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L’actu des médias, les médias dans l’actu : tel est le propos de cette chronique qui se propose de décrypter ce qui change les médias à l’ère numérique - et donc la façon dont on est informé. Les évolutions technologiques, la crise des modèles classiques, les nouveaux vecteurs d'information... Tels sont quelques-uns des éléments qui seront explorés sur la planète média. Tout en couvrant les grands événements «médias» qui touchent la France, une attention particulière sera accordée à l'actualité internationale des médias, notamment intéressant les pays du Sud. La chronique pourra revenir aussi avec un regard critique sur la façon dont les médias couvrent certains évènements et sur la façon dont les médias sont eux-mêmes transformés par une actualité qui leur est propre. En partenariat avec le magazine «Stratégies».

Location:

Paris, France

Networks:

RFI

Description:

L’actu des médias, les médias dans l’actu : tel est le propos de cette chronique qui se propose de décrypter ce qui change les médias à l’ère numérique - et donc la façon dont on est informé. Les évolutions technologiques, la crise des modèles classiques, les nouveaux vecteurs d'information... Tels sont quelques-uns des éléments qui seront explorés sur la planète média. Tout en couvrant les grands événements «médias» qui touchent la France, une attention particulière sera accordée à l'actualité internationale des médias, notamment intéressant les pays du Sud. La chronique pourra revenir aussi avec un regard critique sur la façon dont les médias couvrent certains évènements et sur la façon dont les médias sont eux-mêmes transformés par une actualité qui leur est propre. En partenariat avec le magazine «Stratégies».

Language:

French


Episodes
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La Géorgie, un pays sous influence étrangère?

5/3/2024
En Géorgie, la loi sur « l'influence étrangère » menace la société civile et les médias indépendants, et provoque des manifestations à Tbilissi, la capitale. Des manifestations réprimées par la police anti-émeute et où il n'est pas rare que des journalistes indépendants soient pris à partie. L'un d'eux, Giorgi Baskhajauri, du média Aprili, a raconté au Monde qu'avoir été battu, il a été traité de « pédé » (sic) et qu'on lui a lancé : « Tu vas apprendre à être intelligent. » Le pouvoir tente de discréditer les manifestations en les assimilant à un « mouvement gay ». Mais s'il en va de mœurs, c'est bien de mœurs démocratiques qu’il s'agit. Car cette loi sur l'influence étrangère, qui doit être adoptée d'ici au 17 mai, semble être une copie conforme de la loi sur « les agents de l'étranger » qui a été votée en Russie, après le début de la guerre en Ukraine. Une loi qui visait à faire taire les médias indépendants ainsi que toute critique de la guerre. Une loi que l'on retrouve, à peu de choses près, au Kirghizistan et en Abkhasie, sous influence russe. À lire aussiGéorgie: un point de bascule? Esprit de contradiction ? Le gouvernement géorgien est pris dans une contradiction. D'un côté, il y a cette loi qui oblige les ONG recevant au moins 20% de financements étrangers à s'enregistrer, sous peine d'amende, en tant qu'« organisation servant les intérêts d'une puissance étrangère ». Un terme qui revient à les désigner comme des traitres ou des vendus. De l'autre, il y a l'aspiration majoritaire de la population à intégrer l'Union européenne. Le Premier ministre Irakli Kobakhidze n'y est pas insensible puisqu'il continue de promettre pour 2030 l'intégration à l'UE à laquelle le pays est candidat officiel depuis décembre. Seulement, Bruxelles a fait part de sa « grande inquiétude » en Géorgie et si la loi est adoptée, cela risque de compromettre le processus d'adhésion. À écouter aussiConflit en Géorgie: «Le pouvoir table sur le soutien d’une majorité silencieuse» Ingérences du pouvoir dans les médias publics La Géorgie fait partie des pays où la censure des médias s'est intensifiée, selon Reporters sans frontières. Dans le classement que l'ONG vient de publier, elle dégringole de la 77e à la 103e place et RSF parle pour ce pays de « mimétisme spectaculaire des actes de répression russe ». On constate des ingérences du pouvoir dans les médias publics, mais aussi la reprise en mains de la ligne éditoriale par des propriétaires amis, comme sur la chaîne Rustavi 2, ou des campagnes de dénigrement, comme sur la chaîne Imedi. La loi sur l'influence étrangère arrive après une première tentative, il y a un an et un retrait du texte sous la pression de la rue. Pourquoi ce retour, alors, de ce qu'on appelle la « loi russe » ? L'influence de l'oligarque Bidzina Ivanichvili, ancien Premier ministre qui a fait fortune en Russie, n'y est pas pour rien, alors qu'une réforme fiscale permettrait parallèlement de protéger ses avoirs.

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Italie: les journalistes de la RAI vent debout contre la censure

4/26/2024
Un appel à la grève a été lancé par les syndicats de journalistes à la RAI, la radiotélévision publique italienne, pour protester contre des ingérences politiques toujours plus nombreuses. La grève sera observée du 6 au 7 mai, à la suite d'un appel téléphonique du Premier ministre albanais Edi Rama. Il s'agit d'un proche de Giorgia Meloni, qui a passé avec elle un accord migratoire controversé, qui a appelé un rédacteur en chef de la RAI pour se plaindre d'un reportage. Le syndicat des journalistes Usigrai a appelé à la grève, faute d'avoir été rassuré par la direction à propos de cette intervention et des ingérences politiques sur l'antenne. Ce qui n'est guère étonnant, toute la direction ayant été reprise en mains par le pouvoir. Giampaolo Rossi, un proche de Giorgia Meloni, a été nommé directeur général de la RAI il y a un an. Même s'il y a une grande tradition de dépendance des patrons de la télé publique au gouvernement, les syndicats de journalistes dénoncent un contrôle toujours plus asphyxiant et le zèle de ses dirigeants. À lire aussiGiorgia Meloni met la main sur la Rai, l'audiovisuel public italien La censure d'un texte d'Antonio Scurati dénoncée Tout est arrivé samedi dernier. Antonio Scurati, qui a reçu le prix Strega, l'équivalent du Goncourt pour une trilogie sur Mussolini, est invité pour intervenir sur la chaîne publique Rai 3. En vue de l'anniversaire de la libération de l'Italie, le 25 avril 1945, il a prévu de lire un texte dans lequel il ferait le lien fondamental entre le fascisme historique et le populisme autoritaire du parti de Giorgia Meloni. Seulement, sur le chemin du studio, il reçoit un message annulant son intervention. Alors, Giorgia Meloni a affirmé qu'elle n'y était pour rien, que c'était une pure décision éditoriale, elle a même publié le texte de Scrurati sur sa page Facebook et laissé entendre que c'est la somme demandée par l'écrivain – 1800 euros – qui serait à l'origine du problème. Reste qu'il y a bien eu censure. Dans le texte lu à l'antenne par la présentatrice de l'émission, Serena Bortone, l'écrivain accusait Meloni ne jamais avoir répudié l'expérience fasciste. À écouter aussiAntonio Scurati, ascenseur pour les fachos La liberté d'expression menacée ? Honnêtement, non. C'est le 41e pays sur 180 dans le classement de Reporters sans frontières et il y a une large diversité d'opinions dans les médias. Mais il y a quand même des signes inquiétants, comme ce qu'on appelle la loi « Bâillon » qui vise à interdire toute reproduction d'une ordonnance de garde à vue. Une façon de se protéger d'enquêtes journalistiques. Ensuite, à la RAI, une série de Roberto Saviano sur la criminalité a été passée à la trappe. On peut dire que la loi européenne sur la liberté des médias, qui protège les rédactions des interférences politiques, sera bien accueillie à la RAI. À lire aussiItalie: les journalistes de l'agence Agi mobilisés pour défendre la liberté de presse

