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Chronique des matieres premieres

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Céréales, minerais ou pétrole, les ressources naturelles sont au cœur de l’économie. Chaque jour, la chronique des matières premières décrypte les tendances de ces marchés souvent méconnus.

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Paris, France

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RFI

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Céréales, minerais ou pétrole, les ressources naturelles sont au cœur de l’économie. Chaque jour, la chronique des matières premières décrypte les tendances de ces marchés souvent méconnus.

Language:

French


Episodes
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Les majors du cacao investissent dans la production en Amérique latine

4/30/2024
Investir dans des plantations de cacao, à grande échelle, et avec des variétés à haut rendement, c'est la nouvelle tendance chez les multinationales du cacao, qui ont déjà jeté leur dévolu sur plusieurs milliers d'hectares en Amérique latine. La dernière annonce en date est celle de Barry Callebaut, qui s'est allié à une entreprise agricole de Bahia au Brésil sur une plantation de 5 000 hectares, soit environ la moitié de la surface de Paris. La multinationale a déjà expérimenté la culture de ce cacao nouvelle génération dans ce qu'elle appelle « une ferme du futur », d'un peu plus de six cents hectares dans la vallée de Cerecitas, en Équateur. L'objectif affiché du chocolatier suisse est de développer une culture à un niveau industriel, tout en faisant de la durabilité la norme. C'est précisément ce qui séduit aujourd'hui les industriels qui investissent en Amérique latine : la région offre des millions d'hectares de terres libres et propices à l'agriculture, selon un expert de la filière, des terres « qui cochent toutes les cases » pour répondre aux exigences de durabilité de la nouvelle règlementation européenne devant entrer en vigueur à la fin de l'année. Le modèle ouest-africain en question C'est donc du pain béni pour les multinationales confrontées à une chute de la production en Afrique de l'Ouest, et à des plantations vieillissantes dont le rendement n'a pas évolué depuis des années. Sans parler de la difficulté à tracer les fèves issues d'une multitude de parcelles. « Les niveaux de production ont atteint un plateau », assure notre interlocuteur, pour qui le modèle des petites plantations ouest-africaines de quelques hectares, a atteint ses limites. Ce contexte pousse de plus en plus d'industriels à devenir donc aussi des « planteurs », pour garantir leur approvisionnement et peut-être aussi moins dépendre des cours mondiaux. Le projet de Barry Callebaut n'est pas le premier du genre. Depuis quelques années déjà, le groupe Mars, associé au trader Ecom, a lancé une plantation pilote de 4 000 hectares en Colombie : Andean Cacao Project entend être le déclencheur d'une « transformation mondiale du secteur », loin des pratiques « désuètes » qui prévalent aujourd'hui peut-on lire sur le site du projet. Plantations de cacaoyers à haut rendement Le projet repose à 80% sur la variété hybride CCN-51, « un cacao fantastique » selon un de ses défenseurs, qui offre une grosse fève riche en beurre et « bien suffisante » en matière de goût pour des barres chocolatées. Ce cacao a surtout le mérite d'avoir un rendement qui peut dépasser deux tonnes à l'hectare contre 500 à 600 kg pour les variétés ouest-africaines. La liste des industriels prêts à investir dans ce modèle de culture du cacao plus rentable et plus sécurisé, pourrait très vite s'allonger : selon nos informations, l'Américain Mondelez et l'Italien Ferrero chercheraient eux aussi à prendre des parts dans des plantations d'Amérique latine.

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Un raz-de-marée de GNL attendu sur le marché

4/29/2024
D'ici à deux ans, la production de gaz naturel liquéfié pourrait inonder le marché, selon un rapport de l'Institut pour l'économie de l'énergie et l'analyse financière. Cette explosion de l'offre devrait s'accompagner d'une augmentation moins forte des besoins. Un cocktail qui devrait plaider sur une baisse des prix. L'addition des capacités de production actuelles, à celles qui sont en construction ou dont le financement est approuvé annonce une vague massive de GNL sur le marché. En chiffres, cela pourrait se traduire par une augmentation de la capacité mondiale d'approvisionnement de 40% dans les cinq prochaines années, à en croire l'Institut pour l'économie de l'énergie et l'analyse financière, auteur d'un rapport sur le sujet. Plus de la moitié des nouveaux projets se situent au Qatar et aux États-Unis, selon l'Agence internationale de l'Énergie, pays qui illustre parfaitement cet engouement pour le gaz naturel liquéfié. Les États-Unis n'en produisaient pas avant 2016, mais ont réussi à devenir l'année dernière le premier exportateur mondial. Demande médiocre En Amérique comme ailleurs, les projets ont été dopés par deux années de prix élevés, liés à la hausse des importations européennes pour compenser la baisse des achats de gaz russe. Des prix qui en contrepartie ont affecté la croissance de la demande, qualifiée de médiocre par les auteurs du rapport, selon le rapport l'IEEFA sur les perspectives mondiales pour le GNL 2024-2028, comme si les grands importateurs avaient été refroidis par les prix et avaient autant que possible misé sur d'autres sources d'énergie. Chez les acheteurs qui comptent, tels que le Japon, la Corée du Sud et l'Europe, les commandes de GNL ont globalement stagné l'année dernière, contrairement à ce qui était prévu. À titre d'exemple, les importations japonaises ont chuté l'année dernière de 8% et de 20% au total depuis 2018. La tendance devrait se poursuivre, selon le rapport, en raison de l'augmentation annoncée de la production nucléaire et du développement des énergies renouvelables. La Corée du Sud, historiquement le plus gros acheteur de GNL américain, prévoit de son côté une baisse des importations de GNL de 20% d'ici à 2030 pour répondre à ses objectifs climatiques. Des prix qui s'annoncent plus attractifs Sur les marchés asiatiques émergents, la croissance fondamentale de la demande est confrontée à une multitude de défis, défis budgétaires, et aussi retards dans la construction d'infrastructures de GNL. Pour des raisons économiques et stratégiques propres à chaque État, les niveaux d'importation à venir sont donc très incertains au Vietnam, aux Philippines, au Pakistan, mais aussi en Chine, selon l'IEEFA. Ce contexte de déséquilibre entre l'offre et la demande devrait atténuer les prix, et les rendre plus attractifs, mais selon les auteurs du rapport, pas suffisamment pour les économies les plus en difficultés d'Asie. Ces prix sont par ailleurs susceptibles d'être à nouveau tirés vers le haut par une escalade du conflit au Moyen-Orient, prévient la Banque mondiale dans ses perspectives sur les marchés mondiaux des matières premières publiées la semaine dernière. 20% du commerce mondial de gaz naturel liquéfié transite par le détroit d’Ormuz rappelle l'institution, qui précise que « si l’approvisionnement en GNL était interrompu, les prix des engrais augmenteraient également considérablement » avec un impact potentiel sur le prix des denrées alimentaires. À lire aussiPourquoi le gaz naturel est-il considéré comme une «énergie de transition»?

