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Pour mieux comprendre notre environnement, Aujourd'hui l'économie vous propose un rendez-vous quotidien pour décrypter un fait marquant de l'actualité économique. Un focus quotidien complété par une sélection d'informations économiques. Le vendredi, diffusion d’«Aujourd’hui l’économie, le Portrait», celui d’un acteur ou actrice de cette actualité, d’une entreprise grande ou petite...

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France

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Pour mieux comprendre notre environnement, Aujourd'hui l'économie vous propose un rendez-vous quotidien pour décrypter un fait marquant de l'actualité économique. Un focus quotidien complété par une sélection d'informations économiques. Le vendredi, diffusion d’«Aujourd’hui l’économie, le Portrait», celui d’un acteur ou actrice de cette actualité, d’une entreprise grande ou petite...

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Tchad: pourquoi la manne pétrolière n’a pas tenu ses promesses

5/3/2024
Au Tchad, trois ans après la disparation d’Idriss Déby, les électeurs sont invités à choisir lundi leur futur dirigeant pour clore la période de transition. Malgré sa rente pétrolière, le Tchad figure encore parmi les plus pauvres de la planète. Comment expliquer ce paradoxe ? En 2003, lors de l’inauguration de l’oléoduc construit pour acheminer le brut vers la côte camerounaise, Idriss Déby promet des retombées pour l’ensemble de la population. Le PIB décolle et en 2008 il dépasse même brièvement celui de deux autres pays de la bande sahélienne, le Niger voisin et le Mali. Mais la manne espérée au début des années 2000 n’a été qu’un feu de paille. Selon les économistes de la Banque mondiale, rapidement, la croissance réelle s’étiole. Le Niger et le Mali, tous deux dépourvus d’or noir, ont repris l’ascendant sur la nouvelle puissance pétrolière du Sahel. En termes d'indice de développement humain, le Tchad est avant-dernier dans le classement des Nations unies. La pauvreté concerne encore plus de 40% des 18 millions d’habitants. Et dans ce pays riche en hydrocarbures, le carburant et l’électricité sont hors de prix. Seulement 10% des foyers du Tchad sont connectés au réseau électrique, contre 50% dans l’Afrique sub-saharienne. La malédiction « politique » du pétrole Le pétrole représente 10% du PIB, 90% des recettes d’exportation. La croissance varie en fonction du cours du brut et plonge chaque fois que le baril pique du nez. À l'instar de bien d'autres pays pétroliers du continent africain, le Tchad est victime de la malédiction des matières premières. En partie seulement. Selon le chercheur Harry Verhoeven, la malédiction au Tchad est surtout politique. Il rappelle que tous les efforts de la société civile pour améliorer la gestion et la redistribution de la rente ont été annulés par le clan Déby. Contrairement aux engagements pris en 2003, le gouvernement a progressivement aspiré tous les revenus du pétrole. Pour couvrir 40% des dépenses de l’État. À lire aussiTchad: les dessous du limogeage du ministre des Hydrocarbures et de l'Énergie Priorité à la défense Pour couvrir surtout les dépenses militaires. L’armée est la priorité des priorités. Le Tchad dépense plus pour sa défense que pour la santé et l'éducation réunies. Pour assurer la souveraineté du pays dans une région instable. Pour fournir une assurance-vie au régime. Ce pari sur le tout sécuritaire ne crée pas de stabilité à longue échéance, estime Harry Verhoeven. L’argent du pétrole aurait pu être investi dans le développement et la paix, note-t-il, avec la construction de routes et de ponts pour faciliter les échanges avec le Soudan ou la Libye. Une production en baisse constante L’élection présidentielle va-t-elle changer la donne ? Le futur gouvernement sera confronté à la baisse tendancielle de la production de pétrole. Pour maintenir le filon de l'or noir, le vainqueur du scrutin devra trouver un terrain d'entente avec les compagnies étrangères pour réinjecter de l’argent dans la production. Le développement de l’énergie solaire, annoncé en fanfare en 2023 avec la construction de la plus grande centrale photovoltaïque de l’Afrique sub-saharienne – à l’exception de l’Afrique du Sud –, pourrait enfin améliorer la vie quotidienne. Mais sa réalisation dépend aussi des bonnes relations que le pouvoir entretiendra avec Savannah, le concepteur britannique du projet. À lire aussiTchad: le torchon brûle toujours entre ExxonMobil et son personnel local

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Pourquoi l’Europe attire moins les investisseurs étrangers

5/2/2024
Pour la cinquième année consécutive la France conserve son titre de championne européenne des investissements étrangers dans le classement établi par le cabinet E&Y pour 2023. Une bonne nouvelle à relativiser : en France comme dans toute l'Europe, les investissements étrangers ont globalement reculé. Le nombre de nouveaux projets d’investissements étrangers est en baisse de 4 % sur le continent européen. Les investisseurs se sont surtout détournés de l’Europe des 27. En Allemagne, où l'économie patine, la chute est brutale : - 12 %, comme en Italie, -6 % pour l’Espagne, -5 % pour la France. D'après la Cnuced, l’Asie rafle la mise, suivie des États-Unis. La première puissance économique mondiale a bénéficié de l’effet Inflation Reduction Act. Le soutien public à l'industrie mis en place par Joe Biden attire les entreprises étrangères et retient partiellement les sociétés américaines à domicile. Les États-Unis restent le premier pays investisseur en Europe, mais avec un nombre de projets en baisse de 15 % par rapport à 2022. À lire aussiLes investissements étrangers en France tirés par l'automobile en 2023 Un nouveau signal du déclassement de l’Europe ? Dans ces temps incertains sur le plan géopolitique et économique, l’Europe en petite forme, avec une croissance anémique, apparait soudain bien vulnérable. L’empilement des différents niveaux de décision fait fuir les investisseurs, selon Marc Lhermitte, membre associé de E&Y. « Les dirigeants interrogés nous disent, poursuit-il, oui, l'Europe a de la diversité, mais aussi de la dispersion ». Les lenteurs, les atermoiements dans la politique énergétique ou commerciale les inquiètent et finissent par les repousser vers d'autres zones plus lisibles. Le rebond surprise du Royaume-Uni À la lisière de l'Europe des 27, il y a aussi des pays qui au contraire aimantent les investisseurs. C'est le cas notamment du Royaume-Uni. +6 % d’investissements étrangers. C’est la vraie surprise du cru 2023 de ce baromètre de l'attractivité. La tech et la finance sont les deux secteurs moteurs du regain d’intérêt pour ce royaume post-Brexit. Un rebond salutaire, mais encore bien insuffisant pour réparer la casse de l’industrie à l’œuvre depuis cinq ans, selon Marc Lhermitte. La Turquie enregistre, elle aussi, une hausse stupéfiante des projets d’investissements étrangers : + 17 %. Cette excellente performance confirme l’attraction qu'exerce ce pays depuis plusieurs années déjà. Grâce à son marché national et régional, et une main d'œuvre abondante et peu coûteuse. La relocalisation de l’industrie à la périphérie À noter que d’autres pays de la périphérie de l’Union bénéficient largement de la relocalisation de l'industrie. +70 % d'investissements industriels pour la Hongrie ou la république Tchèque, +30 % pour la Serbie. La Pologne, mais aussi l’Italie ou l’Espagne, et encore la Turquie, connaissent également une prolifération des créations d'usines avec des capitaux étrangers. En raison là aussi des coûts très compétitifs de leur main d’œuvre. L’Espagne par exemple est deux fois moins chère que la France. En 2023 Paris néanmoins reste la première destination des investissements industriels avec les mégaprojets annoncés dans les batteries électriques. Les équilibres globaux sont inchangés. Les trois pays en tête du classement européen, la France, le Royaume-Uni, et l'Allemagne, recueillent toujours la moitié des projets d'investissements étrangers de l’ensemble du continent. À lire aussiFrance: la relocalisation des entreprises pour booster les investissements industriels

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Pourquoi les Jeux olympiques stimulent la contestation sociale

