Pop Corn-logo

Pop Corn

Radio Nova

Chaque semaine, Nova fait le tri pour vous dans les sorties en salles. S’il n’y a qu’un seul film à voir, c’est celui-là.

Location:

France

Networks:

Radio Nova

Description:

Chaque semaine, Nova fait le tri pour vous dans les sorties en salles. S’il n’y a qu’un seul film à voir, c’est celui-là.

Language:

French


Episodes
Ask host to enable sharing for playback control

BAD BOYS RIDE OR DIE x LA GARDAV’ : Mais que fait la police ?

6/5/2024
Cela fait toujours un drôle d'effet de voir apparaître à l'écran le logo des productions Don Simpson/ Jerry Bruckheimer. Au minimum parce que cela ramène aux années 80-90, quand ces deux-là ont profondément transformé le cinéma hollywoodien en lui apportant le principe du High concept. Késako ? L'idée qu'un film puisse résumer à une idée forte centrale autour de laquelle on brodera un scénario. C'est ainsi que sont nés Top Gun, Le flic de Beverly Hills ou encore Bad Boys. Trois énormes succès normatifs de toute une économie de cinéma, qui y a vu une formule magique à laquelle elle n'a de cesse de retourner. Ainsi, un nouveau Bad Boys et un nouveau Flic de Beverly Hills débarquent ce mois-ci en salles ou sur Netflix. Enfin, nouveau, c'est beaucoup dire, dans le cas de Bad Boys : Ride or Die, tant il n'est qu'un recyclage du moule initial, soit une combinaison de scènes d'action et de vannes entre Will Smith & Martin Lawrence. Un syndrome de la redite qui a gagné jusqu'à Adil El Arbi & Billel Fallah, tandem de réalisateurs belges, qui avaient plutôt pas mal pimpé la franchise en 2020 avec Bad Boys for life, mais enferment ici un scénario des plus poussifs dans des tics déjà périmés, de plans faisant de l'œil aux gamers fans de FPS à un déluge d'effets numériques privant ce film de toutes parts organique. Bande-annonce de Bad Boys : Ride or Die, 2024 Bad Boys : Ride or Die va jusqu'à confirmer son incapacité à régénérer sa franchise en ressuscitant un personnage assassiné dans l'opus précédent, redevenu central dans l'intrigue mollassonne. Alors « Bad boys, bad boys/ What you gonna do ? » Peut-être enfin penser à prendre la retraite. La chanson-gimmick de Bad boys est justement citée dans une scène de La gardav'. Ironie du sort quand le film de Dimitri & Thomas Lemoine est aux antipodes économiques et pratiques du blockbuster. Le récit du tournage d'un clip de rap qui tourne mal ploie sous le bricolage amateur forcé par une autoproduction, mais déborde de sincérité, y compris dans l'envie de démonter certains clichés sur la population des banlieues. Les maladresses de rythme ou d'écriture, sans doute dues à l'autodidactisme des deux frères aux commandes, sont compensées par une énergie comique supérieure à celle de certains films mieux lotis financièrement. Au-delà de l'expérience de vétérans vus dans Kamelott, Caméra Café ou Les Tuche, Thomas Lemoine renoue avec un comique burlesque dans un hilarant rôle de benêt naïf façon Bourvil de cité. Bande-annonce de La Gardav', 2024 La Gardav' dérouille ainsi les mécanismes et quiproquos des bonnes comédies de boulevard pour les amener sur le territoire des quartiers. Même avec ses imperfections, la claire envie de bien faire ou le bon esprit de l'ensemble laisse penser qu'il va effectivement falloir garder à vue les frères Lemoine après ce premier essai modeste, mais prometteur. Bad boys Ride or die / La Gardav'. En salles le 5 juin 2024.