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La culture de l'avocat, une filière en surproduction que le marché européen peine encore à absorber

4/28/2024
Toujours loin derrière la consommation moyenne américaine, la demande européenne d'avocats progresse : elle a augmenté de 9% en 2023 selon les chiffre de l'Organisation mondiale de l'Avocat. Mais ce n'est pas encore assez pour absorber les quantités d'avocats mises sur le marché par l'Amérique Latine. Après les États-Unis, l'Europe est le deuxième marché pour l'avocat, ce gros fruit vert, qui est un des plus chers au détail et souvent consommé comme un légume. Et bonne nouvelle pour les producteurs, la consommation a augmenté de 9% en 2023 en Europe, avec comme premier fournisseur toujours le Pérou. Un consommateur européen mange en moyenne 1,6 kilo d'avocat sur une saison, loin derrière encore l'Américain qui en consomme 3,5 kilos. Mais l'Europe peut encore mieux faire si elle veut contribuer à absorber les volumes d'une filière en surproduction : les vergers ont grandi ces dernières années et la production mondiale n'a pas encore atteint son pic selon Éric Imbert, expert de la filière pour la revue économique Fruitrop, éditée par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). L'exemple du Hass Avocado Board L'exemple américain l'a prouvé, avec de l'argent et une promotion efficace, la consommation peut grimper. Mais le Hass Avocado Board est une structure bien implantée aux États-Unis et tire ses 80 millions de dollars de budget de contribution obligatoire. L'Organisation mondiale de l'Avocat, la WAO, qui fait la promotion sur le marché européen n'a pas la même force de frappe. Créée il n'y a pas encore dix ans, elle ne récolte que des contributions volontaires, sans commune mesure avec celles du Hass avocado Board et s'appuie encore pour l'instant sur une équipe restreinte, explique Shelly Vorster, directrice marketing de l'organisation. Une promotion nécessairement très ciblée L'autre défi qui se pose à la WAO est de s'adresser à des consommateurs aux habitudes très différentes et donc de devoir adapter les messages pour faire progresser les ventes. On ne cible pas de la même manière un Français qui consomme déjà 2,4 kilos d'avocat par an, et surtout en salade, qu'un Scandinave qui le tartine sur du pain au petit-déjeuner, ou qu'un Italien, à la traine, qui commence à peine à découvrir les vertus du fruit. Grâce au potentiel de développement qui existe encore dans certains pays européens, la WAO est optimiste et table sur une croissance de la consommation de 10% par an, sur le continent, pour les 4 à 5 années qui viennent. À lire ou à écouter aussiLes producteurs d'avocats kényans victimes de la crise en mer Rouge

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La raréfaction des sardinelles au Sénégal inquiète les acteurs de la pêche

4/25/2024
Au Sénégal, alors que le nouveau président Bassirou Diomaye Faye a plaidé lundi 22 avril auprès du président du Conseil européen, Charles Michel, pour une renégociation des accords de pêche signés avec l’Union européenne, les acteurs du secteur et chercheurs s’inquiètent de la raréfaction galopante de la sardinelle au Sénégal et de son impact sur l’économie. Elle est un peu plus grande que la sardine, mais a le même aspect allongé. Ronde ou plate, c’est historiquement l’une des principales espèces capturée et consommée au Sénégal. Mais depuis deux ans, la pêche de la sardinelle a drastiquement chuté. Si jusqu’en 2020 les captures tournaient autour de 200 000 tonnes par an, aujourd’hui c’est plutôt 100 000, selon un article signé par quatre chercheurs de l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Une surexploitation aux conséquences multiples Une baisse qui a un double impact. Économique d’abord : les pêcheurs confrontés à une raréfaction du poisson qu’ils vendent le plus, voient leurs revenus baisser, ce qui expliquerait en partie la forte augmentation des départs clandestins de pêcheurs vers l’Europe ces derniers mois, selon Aliou Ba, responsable de la campagne océan à Greenpeace Afrique. Mais l’impact est aussi et surtout social. Si la pêche ne représente que 3,5% du PIB, elle emploie 600 000 personnes, soit près de 17% de la population active, une population qui peine de plus en plus à vivre de cette activité. Autre conséquence : le prix des sardinelles a été multiplié par cinq au fil des mois, devenant de moins en moins accessible pour la majorité des foyers sénégalais alors que 70% des protéines animales sont traditionnellement fournies par le poisson au Sénégal. Privilégier le marché local Fin janvier, une coalition nationale de pêcheurs a rédigé une charte pour une pêche durable. Parmi les treize demandes, celle d’interdire l’exportation des petits pélagiques, type sardinelle afin de les réserver au marché local, tout comme celle de geler l’octroi de nouvelles licences de pêche alors que les ressources sont surexploitées. Pour l’heure, le nouveau président Bassirou Diomaye Faye a prévu de revoir l’accord de pêche qui le lie à l’Union européenne et qui se termine cette année. De son côté, l’ONG Greenpeace, appelle l’État à initier un audit du pavillon sénégalais. Depuis plus de quatre ans, les pêcheurs attendent toujours une liste détaillée des navires autorisés à pêcher en eau sénégalaise. À lire aussiSurpêche en Afrique de l’Ouest: «Si vraiment les décideurs voulaient y mettre fin, ils pourraient le faire»

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La Libye détrône le Nigeria et devient le premier producteur de pétrole africain

4/24/2024
Les plus grosses réserves de pétrole du continent africain se trouvent en Libye. Après des années de crise, le secteur des hydrocarbures y retrouve des couleurs : le pays a détrôné le Nigeria pour devenir le premier producteur de brut africain. Près de 50 milliards de barils de pétrole se cachent dans le sous-sol libyen, faisant du pays la dixième réserve d'or noir au monde. Historiquement, la Libye est un gros producteur de pétrole. Avant la guerre civile de 2011, Tripoli produisait plus d’1,5 million de barils de brut par jour. Mais avec les différentes crises qui ont secoué le pays, le secteur des hydrocarbures, qui représente pourtant la quasi-totalité des revenus fiscaux du pays, a souffert. La production était même passée sous la barre du million de barils quotidiens, d'autant que le contexte sécuritaire a freiné les investissements et fait fuir plusieurs groupes pétroliers étrangers. Depuis, le temps a passé et le secteur pétrolier retrouve des couleurs. Dans son dernier rapport, l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) estime la production libyenne à 1,24 million de barils par jour sur le mois de mars 2024. Pour un petit millier de barils, la Libye détrône donc le Nigeria et (re)devient le premier producteur de brut du continent. Des problèmes structurels au Nigeria C'est l'aboutissement de plusieurs années d'efforts, de la part du gouvernement libyen, pour augmenter l'extraction de pétrole. Il a fallu faire revenir les grandes entreprises d'hydrocarbures. En décembre 2022, la compagnie nationale libyenne avait appelé les sociétés pétrolières étrangères à lever l'état de force majeure en raison de « l'amélioration de la situation sécuritaire ». L'Italien ENI, ou le britannique BP, ont depuis fait leur retour. En novembre dernier, c'était au tour de la Sonatrach, la compagnie nationale algérienne, d'annoncer exploiter à nouveau du pétrole en Libye. Si l'industrie pétrolière est en bonne santé dans ce pays, au Nigeria, la situation est plus compliquée. Selon l'Opep, la production a baissé d'un peu plus de 5% au mois de mars. Insécurité, corruption... les problèmes structurels s'accumulent pour le Nigeria, qui doit ainsi céder sa première place.