5/1/2024
En France, la perspective des Jeux olympiques donne un nouveau souffle aux mouvements sociaux. Et ce sont certaines catégories de salariés du secteur public qui sont déjà les grands gagnants de ce tour de chauffe. Les policiers ont été les premiers à bénéficier de l’effet JO. Il leur a suffi d’une manifestation en janvier pour obtenir la promesse d’une prime de 1 900 euros pour tous ceux qui différeront leurs vacances pendant la période olympique. Plus récemment, on a vu les syndicats de la SNCF habilement jouer de la menace de grève pour réécrire la réforme des retraites à l'avantage des cheminots. Même scénario chez les contrôleurs aériens. Un simple préavis de grève leur a fait gagner des hausses substantielles de salaires, pouvant aller jusqu’à 1 000 euros par mois. La grève : la hantise des autorités françaises Après la menace des attentats, la menace de la grève fait sans doute partie des pires cauchemars des organisateurs des Jeux de Paris. L’idée de voir la capitale bloquée par des hordes de salariés en colère fait frémir dans les allées du pouvoir. Les syndicats le savent trop bien. Ils tirent donc sur la corde. La droite, les économistes libéraux crient au chantage et dénoncent les dérapages budgétaires engendrés par ces accords signés dans la précipitation. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, prompt à donner des coups de rabot sur les dépenses, s'est refusé à commenter. À lire aussiFrance : les Jeux olympiques et paralympiques seront-ils perturbés par des grèves? Une constante des grandes manifestations sportives À la veille de la Coupe du monde de football de 1998, les pilotes d’Air France, les cheminots, les agents de la RATP et ceux de Gaz de France se disent prêts à gâcher la grande fête du ballon rond. Des accords sont trouvés in extremis. L’histoire se répète en 2023 pour la Coupe du monde de rugby où les revendications fleurissent en province, dans les villes qui accueillent les matchs. C’est donc à chaque fois la même logique qui prévaut : les salariés qui disposent d’un levier entendent bien en profiter. Ces mouvements touchent essentiellement les services publics vitaux pour la bonne tenue des compétitions. Des acteurs privés peuvent aussi saisir l’occasion. À Marseille, l’intersyndicale des taxis et les syndicats représentants les agriculteurs n’ont pas exclu de manifester pendant les Jeux. À écouter aussiJO 2024: «nous demandons des primes de compensation pour les contraintes», dit Céline Verzeletti (CGT) Les syndicats divisés sur l’arme des JO Effectivement, Force Ouvrière puis la CGT ont déposé des préavis dans la fonction publique couvrant tout l’été. En revanche, ni l’Unsa ni la CFDT n'ont suivi. Marylise Léon, la patronne de la CFDT, le syndicat réformiste, dit que son organisation n'a « aucune envie de gâcher ce moment festif ». En réalité, même les dirigeants les plus déterminés savent se montrer beaux joueurs. En 2016, l’Euro est menacé par la contestation de la loi El Khomry modifiant profondément la législation du travail. Le secrétaire général de la CGT de l'époque, Philippe Martinez, fait baisser la pression, la centrale, affirme-t-il, « tient au bon déroulement de cette vraie fête populaire ». À lire aussiSalaires, conditions de travail, JO : les fonctionnaires français en colère

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La flambée du cuivre aiguise l’appétit du géant australien BHP Billiton

4/30/2024
Le plus grand groupe minier au monde, l’Australien BHP Billiton, veut encore grossir en rachetant son concurrent Anglo-American, qui a pour l’instant décliné son offre. Une folie des grandeurs alimentée par la flambée des cours du cuivre. Avec la transition énergétique, le métal rouge a changé de couleur : il appartient désormais à la catégorie des métaux dits « verts », ceux qui sont indispensables à la décarbonation. Il faut du nickel, du lithium et du cobalt pour cette transition, mais aussi du cuivre, beaucoup de cuivre pour l'électrification de nos systèmes énergétiques. Cette nouvelle demande, en augmentation constante depuis quinze ans, nourrit l'ascension spectaculaire des cours. Sur le marché londonien des métaux, le cours du cuivre a bondi de 18 % en deux mois. Vendredi, il a franchi la barre des 10 000 dollars la tonne. À lire aussiLe cours du cuivre au plus haut depuis 14 mois Des cours astronomiques Les ventes de cuivre d’Anglo-Américain, très présent au Chili et au Pérou, les deux plus gros producteurs avec la Chine, ont explosé. Elles ont augmenté de 30 % entre 2022 et 2023. C'est cette rente que le géant australien espère capter. Il a mis 39 milliards de dollars sur la table. Pas assez estime le groupe convoité. Anglo-Américain connait lui aussi les enjeux. Les deux entités réunies détiendraient à elles seules 10 % de l’offre mondiale de cuivre. De quoi assurer une rente confortable pour les vingt ans qui viennent. Car la demande va continuer à grimper. Entre 2010 et 2024, la production a bondi de 8 millions de tonnes. Sans pour autant épancher la soif de cuivre. Un déficit de l’offre en perspective Un déficit pourrait même survenir dès cette année, prévoient plusieurs analystes. Selon le cabinet CRU, il faudrait extraire 4 millions de tonnes supplémentaires d’ici 2030 pour satisfaire la demande potentielle. Mais au lieu de croître, l’offre va commencer à décliner à partir de 2027, faute d’investissements suffisants dans l’ouverture de nouvelles mines. Les gisements riches en minerai sont de plus en plus rares, leur exploitation de plus en plus coûteuse, et très chronophage. Cela peut prendre 10 ans pour réunir le financement, obtenir les autorisations et vaincre l'hostilité grandissante des populations locales. La sécheresse qui sévit menace par ailleurs la production dans la moitié des mines en activité, alerte PWC. Des perspectives pas très rassurantes pour les consommateurs de cuivre, et donc pour l'indispensable transition énergétique. Une méga fusion inquiétante pour les consommateurs La méga fusion qui s’annonce ne va pas forcément arranger les choses. Dans l'immédiat, les consommateurs redoutent surtout qu’elle aggrave le problème. En détenant une part aussi importante de l'offre, le nouveau mastodonte pourrait imposer ses prix au mépris de ses rivaux. Les Chinois achètent la moitié de la production mondiale de cuivre. On les voit mal laisser faire une fusion qui réduirait leur pouvoir de négociation. Ils seront consultés et donneront évidemment leur avis sur l'opération. BHP Billiton doit aussi composer avec l'hostilité des Sud-Africains. Dans l'immédiat, l'Australien prépare une offre plus alléchante. Avec, bien sûr, un œil sur le marché. Le cuivre pourrait facilement grimper jusqu'à 12 000 dollars la tonne d'ici deux ans. À lire aussiCuivre: de nouveaux records de prix à venir?

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Les étudiants américains appellent leurs universités à rompre avec Israël

4/29/2024
La mobilisation des étudiants pro palestiniens continue sur les campus américains. Avec une revendication commune à l'ensemble des universités : la rupture des liens économiques avec Israël ou avec les entreprises liées à l’État hébreu. Une démarche peu efficace pour le moment. Ce mot d’ordre « Divest Israel », « Désinvestissez d’Israël » a des modalités diverses d’un campus à l’autre. Les étudiants en grève peuvent insister sur les liens avec les entreprises israéliennes ou bien avec les fabricants américains d’armes qui équipent l’État hébreu. Ou encore avec les multinationales présentes en Israël comme Google parce qu’il vend du cloud à l’État hébreu, ou Airbnb parce qu’il propose à ses hôtes des hébergements dans les logements des colons installés en territoires occupés. Toutes ces revendications s'adressent aux gérants des fonds placés pour financer le budget de l’université. Pour le moment, aucune université n’a donné suite à ces revendications. Le niet des universités L’American University estime que ce type d’exigences menace la liberté académique. Mais la plupart des universités opposent surtout des arguments techniques aux étudiants. Certaines n'ont pas d'actions israéliennes, ou elles ont des capitaux investis dans des fonds, elles n'ont donc pas la main sur le contenu des investissements. Certaines refusent de désinvestir car elles ont besoin, disent-elles, de tous les profits générés pour couvrir les dépenses de leur établissement. À lire aussiGuerre à Gaza: dans les universités américaines, un mouvement de protestation qui ne cesse de grossir D’après les chiffres du ministère américain de l’Éducation, les fonds liés à Israël déclarés par les universités sont très faibles. Ils se montent à 375 millions de dollars pour les vingt dernières années alors que les fonds gérés par les universités les plus prestigieuses dépassent en général les cinq milliards de dollars. « Divest Israel » n'a donc pas de retombées concrètes pour le moment, mais c'est trop tôt pour parler d'un échec, car il y a des précédents. L’exemple le plus souvent cité est celui du boycott contre l’Afrique du Sud. En 1985, après avoir longtemps résisté aux revendications de ses étudiants, l'université Columbia a fini par vendre toutes les actions des sociétés américaines présentes sur le marché sud-africain. 155 autres universités américaines lui avaient emboîté le pas. Columbia a aussi été la première université à mettre fin à ses investissements dans l’industrie des prisons en 2015. Elle a aussi renoncé à investir dans le tabac, le charbon thermique puis dans l’ensemble des énergies fossiles en 2021. Un mot d’ordre à l’efficacité relative Si l’Afrique du Sud a aboli l’apartheid c’est en partie grâce à la pression internationale à laquelle se sont associées les universités américaines. En revanche, les industries désormais snobées par certaines universités américaines se portent plutôt bien, avec ou sans les universités parmi leurs actionnaires. Les gestionnaires de fonds remarquent que ce n'est pas en désinvestissant mais au contraire en restant au capital d'une entreprise qu’on peut influencer le conseil d'administration. Aujourd'hui, ce que les étudiants américains cherchent à gagner avec leur mot d’ordre « Divest Israël » c’est aussi la bataille de l’opinion publique. Étant donné l’aura de leur mouvement, même sans résultat tangible sur le plan économique, ils ont déjà marqué des points.