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En Inde, l’oligarchie au mépris du pluralisme dans les médias

4/19/2024
À l'occasion des élections législatives qui ont débuté vendredi, tour d'horizon des menaces qui pèsent sur le pluralisme et la liberté des médias en Inde. Il y a un mois, une figure majeure de l'opposition indienne, le ministre en chef de la région de Delhi, Arvind Kejriwal, a été arrêté et emprisonné pour corruption. Un prétexte, selon ses partisans, pour l'écarter de ces élections. Or, il y a une chaîne de télévision qui aurait sans conteste pu faire entendre sa voix contre ce type de procédé il y a encore 18 mois, c'est la New Delhi Television, la NDTV, qui était la dernière grande chaîne indépendante du pays. Seulement, à la fin 2022, la NDTV a été rachetée par Gautam Adani, un multimilliardaire proche du Premier ministre Narendra Damodardas Modi et elle a vu partir tous ses journalistes vedettes. « 99,9% des médias indiens vont maintenant faire l'éloge du gouvernement Modi », a prévenu Ravish Kumar, un ancien rédacteur en chef de NDTV. Gautam Adani, première fortune d'Asie, a construit son empire dans les pas de Narendra Modi lorsqu'il était à la tête de l'État du Gujarat. Et l'autre grand propriétaire de médias, Mukesh Ambani, à la tête du groupe Reliance, est aussi un ami personnel du Premier ministre. Son groupe touche 800 millions d'Indiens avec 70 médias. À écouter aussiReliance: Mukesh Ambani, l'insatiable tycoon indien Une très mauvaise place dans le classement de Reporters sans frontières L'Inde hérite désormais de la 161ᵉ place sur 180 au classement mondial sur la liberté de la presse de Reporters sans frontière, peu après la Russie – ce qui est rarissime dans une démocratie. L'Inde a d'ailleurs perdu 21 places en dix ans depuis l'arrivée au pouvoir de Modi. L'oligarchie a eu raison du pluralisme. Et ce n’est pas le seul problème : 29 journalistes ont aussi été tués depuis 2014, neuf sont emprisonnés et on ne compte plus les mesures de répression, de censure ou d'espionnage. Même les médias étrangers ne sont pas à l'abri, comme on l'a vu avec l'expulsion de Vanessa Dougnac, une correspondante française depuis plus de vingt ans. À lire aussiInde: des journalistes ciblés par le logiciel espion Pegasus, selon Amnesty International Une censure qui s'exprime aussi sur Internet L'Inde est aussi devenue la championne du monde des coupures d'accès à internet, selon RSF. Ce qui favorise les infox et la désinformation en période électorale. Mais le pouvoir sait aussi user des réseaux alors que 700 millions d'Indiens ont moins de 30 ans et que la moitié de la population a accès au web. Il profite de la très grande notoriété de Modi, qui a plus de followers sur X que Donald Trump, pour attirer des influenceurs dans les filets de son parti, le BJP. Certains sont payés, d'autres sont des stars des réseaux qui tirent profit d'un post de Modi diffusant leur musique, par exemple depuis un temple hindou. Ils influencent à leur tour des micro-influenceurs qui finissent par relayer la bonne parole du gouvernement. Si bien que la crainte existe d'une élection... sous influence. À lire aussiInde: un service du ministère de l'Information autorisé à censurer les réseaux sociaux

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La réforme de l’audiovisuel public français à nouveau en débat

4/12/2024
Retour sur la réforme de l’audiovisuel public voulue par la ministre de la Culture, Rachida Dati. C'est une réforme qui marque le retour d'un serpent de mer : celui d'une BBC à la française. De quoi s'agit-il ? Et bien, tout simplement de réunir les forces de France Télévisions, Radio France et France Médias Monde, groupe auquel appartiennent Radio France Internationale, France 24 et Monte Carlo Doualiya, avec en plus l'intégration de l'Institut national de l'audiovisuel pour les archives. L'idée était déjà dans les tuyaux en 2020 lorsque Franck Riester était ministre de la Culture avec l'idée de créer une gouvernance commune à ces entités avant d'être interrompue par le Covid-19. Depuis sa nomination en janvier, Rachida Dati a déclaré sa volonté politique d'arriver vite à une telle réforme pour donner plus de poids à l'audiovisuel public, dans un monde transformé par l'arrivée des plateformes numériques. Quelle gouvernance pour quel périmètre ? Il s'agit de créer une holding publique qui pourrait s'appeler France Médias sur le modèle esquissé par le rapport et la proposition de loi de Laurent Lafon, adoptée par le Sénat en juin 2023. Ce qui veut dire qu'un PDG serait nommé pour cinq ans par le régulateur, l'Arcom, sur proposition du conseil d'administration de la société, pour présider la société commune et veiller à des coopérations renforcées entre ses différentes filiales. Pour Rachida Dati, ce sera l'occasion de mettre en place des services transversaux et de favoriser les synergies, voire les fusions, dans trois domaines clés : l'information, la proximité et le numérique. France Télévisions et Radio France sont au cœur de la réforme et deux nominations la semaine dernière montrent la voie. Celle de Jean-Philippe Baille, qui est en charge de France Info et qui devra réunir encore davantage les forces pour en faire un média puissant, aussi bien en télévision qu'en radio ou sur le numérique. Celle ensuite de Xavier Riboulet qui devra « approfondir les rapprochements » sous la marque « Ici » entre la chaîne France 3 et les radios locales France Bleu. Des réticences, des syndicats jusqu'aux anciens ministres de la Culture Le financement de l'audiovisuel public est lié à l'avancement de cette réforme. Rachida Dati a bien dit qu'elle se faisait fort d'obtenir un financement pérenne par la prolongation d'un prélèvement sur la TVA, à condition que la réforme se mette en place. Ce qui n'empêche pas les réticences des syndicats et même des anciens ministres de la Culture, qui ont fait part de leurs critiques à l'idée d'une holding commune qui pourrait engendrer des surcoûts dans un premier temps. Mais Rachida Dati semble bien décidée à aller au bout, avec un examen dès le mois de mai à l'Assemblée de la proposition de loi déjà votée au Sénat. À lire aussiMédias de service public, médias privés et médias d’État: comprendre leurs différences

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La chaîne Al-Jazeera en passe d'être interdite en Israël