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Le prix du cacao durable fait débat à la Conférence mondiale de Bruxelles

4/23/2024
Planteurs, négociants, industriels et distributeurs sont réunis du 21 au 24 avril à Bruxelles pour la cinquième Conférence mondiale sur le cacao. La réunion se tient dans un contexte inédit, marqué par des cours qui ont atteint des records historiques, et alors que doit entrer en vigueur fin décembre une nouvelle règlementation européenne contraignante pour les producteurs de cacao, pour lutter contre la déforestation. « Payer plus pour un cacao durable. » En choisissant cet intitulé, l’Organisation internationale du cacao (Icco) a donné le ton, quitte à se priver de certains sponsors pour cette cinquième conférence mondiale. Mis à part le groupe Mars, les multinationales n’ont pas répondu à son appel. L’une d’elles a fait officieusement comprendre aux organisateurs qu’il n’était pas possible de se rallier à un tel slogan, quand d’autres ont fini par accepter de financer a minima la conférence, sous la condition de ne pas apparaître. Un positionnement qui en dit long sur les difficultés des majors du cacao à s’engager publiquement à payer plus les planteurs. Les planteurs soutenus par la reine des Belges Malgré ces signaux peu encourageants, parler de prix est beaucoup moins tabou qu’il y a quelques années, s’accordent à dire les experts. Certains acteurs présents à Bruxelles veulent croire qu’un virage se dessine, et se raccrochent au discours de la reine des Belges, Mathilde, qui a ouvert la Conférence lundi 22 avril, en insistant sur la nécessité morale d’agir, face à une « distribution de valeur si peu équitable » dans la filière cacao-chocolat. Ce discours a été salué par tous, mais l’unanimité exprimée se fissure très vite quand il s’agit de savoir comment mieux répartir le coût d’un cacao plus durable entre les maillons de la chaîne, autrement dit quand il s’agit de trouver qui va payer pour une fève plus respectable, qui n’engendre pas de déforestation, et qui permet au planteur de vivre décemment tout en envoyant ses enfants à l’école. « Quelqu’un devra payer » « La réalité, c’est aujourd’hui que personne ne veut partager sa marge », a constaté avec amertume Michel Arrion, directeur exécutif de l’Icco à Bruxelles, et en bout de course, « peu de consommateurs sont de leur côté prêts à payer plus », selon Philippe de Selliers, président de Choprabisco, l’Association royale belge des industries du chocolat. Or, le cacaoculteur, maillon qui réalise la plus petite marge d’après le bureau d’études Le Basic, ne peut pas supporter les coûts de la traçabilité demandée aujourd’hui par la nouvelle réglementation européenne, a rappelé une fois de plus la Côte d’Ivoire, premier fournisseur mondial de fèves qui en appelle à la responsabilité de l’industrie cacaoyère. Dans cette grande partie de ping-pong, chacun doit prendre ses responsabilités, selon l’Organisation internationale du cacao, y compris les États producteurs et l’Europe, en tant que marché importateur, « car au bout du compte, quelqu’un devra payer ».

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Bœuf: les incertitudes sur la consommation chinoise inquiètent les pays exportateurs

4/22/2024
Selon les données américaines, les importations chinoises de bœuf devraient chuter de 4% cette année. Une diminution liée notamment au ralentissement de l’économie chinoise. De notre correspondant à Pékin, La viande de bœuf est une viande de riches en Chine, et sa consommation avait jusqu’alors résisté à la crise des années Covid, alors que celle du porc, que l’on retrouve pourtant à toutes les tables chinoises, avait au contraire diminué. Les importations de bœuf en Chine ont atteint un record en 2023. Les différentes estimations parlent de volumes allant entre 2,7 millions à près de 3,7 millions de tonnes importées, contre plus de 1,5 million de tonnes importées en 2018. Le Mercosur inquiet Seulement voilà, aujourd’hui, les importations chinoises marquent le pas, selon l’agence Bloomberg qui s’appuie sur les données américaines. La consommation reste en berne dans la deuxième économie du monde et le volume des importations devrait continuer de chuter, mettant fin à douze années consécutives de hausse. « En 2024, les importations chinoises de bœuf devraient diminuer de 4% », dit l’USDA dans son dernier rapport, « les consommateurs recherchant des protéines moins chères », notent encore le ministère de l’Agriculture aux États-Unis, ce qui inquiète forcément les pays exportateurs du Mercosur qui produisent 70% du bœuf consommé en Chine, dont 40% en provenance du Brésil. Viennent ensuite les États-Unis, le Canada et l’Australie. Baisse de la demande et de l’offre avec la décapitalisation des cheptels dans les grands pays d’élevage affectés par les changements climatiques, relève également Jean-Paul Simier. Baisse provisoire Ce spécialiste du marché des viandes au Crédit agricole relativise toutefois la décrue. À long terme, la Chine restera, dit-il, un moteur de croissance important pour les exportateurs de bœuf. « En 2024, il y a une petite baisse, mais je vous rappelle qu’on n'est qu’au mois d’avril. Mais effectivement, les Américains vendent moins de bœuf aux Chinois, et leurs données sont fiables. Et donc, tout le monde prévoit un petit tassement en 2024, mais cela baisse par rapport à un record », poursuit l’auteur du chapitre viandes du rapport Cyclope. « On parle de 100 000 tonnes en moins, comparé à plus de 3,5 millions de tonnes, donc on est sur le trait et dans ce que les statisticiens appellent l’intervalle. Ce qu’il faut bien voir, c’est la tendance : les Chinois n’ont jamais autant acheté de bœuf qu’en 2023. Il y a une classe supérieure chinoise qui est capable d’acheter du bœuf, qui est cher, malgré les soubresauts économiques, alors que les Chinois de classes plus modestes ont diminué leur consommation de viande, notamment de porc », ajoute Jean-Paul Simier. Troisième cheptel Selon les données chinoises, il existe un certain écart entre la consommation de bœuf par habitant en Chine et la moyenne mondiale. En 2022, la consommation de bœuf par habitant était d'environ 6,99 kilogrammes, alors que la taille du marché approchait les 864,49 milliards de yuans dans un pays qui compte 69 races bovines, selon les données McKinsey. En 2023, la consommation de viande bovine a encore augmenté, cela en relation avec la baisse des prix (77,88 yuans le kilo en janvier 2023 contre 73,72 yuans le kilo en juin de la même année) et la hausse des importations. Outre l'augmentation du volume des importations, la production nationale de viande bovine a également augmenté. En 2022, le cheptel chinois de bovins de boucherie a dépassé les 100 millions de têtes, avec un taux de croissance annuel de 4,1%. Ce qui fait de la Chine le troisième plus grand pays d'élevage bovin au monde, après l'Inde et le Brésil. Stocks de viande bovine Alors que l’offre n’a cessé d’augmenter, la consommation montre quelques signes de fatigue. Comme dans le vin, les distributeurs de viande bovine ont fait beaucoup de stocks. Et le secteur de la restauration ne s’est pas redressé comme espéré, après la sortie du Covid-19, ce qui a affecté les...