Duration:00:03:09

Ask host to enable sharing for playback control

MEMORY x SALEM : Du coeur à l'ouvrage

5/29/2024
En cette époque particulièrement chaotique, toute dose d'empathie est plus que bienvenue. On la trouvera cette semaine au cinéma, avec un doublé de sorties pour autant inattendu. La période doit vraiment être redoutable pour que Michel Franco, cinéaste reconnu pour sa misanthropie profonde, signe avec Memory un film essentiellement tourné vers l'humain. En l'occurrence deux, une assistante sociale et un veuf. Ils se sont connus à la fac, se retrouvent des années plus tard à une réunion d'anciens élèves. Elle est une ancienne alcoolique jamais loin de replonger, lui vient se découvrir être atteint de démence précoce. Usuellement chez Franco, ce duo aurait sombré dans leurs failles et leurs traumas. Memory leur offre la force de s'émanciper de leurs milieux toxiques. Là où d'habitude ce réalisateur anesthésie à force de scénario retors et nihiliste, le voilà qui s'essaie au mélo doux pour cicatriser les plaies de deux écorchés vifs. Bien sûr, l'horizon sombre de la dégénérescence s'annonce, mais Memory émeut à s'efforcer d'être un film de réparation de corps et de cœurs brisés. Bande-annonce de Memory : https://youtu.be/_w6Wkui3A9c?si=tS0i-B0_X1-HvqNr Jean-Bernard Marlin, s'était, lui aussi, révélé capable d'un regard cru avec Shéhérazade, sidérant premier film autour d'un amour impossible entre deux minots marseillais. Salem démarre comme un Roméo et Juliette ado dans les quartiers nord de la ville. Djibril, le comorien et Camilla, la gitane, s'aiment au point de faire un enfant. La guerre entre cités va envoyer Djibril en prison, où il devient obsédé par l'idée de sa fille grandissant sans lui. Il en sort convaincu d'avoir le don de guérison universelle et que sa rejetonne sera une prophète pouvant sauver le monde de son cycle de violence. Porté par une envie de pacifisme jusque dans son titre, Salem sait pour autant que son vœu de transmission de bienveillance à la jeune génération est sans doute idéaliste. À travers la relation qui se noue entre un père et une fille, il propose pour autant une voie alternative, y compris dans un imaginaire de cinéma entremêlant film noir et néo-mysticisme. Cette alliance stupéfiante pour conjurer la malédiction des déshérités sociaux, reste peut-être un peu naïve face à la réalité des cités, mais la conviction de son réalisateur comme de son récit font léviter Salem bien au-dessus du cinéma naturaliste usuel. Bande-annonce de Salem : https://www.youtube.com/watch?v=hg_KzrEZDcQ Memory / Salem. En salles le 29 mai

Duration:00:02:30

Ask host to enable sharing for playback control

CLAP DE FIN DU FESTIVAL DE CANNES : Tous comptes faits

5/27/2024
Voilà, Cannes 2024, c'est fini. Une fois le palmarès tombé, tout le monde rentre chez soi. Certains même avant, pour lesquels la cérémonie de remise des prix sera devant la télé. Samedi après-midi, on a même croisé Adèle Exarchopoulos faisant pépère la queue dans le wagon-bar du train. C'était déjà un indice que L'amour ouf, le film de Gilles Lellouche, n'allait pas décrocher quoi que ce soit. Beaucoup ont senti, eux, leur mâchoire dégringoler en entendant qu'Anora se voyait décerner la Palme d'Or plutôt que l'ultra-favori, Les graines du figuier sauvage, médaillé, lui, du Prix Spécial du Jury. Un choix en fait peut-être prudent : Dans la période actuelle où en Iran, il vaut mieux y aller mollo avec les Mollahs, La récompense suprême aurait de quoi signifier mise au gnouf illico pour toute l'équipe du film restée au pays. De toute manière, décortiquer un palmarès cannois n'a pas beaucoup de sens : c'est à l'aube de l'édition suivante, quand les films auront connu leur carrière en salles, que les vertus de la présente devront être analysées. Cependant, si, comme souvent, elle devrait s'avérer le haut du panier de l'année cinéma, il est d'emblée clair qu'au vu d'une sélection assez terne, 2024 ne devrait pas rester mémorable. Au final, qu'est-ce qu'on a vu cette année à Cannes ? Sans doute un reflet de l'époque et de son chaos. Toutes sections confondues, ce festival aura été celui des films désarçonnants à force de malaxer les narrations et les registres, quitte à étouffer leur propos. Il n'est d'ailleurs sans doute pas anodin que Greta Gerwig et son jury aient globalement récompensé les films les plus limpides de la compétition. De ce flou sont toutefois ressortis quelques motifs : En premier lieu, la récurrence de personnages féminins, la plupart bataillant encore contre l'emprisonnement d'un vieux monde, mais avec une certaine avancée, quand, au-delà d'une maigre délégation féminine (quatre réalisatrices seulement en compétition), beaucoup des films signés par des hommes mettent en scène des femmes et plaident leur cause. Pour autant, ce qu'on aura donc le plus vu à Cannes, c'est du cul. Ou plutôt des culs, quand les plans s'attardant sur des postérieurs auront été aussi innombrables que très charnels. Pour le coup, avec une certaine équité, ces fessiers étant aussi bien masculins que féminins. Était-ce une manière de mettre encore plus à nu le monde, dire que, malgré son état, il restait encore désirable ? Ou de sous-entendre qu'il est en train de nous péter à la gueule ? Allez savoir.

