Reportage international - Le foot feminin haitien prend la defense du president de la federation, accuse de viols-logo

Reportage international - Le foot feminin haitien prend la defense du president de la federation, accuse de viols

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Chaque jour, l’illustration vivante et concrète d’un sujet d’actualité. Ambiance, documents, témoignages, récits en situation : les reporters de RFI présents sur le terrain décrivent le monde avec leur micro.

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Paris, France

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French


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En Belgique flamande, l'inquiétante montée de l'extrême droite et de sa haine des étrangers

5/27/2024
Dans le nord de la Belgique, le Vlaams Belang, mouvement anti-immigration qui milite pour l’indépendance de la Flandre, caracole en tête des sondages. Et même s'il est quasi inexistant chez les francophones, il pourrait bien devenir le premier parti belge et passer de deux à trois députés au Parlement européen, où il siège aux côtés du Rassemblement national. C'est une tradition pour le Vlaams Belang. Chaque 1er mai, ce parti d'extrême droite flamand loue un parc d'attraction et invite ses adhérents à venir y célébrer la Fête du travail. Ici, beaucoup sont des soutiens de longue date, ayant comme point commun leur obsession de l'immigration. « Actuellement, je cherche un travail et c'est très difficile, se lamente Yorn, jeune électeur de 21 ans venu avec un groupe d'amis. Parfois, je vois que des migrants ou des étrangers ont les postes que je veux. Cela me frustre. Donc, la première chose que je veux, c'est que les migrants partent afin que je puisse trouver un travail rapidement », explique le jeune homme de manière simpliste. Dany, retraité, est candidat du Vlaams Belang sur les listes de sa commune pour le scrutin local, prévu en octobre prochain. Il se fait l'écho des arguments populistes de son parti sur la politique migratoire de l'Union européenne. « Quand on est plein, on est plein ! énonce-t-il de manière péremptoire. Il faut voter aux européennes. Ici, on dit que les dirigeants à Bruxelles sont dans une tour d'ivoire. » Les positions anti-étrangers sont donc pleinement assumées. Fondé en 1979, l'ancêtre du Vlaams Belang, le Vlaams Blok avait été dissous en 2004 suite à une condamnation pour xénophobie. Depuis, le parti a changé de nom et rejette toute accusation de racisme. Mais son programme reste le même : préférence nationale, références à la théorie raciste et complotiste du grand remplacement et toujours, sa revendication historique, l'indépendance de la Flandre, qui fait partie des régions les plus riches d'Europe. À écouter aussiBelgique: Dries Van Langenhove, ex-député flamand, écope de la prison ferme pour apologie du nazisme Patientant dans la file pour une attraction, un électeur estime que les Flamands payent trop pour la région Wallonne et les francophones. « Il y a beaucoup d'argent qui va de l'autre côté de la Belgique, croit-il savoir. À cause de cela, on dit stop. C'est assez, chacun chez soi. » Un peu plus loin, dans la salle de spectacle, l'invité d'honneur de la journée grimpe sur le podium. Tom Van Grieken, 37 ans, est le président du Vlaams Belang et le visage de sa dédiabolisation. Plus jeune, il était connu pour ses outrances, comme lorsqu'il a amené des saucisses de porc à un barbecue halal organisé par une école en 2012. Mais depuis qu'il a pris la tête du parti en 2014, ce publicitaire de formation a lissé son image et a poussé le Vlaams Belang à investir les réseaux sociaux pour attirer la jeunesse. Aujourd'hui, il espère faire de son mouvement le premier parti flamand et placer un troisième député au Parlement européen, où il siège avec le groupe Identité et démocratie (ID), dans lequel il est pleinement intégré, aux côtés du Rassemblement national et de l'AfD allemande. À écouter aussiBelgique: la Wallonie, terre infertile pour l'extrême droite Un reportage à écouter en entier dans le podcast Accents d'Europe.

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En Inde, la capitale New Delhi étouffe sous la pollution atmosphérique

5/26/2024
Les niveaux de pollution de l'air en Inde sont parmi les plus élevés au monde, ce qui constitue une grave menace pour la santé et l'économie du pays. L'agriculture, l'industrie, les centrales électriques, les ménages et les transports y contribuent tous de manière significative. Les enfants sont plus vulnérables à la pollution atmosphérique, car leur cerveau et leurs poumons, entre autres organes vitaux, ne sont pas pleinement développés. De notre envoyée spéciale à New Delhi, Les triporteurs fourmillent dans les rues de New Delhi, la capitale indienne. Nous avons rendez-vous avec Bhavreen Kandhari, fondatrice de Mamans guerrières (« Mother, my right to breathe », en anglais), une ONG qui sensibilise à la pollution de l'air et au changement climatique. « Ce n'est pas évident de savoir que son enfant est en train de respirer du poison chaque seconde de sa vie, explique-t-elle. Tous les enfants ont des inhalateurs, les docteurs les prescrivent tout le temps. » À l'hôpital Indraprastha Apollo, le docteur Nikhil Modi, spécialiste en médecine respiratoire, voit tous les jours des enfants exposés à des niveaux élevés de particules fines PM2,5, le polluant le plus nocif que l'on trouve dans l'air. « L'augmentation constante de la population et du nombre de voitures ne cesse d'accroître ce niveau de pollution, alerte-t-il. Les problèmes respiratoires, que l'on voyait avant chez un enfant sur cinq ou sept, sont passés à un enfant sur trois ces dix dernières années. La qualité de vie se dégrade de jours en jours. Il est donc temps d'agir maintenant s'il n'est pas trop tard. » Les niveaux de pollution de l'air en Inde sont parmi les plus élevés au monde et le docteur Nikhil Modi ne cache pas son inquiétude. « Nous voyons des choses que nous pensions inimaginables pour des jeunes patients, concède-t-il, pessimiste. Des cancers des poumons que l'on ne voyait que chez des fumeurs, davantage de cas d'asthmes, de pneumonies récurrentes... C'est devenu très courant chez les enfants. » À lire aussiPollution atmosphérique en Inde: quel rapport avec le réchauffement climatique? Écoles fermées en hiver pendant de longues périodes à cause de la pollution, augmentation des maladies respiratoires, selon le politologue Ajoy Bose, les responsables politiques n'ont pas encore pris le problème à bras-le-corps. « L'Inde est l'un des pays qui consacre le moins d'argent à la santé publique, explique-t-il. Le budget est beaucoup trop bas et je pense qu'il s'agit là d'un énorme problème. C'est en partie dû au fait que les gens n'en ont pas fait une question politique. » Ce qui rejoint les propos de Bhavreen Kandhari. Selon elle, le gouvernement ne traite pas le problème pour ce qu'il est, une crise sanitaire. « Il s'agit d'une urgence de santé publique et elle doit être traitée comme telle ! s'exclame-t-elle, indignée. C'est ainsi que nous avons agi avec le Covid. Mais nous ne traitons pas la pollution de l'air de la même manière, alors qu'elle est bien pire que le Covid ! Dès que les émissions sont contrôlées, tout s'arrange. Et si vous n'exigez pas, vous n'aurez rien ! Ce ne sera jamais un enjeu électoral si vous ne le demandez pas. » Les élections sont en cours en Inde, mais, pourtant, ni cette pollution ni le changement climatique ne font pas partie des priorités des candidats. À lire aussiInde: face aux pics de pollution, quelles leçons à apprendre de la Chine?