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Les producteurs d'avocats kényans victimes de la crise en mer Rouge

4/21/2024
Les temps sont durs pour les producteurs et exportateurs d’avocats kényans. Près de deux mois après l’ouverture de la saison, les volumes d’exports de l’année dernière sont loin d’être atteints. En cause : la crise en mer Rouge qui rend le transit vers l’Europe et la Turquie très compliqué. De notre correspondante à Nairobi, Ils s’en frottaient pourtant les mains. Les producteurs kényans d’avocats étaient enthousiastes lors de l’ouverture de la saison des exportations, le 1er mars. Et pour cause : l’AFA, l’Autorité alimentaire agricole, avait suspendu tout export pendant quatre mois. Une initiative prise à la demande du Directoire de l’horticulture afin de garantir la qualité des fruits vendus à l’étranger. C’est que les producteurs kényans avaient tendance à récolter prématurément leurs avocats pour booster leurs exportations. Cette stratégie a valu au fruit kényan une solide réputation de mauvaise marchandise, notamment sur le marché européen. À grands renforts de contrôles et d’amendes, l’AFA avait bien l’intention cette année de rétablir l’honneur de l’avocat kényan. Les exportateurs à la recherche de nouveaux débouchés Mais voilà que la géopolitique s’en mêle. Les attaques de navires de marchandises en mer Rouge rendent les marchés européen et turque très difficile d’accès pour les exportateurs kényans. Les cargaisons contournent donc l’obstacle en passant par Le Cap en Afrique du Sud, ce qui double le temps de cargo. Il fallait avant 18 à 20 jours pour atteindre l’Europe, c’est aujourd’hui 40 à 45. Pour les exportateurs, les conséquences sont désastreuses selon Olumide Bumole, PDG de l’association d’exportateurs Fluna Africa. Pénuries d’approvisionnement, flambée des prix, baisse de la qualité sont notamment à déplorer. Les exportateurs kényans prennent donc « des mesures désespérées », explique Olumide Bumole, et se tournent notamment vers de nouveaux marchés comme l’Inde, la Chine ou les pays du Golfe. Le Kenya mise beaucoup sur l’avocat. Il a récemment supplanté l’Afrique du Sud pour devenir le premier exportateur d’Afrique et prévoit de doubler ses recettes d’exportations d’ici à 2028, pour atteindre les 226 millions de dollars.

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En Inde, la flambée des cours de l’or ne profite pas aux commerçants

4/18/2024
Le cours de l’or bat des records historiques et a dépassé ces jours-ci la barre des 2200 euros l’once, soit une hausse de 19% en un an. Le métal doré sert plus que jamais de valeur refuge, pendant cette période troublée de conflits en Ukraine et au Moyen-Orient. Et cela enrichit soudainement les ménages indiens, qui ont l’habitude de placer une partie de leurs économies dans l’or. Que ce soit lors du festival hindou de Lakshmi, la déesse de la richesse, ou à l’occasion de mariages, les Indiens adorent acheter de l’or. En bijoux ou sous forme de pièces, le métal doré est considéré comme un investissement sûr et facile à transmettre à ses enfants. Petit à petit, tous ces achats représentent une fortune. Selon un analyste financier cité par le magazine Fortune, les ménages indiens détiennent 27 000 tonnes d’or dans leurs petits coffres, dont la valeur sur les marchés a augmenté avec les cours, de 19% en un an. Collectivement, cela a enrichi ces Indiens de 350 milliards d’euros, soit l’équivalent de 11% du PIB indien. À lire aussiL'or se vend et s'achète comme des petits pains À Bombay, les ventes d'or en chute libre Mais cette valeur n’est qu’indicative, car les Indiens vendent rarement leur or, en dehors des périodes de crise, ou pour des achats majeurs, comme une maison. Cela ne fait donc pas les affaires des marchands d’or. Car, avec des prix aussi élevés, très peu d’Indiens achètent du métal jaune au détail ces jours-ci. À Bombay, dans le quartier de Zaveri Bazaar, connu pour son commerce de l’or, c’est la déprime : les ventes ont chuté de 70% au premier trimestre de cette année, par rapport au précédent, affirme l’Association nationale de ces commerçants. Il faudra donc attendre la baisse des cours, ou bien le prochain grand festival de Lakshmi, pour redonner le moral à ces orfèvres. À écouter aussiInde: pourquoi les succès économiques de Narendra Modi sont insuffisants

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Pour s’affranchir de la Chine, les Européens misent sur le magnésium roumain

4/17/2024
C'est un métal très utilisé pour fabriquer de l'aluminium : le magnésium. Pour la première fois depuis 2014, il va être à nouveau extrait du sol européen. Un enjeu crucial pour le Vieux Continent. Sur la scène internationale, le magnésium pèse peu. Seulement 1 million de tonnes sont extraites chaque année des sols. Pourtant, il est crucial pour fabriquer de l'aluminium et de nombreux alliages. En la matière, un acteur se détache : la Chine. Le pays fournit plus de 90% de tout le magnésium mondial. Alors forcément, quand, en 2022, Pékin a temporairement fermé 35 de ses 50 fonderies de magnésium pour baisser sa consommation énergétique, les marchés se sont emballés. Beaucoup d'industriels craignaient même l'épuisement des stocks. Une inquiétude partagée à Bruxelles, qui importe la quasi-totalité de ce métal de Chine. Les dernières usines norvégiennes et françaises ont fermé au début des années 2000. Il a donc fallu réagir et tenter de retrouver une souveraineté européenne en la matière. C'est désormais chose faite. La semaine dernière, le groupe minier Verde Magnesium a annoncé injecter 1 milliard de dollars dans une mine en Roumanie. Derrière ce financement se cache un investisseur américain, Amerocap. Le gouvernement a donné son feu vert pour la réouverture de ce complexe, fermé depuis dix ans. Le lancement de la production est attendu pour 2027. « Les mines européennes sont plus responsables » À elle seule, la mine pourrait couvrir la moitié des besoins de l'Union européenne en magnésium, soit 90 000 tonnes par an. « C'est un enjeu d'importance », confie Didier Julienne, président de Commodities & Resources, « cela signifie que l’on peut rouvrir d’anciennes mines en Europe et qu’elles seront rentables grâce à de nouvelles technologies et des énergies renouvelables », poursuit-il. Reste une question : quel impact cette mine va-t-elle avoir sur l'environnement ? Pour Raphaël Danino-Perraud, chercheur associé à l'Ifri, « les mines européennes sont plus responsables que les mines chinoises ou africaines ». Même si l'expert l'assure, « respecter les standards environnementaux coûte plus cher, cela permet de représenter le coût environnemental dans le coût global, c’est cela également la transition écologique ». D'autant qu'actuellement, l'UE exporte sa pollution en Chine ou en Afrique, où les conditions de production sont parfois opaques.

