrome du hochement de tête touche les enfants à partir de trois ans. La maladie débute par des épisodes de hochement de la tête accompagnés de perte de connaissance. En l’absence de prise en charge médicale, les symptômes s’aggravent au fil des mois : crises d’épilepsie, retards de croissance, handicap mental... La Tanzanie, le Cameroun, la RDC ou encore la République Centrafricaine sont touchés. Mais c’est au Soudan du Sud que les cas sont les plus nombreux, on en dénombre au moins 6 000 dans la région d’Equatoria-Occidental. Un Grand reportage de Florence Miettaux qui s'entretient avec Patrick Adam. En Amérique du Nord, le retour vital du bison dans les Grandes Plaines Les bisons américains, aussi appelés buffalos, ont failli disparaître à la fin du XIXè siècle et avec eux tout un pan de la culture de Quinton Crowshoe, membre de la communauté Piikani, une Première nation de l'ouest du Canada. Ce lourd passé colonial est désormais un véritable moteur pour la réintroduction des bisons, entre réconciliation culturelle, écologique et économique, pour les descendants des colonisateurs et des peuples autochtones. Un Grand reportage de Léopold Picot qui s'entretient avec Patrick Adam.

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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Santé mentale des jeunes, les difficultés de la prise en charge ET Le supplice des migrants subsahariens en Tunisie

5/4/2024
Santé mentale des jeunes, les difficultés de la prise en charge C’est devenu un fait de société, en France, ailleurs aussi. Les jeunes vont mal, la santé mentale se dégrade avec notamment des dépressions de plus en plus tôt. Et la crise sanitaire liée au Covid a tout accéléré. Dans le nord de la France, les passages aux urgences pour gestes et idées suicidaires, les consultations pour troubles anxieux et angoisses ont augmenté chez les 10 ans et plus. En 2021, les tentatives de suicides chez les jeunes étaient même 4 fois supérieures à la moyenne nationale. Une dégradation de la santé mentale qui se heurte à une dégradation du secteur psychiatrique en crise depuis plusieurs années. Un Grand reportage de Lise Verbeke qui s'entretient avec Patrick Adam. Le supplice des migrants subsahariens en Tunisie C’était l’an dernier (2023), le président tunisien s’en prenait aux migrants, établis ou de passage en Tunisie. Des propos qui avaient été suivis de semaines de violences anti-Noirs qui ont culminé, durant l'été 2023, avec des migrants déportés par centaines vers des zones désertiques ou vers les frontières avec l’Algérie et la Libye. Sans eau, sans nourriture, et en plein été. Aujourd’hui, les migrants sont moins nombreux dans les grandes villes de Tunisie, les tensions ont-elles pour autant disparu ? Un Grand reportage d'Amira Souilem qui s'entretient avec Patrick Adam.

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Soudan du Sud: les ravages du mystérieux syndrome du hochement de tête