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Rafael Nadal, taureau de Manacor et phénix de Roland-Garros?

5/25/2024
À 37 ans, Rafael Nadal devrait effectuer son dernier tournoi de Roland-Garros. Victorieux à quatorze reprises sur la terre battue parisienne, un record absolu, l'Espagnol n'a perdu que trois petits matchs dans toute sa carrière porte d'Auteuil, où il est comme chez lui. Sa vraie maison se trouve pourtant aux Baléares, dans la petite ville de Manacor où il a créé la Rafa Nadal Academy. Ici, personne n'a envie de dire adieu à l'icône du tennis. À lire aussiNadal: "de grandes chances" que ce soit son dernier Roland-Garros, mais pas sûr "à 100%"

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Belgique: la Wallonie, terre infertile pour l'extrême droite

5/25/2024
Toute l’Europe semble connaître une montée de l’extrême droite. Toute ? Non, car un territoire semble résister encore et toujours à cette tendance de fond : la Wallonie. Jusqu’à aujourd’hui, dans la partie francophone de la Belgique, l’extrême droite n’a compté qu’une poignée d’élus dans son histoire. Comment et pourquoi l’extrême droite est-elle ainsi marginalisée en Wallonie, historiquement une terre de gauche ? RFI s’est rendu à Couvin, dans la province de Namur, à quelques kilomètres seulement de la frontière française, et à quelques semaines des doubles élections européennes et fédérales. À lire aussiBelgique: une réunion interdite de la droite nationaliste à Bruxelles finalement autorisée

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En Autriche, l'immigration au cœur des européennes

5/21/2024
La gestion de l'immigration n'arrive qu'en 7ᵉ position des priorités des citoyens européens interrogés dans le cadre du sondage Eurobaromètre de la Commission européenne réalisé en février dernier. Loin derrière, la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale en première position. Mais il y a de grandes variations selon les pays... En Autriche, le sujet est en tête des préoccupations des sondés, presque à égalité avec la question de l'avenir de l'Europe... Dans le pays, la crise des réfugiés de 2015 est encore très présente dans les esprits. Et l'extrême droite, créditée d'une forte avancée dans l'ensemble de l'hémicycle après le 9 juin, est aussi en hausse en Autriche : les intentions de vote pour le FPÖ, qui fait campagne sur la peur de l'immigration, sont estimées à plus 26%. De notre correspondante à Vienne, ►*Citoyens européens interrogés dans le cadre du sondage Eurobaromètre de la commission européenne, réalisé en février dernier. À lire aussiEn Autriche, des personnes condamnées en raison de leur homosexualité vont pouvoir être indemnisées

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Floride: pour les Haïtiens, rejoindre Miami devient de plus en plus difficile

5/20/2024
Terre de refuge par excellence pour les Haïtiens, la Floride est l’État américain qui accueille le plus de réfugiés ayant fui les violences en Haïti. Début 2023, l’administration Biden a facilité leur entrée aux États-Unis avec le « Programme Parole » qui permet à 30 000 migrants d’Haïti, mais aussi trois autres pays, d’arriver chaque mois aux États-Unis. Mais depuis l’explosion des violences fin février, les arrivées ont considérablement diminué. Il est devenu trop difficile de rejoindre Miami. De notre correspondant à Miami, Paul Christian Namphy est un pilier de la communauté haïtienne de Miami. Directeur de l’ONG Family Action Network Movement, il voit défiler dans son centre d’accueil la plupart de ces familles qui débarquent en Floride après un voyage éprouvant pour fuir les violences en Haïti. Cent mille sont arrivés légalement en 2023, mais depuis la chute du gouvernement d’Ariel Henry fin février, très peu sont parvenus jusqu’ici. « De plus en plus de gens cherchent à sauver leur vie, mais la possibilité de quitter Port-au-Prince [depuis] les neuf dernières semaines, c’est très compliqué. » Redoubler d'imagination pour rejoindre Miami En Haïti, les routes impraticables, les transports quasiment à l’arrêt et les gangs font régner la terreur. Rejoindre Miami en vol direct depuis Port-au-Prince est quasi impossible. Alors, il faut redoubler d’imagination. « On a des membres influents de la communauté qui ont dû prendre un hélicoptère et payer plus de 1 000 dollars pour quitter Cap-Haïtien pour atterrir à Miami à cause de la carence des vols. Donc, c’est très difficile de faire le trajet de Port-au-Prince à Miami en ce moment. Il y en a d'autres qui ont quitté Port-au-Prince et dû trouver refuge à Saint-Domingue, qui ont dû payer des pots-de-vin énormes pour essayer d'arriver en République dominicaine sains et saufs depuis Haïti et qui cherchent à venir ici [à Miami], mais comme vous le savez, c'est compliqué. » À écouter aussiHaïti: que se passe-t-il hors de Port-au-Prince? Une intégration dans la communauté qui n'est pas si simple Les rares Haïtiens qui parviennent à rejoindre les États-Unis aujourd'hui sont essentiellement ceux qui en ont les moyens. Une fois sur place, il faut s'insérer dans la communauté et trouver du travail. Pas si simple, selon Paul Christian Namphy. « Si vous avez des moyens limités, c’est très difficile de participer, il faut des moyens considérables. Le problème le plus souvent, c’est le retard pour avoir une autorisation pour travailler, cela peut prendre 18 mois. Donc, la famille d’accueil doit attendre 2 ans, 3 ans... Cela crée des tensions parce que la personne ne peut pas travailler légalement. Ce qu'on voit souvent, c'est qu'il y a des opportunités en dehors de la Floride pour se débrouiller. » Il y a quelques semaines, Paul Christian Namphy était à Washington pour rencontrer des conseillers de Joe Biden. Il demande au président de renouveler le statut spécial accordé aux Haïtiens qui doit expirer en août.