Duration:00:02:33

Ask host to enable sharing for playback control

CANNES JOUR 8 : La mode, la mode, la mode

5/24/2024
À 24 heures du palmarès, les bookmakers de festival sont en berne. C'est un vrai pari de pronostiquer qui repartira de la croisette avec la Palme d'or dans ses bagages. Au minimum parce qu'il reste encore deux candidats à être montrés, La plus belle des marchandises, le dessin animé signé Michel Hazanavicius et La graine de la figue sacrée de l'Iranien Mohammad Rasoulof. Encore plus quand aucun film de la compétition n'a jusque-là pleinement fait l'unanimité. Toutefois, un grand gagnant peut d'ores et déjà être annoncé : l'industrie de la mode. La relation entre les grands groupes et le festival n'est pas nouvelle. Depuis que la fameuse montée des marches sur tapis rouge a été inventée, celle-ci est un showroom à ciel ouvert pour les grands couturiers, qui en retour y trouvent le catwalk le plus médiatisé au monde. Cannes y trouve son compte par une présence strass et paillettes dans toutes les gazettes de la planète. Mais ce rapport win-win prend cette année une nouvelle dimension. Après une première étape l'an dernier en accompagnant le moyen-métrage de Pedro Almodóvar en tant que producteur, Saint-Laurent est pleinement passé de l'autre côté des marches en finançant cette année trois films de la compétition, ceux de David Cronenberg, Jacques Audiard et Paolo Sorrentino. Une étape fondamentale autant pour Cannes que pour le monde du cinéma, où l'industrie du luxe est de plus prégnante. En plus des filiales de production, jusqu'à CAA, une des agences hollywoodiennes les plus puissantes, a récemment été rachetée par François-Henri Pinault, le patron du groupe Kering auquel appartient Saint-Laurent. À ce stade, il est inquiétant que la mode finance ce type de cinéma, parce que cela signifie à quel point des auteurs comme Audiard ou Cronenberg et d'autres ne parviennent plus à trouver de financements traditionnels, même si cela leur permet de continuer à faire des films. Mais il faudra scruter de près l'évolution rapide de ce phénomène -on pourrait tout autant mentionner l'importante présence financière de Chanel dans le budget de certains festivals nouvellement créés. D'autant plus quand une riposte ne serait tarder de la part de LVMH, qui vient créer 22 Montaigne entertainment, dédiée, elle aussi, à la production. Il n'est donc pas impossible que dès 2025 à Cannes, on regarde des films sous cette bannière… Jusqu'à faire de la compétition un porte-manteau de ces groupes ? On préfèrerait y découvrir, dans quelques années, un thriller économique qui raconterait les coulisses de leur nouvelle rivalité. Photo : L’équipe du nouveau film d’Almodóvar, Extraña Forma de Vida, avec Anthony Vaccarello, producteur et directeur artistique d’Yves Saint-Laurent, à Cannes en 2023. Patricia DE MELO MOREIRA, AFP.

Duration:00:02:27

Ask host to enable sharing for playback control

CANNES JOUR 7 : Enfin, la compet’ !

5/23/2024
On ne va pas se mentir, Cannes 2024 ne devrait pas rester parmi les crus les plus éclatants. À vrai dire, l'industrie le savait avant même que cette édition démarre, au vu de projets ayant eu souvent du mal à être financés, de grands noms qui ne seront prêts que l'année prochaine, de cinématographies malmenées par des politiques fermant les robinets ou d'un cinéma américain qui doit encore se remettre de la longue grève des scénaristes. Le plus important festival de cinéma au monde ne pouvait qu'être la caisse de résonance d'un contexte morose. La chose semblait même entendue au vu d'une compétition jusque-là molle, entre films confus, anecdotiques ou ne sortant pas des rails usuels de leurs auteurs. Seul Emilia Perez,l'inattendue comédie musicale de Jacques Audiard, avait éveillé un intérêt de la foule cannoise. On pensait donc l'affaire pliée. Lorsque soudain, une triplette de films ont remis les pendules à l'heure. Coup sur coup, Paolo Sorrentino, Sean Baker et Miguel Gomes ont rappelé que Cannes est aussi une affaire d'excellence. Avec Parthenope, Anora et Grand Tour, les enjeux ont été relancés, avec la chronique d'une vie de femme napolitaine, une peinture de la nouvelle génération capitaliste déguisée en comédie policière, ou encore une course-poursuite rêveuse entre deux fiancés. Un tiercé qui a tout pour être gagnant lors du palmarès à tomber samedi soir, tant ils sont de forts candidats, au minimum concernant les prix de la mise en scène ou d'interprétation. Les choses ne sont pourtant pas si simples alors que ces films devront aussi passer le contrôle douanier de l'époque. Vrai qu'aussi sublimement mis en scène qu'il soit, le fond du film de Paolo Sorrentino est encombrant à l'ère #MeToo quand il sur-sexualise son héroïne ou laisse la plupart de ses personnages masculins effarés d'être face à une femme belle ET intelligente. Quant à la narration hyper arty de Grand Tour ou le rythme indolent d'Anora,ils vont à l'encontre des attentes d'un public de moins en moins patient ou ouvert aux expériences formalistes. Mais au minimum, on doit être gré à ses trois films d'avoir donné l'impression que la compétition (et les débats animés qui vont avec) vient enfin de commencer. Pendant le Festival de Cannes, retrouvez tous les jours la chronique Pop Corn d’Alex Masson, notre envoyé à la croisette, à 7h37 dans « T’as vu l’heure ? », la matinale de Radio Nova.

Duration:00:02:20

Ask host to enable sharing for playback control

CANNES JOUR 7 : Enfin, la compet’ !