5/2/2024
Le syndrome du hochement de tête touche les enfants à partir de trois ans. La maladie débute par des épisodes de hochement de la tête accompagnés de perte de connaissance. En l’absence de prise en charge médicale, les symptômes s’aggravent au fil des mois : crises d’épilepsie, retards de croissance, handicap mental... La Tanzanie, le Cameroun, la RDC ou encore la République Centrafricaine sont touchés. Mais c’est au Soudan du Sud que les cas sont les plus nombreux, on en dénombre au moins 6 000 dans la région d’Equatoria-Occidental. De notre correspondante, À Mvolo, comme à Mundri et dans tous les villages lourdement touchés par le syndrome du hochement de tête au Soudan du Sud, les habitants prennent leur mal en patience. Les projets de recherche n’ont pour l’instant apporté qu’une partie des réponses, échouant jusqu’ici à percer le mystère de la cause de cette maladie. Et les questions sont nombreuses : la maladie est-elle contagieuse, se transmet-elle d’une personne à l’autre ? C’est une idée très répandue, qui conduit à l’isolement des enfants malades, mais elle est fausse. « Les analyses montrent que le syndrome du hochement de tête est une forme d’épilepsie. Et donc, comme il s’agit d’une maladie neurologique, il est impossible qu’elle se transmette d’une personne à l’autre », affirme le chercheur Stephen Jada, un médecin sud-soudanais qui réalise sa thèse de doctorat sur le syndrome du hochement de tête tout en pilotant les recherches menées par l’ONG Amref Health Africa sur le sujet. « Le fait, observé par les populations concernées, que dans une même famille, ou dans un même village, les enfants développent la maladie les uns après les autres, a été étudié, et la théorie d’une contagiosité a été écartée », poursuit-il. « Ce que les études ont confirmé, c’est que toutes les personnes ayant développé cette maladie ont été exposées aux mêmes facteurs environnementaux. Il y a donc quelque chose dans l’environnement qui déclenche la manifestation de la maladie chez elles », explique le docteur. La théorie qui prédomine à l’heure actuelle, c’est que le syndrome du hochement de tête serait une forme d’épilepsie « associée » à l’onchocercose, la « cécité des rivières ». Maladie parasitaire endémique dans la région, elle est transmise par les morsures de mouches noires qui se reproduisent dans les hautes herbes au bord des cours d’eau à courant rapide, comme les rivières de Mundri, de Mvolo et de tous les villages sud-soudanais où les cas de syndrome du hochement de tête ont explosé depuis trente ans. Mais aujourd’hui encore, tous les chercheurs ne sont pas d’accord. Et d’autres théories ont été avancées : des déficiences nutritionnelles parmi la population touchée, la consommation d’aide alimentaire contaminée par un germe, ou encore l’usage d’armes chimiques dans ces zones qui ont aussi pour point commun – outre leur proximité avec des cours d’eau – d’avoir été des zones de conflit… En effet, au Soudan du Sud, la région d’Equatoria-Occidental a été une zone de combats intenses lors de la seconde guerre civile soudanaise (1983-2005). Le nord de l’Ouganda a lui aussi été un terrain de guerre, en proie aux violences de la Lord’s Resistance Army (LRA) dans les années 1990. Dans les deux régions, les cas de syndrome du hochement de tête se sont multipliés pendant ces conflits marqués par d’importants déplacements de populations. Des causes inconnues « Ces autres causes possibles ont été analysées, sans succès », affirme pourtant le docteur Gasim Abd-Elfarag, autre spécialiste sud-soudanais du syndrome du hochement de tête. « De nombreuses recherches ont été consacrées à la cause du syndrome du hochement de tête. Nous avons cherché des virus, des bactéries, des parasites… Toutes ces recherches ont été réalisées, sans résultats concluants », avoue-t-il. « La cause exacte de cette maladie reste un mystère. » Pour lui comme pour le groupe de chercheurs réunis au sein de la Nodding Syndrome Alliance, un consortium d’ONG et...

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Italie: les ambitions de Giorgia Meloni pour l’extrême droite européenne