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Au Kurdistan irakien, les Syriens semblent ne plus être les bienvenus

5/19/2024
Le Kurdistan irakien a suspendu la délivrance de visas des travailleurs venus de la Syrie voisine. Ça concerne aussi le renouvellement des titres de séjour. Au total, ça représente 5 % de la population du Kurdistan irakien. Quelque 240 000 Syriens sont venus s’y réfugier depuis le début de la guerre civile en 2011. Objectif de cette mesure selon le gouvernement Kurde : lutter contre le chômage endémique des jeunes Kurdes.

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Japon: les pêcheurs fragilisés par le réchauffement des océans qui chamboule la biodiversité

5/18/2024
Au Japon, les climatologues sont en état d'alerte en raison de l'envolée de la température des océans qui est due au réchauffement mondial, bien sûr, mais aussi au Kuroshio : à savoir, le deuxième plus grand courant marin au monde après le Gulf Stream. Ce courant chaud qui se déplace dans le Pacifique s'attarde beaucoup plus longuement qu'auparavant à proximité des côtes de l'archipel. Et ce phénomène qui bouleverse la biodiversité marine fragilise énormément les pêcheurs. De notre correspondant à Tokyo, Carmin, pourpre, écarlate ou grenat : plus les années passent, plus Kyôji Tachibana doit ajouter des nuances de rouge dans les cartes de l'Agence météorologique relatives à la température des mers bordant le Japon qui a augmenté de plus d'un degré en 2023, pour la troisième année consécutive, et cela inquiète cet expert. « Cette moyenne nationale d'un degré de plus est trompeuse, car elle inclut la température de mers très froides : celles situées à l'extrême-nord du pays, près de la Russie. En fait, plus au sud, la hausse a été de deux, quatre… voire six degrés à certains endroits. C'est absolument sans précédent », alerte Kyôji Tachibana. Quand les pêcheurs font grise mine... Dans les allées de Toyosu, le grand marché aux poissons de Tokyo, ces professionnels font grise mine, car ils subissent tous les jours l'impact de l'envolée de la température des océans : « Regardez : tout cela, ce sont des poissons tropicaux, qui n'ont donc rien à faire dans la baie de Tokyo, et pourtant, on en trouve de plus en plus. Mais on peine à les vendre, car les consommateurs ne les connaissant pas, ils se méfient », indique un premier vendeur. « Plusieurs variétés de poissons qu'on trouvait depuis toujours à proximité des côtes ont disparu. Ils semblent avoir migré au large, à la recherche d'eaux plus fraîches. C'est vraiment inquiétant pour nous, les pêcheurs... », explique un autre. « Cette année encore, on a récolté beaucoup moins d'algues hijiki et wakamé et ça ne fait pas du tout notre affaire, car les gens en raffolent », poursuit un autre pêcheur venu vendre le fruit de son travail. « Comparé à il y a dix ans, les bancs de wakamé proches du rivage ont été réduits de moitié environ. Selon les spécialistes, ces algues s'y sont raréfiées, car l'eau tiède ne leur convient pas », ajoute un quatrième vendeur rencontré à Toyosu. ... et les clients aussi Dans les supermarchés, les clients, eux aussi, font la grimace : « Les poissons les plus populaires, ceux que nous préférons, semblent devenus des denrées rares. C'est effrayant », s'inquiète une cliente. « Les algues et le poisson, c'est excellent pour la santé. Ce serait si dommage de devoir s'en priver », ajoute une autre. « 650 yens pièce le balaou du Japon alors que, l'an dernier, ils étaient vendus à 300... », constate amèrement un autre client. En effet – et c'est une conséquence de la loi de l'offre et de la demande –, la ressource maritime s'amenuisant, les prix flambent, mais les pêcheurs japonais n'en profitent pas, car ils perdent des parts de marché par rapport aux poissons importés. Aussi, leurs coûts augmentent puisqu'ils doivent aller pêcher beaucoup plus au large qu'auparavant, donc dépensent davantage en carburant pour leurs chalutiers et en heures supplémentaires pour leur personnel. Ils sont de plus en plus nombreux, d'ailleurs, à jeter l'éponge et à se reconvertir dans d'autres secteurs. L'archipel ne compte plus que 160 000 pêcheurs contre 1 million dans les années 1950.

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Géorgie: à Gori, la difficile mobilisation contre la loi sur les influences étrangères