5/23/2024
On ne va pas se mentir, Cannes 2024 ne devrait pas rester parmi les crus les plus éclatants. À vrai dire, l'industrie le savait avant même que cette édition démarre, au vu de projets ayant eu souvent du mal à être financés, de grands noms qui ne seront prêts que l'année prochaine, de cinématographies malmenées par des politiques fermant les robinets ou d'un cinéma américain qui doit encore se remettre de la longue grève des scénaristes. Le plus important festival de cinéma au monde ne pouvait qu'être la caisse de résonance d'un contexte morose. La chose semblait même entendue au vu d'une compétition jusque-là molle, entre films confus, anecdotiques ou ne sortant pas des rails usuels de leurs auteurs. Seul Emilia Perez, l'inattendue comédie musicale de Jacques Audiard, avait éveillé un intérêt de la foule cannoise. On pensait donc l'affaire pliée. Lorsque soudain, une triplette de films ont remis les pendules à l'heure. Coup sur coup, Paolo Sorrentino, Sean Baker et Miguel Gomes ont rappelé que Cannes est aussi une affaire d'excellence. Avec Parthenope, Anora et Grand Tour, les enjeux ont été relancés, avec la chronique d'une vie de femme napolitaine, une peinture de la nouvelle génération capitaliste déguisée en comédie policière, ou encore une course-poursuite rêveuse entre deux fiancés. Un tiercé qui a tout pour être gagnant lors du palmarès à tomber samedi soir, tant ils sont de forts candidats, au minimum concernant les prix de la mise en scène ou d'interprétation. Les choses ne sont pourtant pas si simples alors que ces films devront aussi passer le contrôle douanier de l'époque. Vrai qu'aussi sublimement mis en scène qu'il soit, le fond du film de Paolo Sorrentino est encombrant à l'ère #MeToo quand il sur-sexualise son héroïne ou laisse la plupart de ses personnages masculins effarés d'être face à une femme belle ET intelligente. Quant à la narration hyper arty de Grand Tour ou le rythme indolent d'Anora, ils vont à l'encontre des attentes d'un public de moins en moins patient ou ouvert aux expériences formalistes. Mais au minimum, on doit être gré à ses trois films d'avoir donné l'impression que la compétition (et les débats animés qui vont avec) vient enfin de commencer. Pendant le Festival de Cannes, retrouvez tous les jours la chronique Pop Corn d’Alex Masson, notre envoyé à la croisette, à 7h37 dans « T’as vu l’heure ? », la matinale de Radio Nova.

Duration:00:02:20

Ask host to enable sharing for playback control

CANNES JOUR 6 : Hard corps

5/22/2024
Au bout de dix jours de festival, le moindre accrédité a le sentiment d'avoir pris dix ans dans la vue, vit dans un état second, sous perfusion non-stop de café qui a fini par remplacer le sang dans les veines. Soit en parfait accord avec des films tournant autour du rapport à la mort ou au vieillissement. Dans The substance, une ancienne star de cinéma reconvertie en animatrice d'émission d'aérobic le refuse tellement qu'elle accepte la proposition d'une mystérieuse société qui lui fournit un clone rajeuni. Seule condition express, les deux versions doivent alterner leurs semaines de vie, et si l'une ne respecte pas la règle, l'autre se met à décrépir. Coralie Fargeat revisite donc Le portrait de Dorian Gray pour une mise à jour à l'heure d'un retour à l'obsession pour la célébrité et son endoctrinement des corps. L'idée est d'autant plus sensée que la réalisatrice a convoqué Demi Moore et Margaret Qualley, soit une actrice mise au placard et une valeur montante, en alter egos. Fargeat a eu l'intelligence de mettre de côté la charge contre les hommes (même relativement – il y a dans cette histoire un producteur de télécompilant tous les usages des prédateurs, qui, plus est, est nommé Harvey, comme un certain...Weinstein) pour se concentrer sur son pacte faustien, virant au mégacrêpage de chignon. Il reste dommage que The Substance se maquille comme un camion volé à coup d'effets tapent-à-l’œil où qu'il s'embarque dans un gorissime final grand-guignol, certes amusant, mais digressif. Toutefois, la rogne maintenue jusqu'au bout confirme que, même en se laissant aller au potache, les réalisatrices qui s'emparent du cinéma fantastique ne sont plus là pour jouer les potiches. On savait à l'inverse, depuis quelques films, que David Cronenberg avait mis de côté l'horreur graphique pour se concentrer sur celle plus intime. Sans pour autant renoncer à des concepts dérangeants. Les Linceuls invente une technologie permettant de rester en lien permanent avec les morts. Difficile de ne pas faire le lien entre un veuf qui refuse de faire son deuil et un réalisateur qui a lui-même perdu sa femme. Encore moins quand Vincent Cassel s'est fait la tête de Cronenberg jusqu'à la coupe de cheveux. Ce parallèle rend Les linceuls poignant, quand il est pétri de l'impossibilité d'adieux. Cette matière émotionnelle rabiboche avec un cinéaste dont les derniers opus devenaient de plus en plus stériles. Un réchauffement de maigre durée, Les linceuls se drapant dans une intrigue complotiste aussi fumeuse qu'abstraite, qui étouffe des théories passionnantes sur la subsistance des êtres face aux capacités des images virtuelles. Vincent Cassel et Diane Kruger offrent encore un peu de chair, mais les vraies larmes sont celles que l'on verse sur un Cronenberg qui embaume son inconsolable chagrin dans le suaire d'une trop grande rigidité. Pendant le Festival de Cannes, retrouvez tous les jours la chronique Pop Corn d’Alex Masson, notre envoyé à la croisette, à 7h37 dans « T’as vu l’heure ? », la matinale de Radio Nova.