5/1/2024
Premier volet de notre série spéciale : « Élections européennes : la montée des nationalismes en question ». En Italie, cela fait un an et demi qu'elle est au pouvoir et elle va affronter le 9 juin prochain, avec les élections européennes, son premier grand test électoral. Forte du soutien de sa base, confortée par le succès de sa stratégie de normalisation, Giorgia Meloni veut servir de référence à l'extrême-droite européenne et espère, à l’issue de ce scrutin, peser le plus possible sur les choix politiques de l'Union européenne. « Ici, avant, il n’y avait que des cabanes ! C’était une zone presque rurale, avec des champs tout autour de l’église et puis, petit à petit, cette partie de la ville est sortie de terre avec les logements construits par Mussolini ». Il est 9 heures du matin, Giuliana prend le temps de boire un petit café avec ses amies avant d’aller faire ses courses. Cette restauratrice à la retraite habite depuis les années 1980 à la Garbatella, un quartier populaire de Rome réputé pour ses petites ruelles et ses maisons typiques des années 1930. La Garbatella a servi de décor à de nombreux films italiens, dont le fameux « Journal Intime » de Nanni Moretti, mais est surtout connue désormais pour avoir été le quartier de jeunesse de Giorgia Meloni, la dirigeante italienne arrivée au pouvoir à l’automne 2022. « Mon neveu est allé dans la même école », lance Guilana, tout sourire… « et quand le recteur est mort, elle est venue à la messe pour lui rendre hommage ! Je suis vraiment fière qu’elle soit de notre quartier. Et ce qui me rend fière c’est qu’elle est restée telle qu’elle était… Et puis j’aime sa façon de penser, je l’aime parce qu’elle fait beaucoup pour les gens… et qu’elle est restée proche de nous ! » Lors des élections législatives de l’automne 2022, Giorgia Meloni a obtenu 20% des voix à la Garbatella, un score inférieur à sa moyenne nationale mais très élevé pour un quartier qui a toujours voté à gauche. Venue de l’extrême droite et d’un parti néofasciste qui a renié ses origines sulfureuses, la cheffe de Fratelli d’Italia s’est imposée dans les urnes en prônant le retour aux valeurs familiales, et une lutte sans merci contre l’immigration illégale. Et c’est bien ce discours populiste et autoritaire qui a séduit Gerardo, un vendeur de fruits et légumes installé à la Garbatella depuis 25 ans. « Aujourd’hui, avec tous ces non-européens qui sont ici, vous ne pouvez plus circuler dans la rue à certaines heures parce que vous risquez d’être agressé, ou violée si vous êtes une femme », s’indigne-t-il entre deux clients. « Nous, en Italie, nous avons besoin de plus de sécurité, de surveillance. » Autre attente des électeurs de Giorgia Meloni : le changement, la rupture avec tous les partis qui ont dirigé l’Italie au cours des dix dernières années… « Moi j’ai voté pour elle parce que je veux qu’elle change le système », pointe Gerardo. « Avant elle, on a essayé le Mouvement 5 étoiles, la Ligue du Nord… mais on a bien vu qu’ils n’étaient pas à la hauteur ! Elle est partie du bas, elle est restée simple et elle a fait son chemin lentement… Et même si tout n’a pas changé depuis qu’elle est élue, il faut lui laisser du temps. C’est comme une plante qu’on a semée, il faut la laisser grandir, la laisser arriver à maturité. » « Fasciste, raciste et homophobe » 18 mois après sa victoire éclatante aux législatives, Giorgia Meloni conserve le soutien de sa base électorale. Et à quelques semaines des élections européennes, les sondages annoncent un résultat supérieur aux 25% remportés par son parti, les Fratelli d’Italia, aux législatives de 2022. Face à cette victoire annoncée du parti d’extrême-droite, les électeurs de gauche ne cachent ni leur inquiétude ni leur découragement. « Je ne l’aime pas, je n’aime pas ce qu’elle dit, je n’aime pas sa politique, souffle Christina, une comédienne de 28 ans, lunettes noires et cheveux teintés en bleu. Elle est raciste, elle n’aime pas les homosexuels et dit vraiment des...

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Le supplice des migrants subsahariens en Tunisie

4/30/2024
C’était l’an dernier (2023), le président tunisien s’en prenait aux migrants, établis ou de passage en Tunisie. Des propos qui avaient été suivis de semaines de violences anti-Noirs qui ont culminé, durant l'été 2023, avec des migrants déportés par centaines vers des zones désertiques ou vers les frontières avec l’Algérie et la Libye. Sans eau, sans nourriture, et en plein été. Aujourd’hui, les migrants sont moins nombreux dans les grandes villes de Tunisie, les tensions ont-elles pour autant disparu ? « Le supplice des migrants subsahariens en Tunisie », un Grand reportage d'Amira Souilem.

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Santé mentale des jeunes, les difficultés de la prise en charge

4/29/2024
C’est devenu un fait de société, en France, ailleurs aussi. Les jeunes vont mal, la santé mentale se dégrade avec notamment des dépressions de plus en plus tôt. Et la crise sanitaire liée au Covid a tout accéléré. Dans le nord de la France, les passages aux urgences pour gestes et idées suicidaires, les consultations pour troubles anxieux et angoisses ont augmenté chez les 10 ans et plus. En 2021, les tentatives de suicides chez les jeunes étaient même 4 fois supérieures à la moyenne nationale. Une dégradation de la santé mentale qui se heurte à une dégradation du secteur psychiatrique en crise depuis plusieurs années. « Santé mentale des jeunes, les difficultés de la prise en charge », un Grand reportage de Lise Verbeke.