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La guerre en Ukraine relance la course à la production des isotopes

4/26/2024
Le Congrès américain a profité du déblocage d’une enveloppe de 60 milliards de dollars à destination de l’Ukraine pour financer la relance de la production d’isotopes aux États-Unis. Ces produits de l’industrie nucléaire sont essentiels à de nombreux secteurs, de l’énergie à la recherche scientifique en passant par la production de médicaments et la médecine. Un marché aujourd’hui largement dominé par la Russie. Le vote, après plus d’un an et demi de tergiversations entre démocrates et républicains, d’un vaste plan d’aide des États-Unis à l’effort de guerre ukrainien a été beaucoup commenté cette semaine, mais une ligne du texte est largement passée inaperçue et a pourtant de quoi intriguer. Entre une dotation de 14 milliards pour fournir à l’Ukraine des armes et des munitions, et une autre de 9 milliards pour permettre le fonctionnement des institutions à Kiev, le texte voté successivement par la Chambre des représentants et le Sénat prévoit d’augmenter le budget du ministère de l’Énergie de 98 millions de dollars afin qu’il investisse « pour le développement de la production d’isotopes » sur le territoire américain. Le rapport avec l’Ukraine ne saute pas immédiatement aux yeux. Un premier indice : juste après cette ligne sur les isotopes, on trouve le déblocage de 150 millions de dollars pour préparer l’Ukraine à la perspective d’une attaque nucléaire sur son sol. Les isotopes ce sont des atomes avec des propriétés bien particulières, ils peuvent être stables ou radioactifs. Un exemple très connu : le carbone 14, utilisé en archéologie pour dater des objets ou des squelettes très anciens, est un isotope. Les isotopes existent à l’état naturel, mais ils peuvent aussi être créés de manière artificielle à l’aide d’accélérateurs de particules ou de centrales nucléaires. Ils servent dans l’industrie, dans l’énergie, pour la recherche scientifique, dans la production de médicaments, en médecine nucléaire. Ils sont notamment indispensables en imagerie médicale, pour diagnostiquer certains cancers par exemple. Il a même été question dans les années 1960 d’utiliser les isotopes pour relancer la production agricole en Afrique de l’Ouest. La Russie, acteur incontournable de la filière des isotopes Mais pourquoi inclure cette disposition sur les isotopes dans le paquet d’aide à l’Ukraine ? En vérité, le Congrès américain n’a pas adopté une enveloppe de 60 milliards pour l’Ukraine, c’est un raccourci, mais une extension du budget des États-Unis « dans le contexte de la situation en Ukraine ». Ce qui ne veut pas dire que l’essentiel de cette somme ne servira pas à fournir directement ou indirectement à Kiev les munitions et les ressources dont elle a besoin, après tout le budget consacré aux isotopes représente à peine un millième de l’enveloppe totale. À lire aussiGreenpeace accuse la France d'être «sous emprise» russe sur le dossier nucléaire Mais la Russie domine aujourd’hui la chaîne de production des isotopes et des radioisotopes. Pour certains isotopes, elle est même le seul fournisseur au monde. L’invasion à grande échelle de l’Ukraine, deux ans après une première alerte liée à la pandémie de Covid-19, a fait prendre conscience aux Américains de leur dépendance vis-à-vis de Moscou sur ces produits sensibles et qui nécessitent d’être souvent remplacés. D’où cette ligne budgétaire au premier abord incongrue au milieu d’une liste de dépenses militaires. L’industrie nucléaire russe échappe encore aux sanctions occidentales La Russie, à travers Rosatom, le géant national du nucléaire, a continué – et continue encore – d’investir dans la production des isotopes, alors même que les vieux réacteurs européens, australien, sud-africain et canadien qui les produisaient déclinaient. Cette situation accentue encore la dépendance des Européens et des États-Unis vis-à-vis de Rosatom. Non seulement le géant nucléaire russe continue d’alimenter de 25 à 30% des centrales nucléaires européennes en uranium enrichi, mais Rosatom – et donc le...

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Comment l’Europe cherche à aimanter les capitaux

4/25/2024
Comment faciliter l’accès aux capitaux sur les marchés européens ? Christian Noyer, l’ancien gouverneur de la Banque de France, a planché sur l'union des marchés, ses conclusions seront présentées dans la matinée. Peut-être un début de réponse au casse-tête qui divise l’Europe. Contrairement aux marchandises et aux hommes, les capitaux ne peuvent toujours pas circuler librement dans l’Union. C’est pourquoi cela reste très compliqué de lever les centaines de milliards nécessaires pour financer la transition énergétique, la défense ou l’innovation. Les start-ups le savent mieux que quiconque. Les banques, l’instrument le plus commun pour financer l’économie européenne, sont souvent trop frileuses pour les accompagner. Les plus prometteuses s’en remettent aux investisseurs étrangers, surtout américains, pour se développer. Cela fait dix ans que les 27 parlent de la libéralisation du marché des capitaux. Dix ans de négociations et toujours pas d'accords en vue. La résistance des petits États européens Au dernier conseil européen, une douzaine d’États se sont ligués contre toutes les initiatives avancées récemment par la France. Paris, avec le soutien de l'Allemagne, la Pologne, l'Italie et l'Espagne, souhaite doter l’Europe d’un marché à la hauteur de son PIB et de ses besoins. Mais les petits États, comme le Luxembourg, l’Irlande ou les pays baltes, s'opposent à tout rapprochement. Les régulations ou le régime fiscal accommodants qu'ils ont mis en place pour attirer les capitaux pourraient être remis en cause par l'union des marchés. Le rapport présenté ce jeudi 25 mars par Christian Noyer cherche à sortir de cette impasse avec des propositions concrètes. Elles serviront de base au travail technique. L'accord politique, lui, ne sera pas trouvé avant la formation de la nouvelle commission prévue à l'automne. Un nouveau produit d’épargne européen Pour financer l'économie européenne, Christian Noyer propose un nouveau produit d'épargne européen. Un produit qui bénéficierait d'un label européen, mais qui pourrait être décliné dans chaque pays en fonction de ses spécificités. Il faudra que le produit soit assez alléchant pour drainer l'épargne des particuliers qui dort sur des comptes bancaires. Selon Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, favorable à ce plan d'épargne européen, 35 000 milliards d'euros seraient disponibles, bloqués sur les assurances-vie ou d'autres comptes épargne des 27 États membres. L’argent serait investi à 80% dans des entreprises européennes. L’autre piste concerne les banques. Christian Noyer propose de transformer leurs créances en paquet de titres qu’elles pourraient revendre sur le marché de la dette privée. Cette titrisation allégerait leur bilan, elles retrouveraient ainsi des marges de manœuvre pour financer l’économie réelle. C'est ce qui pratique couramment dans les pays anglo-saxons, parfois au mépris des règles internationales très strictes mises en place après la crise financière de 2008. Christian Noyer considère que les règlements européens sont déjà suffisamment protecteurs. L'ancien gouverneur souhaite enfin améliorer la régulation des marchés en la centralisant, un sujet qui demandera sans doute encore beaucoup de discussions avant d'aboutir. À lire aussiUE: l'union des marchés financiers des 27 en question face à une compétitivité européenne en berne

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Comment le drone kamikaze révolutionne l’économie de la guerre