Duration:00:02:51

Ask host to enable sharing for playback control

FOUDRE : coup de tonnerre dans le cinéma Suisse

5/22/2024
Foudre porte remarquablement son titre. Le premier long métrage de Carmen Jacquier est autant traversé par des zébrures érotiques que par une humeur orageuse. Celle d'Elisabeth, une jeune femme qui doit quitter le couvent où elle était entrée pour prendre la place d'aînée dans la ferme familiale, après la mort soudaine de sa sœur. Foudre passera du mystère entourant ce décès à une approche quasi mystique de l'émancipation d'Elisabeth, s'éveillant à ses désirs de liberté, d'esprit ou sexuels, dans une Suisse rurale du début du XXe siècle sous emprise de la religion catholique. Foudre réveille le cinéma helvète par sa puissance picturale comme par sa sensualité, transcende une quête d'identité par celle des corps, le tout dans un esprit de communion, mais pour un film préférant le sensoriel au solennel. Le monde intérieur d'une adolescente et les rugosités de celui réel s'y entrechoquent de manière tellurique, faisant d'emblée du cinéma de Jacquier un égal de ceux de Jane Campion ou de Terrence Malick. Comme eux, cette réalisatrice transforme une introspection méditative en fulgurante épiphanie. Et pendant que Foudre s'essaie à un dialogue franc avec Dieu, Carmen Jacquier, s'est, elle, confiée au micro de Nova. Foudre, en salles le 22 mai.

Duration:00:24:53

Ask host to enable sharing for playback control

CANNES JOUR 5 : Fromage et dessert

5/21/2024
Il faut parfois savoir être discret pour se faire remarquer à Cannes. En coulisses du vacarme omniprésent de la compétition, certains films à profil plus bas finissent toujours par trouver la lumière. Cette année, c'est au sein de la section Un certain regard que deux d'entre eux ont ravi par leur humilité. Vingt Dieux ! et My Sunshine partagent aussi une identité de terroir. Le premier se pose dans le Jura, pour suivre la débrouille de Totone, 18 ans, qui se retrouve du jour au lendemain à devoir gérer tout seul la ferme familiale. Pour sortir de la mouise, il se lance dans la fabrication de Comté, espérant décrocher un substantiel prix du meilleur fromage. Louise Courvoisier ne fait pas cailler le lait de ce pitch improbable, l'ingrédient principal de son film restant l'initiation d'un grand gamin à la solidarité comme à l'amour. L'environnement, monde rural dans la dèche, est rugueux, le casting de comédiens non-professionnels aura été sauvage, mais Vingt Dieux ! charme par sa tendresse. Courvoisier gagne illico ses galons d'appellation contrôlée en se situant idéalement entre les cinémas de Ken Loach et de Maurice Pialat, naturaliste, mais sans sentimentalisme, âpre, mais qui soutient ses personnages pour qu'ils restent debout. Pendant que Vingt Dieux ! s'échauffe au soleil d'un été, My Sunshine fait tomber la neige sur deux ados japonais, Takuya et Sakura, pris sous l'aile d'un coach de patinage artistique. Hiroshi Okuyama fait de jolies arabesques autour de ce trio pour explorer les grands chagrins de l'enfance comme les regrets de l'âge adulte. Les rares éclats de My Sunshine résonnent d'autant plus dans une atmosphère aussi cotonneuse que minimaliste, tout comme les fissures, qui vont s'attaquer au lien entre ces deux sportifs en herbe et leur mentor, sont invisibles à l'œil nu. Okuyamadéveloppe avec la même grâce le discours sur les stéréotypes de genre qui prend peu à peu sa place dans ce dispositif épuré. S'ouvrant sur un début d'hiver, My Sunshine se clôt sur les premiers bourgeons d'un printemps. Ce film délicat se révèle alors comme une ultime bulle protectrice pour Takuya et Sakura, glissant désormais vers les réalités, parfois cruelles, de la vie. Pendant le Festival de Cannes, retrouvez tous les jours la chronique Pop Corn d’Alex Masson, notre envoyé à la croisette, à 7h37 dans « T’as vu l’heure ? », la matinale de Radio Nova. Photo : Vingt Dieux !, 2024

Duration:00:02:23

Ask host to enable sharing for playback control

CANNES JOUR 4 : Tous au balcon !