4/5/2024
Le Parlement israélien a voté, lundi 1er avril, une loi permettant d'interdire la diffusion en Israël de médias étrangers portant atteinte à la sécurité de l'État. Ce texte vise un média en particulier : la chaîne qatarienne Al-Jazeera. Ceux qui attendaient un sursaut démocratique en seront pour leurs frais : ce n’est pas un cessez-le-feu que la Knesset a voté le 1er avril par 71 voix contre 10, mais l’interdiction d’Al-Jazeera, à travers une loi accordant au gouvernement le pouvoir de fermer les médias étrangers portant atteinte à la sécurité de l’État. Alors bien sûr, Benyamin Netanyahu s’est empressé de dire qu’il allait agir immédiatement pour arrêter cette chaîne, qu’il qualifie de « terroriste » et qui est regardée par les 21% d’Israéliens arabes. Il a accusé Al-Jazeera d’être un organe de propagande du Hamas et même d’avoir participé aux massacres du 7 octobre. Des accusations qualifiées de « mensonges dangereux et ridicules » par la chaîne qatarienne. Et qui n’estompent pas une réalité : Al-Jazeera est une cible. On se souvient de la présentatrice vedette Shireen Abu Akleh tuée en Cisjordanie en 2022, ou du tir de char israélien en octobre dernier au sud Liban qui a tué un journaliste de Reuters et blessé deux reporters d’Al-Jazeera. Puis, c’est le chef du bureau de la chaîne à Gaza qui a été blessé par une frappe qui a tué un de ses cameramen. Son fils et un autre journaliste, qui travaillaient tous deux pour Al-Jazeera, ont aussi été tués en janvier par une frappe aérienne en étant accusés, déjà, d’être des « agents terroristes ». À lire aussiIsraël: Benyamin Netanyahu indique qu'il va «agir immédiatement» pour interdire al-Jazeera en Israël Une chaîne qui dérange l'armée israélienne L'ONG Reporters sans frontière demande aux autorités israéliennes de cesser leur « acharnement violent » contre Al-Jazeera. La Maison Blanche comme l’Union européenne ont jugé « préoccupante » la nouvelle loi visant Al-Jazeera. Alors, on peut bien sûr reprocher à la chaîne d’être proche des intérêts du Qatar. Ses détracteurs disent qu’elle parle de « martyrs » à propos de combattants palestiniens ou que la chaîne en arabe est très différente de la version en anglais, en diffusant des vidéos du Hamas. Mais les journalistes savent que c’est surtout une chaîne d’information qui dérange l'armée israélienne, car elle est la seule à documenter l’ampleur des souffrances et des pertes civiles à Gaza. Elle le fait d’ailleurs avec une grande crédibilité, puisque c’est elle qui a fourni en octobre les images prouvant qu’un bombardement de l’hôpital Al Alhi Arabi n’était pas le fait de l’armée israélienne. En fait, estime dans Mediapart Claire Talon, auteure d’un livre sur Al-Jazeera et chercheuse au Centre arabe de recherche et d’études politiques de Paris, la rédaction de la chaîne « jouit d’une grande liberté et représente un spectre politique large ». Elle a fait de la Palestine, dit-elle, le cœur d’un contre-récit à la vision occidentale en « représentant la violence vécue dans le sud et invisibilisée en Occident ».

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L'élection de Bassirou Diomaye Faye, une nouvelle ère pour les médias au Sénégal?

3/29/2024
Revue en détail du paysage médiatique et de l’état de la liberté de la presse au Sénégal, près d’une semaine après l’élection de son président Bassirou Diomaye Faye. En un an, le Sénégal a perdu plus de trente places pour se situer à la 104e position du classement mondial de la liberté de la presse, selon Reporters sans frontières. l'ONG estimait juste avant l’élection que « la presse sénégalaise vit ses années les plus sombres depuis 2021 avec des arrestations de journalistes, des suspensions de médias, des blocages d’accès à Internet, etc ». L’organisation vient d’ailleurs de publier dix recommandations pour améliorer la situation. Elle suggère notamment une loi garantissant l’accès à l’information, l’indépendance de l’audiovisuel public, une meilleure gouvernance de la publicité ou une régulation des plateformes numériques. Mais l’essentiel de ces « dix points » concerne la sécurité des journalistes pour empêcher les menaces ou les violences à leur encontre, notamment pendant les manifestations, et surtout pour en finir avec les peines de prison et les amendes exorbitantes. RSF demande aussi d’abandonner les charges qui pèsent contre les journalistes Pape Alé Niang, Serine Saliou Guèye et Pape Ndiaye, tous en liberté provisoire. À lire aussiLa liberté de la presse a le plus reculé en Afrique, selon le classement de RSF Les médias, un reflet de la vie démocratique du pays Le Sénégal est une démocratie ancienne où l'on trouve 27 quotidiens, essentiellement à Dakar et une vingtaine de chaînes de télé comme de radios généralistes. On trouve aussi une presse en ligne très active et des chaînes d’info sur internet qui donnent la parole à un large spectre politique alors que la télévision publique nationale suit en particulier les activités du pouvoir. La Haute autorité de régulation est d’ailleurs dépendante du chef de l’État qui a le pouvoir de nommer ses membres. Mais sous la présidence de Macky Sall, il n’y avait même pas besoin du régulateur pour interdire une chaîne. Plusieurs fois, la chaîne Walf TV a ainsi été coupée sur ordre du ministère de la Communication pour avoir diffusé des images de manifestations. Elle a ainsi été accusée d’« inciter à la violence ». Il s’agissait de manifestations de soutien à Ousmane Sonko, le leader de l’opposition accusé de viol, acquitté pour ce motif, mais condamné pour « corruption de la jeunesse ». Il a ensuite été condamné dans une autre affaire pour diffamation contre le ministre du Tourisme, ce qui l’a rendu inéligible pour cette présidentielle. Quelle sera la politique de Bassirou Diomaye Faye à l’égard des médias ? Il a déjà annoncé une loi sur la protection des lanceurs d’alerte. Et peut-être que lui, qui a connu la prison, sera sensible à la question de la privation de liberté pour les journalistes, toujours autorisée par le code de la presse au Sénégal. À lire aussiSénégal: de qui Bassirou Diomaye Faye va-t-il s’entourer pour mener son projet ?

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Élections européennes: quand le spectre de l'IA plane sur la manipulation de l'information

3/16/2024
Retour sur le risque d’ingérences étrangères et de manipulations de l’information avant les élections européennes, en particulier via l’intelligence artificielle. L’IA, oui, et surtout l’IA générative, qui peut être un outil au service d’États étrangers qui cherchent à perturber les élections européennes du 9 juin. On pense évidemment à la Russie, car il y a des précédents. En septembre dernier, avant les élections en Slovaquie qui ont porté le pro-russe Robert Fico au pouvoir, une journaliste, Monika Todova, a été victime d’un hypertrucage de sa voix dans une fausse conversation avec le dirigeant du parti progressiste slovaque. L’avant-veille du scrutin, cette mise en scène à base d’IA, qu’on appelle aussi deepfake, a été abondamment partagée sur les réseaux sociaux pour faire croire à l’organisation d’une fraude électorale. Le procureur a ensuite ouvert une enquête pour diffamation alors que la police refusait d’enquêter. Mais Reporters sans frontières voit dans cette affaire un signal d’alarme : il est « impératif », dit RSF, de mettre nos démocraties à l’abri de ces manipulations en créant un délit spécifique de deepfake avec des sanctions pénales. RSF appelle à « un new deal pour le droit à l’information ». Elle demande notamment un plan européen sur l’intelligence artificielle qui passe par la création d’un modèle de langage de l’UE pour l’IA dans les médias et que soit imposé aux algorithmes une obligation de promouvoir des sources fiables. Le règlement numérique européen (DSA) ne prévoit-il pas déjà des mesures de prévention ? Si, bien sûr, le DSA dit que les très grandes plateformes et les moteurs de recherche doivent garantir « un marquage bien visible pour garantir qu’un élément d’information généré soit reconnaissable ». Et en février, les entreprises Google, Meta, TikTok et Microsoft se sont engagées à labelliser les images générées par l’IA. Est-ce que ce sera suffisant ? En fait, la prolifération des fausses informations passe par la viralité, et il est déjà bien tard quand elles sont retirées. C’est pourquoi le Forum sur l’information et la démocratie appelle les plateformes à favoriser un système d’infos certifiées, et adapté à l’IA, avec des normes qui garantissent l’authenticité et la provenance, bref une sorte de traçabilité des contenus, un peu comme dans l’alimentaire. Il y a urgence : une étude de Sopra Steria, publiée mardi, montre que 74% des personnes interrogées estiment être capables de faire le tri entre les vraies et les fausses infos, mais que les deux tiers adhèrent en parallèle à une infox testée dans l’étude. Comme dit David Colon, professeur à Sciences Po, face aux ingérences russes : « La France est un ventre mou, car il y a une trop faible confiance dans les institutions, le processus électoral et les médias. »