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La Chine augmente sa production de concentré de tomate

4/16/2024
La production de produits à base de concentré de tomate s’envole en Chine. Elle devrait atteindre 11 millions de tonnes cette année avec seulement 20% consommé localement, le reste étant destiné à l’exportation. De notre correspondant à Pékin, avec Chi Xiangyaun du bureau de RFI à Pékin, L’annonce a jeté un froid au sein de l’association mondiale des producteurs de concentré de tomates. En 2024, la production de tomates transformées en Chine pourrait atteindre les 11 millions de tonnes, contre près de 6 millions jusqu’à présent. Ce grand bond en avant de la production chinoise va inonder le marché mondial. Et s’il y a un record de volumes cette saison, forcément les prix vont baisser pour toute le monde. Crise énergétique Pourquoi un tel boom ? Les producteurs chinois sont motivés à planter en raison de l’inflation du prix des matières premières, confie la Chambre de commerce chinoise d’importation et d’exportation de produits alimentaires (CFNA), dans un long entretien accordé à Tomato News, le magazine de l’Association internationale méditerranéenne de la tomate transformée et du Centre mondial d’information sur l’industrie de la tomate de transformation. La Chine a profité d’un creux dans l’offre mondiale de concentré de tomate disent les professionnels du secteur, comme monsieur Dong, propriétaire d’une entreprise de tomates biologiques haut de gamme et membre du conseil d’administration de l’Association chinoise des légumes, que nous avons joint dans l’est de la Chine. « Auparavant, les principales régions productrices se trouvaient en Europe et notamment aux Pays-Bas. Ils produisaient avec des serres en verre, et en suivant les modèles hollandais et israéliens », explique-t-il. « Aujourd’hui avec la crise énergétique, les Européens produisent moins et avec les troubles en Israël, ils ne peuvent plus faire face à la demande. La Chine devient donc le premier producteur mondial. Nous bénéficions d’une main-d’œuvre abondante et de bonne qualité, sur un large éventail de latitudes, ce qui fait une zone importante pour la production primaire. La Chine représente désormais 70% de la production mondiale. » À lire aussiLa tomate indienne, victime de la mousson IA et plants de tomates Ces surcapacités sont en partie réservées au marché local, avec une structure de la demande qui a changé. « Depuis l’épidémie de Covid, les gens se sont habitués à manger à la maison, ce qui a entraîné une augmentation de la consommation intérieure », affirme encore la CFNA. Actuellement, les producteurs de tomates chinois sont divisés en trois catégories et dans trois zones géographiques différentes, explique encore monsieur Dong. Les produits industriels – jus et sauces – sont produits dans des régions telles que la province chinoise de Mongolie intérieure, le corridor de Hexi dans la province du Gansu et le Xinjiang. On trouve des tomates-cerises de qualité dans la province du Ningxia. Et enfin on trouve des variétés spécifiques dans les provinces orientales du Guangdong, du Hainan et du Shandong, où réside monsieur Liang. Le fondateur de Haungjinzi Tomato utilise l’intelligence artificielle pour faire pousser ses plants. « Nous avons enregistré un taux de croissance annuelle supérieure à 100% et la superficie que nous cultivons double chaque année », affirme-t-il. « La Chine a une économie agricole encore basée sur les petites fermes. Pour augmenter et standardiser la production de tomates, pour gérer la production avec précision, on utilise un système de contrôle basé sur l’IA qui permet d’améliorer la croissance. » Fondues de tomates Voilà pour les tomates fraîches, pour les produits transformés longtemps utilisés uniquement dans les restaurants étrangers en Chine, la consommation intérieure partie de presque rien augmente. On cite souvent les cas des fondues de tomates qui depuis 2015 sont en pleine expansion. À lire aussiFrance-Maroc : la guerre des tomates La chaîne de restauration Haidilao en consomme 5 à 8 000 tonnes par...

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Côte d'Ivoire: une campagne difficile pour l'anacarde

4/15/2024
En Côte d’Ivoire, grand pays producteur de noix de cajou, la période de commercialisation de l’anacarde est timide. Au détriment des producteurs et des transformateurs locaux, qui abordent une nouvelle année difficile. De notre correspondante à Abidjan, Cette année, les prix bord champ varient entre 200 et 300 francs CFA le kilo. Problème : la plupart des acheteurs n’ont pas pré-financé la campagne. Les producteurs continuent donc de stocker leurs noix. Faute de liquidités, la campagne reste timide, constatent plusieurs producteurs. Et les usines locales, comme les multinationales, sont dans un moment d’observation. Elles estiment qu’il n’est pas rentable d’acheter : les prix sont beaucoup trop bas par rapport aux coûts de production, qui eux explosent. En moyenne, les usines perdent 170 francs CFA par kilo de noix brutes transformées. Par ailleurs, la qualité des noix présentes sur le marché actuellement ne correspond pas aux besoins des acheteurs. Les transformateurs ivoiriens fragiles Cette situation ne fait que fragiliser davantage les transformateurs nationaux, qui ont du mal à compenser les pertes, et ce, malgré les accompagnements de l’État. Plusieurs d’entre eux n’ont toujours pas reçu leur stock d’amorçage qui leur permet de démarrer les achats. Or, la qualité des noix brutes diminue à mesure que les jours passent. Problèmes d’approvisionnement en noix brutes, difficultés d’accès au secteur bancaire, déficit de compétitivité face aux entreprises asiatiques… Les transformateurs ivoiriens cumulent une série de handicaps qui les empêchent de se développer solidement. Ces entreprises auraient besoin d’un soutien pour le financement et pour couvrir leurs pertes, au moins le temps d’atteindre une taille critique, estime un acteur du secteur. Malgré ces difficultés, le Conseil Coton Anacarde espère que la barre des 300 000 tonnes de noix brutes transformées en Côte d'Ivoire cette année sera franchie. En parallèle, le régulateur a entamé une série d’achats groupés auprès des coopératives de producteurs. L’objectif est double : injecter des liquidités sur le marché et faire respecter le prix officiel.