4/24/2024
Gros plan sur la nouvelle arme du pauvre : le drone à bas coût fabriqué par l’Iran est en train de bouleverser l’art et l’industrie de la guerre. C’est entre autres avec une myriade de drones Shaheb conçus et fabriqués en Iran que la République Islamique a mené sa première attaque directe contre Israël. La quasi-totalité de ces drones a été interceptée par Tsahal et ses alliés. Mais à quel prix ? La défense aérienne de l'Etat hébreu aurait coûté 1 milliard 500 millions de dollars. L’attaque quelques centaines de millions de dollars seulement. Téhéran a ainsi démontré sa capacité à épuiser les ressources de son ennemi. Autre exemple de cette asymétrie économique vertigineuse que le drone impose sur le champ de bataille : en Ukraine, en deux mois, 5 des 31 chars Abraham déployés par les Etats-Unis ont été détruits par ces drones iraniens lancés par l'armée russe. Une arme coûtant seulement quelques dizaines de milliers de dollars suffit pour anéantir un char à dix millions de dollars. À lire aussiL'Iran lance plus de 300 drones et missiles contre Israël L’industrie iranienne des drones dopée par les sanctions L’Iran a été un précurseur dans cette industrie. C’est une conséquence directe des sanctions économiques. Comme elle n’avait plus les moyens financiers et matériels de développer son aviation, elle s’est repliée sur le drone de combat à bas coût. Le premier modèle développé par la société Shaheb a été présenté dans un salon iranien il y a dix ans de cela. 4 ans plus tard ce Shaheb 131 était employé contre l’Arabie Saoudite. Aujourd’hui on retrouve les deux versions les plus courantes de ce drone kamikaze de longue portée, le 131 et le 136, aussi bien au Yémen dans les mains des Houthis, qu’au Liban dans l’arsenal du Hezbollah qu’en Russie. Moscou a passé un accord avec Téhéran pour en produire sur son territoire. Le drone incontournable dans la guerre Russie-Ukraine Un contrat à un milliard de dollars avec l'objectif d'en produire au moins 6000 dès 2025. L’Ukraine n’est pas en reste, elle n'avait que 400 drones en stock au début de la guerre, elle prévoit d'en fabriquer un million cette année. Cela fait deux ans que ces armes bon marché pallient la faiblesse des équipements des deux camps et permettent d'économiser les précieuses ressources humaines. A peu de frais les belligérants causent d’immenses pertes économiques. Les Russes ciblent ainsi les centrales thermiques ukrainiennes et les Ukrainiens les raffineries russes. À lire aussiL'Iran présente un nouveau drone militaire amélioré L’Europe à la traîne L’occident doit s’adapter à cette irruption des drones développés dans le grand Sud. Les grands fournisseurs de l’armée américaine capables de produire les drones de grande qualité mais assez chers comme le Reaper rechignent à produire des armes à bas coût à la rentabilité très limitée. Les start ups ont pris le relais grâce à des financements privés. Comme la société Anduril, l’une des plus rapides sur ce type d’armes, qui va livrer des drones de défense dès cette année à l’armée américaine. L'Europe est à la peine. La technologie est disponible mais les décisions sont longues à prendre. En France par exemple c'est seulement en février que le ministère a passé sa toute première commande de mini drone suicide.

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Pourquoi TikTok s’accroche au marché américain

4/23/2024
Aux États-Unis, le Sénat examine à partir de ce mardi 23 avril le projet de loi en faveur de l'interdiction de l'application chinoise, déjà voté par la Chambre des représentants. Si la loi passe, sa maison mère, Bytedance, ira certainement en justice pour protéger l'un de ses marchés les plus florissants. L’application chinoise était en 2023 la plus téléchargée sur le marché américain. Comme en 2022. Comme en 2021. Cette popularité a fait exploser son chiffre d’affaires : 16 milliards de dollars pour 2023 selon le Financial Times. C’est une estimation, car la société mère, Bytedance ne publie pas ses résultats annuels. TikTok qui a conquis le public avec ses vidéos de courte durée a aujourd’hui un milliard d’utilisateurs à travers le monde. Ce succès phénoménal en a fait l’un des acteurs clés de l’économie numérique. TikTok assure soutenir l'essor de 7 millions de PME américaines, créant au passage plus de 200 000 emplois. TikTok contribue donc indirectement à la croissance américaine et aux recettes fiscales de l’Etat. À lire aussiTikTok constitue-t-il un danger ? L’impact économique de TikTok Ce sont les arguments utilisés par la filiale de Bytedance pour dissuader les élus du congrès de voter contre elle. Un plaidoyer basé sur une étude d’impact réalisée par Oxford Economics. TikTok est un catalyseur pour les activités très visuelles, comme celle de la restauration ou de la cosmétique. Un tiers des entreprises américaines interrogées pour l'étude disent dépendre entièrement de l’application pour leurs ventes. Les grandes marques sont, elles aussi, très présentes sur ce nouveau média, via les influenceurs. Même la très indépendante et très puissante Taylor Swift, la chanteuse la plus rentable au monde, a fini par revenir sur TikTok, il y a quelques jours, alors qu’elle avait claqué la porte, mécontente de la très faible rémunération des droits d'auteur. TikTok est devenu incontournable. Mais pas irremplaçable. Si l'appli venait à disparaître des smartphones américains, les concurrents, comme Instagram Shopping ou Amazon Inspire, pourraient aspirer une grande partie des utilisateurs. L’effet tache d’huile redoutée par la maison mère TikTok pourrait aussi survivre sur le sol américain, à condition qu'elle soit cédée à des repreneurs américains. Une option rejetée par la maison mère. De toute façon, le gouvernement chinois a un droit de veto sur la vente des entreprises à des groupes étrangers, et il s’y opposera. Si l'interdiction est confirmée par le vote du Sénat, TikTok devrait avoir un sursis d'une année. Ensuite, elle perdrait 14 % de ses utilisateurs, et surtout des utilisateurs de premier choix, parce que leur pouvoir d’achat est l’un des plus élevés au monde. Les dirigeants craignent aussi que cette décision américaine ne fasse tache d’huile. Les autres pays sont très vigilants sur l'aspect sécuritaire et sociétal. Hier, la Commission européenne a ouvert une enquête contre la dernière trouvaille du média chinois : la rémunération des adolescents en fonction des heures passées sur l’application. Cette nouvelle fonction « TikTok lite » est aujourd’hui en phase de test en France et en Espagne ; dès jeudi, elle pourrait être proscrite dans toute l’Union européenne. À lire aussiQu’est-ce que TikTok Lite, la nouvelle version du réseau social qui inquiète l'UE?

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Michelin veut un «salaire décent» pour l’ensemble de ses employés

4/22/2024
On le connaît pour ses pneus, mais ces derniers jours, le groupe Michelin a fait les gros titres pour une toute autre raison. L'entreprise française, présente dans 175 pays à travers le monde, généralise ce qu'elle appelle le « salaire décent ». Depuis plusieurs jours, Florent Menegaux, le patron de Michelin, court les plateaux de télévision. C’est lui qui, la semaine dernière, annonçait vouloir généraliser le « salaire décent » à l’ensemble des 132 000 salariés du groupe français, présent dans 175 pays à travers le monde. Ce « salaire décent » n’est pas à confondre avec le salaire minimum légal. Il s’agit en réalité d’un salaire qui « permet de vivre correctement », selon les mots du patron de Michelin. Pour le calculer, la marque se base sur les critères d'une ONG, Fair Wage Network. L'idée est la suivante : un salaire décent, c'est une somme qui permet de faire vivre une famille de quatre personnes, deux parents et deux enfants. Elle doit aussi aider à acheter des biens de consommation courants et constituer une épargne de précaution. 9 000 euros en Chine, 40 000 aux États-Unis Concrètement, son montant varie selon les pays et même selon les villes. À Paris, par exemple, il avoisine les 40 000 euros par an, tandis qu'à Clermont-Ferrand, dans le centre de la France, il est de 25 000 euros. Dans les deux cas, ce salaire est bien plus élevé que le SMIC, le salaire minimum légal. Ce « salaire décent » est de 9 000 euros en Chine, 40 000 aux États-Unis, et est calculé de la même manière même dans des pays qui ne disposent pas de rémunération minimum légale. Sur les 132 000 salariés du groupe Michelin dans le monde, environ 5 % devraient donc être augmentés suite à ces annonces. Reste désormais une question : combien cela va-t-il coûter à l’entreprise ? Florianne Viala, directrice de la rémunération et des avantages sociaux du groupe, assure que Michelin n’a « pas regardé combien ça allait coûter ». « Moralement, on s’est dit que c’était une obligation et que faire du profit sur de la misère sociale n’était pas envisageable », poursuit-elle. De leur côté, les dirigeants sont certains de s’y retrouver. En augmentant les salaires, ils espèrent également une hausse de la productivité. « C'est l'arbre qui cache la forêt » L’annonce de la mise en place d’un « salaire décent » a été plutôt bien accueillie par les syndicats, qui, après les paroles, attendent désormais les actes. Les organisations syndicales alertent cependant sur un point : ce « salaire décent » comprend des primes, qui ne sont pas prises en compte dans le calcul des retraites. « Il vaudrait mieux parler de rémunération », estime Romain Baciak, délégué syndical CGT. Il s’inquiète aussi de ce qui pourrait se cacher derrière ces annonces. « C’est l’arbre qui cache la forêt, ça va annoncer quelque chose très rapidement. On sait qu’il y a des sites Michelin France menacés par des restructurations, voire peut-être des fermetures », s’inquiète-t-il. De son côté, la direction assure que ce nouveau « salaire décent » n’a rien à voir avec « l’adaptation de l’entreprise à l’évolution industrielle et l’évolution du marché », ce sont « deux choses différentes et pas antinomiques ». Après tout, la firme au Bibendum reste une entreprise qui pense aussi à ses actionnaires. À lire aussiMichelin annonce la mise en place d'un salaire « décent » pour tous ses salariés

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Bitcoin: qu'est-ce que le «halving»?