5/17/2024
En Géorgie, la mobilisation se poursuit contre la loi sur les influences étrangères, qui impose aux ONG et aux médias de se déclarer aux autorités si elles reçoivent plus de 20 % de leur budget de l’étranger. Cette législation, adoptée définitivement le mardi 14, est dénoncée quotidiennement par les manifestants qui se mobilisent massivement à Tbilissi. À l’extérieur de la capitale géorgienne, cependant, la mobilisation est plus difficile en raison, notamment, des pressions exercées sur les habitants. Reportage à Gori, petite ville de 50 000 habitants située à 80 km de Tbilissi, non loin de la ligne de démarcation avec l’Ossétie du Sud, l'un des deux territoires géorgiens occupés par la Russie depuis la guerre de 2008. De notre envoyé spécial à Gori, « Gori a été bombardée par les Russes en 2008 et ensuite, elle a été réhabilitée avec l’aide de l’Europe et des États-Unis. On ne doit jamais oublier ça ! » C’est dans un petit square de Gori que nous rencontrons Teona Pahnkvelashvili, une militante de l’opposition mobilisée dès le premier jour contre la loi sur les influences étrangères. « Cette loi, c'est un copié-collé de la loi russe sur les agents de l’étranger et on a vu les conséquences ! C’est pour ça que je suis contre. » Sur son téléphone portable, Teona nous montre les images des trois manifestations organisées à Gori depuis le mois d’avril. Un motif de fierté, dans une ville où il est très difficile de mobiliser : « Les étudiants ont peur d’être suspendus, dans les entreprises, les gens ont peur de perdre leur emploi, car les patrons ici sont pro-russes… et du coup les gens n’osent pas manifester. » Teona, elle, n’a pas peur, pourtant depuis le début du mouvement. Elle a fait l’objet de menaces et d’insultes. « Ils m’ont appelé en pleine nuit, ils m’ont dit : "N’organise pas la manifestation sinon on va te faire très mal ! à toi et à ta famille". » À Gori, tout le monde ne voit pas d’un bon œil ces étudiants qui manifestent à Tbilissi, contre la loi sur les influences étrangères. Gouliko et Zviad, l’une retraitée, l’autre un professeur de karaté de 57 ans, approuvent pleinement cette législation : « Il fallait le faire même avant parce qu’on doit savoir d’où vient le financement et pourquoi ça vient. Les manifestations que vous voyez maintenant à Tbilissi qu’est-ce que vous en pensez, c’est financé par qui ? », se demande Gouliko. Et pour Ziad, ce professeur de karaté de 57 ans justifie sa position : « Ces ONG, si elles font de bonnes choses, pourquoi, se cachent-elles ? Mais si elles font de mauvaises choses, si elles essaient de déstabiliser le gouvernement, bien sûr qu’il faut le dire ! ». Liberté d'expression en danger Ce que Gouliko et Zviad ne savent pas, c’est qu’avec cette loi l’un des centres culturels les plus actifs de Gori sera peut-être obligé de fermer. Fini les expositions financées pour une bonne partie, par les fonds européens, un crève-cœur pour Oto Guritshvili, membre du collectif Art House : « On ne sait pas comment ça va se passer avec la loi alors pour l’instant, on a gelé toutes nos demandes de subventions. L’Europe ou la Russie, on est de nouveau confrontés à ce choix : d’un côté l’État de droit, de l’autre la mafia. C’est un cercle vicieux, dont on n’arrive pas à sortir. » En 2008, Oto est restée à Gori, bombardée puis occupée par l’armée russe et pour lui cette loi sur les influences étrangères, c’est un peu le retour de la Russie en Géorgie. Sans les blindés, ni les avions, mais avec le même objectif : éloigner son pays de l’Europe, et l’arrimer à sa zone d’influence. À lire ou à écouter aussiGéorgie: un point de bascule?

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Les étudiants de Birzeit en Cisjordanie également mobilisés pour Gaza

5/16/2024
Les étudiants toujours mobilisés dans le monde pour dénoncer la guerre à Gaza. Comment leurs actions sont-elles vues dans les territoires palestiniens ? Les jeunes peuvent-ils eux-mêmes manifester ? Reportage dans la plus grande université palestinienne, à Birzeit en Cisjordanie occupée. De notre envoyée spéciale à Birzeit, C’est la sortie des cours à l’université de Birzeit, sur les hauteurs de Ramallah. De grands bâtiments en pierre abritent plus de 13 000 étudiants, souvent considérés comme la future élite palestinienne. Birzeit est une institution. C’est aussi un lieu de contestation. Avec la guerre à Gaza, les jeunes se mobilisent pour dénoncer les massacres contre la population. Rarrat, une étudiante de 21 ans, tient un discours militant « On est actif de plusieurs manières. On fait des manifestations pacifiques ou on va sur les barrages de l’armée israélienne. L’université des martyrs, comme on l’appelle, a un grand rôle à jouer, explique la jeune étudiante. Mais on subit beaucoup de pressions. Et ces pressions ne nous permettent pas de nous mobiliser autant qu’à l’étranger. Beaucoup d’étudiants de l’université de Birzeit ont été arrêtés et sont en prison. Rien n’empêche l’armée israélienne d’entrer dans l’université, ils l’ont fait plusieurs fois. On n’a aucune protection. » À lire aussiGuerre à Gaza: «Les seuls morts que l'on recense aujourd'hui, ce sont ceux qui sont apparents» Soutenir aussi les Gazaouis dans leurs études L’université de Birzeit est située en territoire occupé et l’armée israélienne y a tous les droits. L’établissement est aussi sous surveillance. Le bloc pro-Hamas est arrivé en tête des élections estudiantines l’an dernier. Mais à Birzeit toutes les sensibilités sont représentées. Certains étudiants préfèrent ne pas manifester et se mobilisent autrement pour apporter leur soutien aux jeunes Gazaouis, comme l’explique Sarah, 20 ans, qui étudie la comptabilité : « On a fait des groupes sur les réseaux pour aider les étudiants de Gaza qui voudraient nous rejoindre après la guerre. Mais on les aide surtout à continuer leurs cours. On leur transfère des crédits internet pour qu’ils assistent aux cours à distance, même s’ils sont à Gaza. On essaie de les soutenir dans leurs études et aussi psychologiquement. Après internet, ça marche quelques minutes, mais après ça coupe. » Y-a-t-il encore des étudiants à Gaza, malgré la guerre qui suivent les cours à distance ? « Oui, ça montre qu’ils ont du courage, ils supportent tout de cette situation », ajoute Sarah. Les étudiants de Birzeit suivent aussi de près la mobilisation des universités à l’étranger, qu’ils saluent chaleureusement. Islam est étudiant en architecture : « Ça nous intéresse vraiment ce qu’il se passe dans les universités aux États-Unis, en Europe comme en Italie ou en France. On voit comment ils manifestent. Ils s’élèvent contre Israël. Ils font des campagnes de sensibilisation pour les Palestiniens. On apprécie vraiment ce qu’ils font. » À Birzeit, les enseignants se sont aussi manifestés. Au début de la guerre, ils ont publié une lettre ouverte, appelant les universités du monde entier à se mobiliser pour Gaza. À écouter aussiGaza: face à Israël, l'Afrique du Sud demande à la CIJ d'ordonner un cessez-le-feu

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Le vol de la libération qui évacue des Gazaouis blessés ou des malades vers Abou Dhabi