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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Un fauteuil à Sciences Po ET Dans le camp de Zebilla au Ghana, les réfugiés du Burkina s'adaptent à leur nouvelle vie

4/28/2024
Un fauteuil à Sciences Po Selon les chiffres du ministère de l'Enseignement supérieur, à la rentrée 2021, on comptait 51 000 étudiants en situation de handicap dans les établissements d’enseignement supérieur publics, soit 2,2 % de l'ensemble des étudiants. Face aux difficultés, beaucoup abandonnent leurs études. Laurence Théault a suivi Eymerick Truffert dans son quotidien à Sciences Po. Un Grand reportage de Laurence Théault qui s'entretient avec Patrick Adam. Dans le camp de Zebilla au Ghana, les réfugiés du Burkina s'adaptent à leur nouvelle vie Dans le nord du Ghana, une partie des réfugiés vivent dans le camp de Zebilla. Après avoir subi les traumatismes, ils vivent aujourd’hui en bonne entente avec les Ghanéens. Parmi les déplacés, seule la communauté peule se sent parfois mise à l’écart. Un Grand reportage de Caroline Chauvet qui s'entretient avec Patrick Adam.

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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Afrique du Sud: 30 plus tard, que deviennent les enfants de la liberté ? ET Slovénie, la vallée de la Vipava s'adapte au changement climatique

4/27/2024
Afrique du Sud : 30 plus tard, que deviennent les enfants de la liberté ? En Afrique du Sud, c’est le temps du bilan pour le Congrès National Africain, l’ANC. Il y a 30 ans, des files interminables se formaient à l’extérieur des bureaux de vote du pays, pour le tout premier scrutin multiracial. Avec l’élection de Nelson Mandela, les Sud-Africains écoutaient, pleins d’espoir, les promesses de son parti, et rêvaient d’une société arc-en-ciel pour tourner la page de l’apartheid. Aujourd’hui, la corruption et les limites des politiques publiques sont passées par là... les trentenaires à qui on avait prédit une vie meilleure ont vécu des expériences très différentes, qui reflètent les défis post-apartheid. Un Grand reportage de Romain Chanson et Claire Bargelès qui s'entretiennent avec Patrick Adam. Slovénie, la vallée de la Vipava s'adapte au changement climatique Nichée entre les Alpes juliennes et la mer Adriatique, la vallée slovène de la Vipava subit de plein fouet les conséquences du changement climatique. Ses vergers, ses vignes souffrent de la sécheresse, ses habitants tentent d'y faire face par différentes actions. Un Grand reportage d'Agnieszka Kumor qui s'entretient avec Patrick Adam.

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En Slovénie, la vallée de la Vipava s'adapte au changement climatique

4/25/2024
Nichée entre les Alpes juliennes et la mer Adriatique, la vallée slovène de la Vipava subit de plein fouet les conséquences du changement climatique. Ses vergers, ses vignes souffrent de la sécheresse, ses habitants tentent d'y faire face par différentes actions. En images

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Un fauteuil roulant à Sciences Po

4/24/2024
Selon les chiffres du ministère de l'Enseignement supérieur, à la rentrée 2021, on comptait 51 000 étudiants en situation de handicap dans les établissements d’enseignement supérieur publics, soit 2,2 % de l'ensemble des étudiants. Face aux difficultés, beaucoup abandonnent leurs études. Laurence Théault a suivi Eymerick Truffert dans son quotidien à Sciences Po. Diaporama

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Dans le camp de Zebilla au Ghana, les réfugiés du Burkina s'adaptent à leur nouvelle vie