4/19/2024
La principale cryptomonnaie, le bitcoin, se prépare à un événement qui se produit tous les quatre ans à peu près : le halving (la « division par deux », en français). Il devrait avoir lieu ce vendredi 19 ou ce samedi 20 avril. Qu'est-ce que cette règle et quelles conséquences a-t-elle ? Dans le monde du bitcoin, outre les acheteurs et utilisateurs de cette monnaie, il existe des personnages clés : les mineurs. Ce sont eux qui enregistrent et garantissent les transactions. Pour cela, ils doivent recourir à de nombreux calculs informatiques, ce qui consomme beaucoup d’électricité. Les sociétés de minage les plus importantes sont de grandes entreprises cotées en Bourse (comme Marathon, Riot, ou encore Hut 8, pour ne prendre que le cas des États-Unis). Ces mineurs sont récompensés en bitcoin. « Jusqu'à aujourd’hui, cette récompense était de 6,5 bitcoins par bloc [par unité « minée »]. À partir de ce vendredi ou ce samedi, elle sera divisée par deux pour passer à 3,125 bitcoins », explique Bruno Biais, professeur d’économie et de finance à l'école de commerce HEC à Paris. Le fait que cette récompense soit divisée par deux explique pourquoi on parle de halving en anglais. Une règle créée pour « éviter l’inflation » Le bitcoin est une monnaie. Sa valeur repose donc sur la confiance, rappelle Bruno Biais. « Le risque pour une monnaie est qu’elle perde de sa valeur. Pour éviter cela, il faut s’assurer que la quantité de monnaie créée soit limitée. Le halving limite la création de nouveaux bitcoins et contribue à maintenir la valeur du bitcoin », souligne-t-il. Cette règle du halving a été mise en place lors des débuts du bitcoin. Elle a déjà été appliquée quatre fois et se répètera tous les quatre ans jusqu'en 2140. Ensuite, si les règles ne changent pas, plus aucun nouveau bitcoin ne sera créé. Au cours actuel, les bitcoins déjà émis représentent plus de 1 100 milliards de dollars. Les entreprises de minage de bitcoin seront moins payées Pour les personnes qui ont des bitcoins, le halving n'a aucun impact direct. En revanche, la récompense des mineurs et des entreprises dédiées à cette activité sera divisée par deux. Les entreprises de minages s’y préparent depuis longtemps, comme BigBlock, une société de minage implantée en France, en RDC, au Paraguay et bientôt en Éthiopie. « On ne peut rien faire pour contrer le halving, on sait que ça va arriver et nous ne sommes donc pas surpris. Tous les jours, bien avant le halving, nous travaillons à chercher les kilowattheures les moins chers possibles, explique Sébastien Gouspillou, son président et fondateur. Nous faisons le tour du monde pour chercher de l’électricité bon marché. Dans notre cas, nous n’achetons que des surplus d’électricité, qui ne sauraient être vendus ailleurs » et coûtent donc moins cher, affirme-t-il. L’industrie du bitcoin est très énergivore. Le New York Times a ainsi calculé que l’une des plus grandes usines de minage de bitcoin aux États-Unis consommait autant d’électricité que 300 000 Américains. La baisse des revenus des mineurs provoquée par le halving les pousse à chercher une énergie toujours moins chère pour que leur activité reste viable économiquement. Cela explique que le bitcoin repose beaucoup sur l’électricité de centrales à charbon, peu coûteuse, mais très polluante. Aux États-Unis, l’industrie de cette cryptomonnaie repose à 85% sur les énergies fossiles. Dans d’autres pays très importants pour le secteur, comme le Kazakhstan, le minage de bitcoin crée aussi de fortes tensions sur le réseau électrique, ce qui a poussé Astana à davantage réguler cette activité après 2022. Quel avenir pour les entreprises du secteur ? Le bitcoin a perdu plus de 10% de sa valeur depuis le début du mois. Mais la monnaie avait tellement augmenté cette année que Sébastien Gouspillou y trouve son compte. En effet, le bitcoin a presque doublé depuis trois mois, ce qui compense la division par deux du nombre de bitcoins qui seront versés aux mineurs. Les plus grosses...

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Inde: pourquoi les succès économiques de Narendra Modi sont insuffisants

4/18/2024
J-1 en Inde pour les élections législatives. Le BJP, le parti du Premier ministre Narendra Modi, est donné favori en raison de son excellent bilan économique. Un succès pourtant contesté, y compris dans les milieux d’affaires. L’Inde deviendra la troisième puissance mondiale d'ici à 2029, c'est-à-dire avant la fin de son prochain mandat, promet Narendra Modi, avec de solides arguments en sa faveur. La croissance est vigoureuse depuis plusieurs années, 6,8% pour cette année, selon les prévisions du FMI. Les grands chantiers lancés depuis son arrivée au pouvoir ont nettement amélioré le quotidien des Indiens et ont dopé l’activité économique. Et enfin, le pays bénéficie aujourd’hui des investissements des multinationales quittant la Chine depuis le Covid. Le BJP et Narendra Modi en font des tonnes sur cette trajectoire flatteuse. En réalité, dénonce un ancien gouverneur de la Banque centrale, l’Inde est encore et restera un pays pauvre. Un enrichissement très relatif Cette croissance ultra-rapide et solide est trop faible pour améliorer le niveau de vie des 1,4 milliard d’habitants. Le revenu par habitant n’est que de 2 600 dollars par an. C'est le plus bas des Brics, comme du G20, renvoyant l’Inde à la 139e place du classement mondial en termes de richesse par habitant. Depuis dix ans, le nombre de milliardaires a triplé, mais le revenu de l’immense majorité des Indiens stagne. Avec si peu de redistribution, on voit mal comment le marché intérieur peut entretenir la croissance. Le symptôme le plus flagrant de cette pauvreté est le chômage à 8% – le taux d’activité est très faible, les femmes sont quasiment absentes du marché du travail. La plupart des Indiens vivotent grâce au secteur informel, à des années-lumière de la prospérité de la classe moyenne employée dans les services. Pas de miracle chinois à l’horizon L’ouverture des usines à vocation exportatrice, comme celle d’Apple pour fabriquer des iPhone, est un bienfait pour l’industrie, et donc, pour l’emploi indien. Mais il ne faut pas non plus en exagérer les effets. Les investisseurs étrangers pensent diversification, ils ne veulent plus dépendre d’un seul pays, mais l’Inde ne bénéficie que d’une petite partie de ce vaste mouvement de relocalisation. Le soutien à la tech, affiché comme une priorité par le gouvernement, est bon en soi, explique un autre ancien gouverneur de la Banque centrale, Raghuram Rajan, lui aussi très critique envers le récit très romancé des succès économiques du Premier ministre indien. Mais, selon lui, c'est insuffisant pour donner du travail à tous. Il faut, recommande-t-il, regarder du côté des industries traditionnelles du pays et améliorer l’environnement des investissements. Un domaine où beaucoup reste à faire, estiment les entrepreneurs indiens. Certains préfèrent aller à Singapour pour monter une start-up, faute de confiance dans l’environnement de leur pays. L’arbitraire politique, les mesures protectionnistes encore trop nombreuses dans l’industrie, la faiblesse du marché intérieur sont parmi les repoussoirs les plus fréquemment identifiés, y compris parmi les grandes dynasties économiques totalement acquises à Narendra Damodardas Modi. À lire aussiÉlections législatives en Inde: grandeur et déclin de la plus grande démocratie du monde