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La fève camerounaise profite de l'explosion des prix du cacao

4/14/2024
Troisième producteur africain de cacao, derrière la Côte d'Ivoire et le Ghana, le Cameroun est aujourd'hui plus courtisé que jamais par les industriels et les négociants. En cause, une chute de la production ouest-africaine qui fournissait jusque-là 60% du cacao mondial. Quand il manque du cacao chez les gros producteurs, il faut aller en chercher chez les plus petits, car la consommation, elle, n'a pas chuté. Et c'est ce qui se passe aujourd'hui : négociants et industriels sont lancés dans une course effrénée à la fève. « Quelle que soit son origine et quel que soit son prix, toute fève est intéressante », confirme un acheteur. En septembre dernier, le ministre camerounais du Commerce avait promis « un grand cru » pour la nouvelle la campagne. Il ne pensait probablement pas si bien dire. Négociation permanente Cet engouement pour la fève camerounaise se manifeste dans les ventes aux enchères des coopératives, qui ont, face à elles, plus d'acheteurs que d'habitude. Il se traduit aussi logiquement dans les prix : même si ce n'est pas une généralité, on a vu du cacao camerounais se vendre à plus de 5 000 francs CFA le kilo ces derniers jours. Ces prix sont rendus possibles par un système libéralisé, contrairement à celui qui est en place en Côte d'Ivoire et au Ghana, les deux mastodontes du secteur, où les prix sont règlementés et fixés pour toute la durée de la campagne. Au Cameroun, les prix sont ajustés toutes les semaines ou presque, et la négociation est permanente sur les volumes qui n'ont pas été déjà contractés à un prix négocié en amont. Un atout pour les producteurs, qui voient leurs revenus profiter de la hausse exceptionnelle des cours mondiaux. Le système est en revanche plus acrobatique pour les acheteurs traditionnels de cacao camerounais : plus qu'avant, ils courent le risque de voir des producteurs ou des coopératives avec lesquels ils étaient engagés leur tourner le dos, pour vendre plus cher ailleurs. Un contexte favorable à la transformation locale L'intérêt pour le cacao camerounais, dont la qualité s'est améliorée ces dernières années de l'avis des experts, se traduit aussi par une capacité de transformation locale en hausse : deux nouveaux projets d'ouverture d'usine sont sur les rails, l'une belge, l'autre française. Le pays, qui a transformé 80 000 tonnes l'année dernière, pourrait être en capacité de broyer sur place bientôt 100 000 tonnes, selon Omer Gatien Maledy, secrétaire exécutif du Conseil interprofessionnel du cacao et du café, soit plus d'un tiers de sa récolte – 295 000 tonnes en 2023. Produire plus, mais pas trop Cette dynamique, encouragée par les autorités, va certainement pousser les cacaoculteurs à produire plus pour satisfaire la demande croissante des transformateurs locaux et celle des exportateurs, d'autant que les prix actuels sont plus qu'incitatifs. « Indépendamment des soubresauts du marché international, nous avons un équilibre à résoudre », résume le patron du CICC, plutôt favorable à une augmentation lente de la production, pour ne « jamais contribuer à la surproduction ».

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Pont effondré de Baltimore: un impact important sur le transport du charbon

4/11/2024
Les conséquences économiques de l'effondrement du pont de Baltimore, survenu le 26 mars 2024, sont importantes. Le port de la ville, poumon économique, est à l’arrêt, et le transit de produits très important également. Le port de Baltimore est notamment le deuxième port américain pour les exportations de charbon. Quand tout est normal, pour le commerce et le transit du charbon, la situation du port de Baltimore est idéale. Il se trouve à proximité relative d'importants lieux de production du nord du massif des Appalaches, en Virginie occidentale et en Pennsylvanie. Pour arriver jusqu'au port, le charbon prend le train par des lignes pratiquement dédiées. Des infrastructures difficiles à adapter L'un des deux terminaux appartient d'ailleurs à une compagnie ferroviaire qui possède le réseau d'infrastructures qu'il est évidemment presque impossible de modifier ou d'adapter rapidement. L'autre est la propriété d'un producteur de charbon, qui n'a également pas beaucoup d'alternatives en terme d'infrastructures. Le premier port américain pour l'exportation de charbon est celui de Norfolk, en Virginie, également sur la côte est, mais 400 kilomètres plus au sud. Il dessert donc d'autres régions de production, et adapter les réseaux de transport ferroviaire ne peut pas se faire d'un claquement de doigt. C'est pour cela que les exportateurs basés à Baltimore comptent les heures jusqu'au dégagement de la rivière Patapsco et la reprise du trafic maritime. À lire aussiÉtats-Unis: lourdes conséquences économiques après l'effondrement du pont de Baltimore Des effets potentiels à l’autre bout du monde Les producteurs sont donc coincés, mais leurs clients pourraient aussi l'être. Ils se trouvent de moins en moins aux États-Unis, où la demande pour cette énergie fossile, parmi les plus polluantes qui soient, est en baisse. Ces clients sont loin, très loin même, et la fermeture du port de Baltimore, si elle se prolongeait au-delà de quelques semaines, pourrait aussi perturber leur production. Le charbon exporté de Baltimore est utilisé par des producteurs de matériaux de construction en Inde ou des producteurs d'acier au Japon et en Chine. Autant de marchés et leurs prix qui pourraient être influencés par une rupture prolongée dans leur chaîne d'approvisionnement si, à l'autre bout du monde, la fermeture du port de Baltimore devait se prolonger À lire aussiPont effondré à Baltimore: une reconstruction à l'ombre de la campagne présidentielle

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Les métaux de la transition énergétique au plus bas, le prix des batteries électriques chute

4/10/2024
Depuis plusieurs mois, les cours des métaux dits « de la transition » ne cessent de chuter. Cobalt, lithium, nickel... Autant de minerais essentiels pour la production de batteries électriques. Conséquence de la baisse du prix des métaux : celui des batteries chute également. On leur promettait un avenir radieux, mais les cours des métaux de la transition se sont effondrés ces derniers mois. À commencer par ceux du lithium. Après avoir atteint un pic en novembre 2022, les prix ont chuté. Rien que sur l'année dernière, le carbonate de lithium, forme semi-transformée du métal, a perdu les trois quarts de sa valeur. En cause : une demande en berne, et des surplus de production chez les géants du secteur. Des surplus de nickel et de cobalt C'est la même histoire pour le nickel, que beaucoup d'analystes voyaient comme l'un des métaux essentiels pour les années à venir. Même si les cours ont légèrement grimpé en début d'année, le métal peine à dépasser les 17 000 dollars la tonne au London Metal Exchange. Après des investissements très importants dans le secteur, l'Indonésie, leader du marché, se retrouve avec un excédent record de nickel. Environ 12 500 kilotonnes de surplus aussi pour le cobalt au quatrième trimestre 2023. Et ce malgré une demande en hausse de 15% par rapport à l'année précédente, selon le dernier rapport du Cobalt Institute. Chute des prix des voitures électriques Autant de baisses de prix qui ont des conséquences sur celui des batteries pour les voitures électriques. Le pack lithium-ion est tombé à 139 dollars le kilowatt heure l'an dernier, une tendance qui devrait se poursuivre en 2024. Un chiffre résume la situation : le prix des batteries a fondu de 90% en 16 ans, selon le Département américain de l'énergie. Forcément, quand les batteries sont moins chères, les voitures électriques aussi. Leur prix moyen a perdu 2 000 dollars en mars aux États-Unis par rapport au mois précédent. Désormais, outre atlantique, le prix moyen des véhicules électriques est presque identique à celui des voitures thermiques. À lire aussiBaisse des cours du nickel, l’avenir de la filière en suspens