4/23/2024
Dans le nord du Ghana, une partie des réfugiés vivent dans le camp de Zebilla. Après avoir subi les traumatismes, ils vivent aujourd’hui en bonne entente avec les Ghanéens. Parmi les déplacés, seule la communauté peule se sent parfois mise à l’écart. De notre envoyée spéciale, « Nous nous sentons vraiment déprimés. Nous avons fui ici, quittant nos foyers, nos biens, et nos bétails, et nous nous retrouvons ici dans ce camp. Et nous avons vraiment peur de retourner chez nous, de peur qu’ils reviennent nous tuer… » À 72 ans, Keke (nom d’emprunt) espérait ne pas avoir à fuir son village près de Bitta au Burkina Faso. Il a dû s’y résigner après avoir vu des voisins mourir devant lui. Arrivé au Ghana, il est accueilli dans une famille d’accueil dans le nord du Ghana, et a ensuite été approché par les autorités ghanéennes et le HCR pour être installé dans un vaste camp de réfugiés. « En réalité, ces personnes n’ont pas le statut de réfugiés, mais ils sont enregistrés pour une attestation. Actuellement, plus de 3 000 Burkinabè au Ghana sont dans ce cas », explique à RFI Tetteh Padi, directeur du Ghana Refugee Board (GRB), l’Agence ghanéenne pour les demandeurs d’asile. C’est à quelques kilomètres de la frontière avec le Burkina Faso, près de la ville de Zebilla, dans le nord-est du Ghana, que des centaines de tentes ont été placées pour accueillir environ 4 000 personnes, et accueille aujourd’hui plus de 1 000 réfugiés qui ont fui les violences au Burkina Faso. Keke n’est pas le seul réfugié du camp. Comme lui, Seone (nom d’emprunt) vient aussi de la zone de Bitta, avec ses sept enfants et son mari. Elle se souvient d’avoir vu ses deux voisins être assassinés par des attaquants au visage masqué. Sugurunoma (nom d’emprunt) vient de la zone de Soudougui. Elle a vu une vingtaine de personnes de sa famille élargie se faire tuer lors d’une attaque. Alors enceinte, elle dit avoir quitté Bitta à pied. Au troisième jour de marche, elle a accouché. Elle a réussi à venir au Ghana avec toute sa famille de sept enfants. Pour ces réfugiés, le camp de Zebilla est un havre de paix. Ils y sont nourris et logés. Seulement, ils se plaignent du manque d’activité. Pour l’instant, ils n’ont même pas de champ à eux et n’ont aucune activité. Le Ghana Refugee Board a indiqué à RFI que des terres agricoles ont été acquises pour les réfugiés pour qu’ils puissent avoir des revenus agricoles. Des projets sont en cours pour donner du bétail à ces réfugiés, leur faire développer divers métiers (coiffure, mécanique, etc). Une aide pour le commerce a commencé, ajoute le GRB. Mais aujourd’hui, de nombreux réfugiés sont des femmes, des enfants et des vieillards. Les hommes ont pour beaucoup été tués lors des attaques, ou bien sont partis travailler ailleurs, sans toujours se rapprocher des services comme le GRB ou le HCR. Et au Ghana, la plupart des déplacés vivent dans des familles d’accueil. Le GRB estime qu’environ 15 000 Burkinabè ont fui les violences dans leur pays pour rejoindre le nord du Ghana. Un autre camp, équivalent à celui de Zebilla, vient d'être construit à Zini, dans le nord-ouest du pays. Mixité avec les Ghanéens « Quand nous sommes arrivés au Ghana, ce n’était pas facile pour les Ghanéens. Ils ont eu peur que les attaquants nous suivent et arrivent jusqu’à chez eux. Mais ils ont aussi pris pitié de nous, certains ont même cuisiné pour nous », se souvient Seone. Seone et les autres réfugiés ont vécu la même expérience lors de leur arrivée dans le camp de Zebilla, situé près du village de Tarikom. Ses 2 600 habitants, d’abord curieux et contents, ont eu rapidement peur que l’installation de ces Burkinabè ne soit source d’insécurité. « Mais les services de sécurité du Ghana, le chef de la sécurité, et même la sécurité de la présidence sont venus ici, et les villageois ont été rassurés », explique Isaac Angonwin, le « District Assembly Representative » de Tarikom, une sorte de leader communautaire élu. Aujourd’hui, « les enfants vont à...

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Afrique du Sud : 30 ans plus tard, que deviennent les enfants de la liberté ?