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Gaza: les chiffres, les images et les mots

3/1/2024
La Chronique des médias de cette semaine aborde la difficulté à donner la mesure de la guerre à Gaza à travers les chiffres, les mots et les images. 30 000, c’est le nombre de morts à Gaza que Libération a publié à sa Une, jeudi, dont les deux tiers de femmes et d’enfants. Il s’agit là, dit le journal, d’un chiffre du ministère de la Santé du Hamas, considéré comme fiable par les médias comme par les Israéliens, mais qui est « probablement sous-estimé », précise Libé, si on considère ceux qui meurent ensevelis dans les décombres ou enterrés à la hâte. Aussitôt, l’ambassade d’Israël àParis a accusé Libération d’être « le porte-voix d’un mouvement terroriste islamiste ». Et elle a fourni un autre nombre : celui de « 14 000 terroristes neutralisés par Tsahal », ce qui en matière de terrorisme va au-delà de toute limite. Difficulté donc à s’entendre sur les chiffres, mais aussi sur les faits. Des tirs sur la foule rassemblée pour un convoi humanitaire à l’ouest de Gaza City ont provoqué jeudi plus de 110 morts. Ces tirs proviennent de chars israéliens, mais ils n’étaient que de sommation, selon Tsahal, qui réplique à des vidéos amateurs par des images de drones, version contre version. À l’Élysée, il a été décidé de durcir le ton. Emmanuel Macron a tweeté sa « profonde indignation face aux images qui nous parviennent de Gaza où des civils ont été pris pour cible par des soldats israéliens ». À lire aussiÀ Gaza, entre bombardements et espoirs de trêve: «Cette guerre va bien finir par s’arrêter» L'évidence de la famine Les mots et les images peinent aussi à rendre compte de l’ampleur de la catastrophe pour la simple raison qu’Israël organise un blocus à Gaza en ne laissant pas entrer les journalistes occidentaux. Résultat, on a des images, oui, mais ce sont celles de reporters ou de vidéastes palestiniens, ce qui permet à Tsahal de dire qu’il y a un prisme, que le Hamas n’est pas loin. Bien sûr, devant l’ampleur des destructions, l’évidence de la famine et des déplacements forcés, les images parlent. Ce sont aussi parfois des vidéos indécentes de soldats israéliens posant devant les décombres. Mais les mots ne suivent pas toujours. Pour porter les plumes dans les plaies, les rédactions du Monde ou de Libération racontent les vies de gens tués. Ce sont des journalistes, des femmes, des enfants, un agent de l’institut français, dont on retrace la vie, les derniers moments, en joignant leurs proches par les réseaux. On cherche à humaniser, à montrer la vie et la souffrance qu’il y a derrière les grands nombres. Mais mesure-t-on bien pour autant la responsabilité historique d’un État réputé démocratique dans ces morts, ces destructions, ces déplacements, cette famine ? On peut en douter en voyant le peu de cas fait en France à la plaidoirie de l’Afrique du Sud dans son accusation de génocide devant la Cour internationale de Justice. À lire aussiGaza: le récit glaçant de la mort de Hind par les opérateurs du Croissant-Rouge

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Ces outils d'IA générative qui bouleversent le monde des médias

2/23/2024
Les tout derniers outils d’intelligence artificielle d’Open AI ou de Google viennent bouleverser le monde des médias Elles s’appellent Sora ou Gemini, et ce sont les dernières innovations de l’IA, prometteuses à la fois en termes de création, de publicité et de désinformation. Alors commençons par Sora, la dernière prouesse d’Open AI, qui n’est pas encore disponible pour le grand public. Sora, c’est ce générateur de vidéos capable de produire des scènes complexes, avec un ou plusieurs personnages, des mouvements réalistes et des décors fantaisistes ou au contraire ressemblant à la réalité. Dans le monde des influenceurs sur les réseaux sociaux, l’outil intéresse beaucoup, car ce peut être l’occasion de se mettre en scène dans un monde de rêve ou même de créer son avatar. En Chine, certains influenceurs ont déjà eu l’idée de se servir de l’IA pour se faire remplacer par eux-mêmes, ou plutôt par leur copie parfaite, ce qui leur permet d’assurer les cadences d’animation de ventes par internet avec un même dynamisme. Google est aussi en pointe à la fois pour Youtube et pour la publicité Google ne peut pas laisser les Youtubeurs se détourner de sa plateforme vidéo. Il a donc créé en septembre Dream Screen qui permet d’ajouter des arrière-plans ou des décors en composant à partir de sa base d’images. Côté publicité, Google a annoncé jeudi qu’il allait intégrer Gemini, son modèle d’IA de dernière génération, à son outil de gestion publicitaire. À partir de mars, les petits annonceurs pourront créer des pubs avec du texte et des images sans avoir à tourner de séquence. Google se charge de proposer des créations publicitaires correspondant à nos requêtes sur le moteur de recherche qui seront automatiquement générées. Et dans l’audiovisuel et le monde de l’information, c’est aussi un tremblement de terre, parce que d’une part, on peut très bien imaginer une multiplication des décors ou des univers de fiction entièrement produits par l’IA, comme dans le film Avatar 2. Les diffuseurs et producteurs y voient déjà des sources d’économies. Ensuite, parce qu’on peut montrer ou faire dire n’importe quoi à une vidéo. On l’a vu avec Emmanuel Macron, lorsqu’une constellation de sites et de comptes pro-russes ont repris des images où on le voyait justifier l’annulation de sa visite à Kiev, en raison d’un projet d’attentat ukrainien. Bien sûr, tout cela était une manipulation qu’il a été facile de démonter. Mais que faire quand les rédactions ne peuvent pas suivre le rythme en raison d’une prolifération d’infox de ce genre ? Et que faire quand la fausse vidéo poursuit sa route sur les réseaux sans être mise à jour efficacement ? à quelques semaines des élections européennes, cela inquiète. À lire aussiIntelligence artificielle : de quoi parle-t-on vraiment ?

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CNews entraîne de nouvelles règles sur le pluralisme

2/16/2024
Cette semaine dans la Chronique des médias, la décision du Conseil d’État sur la chaîne d’information CNews, du groupe Canal+, qui rebat les cartes sur le contrôle du pluralisme des médias en France. Le Conseil d’État avait été saisi par Reporters sans frontières (RSF) après le refus de l’autorité de régulation, aujourd’hui l’Arcom, de mettre en demeure CNews de respecter le « pluralisme des courants de pensée et d’opinion ». Nous sommes alors en novembre 2021, le mois même où Eric Zemmour devient un candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle après avoir été un animateur quotidien sur CNews. L’Arcom a déjà mis en garde la chaîne pour une infographie favorable à Zemmour, mais elle assure ne pas pouvoir aller plus loin s’il apparaît soutenu à l’antenne. La loi sur l’audiovisuel de 1986 ne lui permet de ne prendre en compte, dit-elle, que le temps de parole des personnalités politiques. Et c’est sur ce point que le Conseil d’État diverge : il estime que le régulateur doit apprécier « l’ensemble des participants » aux émissions, « y compris les chroniqueurs, animateurs et invités ». Une nouvelle lecture de la loi qui fait jurisprudence ? En effet, car c’est alors valable pour tous les médias audiovisuels. C’est ce qui fait dire à Laurence Ferrari, une présentatrice de CNews : « vivement qu’une telle attention soit portée sur tous les autres médias, y compris les chaînes publiques ». Sitôt la décision annoncée, la chaîne et les médias du groupe Bolloré se sont mis en ordre de bataille pour dénoncer une « censure » ou une « dictature de la pensée ». À écouter aussiRoch-Olivier Maistre, l'Arcom et les enjeux de la régulation à l'ère numérique Ils ont été rejoints à droite par les présidents du parti Les Républicains et du Rassemblement national qui savent qu’ils ont beaucoup à perdre. Car si le Conseil d’État ne valide pas l’idée poussée par RSF que CNews est une chaîne d’opinion, il juge que le régulateur doit regarder l’ensemble des conditions de fonctionnement de la chaîne pour évaluer l’indépendance de son information. Ce qui veut dire un contrôle renforcé de CNews non seulement sur le pluralisme, mais aussi sur son lien avec Bolloré. La crainte d’un étiquetage politique des journalistes S'il y a la crainte d’un étiquetage politique des journalistes, cela semble peu probable, car ce serait la « police de la pensée », comme dit l’Arcom. En réalité, le Conseil d’État laisse au régulateur six mois pour réexaminer la question CNews, dont la fréquence sur la TNT est par ailleurs remise en jeu. On peut espérer qu’au moins pendant cette période, la chaîne rééquilibre ses intervenants et laisse s’exprimer une plus grande diversité de points de vue. Après tout, une chaîne repose sur une fréquence gratuite qui est un bien public et qui suppose le respect d’obligations internes en termes d’équilibre éditorial. Sinon, elle peut très bien aller sur internet pour s’affranchir de toute contrainte.