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Pourquoi le baril de pétrole n’a pas flambé malgré la menace de guerre

4/17/2024
Les marchés pétroliers sont restés quasiment impassibles après l’attaque menée par l’Iran contre Israël. Depuis la semaine du 8 avril, le cours du brut reste collé à la barre des 90 dollars le baril de Brent. Une inertie inhabituelle dans ce contexte hautement inflammable. Cette absence de réaction est contraire à tous les schémas en vigueur depuis cinquante ans. Depuis la Révolution islamique de 1979, une agression militaire menée par la République des mollahs est perçue comme une alerte rouge pour les marchés pétroliers. Parce que cette perspective est considérée comme débouchant forcément sur une guerre ; et parce que les pays consommateurs, les Occidentaux, redoutent par-dessous tout que Téhéran mette à exécution sa menace favorite : le blocage du détroit d’Ormuz, par où transite 20% du brut. Le détroit d’Ormuz, vraie fausse menace Mais cette menace ultime, une fois encore, ne s’est pas matérialisée. Hormis la saisie samedi 13 avril d’un navire accusé d'être lié à Israël dans la zone du détroit, le trafic continue, comme si de rien n’était. Quant à la guerre, c'est une épée de Damoclès qui n'est pas encore tombée. Les marchés sont très sensibles aux risques géopolitiques, mais ils sont d’abord orientés par les fondamentaux, c’est-à-dire par l’équilibre entre l’offre et la demande. Et de ce point de vue, les données sont rassurantes. Car il y a partout dans le monde des provisions disponibles. Il y a aujourd’hui un potentiel de croissance de l’offre de pétrole aux États-Unis, au Brésil, au Canada et au Guyana, autrement dit dans des pays non membres de l'Opep. En cas d’embrasement du Moyen-Orient, il y a donc une capacité disponible substantielle de l’autre côté de l’Atlantique. Et le cartel dispose, lui aussi, de grosses réserves. Car pour redresser les cours, l'Opep+, à savoir l'Opep et la Russie, a resserré les vannes. En cas de crise, ils peuvent donc facilement rouvrir le robinet, approvisionner le marché et faire baisser la pression sur les cours. L’Arabie saoudite, le parrain du cartel, comme son allié de circonstance, la Russie, ont tous les deux besoin d’un cours du brut élevé, la zone actuelle des 90 dollars le Brent est idéale. Mais ils n'ont pas intérêt à ce que les cours explosent, pour éviter de décourager la demande. C’est pourquoi l’Opep augmentera son offre si nécessaire. Des réserves stratégiques en cas de crise Du côté des pays consommateurs, les grands pays occidentaux disposent de réserves stratégiques. La plus importante est aux États-Unis. Étant donné l’inflation encore élevée outre-Atlantique, Joe Biden pourrait très bien envisager de libérer une partie des réserves si le marché pétrolier venait à flamber. Pour tranquilliser les Américains, à la veille des grandes transhumances estivales, mais aussi à quelques mois de l’élection présidentielle. Toutes ces informations sont intégrées par les marchés pétroliers, c’est pourquoi ils restent relativement confiants. Les plus audacieux se préparent au pire, avec des options posées sur 3 millions de barils à 250 dollars livrables en juin. À écouter aussiRéduction de la production, contexte géopolitique: le marché du pétrole sous tensions

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Le chancelier Olaf Scholz en Chine pour préserver les intérêts des usines allemandes

4/16/2024
Olaf Scholz termine sa visite en Chine ce mardi par une rencontre avec Xi Jinping. Pour parler Ukraine, Moyen-Orient, mais aussi affaires. Malgré les tensions commerciales et géopolitiques entre l’occident et l’empire du milieu, le chancelier allemand entend défendre les liens économiques qui unissent les deux pays. Les liens patiemment construits par les entreprises allemandes à partir des années 1980 ont pris une importance vitale pour l'économie de la première puissance européenne. La Chine est son premier partenaire commercial avec des échanges qui se montent à 250 milliards d’euros en 2023. 5 000 entreprises allemandes sont présentes dans l’empire du milieu, c’est cinq fois plus que le nombre d'entreprises françaises. La masse est considérable, mais elle est en train de se contracter, au détriment de l’Allemagne. Les échanges entre les deux pays ont fortement reculé entre 2022 et 2023, de 8%, à cause essentiellement de la baisse des importations de la Chine, en raison de l'essoufflement de son économie. Et aussi, parce qu'elle a dépassé le maitre à l'export. L’Allemagne dépassée par la Chine à l’export Elle est aujourd’hui en mesure de fabriquer et d'exporter ce qu’elle achetait auparavant en Allemagne. Dans une note publiée la semaine dernière, l’assureur Allianz constate que la Chine exporte désormais davantage que l’Allemagne dans ses domaines d’excellence. C’est le cas depuis longtemps dans l’équipement électrique et la machine outil, et plus récemment dans le secteur de la chimie. L’Allemagne conserve une longueur d’avance dans l’industrie automobile, mais la concurrence chinoise est de plus en plus vive. L’Europe est la première à s’inquiéter du déferlement des voitures électriques chinoises à bas prix et envisage de les taxer si l’enquête lancée par Bruxelles confirme les subventions supposées. Olaf Scholz est beaucoup plus prudent sur cette question. Il a peur des représailles contre les constructeurs allemands. Et il reste fidèle à la position de ses prédécesseurs contemporains. Berlin a toujours considéré que le commerce était favorable à la paix. Malgré le camouflet avec la Russie, son ancien fournisseur de gaz qui a envahi l’Ukraine, malgré l’absence totale d’avancée démocratique en Chine, ce credo reste de mise au gouvernement allemand. En 2023, Berlin a bien annoncé une révision de sa stratégie à l’égard de la Chine. Pour prendre ses distances avec ce partenaire devenu entre-temps un concurrent et même un rival systémique, selon la formulation employée à Berlin. Mais une fois le document adopté, les affaires ont repris comme si de rien n’était. À lire aussiPour contrer les produits chinois en Europe, la France défend l'idée de «préférence européenne» Un pari à court terme Au moment où l’économie allemande chancèle, pas question de renoncer à ce précieux débouché. Indispensables pour BMW, Mercedes ou Volkswagen qui réalisent le tiers de leur chiffre d’affaires en Chine. Pas question non plus de se passer des fournisseurs chinois, devenus au fil du temps indispensables, aussi bien pour la pharmacie que les terres rares. Les industriels allemands revoient leur approvisionnement, mais cela prendra du temps, environ dix ans. À court terme, du point de vue allemand, il faut donc plutôt renforcer cette relation particulière que la négliger. Et il n’y a pas non plus d’alternative immédiate au plus grand marché du monde. À lire aussiLe chancelier allemand Olaf Scholz en visite en Chine pendant trois jours À écouter aussiComment l'Europe compte se défendre face à la Chine dans la bataille des semi-conducteurs

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Le Japon cherche à relancer sa production de semi-conducteurs

4/12/2024
Depuis deux ans le gouvernement japonais investit très lourdement pour doper la production nationale de semi-conducteurs, un secteur où l'Archipel s'est fait distancer ces dernières décennies par ses voisins taïwanais et sud-coréen. 27 milliards de dollars sur trois ans ont été prévus pour relancer cette industrie hautement stratégique. Le Japon est-il en train de réussir son retour dans le secteur des puces ? La rapidité avec laquelle la première fonderie du géant taïwanais des semi-conducteurs, TSMC, a été construite en un peu plus de deux ans dans l'Archipel en témoigne. Inaugurée en février dernier, codétenue avec le conglomérat électronique Sony et l'équipementier automobile Denso, l'usine de Kumamoto a coûté plus de 8 milliards de dollars, dont plus de 40 % ont été apportés par le gouvernement japonais. Objectif : produire des puces entre 12 et 28 nanomètres que l'on retrouve par exemple dans les jeux vidéo ou l'électronique embarquée utilisée notamment dans l'automobile. Une deuxième, voire une troisième usine devraient sortir de terre dans les prochaines années. La rapidité est la clé dans l'industrie des semi-conducteurs, répètent les Japonais. À lire aussiSemi-conducteurs: le groupe taïwanais TSMC inaugure une nouvelle usine au Japon Avantages pour Taïwan Côté taïwanais, le groupe TSMC a trouvé une main d'œuvre très qualifiée sur place. Ce n'est pas le cas pour ce qui est de son autre méga-usine en Arizona, aux États-Unis, dont l'ouverture a dû être repoussée à 2025. Plus globalement, Taipei veut diversifier sa base de production, actuellement très concentrée sur l'île. D'où ces projets de construction d'usines aux États-Unis et en Allemagne. Pour Taïwan, c'est une question vitale. Plus les pays se sentiront liés à lui, plus ils seront solidaires face à l'éventuelle menace de la Chine, se dit Taipei. Et puis, le Japon est tout proche. Les deux pays veulent surmonter un passé douloureux, Taïwan était occupé par le Japon jusqu'en 1945, le courant passe apparemment. Côté Japon Champion des puces dans les années 1990, le Japon veut ramener la production des semi-conducteurs sur son sol. Durant la pandémie, en manque de vaccins anti-Covid, le gouvernement japonais s'est rendu compte de sa dépendance aux approvisionnements étrangers. Tokyo ne veut pas que cette situation se reproduise. L'industrie des puces fait désormais partie des secteurs hautement stratégiques pour le pays. Vers une production nippone des puces de pointe Dans le Nord du Japon, un grand projet public-privé avance pour une construction d'une fonderie de puces de 2 nanomètres, soit les plus puissantes du monde, dédiées notamment à l'intelligence artificielle. Le consortium Rapidus, rassemblant huit entreprises japonaises, assure que son usine sera opérationnelle dès 2027. D'autres entreprises étrangères, comme Microsoft, Google ou Nvidia, investissent dans ce secteur crucial. Tous ces projets devraient propulser le Japon dans une nouvelle ère. Tout en garantissant un approvisionnement fiable, loin des tensions existantes entre les États-Unis et la Chine. À lire aussiLe Japon investit 3,6 milliards d'euros supplémentaires dans les semi-conducteurs