4/22/2024
En Afrique du Sud, c’est le temps du bilan pour le Congrès National Africain, l’ANC. Il y a 30 ans, des files interminables se formaient à l’extérieur des bureaux de vote du pays, pour le tout premier scrutin multiracial. Avec l’élection de Nelson Mandela, les Sud-Africains écoutaient, pleins d’espoir, les promesses de son parti, et rêvaient d’une société arc-en-ciel pour tourner la page de l’apartheid. Aujourd’hui, la corruption et les limites des politiques publiques sont passées par là... les trentenaires à qui on avait prédit une vie meilleure ont vécu des expériences très différentes, qui reflètent les défis post-apartheid. « Afrique du Sud : 30 ans plus tard, que deviennent les enfants de la liberté ? », un Grand reportage de Romain Chanson et Claire Bargelès.

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LE SUPPLÉMENT DU DIMANCHE Soudan : la vie en suspens des réfugiés de Renk ET Soudanais réfugiés en Égypte : l’exil sans Terre promise

4/21/2024
Soudan : la vie en suspens des réfugiés de Renk Il y a un an… éclatait la guerre au Soudan. Deux généraux s’affrontent pour le pouvoir. Aujourd’hui, le conflit a provoqué le déplacement de près de 8 millions et demi de personnes, selon les Nations unies. Près d’1 million et demi sont des réfugiés partis en Égypte, au Tchad, en Éthiopie ou encore au Soudan du Sud. C’est la plus importante crise de personnes déplacées au monde, dont l’impact régional est colossal. Un Grand reportage de Gaëlle Laleix qui s'entretient avec Patrick Adam. Soudanais réfugiés en Égypte : l’exil sans Terre promise C’était il y a un an, le 15 avril 2023, la guerre éclatait au Soudan entre l’armée du général Al Burhan et les Forces de soutien rapide. Depuis, 1 800 000 Soudanais ont fui leur pays. Beaucoup ont emprunté la route vers l’Égypte où leurs conditions de vie demeurent très précaires. Un Grand reportage de Léonie Lebrun qui s'entretient avec Patrick Adam.

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LE SUPPLÉMENT DU SAMEDI Inde, entre le BJP et l'opposition, duel à mort à New Delhi ET Belgique : faire de la prostitution, un métier presque comme les autres

4/20/2024
Inde, entre le BJP et l'opposition, duel à mort à New Delhi D’un côté, L’Aam Aadmi Party, dont le dirigeant emprisonné est érigé en martyr politique. De l’autre, le BJP qui veut conserver la capitale. En se posant en gardienne de la démocratie, l’opposition espère infliger une sanction symbolique à Narendra Modi dans la capitale. Reste à voir si cette thématique mobilise des électeurs inquiets du chômage. Un Grand reportage de Côme Bastin qui s'entretient avec Patrick Adam. Belgique : faire de la prostitution, un métier presque comme les autres Peut-on considérer la prostitution comme un métier ? En Belgique, la réponse est oui ! Le royaume est devenu, en 2022, le deuxième pays au monde, après la Nouvelle-Zélande, à décriminaliser le travail du sexe... Une politique particulièrement souple, qui permet aux travailleuses et aux travailleurs du sexe d’exercer en toute légalité avec un statut d'autoentrepreneur et de bénéficier de droits sociaux. Les prostituées, qui sont très majoritairement des femmes, pourraient même à terme devenir salariées... Un Grand reportage de Laure Broulard qui s'entretient avec Patrick Adam.

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Belgique : faire de la prostitution, un métier presque comme les autres

4/18/2024
Peut-on considérer la prostitution comme un métier ? En Belgique, la réponse est oui ! Le royaume est devenu, en 2022, le deuxième pays au monde, après la Nouvelle-Zélande, à décriminaliser le travail du sexe... Une politique particulièrement souple, qui permet aux travailleuses et aux travailleurs du sexe d’exercer en toute légalité avec un statut d'autoentrepreneur et de bénéficier de droits sociaux. Les prostituées, qui sont très majoritairement des femmes, pourraient même à terme devenir salariées... « Belgique : faire de la prostitution, un métier presque comme les autres », un Grand reportage de Laure Broulard.