5/15/2024
Au huitième mois de la guerre entre le Hamas et Israël, ce conflit d’une violence extrême a déjà fait près de 35 000 morts selon les Nations unies, dont 14 500 enfants. Parmi eux, beaucoup sont décédés faute d’accès aux soins. Pour tenter de sauver quelques vies, plusieurs pays tentent d’organiser des évacuations médicales depuis la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza. C’est notamment le cas des Émirats arabes unis qui ont promis d’accueillir 2 000 Gazaouis blessés ou malades. Alors que le pays a normalisé ses relations avec Israël en 2020, c’est aussi une manière de donner des gages à sa population, très attachée à la cause palestinienne. De notre correspondante dans la région de retour d’Abou Dhabi, Aux portes de Gaza, à une quarantaine de kilomètres du poste-frontière de Rafah, des ambulances défilent sur le tarmac de la base militaire d’Al Arich en Égypte. À l’intérieur, 25 Gazaouis grièvement blessés ou malades attendent d’être évacués. Parmi eux, Youssef Abou Chaar, 12 ans. Victime de bombardements israéliens, il a le fémur fracturé et des entailles profondes sur les jambes depuis 3 mois. Allongé sur une civière, l’adolescent serre les dents au moindre mouvement des secouristes pour le hisser sur une plate-forme qui le portera jusqu’à l’avion. Transformé en hôpital volant, les sièges de l’appareil ont été repliés pour installer des brancards. Youssef est accompagné par l’une de ses sœurs. Ils sont presque les seuls survivants de leur famille décimée par sept mois de guerre d’une violence inouïe : « On m’a trimballé d’un hôpital à un autre. On m’a opéré sans anesthésie, sans rien. Il n’y a pas de médicaments. On nous a bombardés. On a dû fuir le nord pour aller au sud de Gaza. Ma mère a été tuée, ma sœur aussi, mes trois cousines, mon cousin, ma grand-mère et mon grand-père. » À lire aussiGuerre à Gaza: «Les seuls morts que l'on recense aujourd'hui, ce sont ceux qui sont apparents» Des transferts au compte-gouttes Comme Youssef, la plupart des enfants dans l’avion ont perdu des proches. Ces transferts autorisés au compte-goutte par Israël ont permis d’envoyer près de 700 patients soignés gratuitement à Abou Dhabi. Maha Barakat, vice-ministre des Affaires étrangères émirienne, chapeaute toutes les missions. Pour elle, la normalisation des relations avec l’état hébreu depuis 2020, facilite les évacuations – si infimes soient-elles. « Nos canaux de communication simplifient l’obtention des permis de déplacement pour les patients. Et en parallèle à ces initiatives humanitaires, il y a bien sûr des efforts diplomatiques pour tenter d’obtenir un cessez-le-feu. » 3h30 plus tard, atterrissage à Abou Dhabi. Youssef est directement envoyé aux urgences de la cité médicale Sheikh Shakhbout, le plus grand hôpital du pays. Alex Lambah, chirurgien plastique y soigne le jeune gazaoui. « Salut, Youssef, ça va ? On t’emmène pour changer les pansements ». « Il va falloir l’opérer deux fois par semaine. On reçoit beaucoup de patients gazaouis qui ont des plaies ouvertes depuis plusieurs semaines, explique le docteur Alex Lambah. Elles sont souvent très infectées. Ce que je vois sur mes patients de Gaza, c’est une forme très extrême de traumatisme », ajoute le chirurgien. D’après le médecin, d’ici quelques mois, Youssef devrait pouvoir de nouveau marcher. Comme lui, à Gaza, un enfant est blessé ou tué toutes les dix minutes d’après l’Unicef. À lire aussi«Si ça continue, il y aura une véritable famine», s'inquiète une habitante de Gaza-ville

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Italie: le calvaire de migrants emprisonnés car accusés à tort d’être des passeurs

5/14/2024
Ils seraient un millier dans les cellules italiennes. Les migrants présumés passeurs, surnommés les « capitaines » pour avoir participé à la traversée d’une embarcation, sont accusés d’aide à l’immigration illégale, ils passent des mois en prison en Italie. Une criminalisation systématique des exilés pour justifier la politique des frontières de l'extrême-droite, selon les défenseurs des migrants qui dénoncent un acharnement qui s’est accentué sous le gouvernement Meloni, qui a promis de pourchasser les trafiquants. L’an dernier en Europe, c’est en Italie qu’il y a eu le plus de cas de criminalisation. Ciblés, certains de ces « capitaines » décident de se faire entendre et de se battre. Le reportage de notre correspondante est à retrouver dans son intégralité dans notre podcast Accent d’Europe. À lire aussiL'Italie annonce des mesures pour dissuader les migrants en situation irrégulière

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En Inde, les infrastructures ferroviaires se développent à grande vitesse

5/13/2024
Alors que l'Inde entière est en train de voter pour savoir si elle offre à Narendra Modi un troisième mandat ou pas, tout le monde s'accorde à dire que les infrastructures du pays se sont considérablement améliorées. Le pays construit à toute vitesse pour qu'elles cessent d'être un frein à l'essor de son économie. Les routes et les rails sont en constant développement. Le développement du réseau ferroviaire, avec des lignes de plus en plus rapides et confortables, illustration en reportage dans un train express régional.

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Irlande: la pénurie de logements combinée à l'immigration n'alimentent pas les discours politiques

5/13/2024
En Irlande, les priorités des citoyens commencent à changer. Le pays manque cruellement de logements. Ce n’est pas nouveau, mais la situation n’a fait qu'empirer et avec l’arrivée de demandeurs d’asile, des mouvements anti-immigrés, avivés par cette pénurie immobilière, émergent. Pourtant, cette colère – fait atypique en Europe – n’est pas exploitée, de manière populiste, par les politiques, y compris pour les élections européennes. Un reportage à retrouver en intégralité dans Accents d'Europe.

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Jordanie: la colère des Bdouls expulsés du site historique de Pétra