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BCE: les taux d’intérêts vont-ils enfin baisser en Europe?

4/11/2024
En Europe, maintenant que l'inflation apparait sous contrôle, les taux d'intérêts vont-ils enfin redescendre à des niveaux plus abordables ? C'est au conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne d'en décider. À l'issue de sa réunion prévue ce jeudi à Francfort, sa présidente, Christine Lagarde, devrait faire connaitre ses intentions. Christine Lagarde pourrait même annoncer dès ce jeudi une première réduction de son taux directeur, parient les plus audacieux. Mais il faut reconnaître qu'ils sont ultra-minoritaires. Chacun sait que les banquiers centraux détestent les effets de surprise et préfèrent communiquer leurs intentions longtemps à l’avance, histoire d’éviter un coup de chaud sur les marchés. Mais cette option fait partie des multiples hypothèses discutées par les experts. Le sujet passionne sur les marchés obligataires où les traders font des paris sur le calendrier qui sera annoncé tout à l’heure, avec une première baisse des taux européens envisagée en juin, lors de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs. Ils sont nombreux à penser que la BCE agira plus vite et plus fort que la Réserve Fédérale. À lire aussiLa Fed et la BCE à la manœuvre face à l’inflation Une baisse des taux très attendue en juin Ils estiment qu’elle pourrait couper son taux de 1 % en 2024, contre 0,65 % seulement pour la Banque centrale des États-Unis. Pour mémoire, le taux directeur de la BCE est à 4 % et celui de la Fed à 5,5 %. Emprunter coûte beaucoup plus cher aux États-Unis. La Banque centrale européenne va sans doute devancer la Fed parce que l’inflation a vraiment reculé en Europe. Elle n'est plus qu'à 2,4 % en zone euro, elle se rapproche donc de l'objectif de la bonne inflation fixé à 2 %. Il n’y a plus lieu de maintenir la pression sur les taux d’intérêt. Tandis qu’aux États-Unis, c’est l’inverse. L’inflation est repartie à la hausse, elle était à 3,5 % en mars, a-t-on appris hier. Dans ce contexte, la Fed va prendre son temps, elle pourrait reporter sa première baisse en septembre. Les deux zones monétaires divergent aussi en termes de croissance. À lire aussiLa Fed et la BCE prêtes à lâcher du lest dans la lutte contre l’inflation ? Le grand écart États-Unis/Europe Aux États-Unis, l’activité est restée très dynamique. Contrairement à ce qui était redouté, la politique de hausse des taux d’intérêts n’a pas cassé la croissance. La Fed se concentre donc sur sa mission de contrôle des prix. En revanche, en Europe, l’activité est faiblarde depuis un an et demi. Les entreprises empruntent beaucoup moins parce que le crédit est devenu trop cher. Comme les particuliers qui repoussent les projets immobiliers pour les mêmes raisons. Il y a donc urgence à abaisser les taux directeurs pour réveiller la croissance. C’est d’autant plus urgent que l’effet sur l’économie ne sera pas immédiat. Cela prendra des mois avant que la baisse ne se répercute sur la demande de crédit. Donner le signal de la baisse serait déjà un signal positif. Susceptible de redonner confiance aux entrepreneurs. Les consommateurs en revanche ont besoin de concret. Ils ne ressentent pas du tout les bienfaits de la lutte anti-inflation menée par la BCE et constatent au supermarché que les factures sont toujours aussi salées.

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Pourquoi le travail des enfants explose aux États-Unis

4/10/2024
Aux États-Unis, le travail des enfants est en pleine expansion, au mépris des lois fédérales interdisant l’emploi des moins de quatorze ans. D’après le ministère américain du Travail, l’emploi des 16-19 ans a culminé l’année dernière, à un niveau comparable au pic de 2009, c’est-à-dire l’année où les ménages américains se débattent avec les retombées de la grande crise financière. Le travail des ados américains explose, mais il est de plus en plus souvent hors la loi. Les infractions à la législation sur le travail des mineurs ont triplé en dix ans. C’est dans la restauration rapide et l’industrie agro-alimentaire que les excès sont les plus répandus. Sur le banc des accusés, dénoncés par la presse américaine, on retrouve très souvent les abattoirs, employant des enfants de 13 ans. L’envers du plein emploi Depuis la grande vague de démission liée au Covid, les employeurs font face à une pénurie de main d’œuvre, les plus jeunes pallient en partie le départ des anciens. L’inflation a aussi propulsé la demande. Les jeunes travaillent de plus en plus tôt et de plus en plus pour aider leur famille à joindre les deux bouts. À partir de 2021, l’arrivée massive de jeunes migrants non accompagnés, en provenance surtout du Guatemala et du Honduras, a aussi comblé les attentes des employeurs sans scrupules. Ces jeunes acceptent les jobs les plus durs et les plus risqués pour survivre et envoyer de l’argent à leurs parents. La presse américaine a multiplié les reportages sur les ruferitos, les enfants couvreurs. Un métier pourtant strictement interdit aux moins de 18 ans, où l’on déplore une centaine de morts par an, sans qu’on connaisse le nombre de mineurs concernés puisqu’ils ne sont pas déclarés. La lutte contre les abus en échec Selon la loi américaine, le travail des enfants est autorisé mais avec un certain nombre de garde-fou. Depuis 1938, le travail des moins de quatorze ans est interdit et les emplois dangereux réservés à ceux qui ont plus de 16 ans. Le travail en soirée est strictement encadré pour permettre aux enfants de suivre normalement leur scolarité. L’an dernier, face à l’ampleur des abus dénoncés par la presse, l’administration Biden a promis de durcir la lutte contre l'exploitation des mineurs. En reconnaissant que les amendes de 15 000 dollars maximum sont bien trop légères pour dissuader les entreprises. Et en demandant une enveloppe de 100 millions de dollars au congrès pour renforcer les contrôles. Une loi de plus en plus contestée Certains républicains veulent au contraire assouplir la réglementation fédérale. Selon le Washington Post, 19 États veulent faciliter l’emploi des enfants. En supprimant par exemple l’autorisation préalable demandée aux parents et à l’école, ou en autorisant le travail en soirée ou dans des secteurs à risque. Mais les entreprises soucieuses de leur réputation sont aussi en train de multiplier les contrôles internes pour éliminer les infractions. Reste le trou noir de la sous-traitance, le terrain le plus propice aux abus et le plus difficile à surveiller.