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Le géant du négoce de pétrole Vitol se relance dans les métaux

4/9/2024
13 milliards de dollars de bénéfices nets, c'est ce qu'a gagné le trader en énergie Vitol en 2023. Dans ce contexte d'embellie financière, le numéro 1 des négociants privés de pétrole et de gaz vient de confirmer sa diversification dans les métaux. Il aura fallu attendre le Global Commodities Summit, organisé cette semaine par le Financial Times à Lausanne, pour que le groupe Vitol confirme publiquement ce qui transpirait depuis plusieurs mois, à savoir son réengagement dans le négoce de métaux, activité à laquelle il avait finalement renoncé il y a une dizaine d'années. Vitol repart aujourd'hui « de zéro » comme le dit son patron Russel Hardy. Pour se diversifier, le géant de l'énergie a recruté depuis l'année dernière un négociant en minerai de fer et plus récemment les deux dirigeants de l'unité métaux de son rival Mercuria. Pas de virage stratégique majeur Il s'agit pour l'instant d'une entrée « modeste » dans cette activité, prévient le numéro 1 du trading de pétrole, qui n'entend pas changer de stratégie vis-à-vis du secteur énergétique. Vitol affiche néanmoins clairement son intention de participer à la « décennie passionnante » qui s'annonce dans le monde des métaux. Le groupe était un des rares négociants en pétrole de sa taille à ne plus être engagé sur ce marché, rappelle un trader basé à Genève. Une transition vue comme « naturelle » dans un milieu qui fait face à une réticence de plus en plus forte du secteur bancaire à financer les énergies fossiles. 2023, une année de bénéfices records Plus que d'autres, Vitol a les moyens de composer avec ces réticences grâce à ses fonds propres mais « ne peut pas pour autant faire fi de l'évolution du positionnement des banques », relève notre interlocuteur qui estime qu'« en rejoignant le club des traders en métaux, Vitol active un plan B qui ne sera peut-être au final qu'un plan C, l'essentiel étant pour l'instant pour le groupe d'être à nouveau présent dans le secteur porteur des métaux ». Ces nouveaux investissements sont largement facilités aujourd'hui par les bénéfices exceptionnels de Vitol ces deux dernières années : 15 milliards de dollars en 2022 et 13 milliards en 2023, selon le Financial Times. Ces bénéfices ont aussi permis au groupe basé à Genève et aux Pays-Bas d'acquérir 35 % du raffineur italien Saras en février, et de se positionner pour racheter la plus grande chaine de stations-service d'Afrique du Sud. À lire aussiRéduction de la production, contexte géopolitique: le marché du pétrole sous tensions

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Le cours du cuivre au plus haut depuis 14 mois

4/8/2024
Les difficultés d'approvisionnement en minerai de cuivre font grimper le cours du métal qui atteint son plus haut point depuis 14 mois. Le déficit en cuivre sur le marché pourrait arriver plus vite que prévu. Difficile de dire quel est le moteur de la hausse sur le marché du cuivre, ce métal réputé pour refléter la santé de l'économie mondiale. Car comme souvent, il n'y en a pas qu'un seul. La période actuelle est d'abord marquée par une demande portée par des perspectives économiques favorables, comme l'explique un analyste de Commerzbank. Yves Jegourel, professeur titulaire de la chaire Économie des matières premières et transitions durables, au Conservatoire National des Arts et Métiers, confirme : « ces derniers mois, l'activité a repris en Chine et a créé les conditions d'une forte augmentation des cours ». Offre insuffisante Les craintes de voir l'approvisionnement baisser pèsent cependant de plus en plus lourd sur le marché : plusieurs sociétés minières telles qu'Anglo American ont en effet annoncé récemment une chute de leur production – les mines de Los Bronces au Chili et Quelleaveco au Pérou notamment –, voire un arrêt. C'est le cas de la mine de Cobre Panama, opérée par First Quantum. Cette fermeture pourrait, si elle devait devenir permanente, avoir un effet considérable, selon un rapport de la banque Natixis qui prévoit un marché sous tension en 2024 tant que la production de cette mine du Panama ne reprendra pas. Promesses zambiennes Le surplus en cuivre anticipé par certains experts dans les deux années qui viennent semble déjà ne plus être d'actualité. L'annonce de KoBold Metals de la découverte d'un important gisement de cuivre en Zambie – mine de Mingoba – ne devrait rien changer dans l'immédiat, relève Natixis : la production ne devrait pas débuter avant 2030, au mieux. Ces inquiétudes sur la disponibilité du minerai sont aussi alimentées par la réduction de l'activité des fonderies chinoises qui transforment le minerai en métal et qui ont décidé conjointement, au mois de mars, de ralentir le rythme. Tensions à court terme comme à long terme Contrairement à l'année dernière, les prévisions de court terme sur le marché du cuivre s'accordent aujourd'hui à nouveau avec celles de long terme : à savoir un marché déficitaire, car faute d'investissements miniers suffisants, l'offre sera très limitée dans les prochaines années alors que la demande ne devrait qu'augmenter en raison de la transition énergétique, grande consommatrice de cuivre. « Pour se rapprocher de l'équilibre dans ce contexte, le développement du recyclage s'annonce toujours aussi déterminant » rappelle un expert. À lire aussiLa Chine fait doubler les prix du gallium, petit métal stratégique

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La Chine fait doubler les prix du gallium, petit métal stratégique