5/11/2024
Le conflit entre le pouvoir central jordanien et les Bédouins de la tribu des Bdouls de Pétra, est une vieille histoire qui remonte au début des années 1990, lorsque le gouvernement de Jordanie avait exproprié les Bédouins de leurs grottes situées sur le site historique et leur avait offert en dédommagement des maisons en dur dans un village nouvellement créé appelé Oum Sayhoun. Presque 25 ans plus tard, le conflit entre Bdouls et pouvoir central est toujours larvé. Car les Bdouls, bien qu’ils aient accepté de quitter le site, ont continué de s’y rendre pour travailler avec les touristes et gagner de quoi vivre. De notre correspondant à Amman, Keffiehs enroulés sur la tête et vêtements traditionnels de Bédouins, les Bdouls de Pétra errent en chameau ou en âne à Oum Sayhoum, village situé à l’extérieur du site historique de Pétra construit de toute pièce par le gouvernement pour reloger cette communauté. Tous regardant avec regret et nostalgie comment ils sont passés de propriétaires d'un lieu exceptionnel à étrangers interdits d'entrer sauf avec approbation du gouvernement. Le 12 décembre dernier, les autorités jordaniennes ont expulsé des centaines de familles de Bédouins, dont la vieille Fatima, et des dizaines d’autres familles de la tribu bédouine des Bdouls qui occupaient des grottes la journée pour proposer plats locaux en tout genre et moments inoubliables aux visiteurs de passage. Depuis quatre mois, Fatima ne peut plus se rendre sur le site et pour elle, c’est insupportable. « Le gouvernement nous a opprimés et nous a forcés mes enfants et moi à fuir hors de Pétra. Nous sommes tous assis ici à la maison sans travail ni moyen de subsistance, et dans ce village, il n’y a rien à part des logements, nous sommes isolés et livrés à nous-mêmes », dénonce Fatima. Les archives de RFIPétra, Jordanie, au-delà du tourisme « Je resterai là jusqu'à ma mort » Malgré l’expulsion des Bdouls du site historique de Pétra, 39 familles vivent toujours dans des grottes. Eux n’ont pas encore été expropriés, mais déplacés dans de nouvelles grottes plus excentrées du Trésor et du monastère. C’est le cas de la famille de Hasna qui y vit sans eau potable, ni électricité, et où il est impossible de tenir debout à l’intérieur. « L'eau, c’est notre point faible. Ils l'ont coupée de nos grottes pour nous forcer à quitter Pétra, et nous avons maintenant recours à l'eau potable d'une des sources, qui est elle-même polluée et a causé des maladies pour nous et nos enfants. Mais nous ne sortirons pas d'ici même si nous buvons de l'eau polluée, je resterai là jusqu'à ma mort », clame Hasna. À écouter aussiLe royaume nabatéen, premier royaume arabe? Le gouvernement jordanien se justifie Les autorités gouvernementales jordaniennes ont de leur côté justifié leurs actions en expliquant craindre que Pétra soit inscrite sur la liste des sites menacés du patrimoine mondial de l'Unesco, explique Ismail Abu Amud, chef adjoint de la Commission des réserves et du tourisme. « La présence de ces familles dans les grottes est contraire aux idées de l’Unesco et aux lois jordaniennes. L’agence onusienne demande en effet que les Bédouins soient réinstallés dans des vrais logements et qu’on leur offre des opportunités de travail. Il y a actuellement environ 40 familles dans les grottes et nous travaillons actuellement à leur trouver un logement alternatif avant de les expulser de Pétra », avance Ismail Abu Amud. Historiquement, les Bdouls travaillaient comme bergers, mais avec le début de l'afflux de touristes dans la ville à la fin des années 1960, ils se sont adaptés en proposant balades et divertissements aux touristes du monde entier. Aujourd’hui, les Bdouls de Pétra sont estimés à environ 3 000 personnes.

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Espagne: en Catalogne, l'indépendance ne semble plus une priorité

5/10/2024
En Catalogne, les élections régionales ont lieu dimanche 12 mai. Sept ans après la tentative de sécession et après une décennie de majorité indépendantiste au parlement catalan, l’indépendance ne semble plus être une priorité. De notre correspondante à Barcelone, Indépendance. C’est une rengaine qui résonne dans les meetings et manifestations depuis une décennie dans la région. Mais cette demande n’est désormais plus la principale préoccupation des Catalans, qui se rendront aux urnes ce dimanche. Un changement d’ère qu’explique Oriol Bartomeus, politologue à l’ICPS, l'Institut de sciences politiques et sociales : « Même si on dirait qu’on est à la même époque, parce que les personnages sont presque tous les mêmes qu’au moment du processus, en réalité, tant d’un point de vue des électeurs comme des discours des politiques, tout a changé. L’axe du débat n’est plus le même, il s’est ouvert à d’autres sujets, plus “normaux”, entre guillemets. Il n’y a plus un monopole du sujet indépendantiste », décrypte Oriol Bartomeus. Un manque de motivation Sur scène durant ses meetings, même la figure emblématique de la tentative de sécession de 2017, Carles Puigdemont – candidat de la droite indépendantiste – ne mentionne l’indépendance qu’après 20 minutes de discours. Il reconnait un manque de motivation de son clan : « Il nous manque la joie, on voit que l’humeur est abattue, qu’on manque d’amour-propre et de confiance quant à nos possibilités. Il faut les retrouver », clame l'ancien dirigeant de la Généralité catalane. À lire aussiEspagne: Carles Puigdemont abandonne la Belgique pour s'installer à la frontière espagnole Même certains indépendantistes de la première heure comme Carles Porta, venu au meeting, ne croient plus qu’ils puissent atteindre leur but à court ou moyen terme : « Cela me semble difficile que les partis s’entendent pour obtenir l’indépendance, c’est difficile avec les leaders qui nous dirigent aujourd’hui », pense Carles Porta. Vers une absence de majorité aux élections régionales ? Xavier Antich est président de l’association culturelle Òmnium, qui a organisé les plus grandes manifestations du mouvement indépendantiste de ces dernières années. Il partage ce diagnostic : « Le mouvement est découragé, désorienté et démobilisé. Pour nous, d’un côté à cause de la répression espagnole, de l’autre l’incapacité de partis indépendantistes de présenter un projet pour le pays », explique-t-il. Après une campagne où il a plutôt été question de sécheresse, de chômage et de logement, les partis indépendantistes pourraient – pour la première fois en 10 ans – ne pas obtenir de majorité parlementaire ce dimanche 12 mai. À lire aussiEspagne: les députés espagnols votent l'amnistie pour les indépendantistes catalans

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Les Maldives se rapprochent de la Chine au détriment de l'Inde