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Atos: l’État à la manœuvre pour sauver le groupe français

4/9/2024
Atos, le fleuron français de l’informatique, a publié ce mardi matin son plan de refinancement pour échapper à la faillite. Sur cette base, le groupe a maintenant bon espoir de convaincre de nouveaux repreneurs, si possible tricolores. Atos dit avoir besoin de 1,2 milliard d'euros dans l'immédiat. Les banques et l'État ont donné leur accord de principe pour une première enveloppe intermédiaire de 450 millions d'euros. En échange, l'État aura un droit de regard en devenant actionnaire du groupe. Car le sort de l’entreprise est devenu un enjeu de politique nationale. Depuis que des sénateurs se sont mobilisés pour empêcher l’arrivée d’un repreneur étranger, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Il a fini par renoncer. Mais dans la foulée, Airbus, pressenti pour jouer les sauveurs, a décliné à son tour. Cette double déconvenue survenue il y a quelques semaines a aggravé la crise qui couve depuis trois ans, depuis que ses soutiens financiers ont sifflé la fin de sa course folle aux acquisitions. En 2024, la mariée n’est pas très appétissante, avec un gros passif, une dette de 4,5 milliards d’euros dont les trois quarts sont à rembourser avant 2025. Et des actifs, essentiellement les services informatiques, en perte de vitesse. Pépites stratégiques Atos dispose tout de même de quelques pépites stratégiques pour l’État français. Cela justifie l’intervention de la puissance publique. Atos fournit par exemple les supercalculateurs indispensables pour la simulation des essais nucléaires. C’est aussi Atos qui assure la cybersécurité des Jeux olympiques de Paris 2024. Il assure aussi la sécurité informatique d’une partie des services fiscaux, de la Sécurité sociale, de certains réacteurs nucléaires d’EDF. L’étoile de la multinationale est bien pâle sur la scène mondiale, mais en France, elle joue un rôle de premier plan. C’est pourquoi Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, s’est engagé à trouver une solution nationale pour sauver le soldat Atos. Et la solution passe peut-être par un poids plume du secteur numérique, la société de conseil Onepoint. L’entreprise française dirigée par David Layani est devenue le premier actionnaire du groupe à la fin 2023. Une reconfiguration encore incertaine Ses offres de service ont longtemps été snobées par les dirigeants d’Atos. Mais elle apparait aujourd’hui comme le meilleur des plans B. Surtout depuis qu’elle a obtenu le soutien du fonds de Walter Butler spécialisé dans la reprise des entreprises en péril. L'information annoncée pendant le week-end a revigoré les investisseurs. Ce lundi 8 avril, l’action Atos a rebondi de 20% à la Bourse de Paris. On parle aussi de l’arrivée éventuelle d'OVH, la licorne française du big data. Dassault aviation ou le groupe de défense Thalès pourraient être sollicités. Enfin, le Tchèque Daniel Kretinsky n'a pas dit son dernier mot. Le suspense reste donc entier sur la configuration future du groupe. Son avenir dépend aussi de la négociation avec les créanciers. Pour eux, la pilule est amère. Atos souhaite diviser sa dette par deux en échange d'une montée au capital. À lire aussiAtos, le géant du numérique français regarde vers l'Afrique

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Réussite économique du Rwanda: un succès trop inégal

4/8/2024
Trente ans après le génocide, l’essor de l’économie rwandaise suscite l’admiration du monde entier. Un succès réel qui ne profite pas encore à la majorité de la population. La reconstruction de l’économie est un succès indéniable. La gouvernance à la fois rigoureuse et dirigiste du Front patriotique rwandais (FPR) a permis à ce petit pays enclavé de se doter de routes, de centrales, d'hôpitaux indispensables au développement et de renouer avec une croissance robuste. De l’ordre de 7 à 8% depuis vingt ans. De quoi faire reculer la pauvreté. Elle concernait les trois quarts de la population en 2000, plus que la moitié en 2013. Mais encore la moitié aujourd'hui : c’est bien le problème, selon la Banque mondiale qui remarque que les progrès stagnent depuis dix ans. Des fruits de la croissance mal partagés Le Rwanda est encore l’un des pays les plus inégalitaires d’Afrique subsaharienne. Les fruits de sa prodigieuse croissance ont du mal à atteindre les campagnes où vit la majorité de la population. Le coefficient de Gini, qui mesure les inégalités, est à 0,44. C'est le plus élevé de la Communauté d’Afrique de l’Est après le Soudan du Sud. Les services, le tourisme haut de gamme sont les nouveaux relais de croissance, mais le moteur essentiel est encore l’agriculture. C’est toujours plus d’un emploi sur deux et près de la moitié du PIB. Autre bémol qui relativise le miracle rwandais, 45% des revenus de l’État dépendent encore de l'aide internationale. Le gouvernement espère néanmoins entrer dans le club des économies à revenu intermédiaire d'ici à dix ans. Un secteur privé pas assez développé Un objectif ambitieux pour un pays encore fragilisé par ses relations orageuses avec ses voisins immédiats. Les entreprises locales se tournent de plus en plus vers les pays où elles bénéficient de la diplomatie active de Paul Kagame, comme la Centrafrique, ou plus récemment le Mozambique. En profitent surtout les sociétés contrôlées par Crystal Ventures Limited. Une holding très discrète et très puissante qui appartient au FPR. C’est le premier employeur après l’État. Un poids lourd dans les secteurs du bâtiment ou de la sécurité. Mais une société qui laisse peu de place à la concurrence, se plaignent à mots couverts les entrepreneurs privés. C’est pourtant le privé qu’il faut absolument développer, estime la Banque mondiale, pour créer de l’emploi et générer une croissance plus inclusive. À lire aussiTrente ans du génocide des Tutsis: le Rwanda commémore un passé dont «il faut tirer les leçons»

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Comment expliquer l'envolée de l’économie indienne ?

4/5/2024
À deux semaines des élections législatives en Inde, le pays annonce une croissance de 7,6% pour l’année fiscale qui se termine. La performance de l’Inde surpasse même celle de la Chine depuis 8 ans (excepté pour l’année 2020, celle du Covid) et le pays pourrait devenir à terme la troisième puissance mondiale. Décryptage. C’est une tendance que l’on observe depuis plusieurs années, l’Inde se rêve en nouvelle locomotive de l’économie mondiale, rôle qu’elle aimerait bien prendre à la Chine. Le cabinet Xerfi parle même d’un point de bascule, car l’Inde a reçu davantage d’investissements directs étrangers que son puissant voisin l’an passé. Parmi les grandes économies mondiales, le pays est non seulement le plus peuplé, mais aussi celui où la croissance sera la plus forte cette année. Les clés de son succès sont d’ailleurs à chercher notamment du côté de sa démographie, la demande intérieure tire le reste de l’économie et alimente le PIB indien et la main d’œuvre est abondante. À lire aussiL’Inde, une première puissance démographique en quête de miracle économique Le gouvernement indien a aussi mis en place une taxe unifiée sur les biens et services qui lui rapporte de très bonnes recettes fiscales. Ce qui lui permet d’investir massivement dans les infrastructures, ferroviaires, aéroportuaires, routières, mais aussi numériques, ce qui favorise le développement industriel du pays. Selon le FMI, le PIB actuel de l’Inde est de 3730 milliards de dollars, ce qui en fait la 5ᵉ puissance économique mondiale. Mais l’Inde a encore de nombreux défis à surmonter avant de devenir la troisième puissance mondiale derrière les États-Unis et la Chine L’Inde est actuellement à la cinquième place et devrait ravir celles occupées actuellement par l’Allemagne et le Japon qui souffrent de taux de croissance assez faibles : proches de 1% pour le Japon et 0,3 % pour l’Allemagne. Elle est donc loin devant en termes de croissance. Mais attention à ne pas confondre croissance et taille de l’économie l’Inde ne représente aujourd’hui que 10 % du PIB de la région asiatique, très loin derrière la Chine, et il ne s’agit pas une force motrice comme peut l’être son puissant voisin, souligne le cabinet Xerfi. La Chine à elle seule représente 50 % du PIB régional. Le défi majeur de l’Inde reste de faire émerger une classe moyenne importante, mais aussi de réduire les inégalités. La forte démographie présente aussi des enjeux majeurs, tels que la formation et la création d’emplois pour les 13 millions de nouvelles personnes qui arrivent sur le marché du travail chaque année. Pour autant, l’Inde est en train de se tailler la part du lion sur certains marchés clés Les tensions géopolitiques se sont accrues entre la Chine et certains de ses partenaires historiques tels que le Royaume-Uni ou les États-Unis. Et l’Inde attire notamment les fabricants d’électronique avec des lourdes incitations telles que des réductions d’impôts par exemple ou l’acquisition facilitée des terrains pour implanter les usines. Le pays abrite notamment la plus grande usine de téléphones mobiles de Samsung Electronics, Apple fabrique aussi sept de ses iPhones en Inde par l’intermédiaire de son fabricant sous contrat Foxconn Technology group. L’objectif est de développer l’industrie manufacturière afin d’exporter davantage et de rendre l’économie plus autonome en réduisant les besoins d’importations.

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