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La presse américaine dans une situation alarmante

2/9/2024
La presse aux États-Unis est confrontée à des mouvements de grève après plusieurs vagues de licenciements. En décembre, c'est le Washington Post, propriété de Jeff Bezos, qui s’est mis en grève pendant 24 heures pour protester contre un plan de départs volontaires touchant près de 10% des effectifs, soit 240 personnes. Les journalistes pointaient aussi le fait que leurs salaires n’augmentaient pas malgré l’inflation, et que beaucoup étaient contraints de partir ou d’abandonner le métier. En janvier, c’est au tour du Los Angeles Times de connaître sa première grève depuis sa fondation en 1881, après l’annonce d’un plan social touchant 115 salariés. Soit un cinquième des effectifs, et ce, malgré le rachat du titre par un milliardaire de la biotech Patrick Soon-Shiong. À lire aussiÉtats-Unis: vague de licenciements dans les médias sur fond de crise économique Au même moment, on apprenait que le magazine Sports Illustrated se séparait de la moitié de ses salariés et se tournait vers l’intelligence artificielle pour produire des contenus. Quant au groupe Condé Nast, ses employés ont, eux aussi, débrayé le mois dernier pour protester contre un plan de départs portant sur 5 % des effectifs, soit 300 personnes, avec à la clé la fusion de deux magazines GQ et Pitchfork. Ces mouvements sociaux se retrouvent maintenant dans la presse régionale Début février, sept rédactions du même groupe, au Chicago Tribune, au Orlando Sentinel ou au Virginian Pilot, ont aussi débrayé en raison de salaires insuffisants et d’inquiétudes sur leur épargne retraite par capitalisation. En cinq ans, le Chicago Tribune comme le Orlando Sentinel ont perdu près de la moitié de leur rédaction. Ce qui veut dire une charge de travail de plus en plus lourde pour une rémunération qui ne bouge pas. Le bilan de la presse locale aux États-Unis est alarmant. Il suffit de regarder les chiffres de la Northwestern University : 1 477 quotidiens en 2005, 1 213 l’an dernier, soit 160 de moins. Sur 8900 publications au global, un tiers a disparu. Et on ne compte qu’un peu plus de 30 000 journalistes, contre 75 000 en 2005. Au fond, il se passe un peu ce qu’il s’est passé dans la radio : les médias les plus informatifs, les plus progressistes aussi, sont fragilisés. Au contraire, les médias plus conservateurs et populistes, pro-Trump, s’en sortent mieux. Cela inquiète des fondations philanthropiques pro-démocrates qui commencent à injecter de l’argent pour sauver ce qui peut l’être. Selon le State of Local News, c’est dans les zones suburbaines ou rurales, soit la moitié des comtés aux États-Unis, qu’on trouve les déserts de l’information, propices à la circulation des infox et des discours populistes.

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L’ambition africaine de Canal+

2/2/2024
Le groupe Canal+ a annoncé son intention de racheter le groupe de télé payante sud-africain Multichoice. Une nouvelle étape dans son développement en Afrique. MultiChoice c’est jusqu’à présent, avec le chinois Star Times, le grand concurrent de Canal+ sur le continent. Avec une caractéristique : l’opérateur sud-africain est présent en Afrique anglophone et lusophone, dans sept pays, là où Canal+ s’impose sur toute l’Afrique francophone. C’est donc la possibilité d’un développement très complémentaire pour le groupe français. Un groupe qui connaît bien MultiChoice puisqu’il est déjà entré dans son capital, il y a trois ans, qu’il a pris de plus en plus de poids jusqu’à devenir son premier actionnaire avec un tiers des actions et un milliard d’euros investis. Les deux groupes ont aussi multiplié les passerelles en réalisant des coproductions originales, comme sur Spinners, une série sur le monde des gangs autour de Cape Town, qui est emblématique des ambitions de Canal sur le continent. Canal+ cherche à grossir en taille en s’appuyant sur l’Afrique Actuellement, le groupe compte 26 millions d’abonnés avec ses développements en Europe ou au Vietnam. C’est à la fois beaucoup et très peu face aux plateformes mondiales comme Netflix, Amazon Prime Video ou Disney+. Amazon produit d’ailleurs autant de films et de séries que Canal sur le continent. L’idée est donc de s’appuyer sur MultiChoice et ses vingt millions d’abonnés pour presque doubler de taille et passer rapidement les 50 millions de clients. Pour cela, Canal met sur la table un milliard et demi d’euros et est prêt à laisser la société cotée à Johannesburg. Il n’est pas tout à fait sûr que les Sud-africains acceptent de perdre le contrôle de leur groupe. Mais les Français ont quelques arguments : d’abord une prime de 40% sur l’action et ensuite la possibilité donnée au sport et à la création audiovisuelle sud-africaine de toucher l’ensemble du continent. À lire aussiMédias: pourquoi le groupe français Canal+ veut racheter le sud-africain MultiChoice Les Américains de Comcast pourraient aussi avoir leur mot à dire Eux aussi sont entrés dans MultiChoice, mais par la petite porte, si je puis dire, en prenant 30% de sa plateforme de streaming ShowMax. Alors, Comcast, le groupe de NBC Universal, ne peut pas rentabiliser son investissement en s’appuyant sur des synergies africaines comme Canal. Mais il pourrait toujours faire une contre-offre s’il pense qu’un développement continental est incontournable. Pour l’heure, ce n’est pas le cas. Seule Bolloré voit dans l’Afrique une occasion de vendre des abonnements à de la télé, mais aussi à la fibre pour des accès internet à très haut débit. Cette fois, il s’agit pour lui de passer d’une télé de l’artisanat à un service d’industrie lourde.