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Inde, entre le BJP et l'opposition, duel à mort à New Delhi

4/17/2024
D’un côté, L’Aam Aadmi Party, dont le dirigeant emprisonné est érigé en martyr politique. De l’autre, le BJP qui veut conserver la capitale. En se posant en gardienne de la démocratie, l’opposition espère infliger une sanction symbolique à Narendra Modi dans la capitale. Reste à voir si cette thématique mobilise des électeurs inquiets du chômage. De notre correspondant en Inde, Dans la cour du petit siège de L’AAP, les militants fébriles mais joyeux se prennent dans les bras. Sanjay Singh, le Lion comme on le surnomme ici, fait son entrée sous les lancers de fleurs. Voilà six mois qu’il était en prison, mais la Cour suprême de l’Inde vient de le libérer. « Merci à tous ceux qui luttent contre la dictature du BJP, lance le député depuis une petite tribune. Ils peuvent nous jeter en prison, mais pour quel crime ? Fournir une éducation de qualité, des soins, de l’eau, des bus gratuits, à 20 millions d’habitants de Delhi ? Ce soir, l’heure n’est pas aux réjouissances mais au combat ! ». Le combat, c’est celui pour la libération d’Arvind Kejriwal, icône politique et fondateur de l'AAP, lui aussi emprisonné en mars pour corruption par l’Enforcement Directorate. Ici, on ne croit pas une seconde aux accusations de cette agence, accusée d'être aux ordres du Premier ministre. Kejriwal va devenir un martyr, prédit Charan, 50 ans. « Les Indiens savent que Kejriwal est un homme intègre, qui est ciblé parce qu’il dérange. Tous les partis d’opposition font face à des menaces similaires, et c’est pour ça qu’ils sont venus à sa défense et vont s’allier contre Modi qui se comporte en dictateur. » Meeting unitaire Ce dimanche, l’opposition affiche son d’unité dans la capitale. L’AAP mais aussi le parti du Congrès ou les partis régionaux DMK et TMC s’expriment devant des milliers de personnes. Autrefois rivaux, ils ont décidé de faire front commun au sein de la coalition INDIA. Dans plusieurs États, ils ne présenteront qu’un candidat par siège pour ne pas diviser les électeurs. « Mes amis, vous savez comme on peut truquer un match de cricket », lance la figure du parti du Congrès Rahul Gandhi, qui a lui été exclu du parlement pour diffamation. « Lors de ces élections, Narendra Modi s’est attribué le rôle d’arbitre. Dans notre équipe, avant même le début du match, des joueurs phares sont emprisonnés. » Parmi la foule, de nombreux militants de l’AAP qui brandissent des photos de leurs leaders sous les barreaux comme Ayushi, 41 ans. « Je redeviens militante après 5 ans parce que moi et mon mari sommes très inquiets. Je soutiens l’alliance INDIA qui rassemble des partis différents mais unis par la défense de notre Constitution. » Cette croisade démocratique peut-elle porter ? Tavleen Singh, analyste politique, en doute. « Les dérives autoritaires du gouvernement, les électeurs en entendent parler lors de chaque élection. De plus, les chefs de l'opposition, souvent des clans familiaux, sont loin d'être perçus comme des politiciens vertueux. » Des électeurs troublés Sur le marché populaire de Sarojini Nagar, l’arrestation d’Arvind Kejriwal jette cependant un certain trouble. « J’ai toujours voté Aam Aadmi Party car ils ont amélioré les écoles et les cliniques pour les pauvres », explique un couturier musulman. « Les habitants de New Delhi vont continuer à soutenir Arvind Kejriwal. » Ram Singh, un policier à la retraite, votera Narendra Modi parce que « sa politique étrangère est bonne et qu’il développe les infrastructures ». Mais il confie apprécier Kejriwal. « Je ne sais pas trop pourquoi ils l’ont arrêté, on n'a toujours pas de preuve dans cette affaire ». D’autres affirment ne pas encore savoir pour qui ils voteront. Pawan Khera, responsable média du Congrès, est convaincu que Narendra Modi paiera son autoritarisme dans les urnes. « Il n’y a pas que Kejriwal. Le dirigeant du Jharkhand a été emprisonné. Nos comptes en banque ont été gelés. L’opposition va gagner, sinon dans 5 ans, vous serez renvoyé dans votre pays, et moi en prison....

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