5/20/2024
Un des rituels du festival de Cannes est la déclaration préalable de Thierry Frémaux, son délégué général, avec une immuable parole : ce sont les films qui définissent le fond de l'édition en se faisant un écho du monde et non une ligne éditoriale prédéfinie. À mi-parcours du cru 2024, il est évident que, pour aussi différent qu'ils soient, ils se retrouvent dans un reflet du chaos généralisé du moment. Certains, pour ne pas dire la quasi-totalité des films de la compétition présentés jusque-là, sous des formes improbables et souvent confuses. D'autres en prenant à ras le corps des interrogations contemporaines. Emilia Perez, le nouveau Jacques Audiard, embrasse rien que par son pitch le bordel ambiant. Soit une comédie musicale sur le boss d'un cartel de narcotrafiquants mexicains qui veut changer de sexe, le tout sur des chansons signées Camille. Brillant en ce qui concerne la mise en scène autour de la question du genre, Emilia Perez l'est bien moins en ce qui concerne l'approche des cinémas de genre, surtout dans une dernière partie se pliant à la fois aux codes de la télénovela et du film d'action. Le discours féministe progressiste devient alors inaudible, envoyé dans le décor par ce virage vers un cinéma beaucoup plus banal. Si Les femmes au balcon, seconde réalisation de l'actrice Noémie Merlant, s'engouffre lui aussi dans de multiples registres, de la franche comédie au gore en passant par le film de fantômes, il ne dévie jamais de son propos autour des violences sexistes et sexuelles. Mieux : il le revendique via une bande de copines se retrouvant avec le cadavre d'un homme sur les bras. Les femmes au balcon n'a de cesse de marcher hors des clous pour mieux les enfoncer. Merlantn'y a peur de rien, et certainement pas de s'emparer de tous les tabous autour de la représentation du féminin à l'écran, de la nudité ultra-frontale à la sexualité assumée en passant par la charge mentale ou le consentement. Merlant et ses formidables colocs, Soueilha Yacoub et Sanda Codreanu, osent avec naturel jusqu'à d'hilarantes blagues prouteuses, toutes les transgressions pour une ode à la sororité. Les femmes au Balcon annoncent avec ce film débridé qu'un vent est en train de se lever, avec avis de tempête pour le patriarcat. Que Merlant le fasse avec une humeur aussi volontariste que joyeuse et généreuse ne le rend que plus enthousiasmant. À l'inverse, il y a de quoi se dire que la cause n'est pas gagnée quand Les femmes au balcon est relégué par Thierry Frémaux en séance de minuit, là où la mèche de cette ultra-jouissive bombe comique aurait mérité d'être allumée en plein jour. Pendant le Festival de Cannes, retrouvez tous les jours la chronique Pop Corn d’Alex Masson, notre envoyé à la croisette, à 7h37 dans « T’as vu l’heure ? », la matinale de Radio Nova. Photo : Les femmes au balcon, 2024

Duration:00:02:43

Ask host to enable sharing for playback control

CANNES JOUR 3 : Empire d'essences

5/17/2024
George Miller et Francis Ford Coppola sont de retour sur la croisette, pour de spectaculaires recarossages de leurs cinémas. Double programme maousse ce jeudi à Cannes. À commencer par Furiosa, à la fois spin-off et prequel de Mad Max Fury Road, se passant dans le même univers mais consacré à son personnage féminin et, plus encore, virage à 180°. Quand Fury Road réjouissait à vouloir revenir à un cinéma purement physique et incarné, dégraissé jusqu'à l'os pour se concentrer sur l'action, Furiosa se nourrit de chapitres et de variations de rythme pour transformer une gamine rebelle en gladiatrice vengeresse. George Miller assumant pleinement vouloir faire un péplum de fer et de feu, mais surtout s'écarter de la route des blockbusters contemporains sans âme. Furiosa tient moins de l'exceptionnel morceau de bravoure pyrotechnique qu'était Fury Road, mais il renoue avec la puissance d'une grammaire de cinéma à l'ancienne. Plus que l'adrénaline de courses-poursuites dantesques, c'est l'efficacité des plans et d'un montage allant à l'essentiel, ravivant avec une science originelle qui fait vrombir de jubilation. Furiosa s'achève sur un dialogue entre son héroïne et sa Némésis, formidable méchant, qui s'interroge sur ce qu'il restera d'eux et s'ils portent la capacité de devenir des mythes. Quant à la projection de Megalopolis, le très attendu film de Francis Ford Coppola, il a de quoi entrer dans la légende cannoise, tant cela restera un moment de sidération totale. À vrai dire on ne sait pas trop ce qu'on a vu, tant Megalopolis alterne fulgurances visuelles et propos méandreux, séquences révolutionnaires et autres dont la direction artistique semble avoir été abandonnée à une IA façon Midjourney. Un film autant en roue libre qu'ultra-personnel jusqu'à être un concentré de Coppola : enjeux de pouvoir et de clans familiaux en écho du Parrain, chaos à la Apocalypse Now, héros idéaliste à la Tucker et profusion sensorielle de son Dracula, toutes les facettes sont là. Reste à comprendre de quoi parle Megalopolis, entre allégorie d'une Amérique en redite de la chute de l'empire romain, éloge du sentiment amoureux qui pourrait réenchanter un utopiste et citations de Shakespeare ou de Marc Aurèle dans le texte. Tout cela érige une tour de Babel aussi fascinante qu'agaçante, quand on ne sait plus s'il faut applaudir la noblesse d'un geste fou de cinéma autofinancé ou s'attrister de devoir assister à une autodestruction doublée d'un évident suicide commercial. Comme une flamboyante chute de l'empire Coppola en quasi-direct. Pendant le Festival de Cannes, retrouvez tous les jours la chronique Pop Corn d’Alex Masson, notre envoyé à la croisette, à 7h37 dans « T’as vu l’heure ? », la matinale de Radio Nova.