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Le double langage d’Elon Musk

1/26/2024
Cette semaine, la chronique des médias parle du double discours d’Elon Musk, le propriétaire de X, à propos de la lutte contre l’antisémitisme et l’expression de la haine en ligne. Le 22 janvier, on a pu voir le milliardaire en visite à Auschwitz, tenant son enfant sur les épaules, comme dans un parc d’attraction. Comme le relate Daniel Schneidermann, auteur de Berlin 1933 et fondateur d’Arrêt sur Images, il donne ensuite une interview dans laquelle il estime qu’à l’époque du nazisme, son réseau X, l’ancien Twitter, aurait sauvé des Juifs, voire les Juifs, suivant la traduction. Selon la Jewish Telegraphic Agency, il répondait à une vidéo qui imaginait un message d’alerte sur X après un massacre dans une synagogue. Impossible alors de cacher le crime de masse, les nazis n’auraient pas pu empêcher la transmission de l’information par leur censure de la presse. Seulement, comme le note cette même agence, « les nazis étaient passés maîtres dans l’art d’utiliser les médias existants pour faire valoir leurs arguments contre les Juifs ». Nul doute, pour pousser l’uchronie jusqu’au bout, qu’un Goebbels se serait délecté de nos réseaux sociaux. La déclaration d’Elon Musk entre en contradiction avec ses actes. Et pas seulement parce que Musk est l’auteur d’un tweet, en novembre, approuvant un discours ouvertement complotiste et antisémite. Pas seulement parce que le nombre de messages contre les Juifs a doublé sur X depuis qu’il en a pris le contrôle, ce qui a d’ailleurs valu au réseau la désertion de grands annonceurs. Non, si Musk ne peut pas se prévaloir d’un rôle de vigie contre la barbarie, c’est parce qu’il refuse de mettre un frein au déversement de la haine en ligne. Rappelons qu’il a n’a pas souscrit aux règles sur l’information de l’Union européenne, ce qui a déclenché une enquête de Bruxelles, et qu’il a joué un rôle crucial dans la prolifération de fausses nouvelles pendant le conflit Israël-Hamas. Elon Musk propose aussi de payer les frais de justice des internautes qui seraient poursuivis par une loi contre la haine en ligne en Irlande. Cette loi irlandaise a été décidée après des émeutes, en novembre, alimentées en particulier par des comptes d’extrême droite. Son but est d’obliger les plateformes à retirer les messages haineux ou incitant à la violence, comme le prévoit d’ailleurs le règlement numérique européen. Mais pour Musk, c’est là une censure intolérable. Au nom de la liberté d’expression, il propose donc de payer les recours contre les poursuites engagées. Alors, pour revenir au nazisme, on peut douter avec Schneidermann que le monde sous X soit plus sûr. D’ailleurs, le massacre des Palestiniens à Gaza est su et documenté par les réseaux sociaux. Au mieux, il suscite l’indignation.

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«Complément d'enquête» impute à Jordan Bardella un compte Twitter anonyme aux propos racistes

1/19/2024
Diffusée jeudi 18 janvier, l'émission Complément d'enquête sur France 2 consacrée à Jordan Bardella, le président du Rassemblement national, a provoqué la fureur du parti qui parle de « manipulation grossière ». Vous vous souvenez peut-être de l'affaire Mehdi Meklat, ce jeune chroniqueur de France Inter, ancien du Bondy Blog, qui avait fait scandale en 2017 après une série de tweets ouvertement racistes, antisémites ou homophobes qu'il avait publiés sous le pseudonyme de Marcelin Deschamps. Il avait accusé la fachosphère d'être à l'origine de sa disgrâce. Selon Complément d'enquête, au même moment, entre 2015 et 2017, Jordan Bardella publiait lui aussi sur Twitter, sous le pseudo RepNat du Gaito, des messages racistes, homophobes ou insultants des journalistes. Sur ce compte, une photo de la piscine de Créteil est assortie du commentaire « la mer Noire » et l'antisémite Alain Soral qualifié de « grand sociologue » et paraphrasé en ces termes « un journaliste est soit un chômeur, soit une pute ». Plus grave encore, en plein procès aujourd'hui sur les violences policières contre Théo Luhaka, un dessin représentait la victime une semaine après le drame, avec une matraque enfoncée dans l'anus et le slogan détourné « Je suis Théo ». Des révélations que nie Jordan Bardella Jordan Bardella nie être l'auteur de ces tweets. Il affirme qu'il n'a qu'un compte Twitter. Il a d'ailleurs mis en demeure France Télévisions et annoncé des poursuites. Seulement, Tristan Waleckx, le présentateur de l'émission que nous avons joint vendredi 19 janvier, est formel : « On est sûr de nous à 100% », dit-il. « On a des témoignages, mais aussi des éléments matériels ». Le reportage de Pierre-Stéphane Fort mentionne trois sources anonymes. Libération en invoque deux autres qui confirment la version du journaliste. Un détail est assez révélateur : ce compte sous pseudo de RepNat du Gaito, selon Libération, n'avait que 54 abonnés, dont Marine Le Pen qui s'est discrètement désinscrite en milieu de semaine quand l'émission a publié ses premières images sur les réseaux sociaux. Une image écornée de la normalisation du RN ? Cela peut-il nuire à l'image de celui qui sera aussi le candidat du RN aux élections européennes ? Ce qui est sûr, c'est que ça rompt avec sa stratégie de normalisation, d'autant que le reportage explique bien que ce jeune homme lisse et sans aspérité a été choisi par Florian Philippot, l'ancien vice-président du parti et façonné par l'ex-journaliste Pascal Humeau pour apporter un récit d'homme sans casserole originaire de Saint-Denis. Or, on le découvre proche de Jean-Marie Le Pen qu'il ne jugeait pas antisémite sur un plateau TV et assistant parlementaire européen, tout en étant dans l'organigramme du RN, ce qui le rend plus proche de l'affaire. Des soupçons d'emplois fictifs sur fonds européens qui valent à Marine Le Pen une mise en examen. À lire aussiReportage polémique de «Complément d’enquête» sur le président du RN

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Quand la désinformation électorale prend de l'ampleur

1/13/2024
La désinformation est devenue une variable de plus en plus importante lors des élections. On le voit à Taïwan, comme on peut le craindre en Europe ou aux États-Unis cette année. C’est une infox archi-classique que l’on a déjà vu à l’œuvre lors des élections en RDC à propos d’un candidat dit « de l’étranger. » Cette fois, il s’agit de Hsiao Bi-khim, la colististière du candidat Lai Ching-te. Elle apparaît dans plusieurs vidéos sur TikTok comme une étrangère, ce qui la rendrait inéligible alors qu’il a été prouvé qu’elle avait abandonné la nationalité américaine il y a des décennies. Ce n’est qu’un exemple de cette désinformation électorale derrière laquelle de nombreux Taïwanais voient la main de la Chine. Mais ce qui inquiète, c’est aussi le recours à l’intelligence artificielle générative qui peut rendre quasi indétectable les deepfakes, ces vidéos où on peut faire dire ce qu’on veut à un responsable politique en dupliquant sa voix et le mouvement de ses lèvres. Signe qui ne trompe pas, dans ces vidéos réactives et trompeuses, ce sont les candidats du Parti démocrate progressiste, attachés à l’indépendance de l’île, qui sont visés. À lire aussiÀ Taïwan, l'élection présidentielle scrutée de près par la Chine Risque de voir la démocratie dénaturée Et d’autres élections sont menacées par la désinformation. Selon le rapport sur les risques mondiaux publié à l’occasion du Forum de Davos, ce serait aujourd’hui l’un des plus grands risques pour l’humanité. Le risque est de voir la démocratie dénaturée, pervertie par les fake news ou les idées de post-vérité. Il a suffi que Joe Biden annonce sa candidature en avril pour voir déferler des vidéos montrant une invasion de migrants latinos, une multiplication des faillites ou une explosion de la criminalité. La qualité des détournements conduit de plus en plus à se méfier de l’image. Mais il y a aussi l’audio. Dans le journal La Croix cette semaine, Tristan Mendès France, un expert des infox, évoque le cas d’un faux enregistrement de la voix de Macron sur un pseudo-plan secret pour déstabiliser le Mali. Malgré le démenti, il en reste toujours quelque chose, car dans un régime privé de médias libres, dit-il, la vérité ne remonte pas toujours à la surface. L'alerte sur le risque d'intox aux prochaines élections européennes Les élections européennes en juin seront là aussi un test. La Commission a déjà mis en garde contre les risques d’intox comme on l’a vu en Slovaquie. Elle dispose désormais d’une loi sur les services numériques, qui oblige les plateformes à lutter contre la désinformation, les discours de haine et les manipulations destinées à fausser le résultat des élections. Et puis, comme on ne voit avec le label « vrai ou faux », que vont développer les médias publics français, il s’agit aussi de répondre très vite et davantage à la propagation d’une infox sur les réseaux sociaux et demain – peut-être – d’obtenir que la vérité soit préférée au mensonge par les algorithmes.