4/7/2024
Les prix du gallium ont été multipliés par deux depuis que la Chine en a limité les exportations l'été dernier, dans un contexte de rivalité technologique avec les États-Unis. Mais malgré cette hausse, la demande n'a pas baissé, le gallium est trop stratégique dans l'industrie des semi-conducteurs. La décision chinoise annoncée en juillet 2023 a eu des conséquences immédiates. En août et septembre dernier, les exportations de gallium depuis la Chine ont presque cessé, pour reprendre ensuite, mais en deçà des flux habituels. L'Empire du Milieu a expédié un peu plus de 2 700 kg de gallium au cours des deux premiers mois de cette année, contre plus de 8 800 kg il y a un an pour la même période, selon l'agence Bloomberg. Cette perturbation de l'approvisionnement s'est accompagnée aussi d'une hausse des prix : ils ont plus que doublé en huit mois, avec un gallium qui se vendait à 575 dollars le kilo fin mars, livré à Rotterdam. Une hausse qui a pu être provoquée par la crainte de manquer et l'urgence de regarnir des réserves trop basses par rapport aux besoins. Car la demande n'a pas baissé : le gallium n'a pas vraiment de substitut, et son usage dans les technologies de pointe peut difficilement être réduit. Ultra-dépendance à la Chine Aux prix actuels, « la production et le raffinage de gallium sont devenus plus rentables » relève Raphaël Danino-Perraud chercheur associé à l'Ifri. Mais rien ne dit que cela suffise à redistribuer les cartes dans le secteur. Car une hausse des prix n'est pas forcément durable, par nature. Si adaptation il y a dans la filière, elle sera donc plus liée à une prise de conscience des pays occidentaux, qu'ils dépendent, aussi pour le gallium, dangereusement de la Chine. Une dépendance à deux chiffres puisque 97% du métal sous sa forme primaire - selon les chiffres du World Mining of Data - est produit dans l'Empire du Milieu. « Techniquement, l'Europe sait encore faire » En France, un groupe de travail s'est constitué à l'initiative de l'Observatoire français des ressources minérales pour les filières industrielles (Ofremi), après la décision chinoise, pour réfléchir à la mise en place d'une solution à l'échelle européenne. Même si depuis 2016 il n'y a plus de production de gallium primaire sur le continent, « techniquement l'Europe sait faire », assure Aurélien Reys analyste au Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) et pourrait dans les deux années qui viennent à nouveau produire du gallium par raffinage de bauxite, si l'approvisionnement des pays membres était en danger. À lire aussiLa Chine restreint les exportations de deux métaux rares

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Pour reconstituer ses stocks de blé, l'Inde en appelle aux négociants

4/4/2024
À la veille des élections parlementaires, l'Inde demande aux négociants en blé de ne pas se précipiter sur la nouvelle récolte : l'État a besoin de reconstituer au plus vite ses réserves, pour continuer à mettre en œuvre ses programmes d'aide aux plus démunis. Chaque année, l'État indien achète du blé sur les marchés locaux, via une agence gouvernementale, la Food Corporation of India. Ce blé est destiné à son programme alimentaire pour les populations les plus défavorisées. L'année dernière, cette entité publique n'a pu acquérir que 26 millions de tonnes sur les 34 qu'elle s'était fixée. Elle a donc été contrainte de puiser dans ses stocks qui sont tombés au plus bas depuis 2017. À la veille des élections législatives qui débutent le 19 avril, les autorités veulent donc reconstituer au plus vite les réserves nationales. Leur objectif est d'acheter plus de 30 millions de tonnes cette année sur les marchés de gros. Et pour que cela soit possible, elles appellent les opérateurs privés à la retenue, comme cela avait déjà été le cas en 2007. Selon l'agence Reuters, les négociants auraient été priés de ne pas se ruer sur la nouvelle récolte vendue à compter de ce mois d'avril, afin de permettre à la Food Corporation of India d'avoir la priorité. La consigne aurait même été passée aux chemins de fer sommés, notamment dans l'Uttar Pradesh, de ne pas mettre de wagons à la disposition des acheteurs privés durant ce mois. Objectif affiché : ne pas importer Cette stratégie permettra-t-elle à l'État de ne pas avoir recours aux importations de blé ? Cela dépendra des volumes récoltés et de l'attitude des agriculteurs, qui pourraient être réticents de vendre au prix proposé par l'agence gouvernementale. Selon une note du ministère américain de l'Agriculture (USDA), le pays pourrait redevenir un importateur de blé qui compte et être contraint d'acheter cette année 2 millions de tonnes sur les marchés internationaux. Mais ce n'est pas l'objectif affiché par le gouvernement. Le blé est une denrée éminemment politique et les agriculteurs indiens constituent un réservoir de vote qu'il ne faut pas froisser. En 2022, New Dehli avait déjà pris une autre mesure perçue comme électoraliste : l'interdiction de l'exportation de blé, pour éviter une flambée des prix intérieurs, à l'heure où les marchés craignaient de manquer de grains de la mer Noire. Une interdiction qui pourrait rester en vigueur au moins jusqu'aux élections.

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Russie: l'État vole au secours du groupe minier Alrosa en difficulté

4/3/2024
C'est le plus gros producteur de diamants en Russie, et l'un des leaders du marché mondial. Alrosa semble en difficulté. L'entreprise, frappée par des sanctions européennes depuis le début de l'année, a conclu un accord avec l'État : Moscou rachète une partie de sa production pour maintenir le groupe à flots. Tout est parti d'une fuite révélée la semaine dernière par Interfax, une agence de presse russe. Selon plusieurs sources proches du dossier, un accord a été trouvé entre Alrosa et l'État russe pour un rachat d'une partie de la production du groupe minier. C'est finalement le vice-ministre des Finances, Alexeï Moiseev, qui a confirmé l'information dans un communiqué. « L'État russe achètera régulièrement des diamants à Alrosa », a-t-il déclaré, sans préciser ni les quantités ni le montant de la transaction. Une annonce qui sonne comme un revirement, puisque le ministre lui-même avait annoncé en janvier dernier qu'il « ne s'attendait pas » à devoir mettre en place une telle opération. Le signe que les sanctions fonctionnent ? Alors concrètement, comment cela se déroule-t-il ? Les diamants sont achetés par Gokhran, un dépositaire public de pierres précieuses. Le tout avec les fonds de l'État, qui revendra la marchandise plus tard, lorsque le marché sera plus propice. C'est un processus assez courant en Russie. Déjà, lors de la crise de 2008, Moscou avait acheté pour 1 milliard de dollars de diamants à Alrosa, pour maintenir l'entreprise à flots. Mais cette fois-ci, l'opération interroge : serait-ce le signe que les sanctions contre les diamants russes commencent à fonctionner ? Les États-Unis en 2022, puis l'Union européenne, en début d'année, ont interdit l'importation des pierres d'Alrosa. « On pourrait l'analyser ainsi », confie un industriel du secteur. « Cela permettrait à Alrosa d'avoir suffisamment de cash pour voir venir », explique-t-il. Mais ce n'est pas la seule explication : le marché du diamant n'est pas porteur en ce moment. Les consommateurs américains et chinois ne sont pas au rendez-vous. Les ventes de De Beers, l'autre géant du secteur, sont en berne. « Cela pourrait expliquer le rachat de la production d'Alrosa », poursuit notre expert, qui ajoute qu'il est « encore trop tôt pour tirer les conséquences des sanctions contre les diamants russes ».

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