5/9/2024
Aux Maldives, 76 militaires indiens ont été renvoyés du pays, aboutissement d’une politique agressive du nouveau président, Mohammed Muizzu, envers son voisin indien et d’un rapprochement avec la Chine. Ceci fait craindre à l’Inde et aux pays occidentaux de voir un nouveau pays de la région tomber sous l’emprise de Pékin, qui développe sa « nouvelle route de la soie » dans cette partie de l’océan Indien. De notre envoyé spécial à Malé, C’était la promesse phare du nouveau président, et elle est tenue : ce 10 mai, les 76 militaires indiens, déployés entre autres pour surveiller des eaux territoriales, ont quitté les Maldives. Cette démarche a toutefois jeté un froid entre Malé et New Delhi, ce qui inquiète l’opposition. « L’Inde est notre voisin le plus proche. Notre plus grande menace sécuritaire est une catastrophe naturelle ou une marée noire, et c’est alors l’Inde qui nous aiderait. Alors que la Chine, elle, est très loin », observe Mariya Didi, ancienne ministre de la Défense dans le gouvernement précédent. Des relations bilatérales avec la Chine au rang de partenariat stratégique Ce froid avec l’Inde est remplacé par un réchauffement des relations avec Pékin : le président Mohammed Muizzu s’est déjà rendu en Chine, où il a élevé les relations bilatérales au niveau de partenariat stratégique. Un navire de renseignement chinois a ensuite appareillé dans l’archipel, ce qui inquiète New Delhi, qui craint l’espionnage chinois. Malé refuse toutefois de parler d’alignement avec la Chine. « Ce partenariat avec la Chine est surtout économique, pour renforcer la sécurité des touristes chinois et le développement des infrastructures », soutient Ali Naseer, ambassadeur pour le ministère des Affaires étrangères. « Les Maldives se trouvent à une position stratégique et nous recevons beaucoup de demandes d’appareillage de bateaux étrangers. En mars dernier, nous avons ainsi accueilli un navire militaire américain. » À lire aussiLes Maldives signent un accord de défense avec Pékin, les troupes indiennes proches du départ Des emprunts chinois risqués La Chine investit dans les pays de l’océan Indien pour garantir son approvisionnement en matières premières depuis le Golfe. Mais ceci peut être périlleux : le Sri Lanka a ainsi reçu des prêts généreux de Pékin, mais quand le pays n’a pas pu les rembourser, la Chine a saisi un port stratégique. Les Maldives sont aussi vulnérables. Les emprunts chinois représentent près de 20% du PIB du pays, ce qui est une position risquée selon le FMI. Aly Shameem, professeur de relations internationales à l’Université nationale des Maldives, met en garde contre ce piège de la dette. « Les politiciens font des promesses irréalistes pour gagner les élections, et ensuite ils cherchent tout acteur qui puisse financer ces projets. Et c’est alors que les problèmes arrivent. Le président Muizzu parle de construire un tunnel sous l’eau, ce qui est controversé. On voit que chaque dirigeant veut laisser un héritage pour imprimer son nom dans la mémoire des gens. » Les Maldives restent dépendantes de l’Inde pour leur alimentation, et New Delhi accepte pour l’instant de maintenir ses exportations de produits essentiels vers l’archipel.

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Canicule en Thaïlande: les taxi-motos de Bangkok en première ligne

5/8/2024
Vague de chaleur en Asie du Sud-Est. En Thaïlande, les températures atteignent 44° dans plusieurs provinces, 50° ressentis à Bangkok. Une vague qui touche en particulier les plus fragiles, les personnes âgées et surtout les plus pauvres, qui ne disposent pas de l’air conditionné et exercent souvent des métiers qui les obligent à rester dehors. De notre correspondante à Bangkok, Depuis quelques jours, la chaleur dans les rues de la capitale thaïlandaise est telle qu’il est devenu pénible de sortir de chez soi entre 10 et 18 heures. Ceux qui s’y risquent tentent de se protéger avec des ombrelles, mais beaucoup n’ont pas le choix, comme Pi Neuk, un chauffeur de moto-taxi, maillon essentiel de la chaîne des transports urbains en Thaïlande. À 60 ans, il a déjà fait un malaise qui l’a conduit à l’hôpital, il y a quelques jours, mais le voilà de retour avec, pour affronter la chaleur, les moyens du bord. « Vous voyez, j’ai un petit linge mouillé, je le mets sur ma tête pour éviter de refaire un malaise avec cette chaleur, c’est insupportable de faire plus de 500 mètres à moto, sous le soleil. Alors, on ne fait que des petits trajets, donc on gagne moins d’argent aussi, à peine 10 ou 15 euros par jour, on commence à 5 heures du matin. De toute façon, on ne dort pas bien. Le matin, c’est le seul moment où on peut un peu travailler. » « Ça nous dépasse » Avec trente morts par insolation depuis le mois de janvier, les autorités sanitaires appellent à la vigilance pour les plus fragiles. Somyot est pharmacien, et sa boutique, ne désemplit pas : « Ce qui nous inquiète le plus, ce sont les coups de chaleur, particulièrement pour ceux qui ont des maladies chroniques. Il y a beaucoup de gens qui viennent me voir désemparés. Ils ne savent plus comment supporter la chaleur, surtout ceux qui doivent rester au soleil. Pourtant, les Thaïlandais sont habitués aux fortes températures, mais là, ça nous dépasse. Beaucoup n’arrivent plus à dormir la nuit. Par conséquent, leur santé se détériore. » Dans les quartiers populaires, où les habitants n’ont pas la climatisation, il n’y a pas de répit, ni de jour, ni de nuit. Il faut donc se réorganiser pour apprendre à vivre avec la chaleur : « Il faut complètement réorganiser son emploi du temps, explique cette femme d'un quartier pauvre. Se lever à 4 ou 5 heures du matin, travailler, se coucher à 10 heures, redormir un peu aux heures chaudes du milieu de journée, et quand c’est trop dur à supporter, on médite, on entraîne son esprit, pour se refroidir le cœur. » La vague de chaleur devrait encore empirer dans les semaines à venir. Déjà une réalité pour la majorité des Thaïlandais, le réchauffement climatique affecte particulièrement l’Asie du Sud-Est, qui pourrait voir les jours d’extrême chaleur passer à 220 par an d’ici une dizaine d’années. À lire ou à écouter aussiVague de chaleur en Thaïlande: quelles conséquences au quotidien?