Duration:00:02:26

Ask host to enable sharing for playback control

CANNES JOUR 2 : Contrôle d'identités

5/16/2024
Après les starting-blocks de l'ouverture, Cannes entre dans le vif du sujet, avec les lancements successifs de la compétition et des deux principales sections parallèles, La Semaine de la critique et La Quinzaine des cinéastes. Étonnamment, généralement étanches les unes aux autres, elles conversent indirectement cette année via le thème commun d'une crise d'identité. Coté compétition, Diamant brut s'empare de celle d'une jeune femme d'aujourd'hui, happée par les promesses de célébrité des émissions de télé-réalité. L'ambition de Liane ne tient qu'aux likes qu'elle récolte sur les réseaux sociaux et à un casting pour un show façon Les Marseillais à Miami. À travers elle, Agathe Riedinger infiltre la culture bimbo, cette hyperféminité assumant crop tops et seins refaits. Diamant brut surprend en refusant la superficialité des reportages sur les néo-cagoles qui scrollent sur TikTok ou Instagram. Riedinger déplace la question sur celle des transfuges de classes à l'heure où l'échelon suprême social serait de devenir une influenceuse. Proche d'un cinéma anglais dans sa compassion pour ses personnages ou son naturalisme, Diamant Brut sait envoyer valser le misérabilisme ou la démagogie, pour se faire récit d'émancipation contemporain. Dommage que le ventre mou du scénario ralentisse un film courageux dans sa manière de tailler les facettes d'une époque de plus en plus basée sur le paraître. À La semaine de la critique, Les fantômes ravive la tragédie du peuple syrien. La traque en France d'un tortionnaire par un réfugié passé entre ses mains dans les geôles de Bachar El Assad se fait bourreau des légendes, en dissimulant dans un récit d'espionnage l'impossible reconstruction psychologique de tout exilé. Rescapé de la répression, hanté par sa fuite forcée, le premier long métrage de Jonathan Millet doit beaucoup à Adam Bessa, acteur très impressionnant en bloc de douleur collective. Malgré tout freiné par une mise en scène restant, à l'inverse de son personnage central, en sur-contrôle, brillante de maîtrise, mais qui étouffe toute possibilité d'empathie avec lui et anesthésie ses cicatrices physiques et mentales. Enfin, La Quinzaine des cinéastes fait le pari casse-gueule de faire naître son édition avec un avis de décès. Sophie Fillières est morte avant d'avoir pu finir de monter Ma vie, Ma gueule. La quête d'équilibre d'une quinquagénaire dépressive prend forcément des airs d'évocation de la réalisatrice. Un film attachant quand elle amène son quasi-double fictionnel vers une reconquête de soi, bouleversant dans une dernière partie où cette mère décide littéralement de rester à quai, de laisser ses enfants partir faire leurs vies loin d'elle. Transcendé par une Agnès Jaoui parfaite en femme en vrac ramassant peu à peu ses morceaux, cet involontaire opus posthume est d'une belle tristesse, car éloge funèbre le plus vivant qui soit. Pendant le Festival de Cannes, retrouvez tous les jours la chronique Pop Corn d’Alex Masson, notre envoyé à la croisette, à 7h37 dans « T’as vu l’heure ? », la matinale de Radio Nova.

Duration:00:02:53

Ask host to enable sharing for playback control

CANNES JOUR 1 : Dont acte

5/15/2024
Émouvante, la cérémonie d'ouverture du festival de Cannes hier soir. Au minimum par la gorge serrée de Greta Gerwig, présidente du jury, visiblement toute chose d'être à cette place, mais aussi par les larmes partagées entre Juliette Binoche et Meryl Streep récipiendaire d'une palme d'or d'honneur. Une entrée en matière touchante et joyeuse, y compris dans l'introduction de Camille Cottin, pince-sans-rire juste ce qu'il fallait, truffée d'allusions aux divers sujets qui s'entrechoquent cette année avec le festival. Un moment chaleureux n'ayant pas empêché le côté deux salles, deux ambiances, alors qu’aux alentours du Palais les divers services de sécurité semblaient un peu plus sur les dents à l'idée que cette inauguration soit perturbée par la moindre intervention d'un collectif, qu'il soit féministe ou de travailleurs précaires. Si, à l'intérieur, Zaho de Sagazan se lançait dans une impeccable reprise du Modern Love de Bowie, l'ambiance n'était pas vraiment à l'amour et la tendresse à l'extérieur... Plus de perplexité pour autant devant Le deuxième acte, le film de Quentin Dupieux, une antithèse de la déclaration d'intention chaleureuse de cette cérémonie. Dans la prolongation de Yannick, qui interrogeait littéralement le principe de la société du spectacle en interrompant une pièce de théâtre, Le deuxième acte poursuit cette thèse, égratignant cette fois-ci le milieu du cinéma, quand quatre acteurs se mettent à commenter le film qu'ils sont en train de tourner. Comme souvent, Dupieux organise un jeu de poupées gigognes entre premier et deuxième voire troisième degrés, mais à force d'accumuler les couches de discours méta, Le deuxième acte vire à la tartine indigeste de situations répétitives en flou, fut-il artistique, dans le propos. Excepté un passage furtif sur l'emprise possible des intelligences artificielles sur la création culturelle, le rire se fait rapidement sarcasme gausseur. L'autocaricature de Vincent Lindon, Léa Seydoux, Louis Garrel et Raphaël Quenard se mue en galerie de personnages ultra – suffisants entérinant les clichés sur leur monde au lieu de s'en moquer. La figure tragique d'un figurant, ou une ultime digression sur le statut de fiction ou de réalité achèvent de rendre le film confus. Et quand Dupieux fait savoir qu'il ne fera pas de promotion de ce Deuxième acte, estimant que le film parlait de lui-même, il y a de quoi se demander si tout ceci ne tient pas d'un cynisme vain. Pendant le Festival de Cannes, retrouvez tous les jours la chronique Pop Corn d’Alex Masson, notre envoyé à la croisette, à 7h37 dans « T’as vu l’heure ? », la matinale de Radio Nova.