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Bras de fer autour des médias publics en Pologne

1/6/2024
Dans la Chronique des médias, la reprise en mains des médias d’État par le nouveau gouvernement de Donald Tusk en Pologne. Des centaines de manifestants brandissant le drapeau rouge et blanc de la Pologne pour défendre les « médias libres » devant le siège de la télévision publique, à Varsovie. C’est l’image saisissante qui est restée de la décision du nouveau gouvernement de limoger les dirigeants de l’audiovisuel public et de suspendre la chaîne TVP Info le 20 décembre. Pourtant, cette décision est loin de marquer le retour à une radiotélévision aux ordres. Car c’est plutôt la situation antérieure qui attestait d’un contrôle étroit des moyens de diffusion publics, celle qui prévalait lorsque le parti national conservateur au pouvoir avait transformé en chaînes de propagande d’État un service public. À écouter aussiPologne: «Les médias polonais sont entièrement sous la coupe du PiS» Pendant ses huit ans de règne, le PiS ne s’est pas contenté de faire le ménage dans l’état-major et les personnels des médias publics. Il a aussi imposé sa ligne éditoriale et permis la calomnie d’une opposition rarement invitée à s’exprimer en plateau. Un seul exemple : les manifestations contre la limitation du droit à l’avortement en 2020 ont été résumées par un bandeau à l’écran les assimilant à un « fascisme de gauche ». Restriction Le PiS, aujourd’hui dans l’opposition, est aussi responsable d’une législation restreignant la liberté d’informer. Celle-ci a notamment eu des effets pendant la crise des migrants en 2021-2022 puisque les journalistes n’avaient pas le droit de circuler à la frontière avec la Biélorussie où pourtant des douzaines d’immigrants ont péri. Le re-polonisation des médias voulue par le pouvoir s’est traduite par de grosses opérations comme le rachat de vingt journaux régionaux, une tentative de taxe sur les médias privés, mais aussi par des attaques verbales contre des journalistes ou des procédures bâillons. Pour le nouveau gouvernement, l’heure est aujourd’hui au bras de fer. Il devra d’abord asseoir la légitimité du président de la télé publique (TVP), qu’il a nommé, Tomasz Sygut. Pas simple quand on sait qu’un Conseil des médias, créé par le PiS, a lui-même nommé un ancien présentateur comme patron. Il doit aussi composer avec le président Andrzej Duda, qui a mis son veto à une subvention de 700 millions d’euros aux médias publics, ce qui a justifié la liquidation par le gouvernement des trois sociétés de télé, radio et agence de presse qu’il entend restructurer. Pour l’heure, il n’y a plus qu’un seul programme d’info sur TVP diffusé à 19h30. Le gouvernement devra sans doute s’atteler à une « réforme systémique » pour garantir l’indépendance des médias dans la loi. Mais, là aussi, il lui faudra passer l’obstacle du droit de veto du président.

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En RDC, la situation sécuritaire des journalistes est toujours alarmante

12/29/2023
À l’occasion des élections en RDC, nous revenons cette semaine sur la médiatisation du conflit au Nord-Kivu et les obstacles auxquels les journalistes sur le terrain sont contraints de faire face. En fin d’année dernière, Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), alertait sur l’invisibilisation du conflit au Nord-Kivu et sur l’indifférence de la communauté internationale qui se soucie pourtant des atteintes à la souveraineté des États en Europe. Cette année, ce constat n'a pas été démenti en France si l’on en croit la plateforme de veille média Tagaday qui a recensé près d’un million de contenus liés à la guerre en Ukraine, plus d’un demi-million sur le conflit Israël-Hamas et seulement 7 871 sur le Kivu alors que la RDC dans son ensemble a suscité 61 700 articles ou contenus. Concernant les élections elles-mêmes, ce sont souvent les mêmes médias qui en parlent : RFI, France 24, TV5 Monde et Jeune Afrique, mais aussi Le Monde Afrique et de temps à autre Radio France, Arte, Le Point, Mediapart ou Libération. À lire aussiRDC : le journaliste Stanis Bujakera « serein » et « combattif » avant la reprise de son procès, selon RSF Une couverture du conflit difficile En raison des millions de morts qu’il a provoqué depuis 1998 et du retrait des casques bleus et de la permanence des tensions et des exactions dans la région, les rédactions françaises y dépêchent rarement des reporters. Peut-être également parce qu’on ne veut pas toujours voir le rôle dans cette déstabilisation du Rwanda de Paul Kagame qui, selon l'ONU, apporte son soutien à la rébellion armée du M23. Côté congolais, le Nord-Kivu est d’après Reporters sans frontières un « tabou dans la presse » et un « problème de sécurité » avec ses représailles, ses arrestations, ses exactions, même après un cessez-le-feu en mars. La loi sur la presse votée en avril dernier n’a pas changé fondamentalement les choses. Elle a bien garanti l’accès aux sources publiques, mais pas celles couvertes par le secret d’État. Elle a aussi instauré une clause de mauvaise foi sur la publication d’allégations troublant l’ordre public et n’a pas mis fin aux privations de liberté pour les journalistes (selon RSF). On compte 7 000 journalistes en RDC, ils sont souvent dans la précarité et parfois adeptes du « coupage », qui consiste à couvrir un événement contre rémunération. Ils doivent également faire face aux influenceurs qui travaillent l’opinion et diffusent de la désinformation, comme celle sur un rapprochement possible entre le président Tshisekedi et le candidat Denis Mukwege. De même, on a vu des discours de haine sur Internet faisant de tel candidat un agent de l’étranger ou appelant à une guerre ethnique. Contrairement à un influenceur, rappelons qu’un journaliste cite ses sources, vérifie ses informations et établit des faits. À lire aussiRDC : l’organisation Journalistes en danger dresse un bilan négatif pour la presse sous Félix Tshisekedi

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Vincent Bolloré, ses médias au service des droites