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Italie: le parti de la Première ministre met en danger le droit à l'avortement dans certaines régions

5/7/2024
Le 23 avril 2024, le Parlement italien a voté un amendement de Fratelli d’Italia qui permet aux mouvements anti-avortement d’intervenir dans les centres de planning familial. En Émilie-Romagne, où l’accès à l’IVG est garanti, contrairement à de nombreuses régions, la décision du parti de Georgia Meloni provoque l’inquiétude et la colère. À Modène, l’association féministe Bon Una di Meno prépare pour ce 8 mai, jour de la fête des Mères en Italie, une réunion d'information pour endiguer l'influence de ces groupes. De notre correspondante à Modène, Le rendez-vous est fixé à l'Eretica, un local associatif dans l'ouest de Modène. Dans la petite salle du premier étage, les militants sont une vingtaine. Premier point à l'ordre du jour, organiser une soirée à destination des femmes pour les informer sur la réalité de l'avortement. Car depuis 6 mois, les groupes dits pro-vie ont été particulièrement actifs à Modène. Pour la première fois en Italie, l'association 40 jours pour la vie a organisé des veillées devant l'hôpital Polyclinico, qui pratique des avortements. Luciana milite depuis près de 10 ans au sein de Non Una di Meno. « C'était de 07h00 du matin à 07h00 du soir. Ils n'étaient pas nombreux, mais ils se mettaient là pour prier pendant des heures et une militante sur place nous a également informés qu'ils faisaient signer des pétitions. » Les premières veillées ont lieu en octobre et novembre, puis de nouveau en février et mars, soit au total 80 jours de prière anti-avortement au pied de l'hôpital. Le 10 mars dernier, le groupe organise même une assemblée publique sur le syndrome post-avortement. Victoria a assisté à cette conférence opposée à cette théorie des chiffres et des études. « Cette conférence paraît essentiellement du syndrome post-avortement. De quoi s'agit-il ? D'un mensonge. Nous nous sommes informés, documentés, et ça n'existe pas. Eux ont comparé ce syndrome post-avortement au syndrome de stress post-traumatique. » Des pratiques anti-IVG qui pourraient se généraliser En Italie, l'avortement est autorisé par la loi 194 adoptée en 1978. Dans les faits, 63% des gynécologues et des obstétriciens sont objecteurs de conscience pour des raisons religieuses où personnelles. Ils peuvent refuser de pratiquer une interruption volontaire de grossesse ou même de délivrer le certificat médical préalable à une IVG. Dans les Abruzzes, en Basilicate, en Sicile, à Bolzano ou dans le Molise, ce chiffre dépasse les 80%. Les centres de consultation familiale jouent alors un rôle clé. En Émilie-Romagne, ils délivrent 70% des certificats médicaux dont les femmes ont besoin avant de pouvoir effectuer une IVG. Victoria : « Nous nous sommes proposés d'accompagner les personnes qui en auraient besoin, d'aider les personnes qui avaient eu de mauvaises expériences, parce que cette situation dans les centres a déstabilisé pas mal de monde. » Dans les régions où la coalition gouvernementale est au pouvoir, les associations dites pro-vie ont déjà pénétré les centres de consultation familiale. Dans le Latium ou dans les Marches, des femmes ont dénoncé des entretiens au cours desquels elles avaient été contraintes d'écouter les battements du cœur du fœtus. Avec cet amendement, les militantes craignent que ces pratiques anti-avortement ne se généralisent du nord au sud du pays. À lire aussiItalie: manifestation des pro-IVG à Rome après un décret du gouvernement Meloni

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Allemagne: il faut s'abonner auprès d'un «club» pour détenir légalement du cannabis

5/6/2024
En Allemagne, la consommation de cannabis récréatif est désormais autorisée, depuis sa légalisation le 1er avril 2024. Les adultes amateurs peuvent détenir 25 grammes de cannabis dans les lieux publics et pour la culture à domicile, jusqu’à 50 grammes. Mais l’Allemagne étant un pays fédéral, chaque État régional dispose d’un certain degré de liberté pour décider comment appliquer la nouvelle législation et de nombreuses zones d’ombres subsistent. De notre correspondante à Berlin, Salomé Hénon-Cohin Il y a un mois, l’ambiance était détendue porte de Brandebourg. Les défenseurs de la légalisation du cannabis s’étaient tous réunis pour fêter sa dépénalisation. Mais depuis, pour les professionnels du secteur, c’est une course contre-la-montre qui s’est enclenchée. Car le 1er avril, non seulement le cannabis est devenu légal, mais c’est toute une filière estimée à plusieurs milliards d’euros qui s’est ouverte en Allemagne. Les dernières estimations montrent que le gouvernement allemand pourrait empocher jusqu’à 3 milliards d’euros par an grâce aux taxes sur le cannabis. Alors les professionnels s’organisent. Filip Wawrzyniakest le fondateur de l’entreprise BerlinGreen qui existe depuis 5 ans. Cette start-up berlinoise est spécialisée dans la production de grow box, ces boîtes qui recréent les conditions idéales pour faire pousser du basilic, du piment ou encore du cannabis. « Nous étions déjà bien placés avant même la légalisation il y a quelques semaines. Nous avions déjà le produit parfait sur le marché. » Avec la box, il est possible d’avoir 50 grammes tous les 2 mois environ. Ce chef d’entreprise ne croit pas vraiment à l’avenir des « Cannabis social club », ces associations auxquelles devront adhérer les personnes souhaitant acheter du cannabis légal à partir de juillet. « C’est comme dans les années 1990, il y avait des cybercafés partout, mais maintenant il n’en existe plus parce que tout le monde a internet chez soi. » Cultiver ou s'abonner Une comparaison que Max Okonechnikov responsable de la communication d’une entreprise qui gère plusieurs de ces « Cannabis social club » réfute : « Je ne vois pas les choses de cette façon parce que nous ne sommes pas tous jardiniers. Bien sûr, il y aura les jardiniers amateurs, ceux qui ont déjà cultivé du cannabis auparavant ou ceux qui sont intéressés. Mais à mon avis, 90% des gens ou une grande majorité voudront simplement aller dans un endroit et y acheter leur cannabis. » Mais attention, ces clubs ne seront pas des coffee shops comme à Amsterdam par exemple, et encore moins des magasins où l’on peut acheter tout simplement du cannabis : « La commercialisation est interdite, le cannabis récréatif n’est pas vendu, mais donné contre abonnement. » Car c’est ça la loi. Le gouvernement contraint les consommateurs de cannabis soit à cultiver des plantes chez eux, soit à souscrire à un abonnement auprès d’un « Cannabis social club ». Mais pour l’instant, les clubs sont en train de se former et n’ouvriront qu’en juillet 2024. La culture de la plante, quant à elle, est relativement longue, si bien que la seule façon de se procurer du cannabis actuellement, c’est toujours sur le marché noir. À lire aussiLe cannabis à usage récréatif devient légal en Allemagne malgré les critiques

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