12/22/2023
Retour sur Vincent Bolloré, et sur le rôle qu’il joue, au-delà de la vie des affaires, dans le monde politique français, en pleine loi sur l’immigration. C’est un détail, mais Éric Ciotti, le président de LR, est venu cet été apporter son soutien à Vincent Bolloré lors de la grève des journalistes au Journal du dimanche contre la nomination d’un directeur, Geoffroy Lejeune, affilié à l’extrême droite. LR se retrouvait alors de fait sur la même ligne que le Rassemblement national. C’était l’époque où l’on se demandait si le gouvernement, si les entreprises pouvaient intervenir dans ce JDD. Et puis, à la rentrée, Emmanuel Macron a autorisé ses ministres à s’y faire interviewer, comme LVMH et Publicis ont laissé les annonceurs revenir. Or, cette alliance RN-LR, c’est aussi ce qui ressort de la loi sur l’immigration, en bonne partie écrite par LR au Sénat et revendiquée comme une « victoire idéologique » par Marine Le Pen. À lire aussiFrance: députés et sénateurs parviennent à un accord sur le projet de loi immigration Empire médiatique Une enquête du Monde voit cette semaine en Vincent Bolloré le « parrain d’une alliance entre la droite et l’extrême droite ». L’homme continue de bâtir son empire dans les médias et l’édition, il vient d’ailleurs d’annoncer que cet empire, pour des raisons financières, pourrait se scinder – sous son contrôle – en trois entités autour de Canal+, Havas et Lagardère-Hachette. Mais ce qu’on mesure aussi, c’est combien Bolloré est aussi en train de composer un bloc des droites incluant LR, le RN et Reconquête. Selon Le Monde, il soutiendra « sans doute » aux Européennes Marion Maréchal, tête de liste de Reconquête, comme il a soutenu Eric Zemmour sur CNews ou chez Cyril Hanouna sur C8. Mais pour la présidentielle de 2027, il rêve d’une Georgia Meloni à la française, avec le RN pour s’occuper de l’immigration et LR pour l’économie. À écouter aussiCNews, la chaîne de Zemmour Du libéral au traditionaliste Ses médias et sa puissance dans l’édition sont des atouts. La ministre de la Culture Rima Abdul Malak ou Pap Ndiaye, alors ministre de l’Éducation, ont pu le mesurer quand ils se sont montrés solidaires des journalistes du JDD face à leur directeur d’« extrême droite ». Ils ont alors vu toute la puissance de feu des médias du groupe contre eux. Pourquoi ? Tout simplement, car pour ces médias, Éric Zemmour comme Marine Le Pen ne sont pas d’extrême droite. C’est ce que nous a confié cet été un dirigeant de Canal+. Pourtant, Vincent Bolloré, venu du libéralisme, est aujourd’hui très proche des catholiques traditionalistes, il voit dans le drame de Crépol, qui a coûté la vie à un jeune rugbyman, le signe d’un combat de civilisation entre la France et l’islam. Et Emmanuel Macron, dans tout cela ? Eh bien, selon Le Monde, il a reçu mi-septembre le patron breton à l’Élysée, il arrange les affaires de Paris Match qui le lui rend bien par un portrait de Brigitte Macron.

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L'intelligence artificielle (IA) dans les rédactions

12/15/2023
Cette semaine, La chronique des médias parle de l’intelligence artificielle au service des médias avec, en particulier, les projets qu’annonce le groupe allemand Axel Springer en partenariat avec la start-up californienne Open AI. Le patron du groupe Axel Springer, Mathias Dorfner, avait un peu surpris tout le monde en mars en disant que l’IA allait révolutionner les médias en remplaçant le journalisme, lequel allait devoir se concentrer sur son cœur de métier, à savoir la recherche d’infos, la création éditoriale, pendant que tout ce qui est production allait devenir un « sous-produit ». Et voilà que cette semaine, son groupe a mis fin à un partenariat avec Samsung qui lui permettait d’être présent sur les mobiles avec un agrégateur d’informations, Upday, pour le transformer l’été prochain en un « générateur de tendances d’actualité exclusivement dirigé par l’IA », avec zéro employé. Deux jours plus tard, Axel Springer s’est associé à OpenAI, le créateur de ChatGPT, pour proposer les contenus de ses médias, Die Welt, Bild, Politico, Business Insider. Avec une idée simple : quand vous poserez une question à ChatGPT, il vous répondra avec des résumés d’articles issus de la base de données du groupe. ChatGPT indiquera aussi les sources utilisées avec les liens vers les articles complets Transparence et rémunération, avec respect du droit d’auteur, l’accord coche toutes les cases de la future législation européenne sur l’IA. Mathias Dorfner parle même de renforcer ainsi la « pertinence sociale » du journalisme. Son accord est non exclusif, ce qui veut dire que le groupe Springer est le premier d’une longue liste de partenaires en Europe. Car tous les éditeurs voudront intégrer ChatGPT, et tant mieux s’ils sont rémunérés pour cela. Mais que se passe-t-il si les médias sont court-circuités par l’IA elle-même, si l’on va sur ChatGPT pour avoir toutes les informations pour lesquelles il faut parfois de l’investigation, du reportage, bref du journalisme ? Que se passe-t-il aussi si l’IA nous fournit une réponse où une vérité alternative de Russia Today, par exemple « les Ukrainiens sont des nazis » selon, devient une vérité ? Oui, c'est tout cela qu’il faut éclaircir. Et en France, où en sont les médias ? Eh bien, les médias se servent de l’IA pour des transcriptions ou des traductions, notamment dans les vidéos, pour les illustrations aussi, à condition de préciser que cela a été fait par une IA. On s’en sert également pour des résultats électoraux et sportifs et toujours avec un contrôle humain. Mais les éditeurs cherchent aussi à faire en sorte que les IA ne s’entraînent pas sur leur dos, c’est-à-dire non seulement sans les payer, mais en étant mélangés avec n’importe quelle source. ChatGPT, comme les autres robots, y ont intérêt, car ce qui fait leur valeur, c’est la justesse de leurs réponses.

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Les journalistes, cibles de l’armée israélienne

12/8/2023
Cette semaine, La chronique des médias parle du lourd bilan des journalistes tués depuis le début de la guerre Israël-Hamas, le 7 octobre dernier. On sait déjà que 2023 est une année où le nombre de journalistes tués sera hors-norme, en très grande partie en raison du conflit israélo-palestinien. Alors qu’il y a eu au total 67 journalistes ou professionnels des médias tués dans le monde l’an dernier, on en est à déjà 63 rien que pour cette guerre, selon le Comité pour la protection des journalistes basé à New York. 56 ont été tués à Gaza et, bien sûr, ces 56 sont tous Palestiniens. Ils ont été tués par des frappes israéliennes, dont 14 dans l’exercice de leurs fonctions. La responsabilité de l’État d’Israël engagée Alors officiellement, l’armée israélienne dit que les journalistes ne sont pas délibérément pris pour cible mais qu’elle ne peut pas garantir leur sécurité. Ce serait d’ailleurs pour cela que l’accès à Gaza serait fermé aux journalistes occidentaux. Les témoignages sur place évoquent pourtant des cas de bombardements ciblés sur des appartements de journalistes ou encore des tirs de chars vers des photojournalistes et caméramans en train de filmer malgré un dossard « Press ». C’est aussi ce qu’il ressort de l’enquête de l’AFP sur ce qu’il s’est passé au sud du Liban, le 13 octobre. Il est aujourd’hui prouvé que c'est un obus israélien qui a tué un journaliste de Reuters, Issam Abdallah, et blessé grièvement une photographe de l’AFP, Christina Assi, qui a dû être amputée d’une jambe. Or, il est désormais avéré que ce sont deux tirs successifs qui ont blessé, voire tué ce groupe de six journalistes internationaux, qu’il n’y avait pas d’activité militaire à proximité, que les reporters étaient bien visibles et que l’armée israélienne disposait d’un drone et d’un hélicoptère pour les identifier. La Cour pénale internationale saisie par Reporters sans frontières Reporters sans frontières a saisi la Cour pour « des crimes de guerre contre les journalistes en Palestine et en Israël », sachant que quatre journalistes israéliens ont aussi été tués. Mais l’ONG, qui appelle à une enquête prioritaire du procureur de la CPI, est claire. Elle a titré fin novembre sur son site : « Israël éradique le journalisme à Gaza ». Ce qui apparaît, c’est que l’État en guerre a tenté d’étouffer les informations sur les conséquences de sa stratégie de riposte disproportionnée à Gaza et qu’il n’a pas pu y arriver grâce à ce millier de reporters palestiniens, pour la plupart freelance, qui ont continué d’envoyer des images. Avec l’intelligence artificielle, on sait qu’Israël a la possibilité d’opérer des frappes en masse et ciblées 24h sur 24. Son armée n’a pas plus prévu d’épargner la vie des journalistes que celle des civils.

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