Duration:00:02:47

Ask host to enable sharing for playback control

77e FESTIVAL DE CANNES : MÉTÉO ORAGEUSE EN VUE

5/14/2024
À Cannes, pour le moment, il fait beau, avec un ciel sans nuages, mais ça ne va peut-être pas durer. Alors que la météo annonce l'arrivée de la pluie d'ici à deux-trois jours, ce sont d'autres orages qui menacent cette édition. À vrai dire, on ne sait même pas d'où ils vont tomber : d'une possible grève initiée par le collectif Sous les écrans la dèche, qui rassemble toutes les petites mains du festival, en état de précarité de plus en plus prégnante, aux éventuels articles #MeToo autour d'une prétendue liste de prédateurs et de la venue annoncée du controversé directeur du CNC, bientôt en procès pour agression sexuelle. Cela pourrait tout aussi bien être un écho de la guerre à Gaza, ou même tout ça à la fois. Lors de la conférence de presse annonçant les agapes, son délégué général Thierry Frémaux affirmait que cette 77ᵉ édition du festival serait « pacifique, pacifiée et qu'on n'y parlerait que de cinéma », mais avant même son ouverture ce soir, cette déclaration est clairement devenue un vœu pieux. Quoi qu'il en soit, ce soir, le rideau se lèvera sur une édition qui, malgré elle, sera placée sous le signe d'un changement d'époque en cours. Il y a deux ans, la toute dernière scène d'un film de Quentin Dupieux, Fumer fait tousser, présenté ici, montrait un robot en plein bug quand il essayait justement de rebooter son époque. Ce soir, Le 2eme acte, nouvel opus de Dupieux sera projeté en ouverture. Comme souvent avec ce réalisateur, on ne sait pas grand-chose de son contenu, si ce n'est qu'il commenterait, autour d'un dîner entre quatre acteurs, et de manière très frontale, comment le monde du cinéma français gère la situation de crise actuelle, de la cancel culture à la révolution #MeToo. Seules certitudes, cela ne lui prendra qu'1 h 25, tandis que le festival est bien parti cette année pour passer beaucoup plus de temps à être l'épicentre de tous les débats sociaux du moment. Retrouvez Alex Masson au Festival de Cannes tous les matins à 7h37 dans la matinale "T'as vu l'heure ?" sur Nova.

Duration:00:02:03

Ask host to enable sharing for playback control

UNE AFFAIRE DE PRINCIPE x THE FALL GUY : EN COULISSES

5/1/2024
Thriller juridique à la française ou reboot d’une série télé U.S, tout est une affaire de métier. Plus les élections européennes approchent, plus on voit remonter à la surface des problématiques d'ingérences et autres implications des différents lobbies au sein du Parlement. Une affaire de principe organise une visite guidée sur ce dernier point en réouvrant le dossier John Dalli, du nom d'un commissaire européen à la santé qui avait été démissionné de l'institution en 2012, suite au soupçon de magouilles avec l'industrie du tabac. Un certain José Bové, alors député européen s'était lancé dans une véritable enquête pour voir de quoi il en retournait vraiment. Antoine Raimbault s'en empare avec Une affaire de principe, pas tant pour relancer l'affaire que pour un double décryptage, du fonctionnement du parlement et des mécanismes de corruption. Soit un registre de thriller politique grand public à la française qui semblait mis au placard depuis les années 80 avec la retraite anticipée d'un Yves Boisset ou d'un Henri Verneuil, derniers grands représentants du genre. Raimbault en réactive l'efficacité avec un supplément de rogne civique faisant friser jusqu'à la moustache d'un Bouli Lanners, impeccable en Sherlock Bové. La ligne du film l'est peut-être un peu moins, quand elle s'écarte de son dossier pour aller vers une sanctification d'un député justicier drapé dans ses convictions citoyennes ou d'archétypales intrigues secondaires digressives du factuel de cette histoire. Pas de quoi tendre pour autant vers un conflit d'interêts, Une affaire de principe, film aussi divertissant que pédago, donnant plutôt envie d'autres exemples d'un cinéma mi-Cash Investigations, mi-Wikipedia, certes dogmatique, mais plus que jamais utile pour éclairer les zones d'ombres de plus en plus opaques de nos institutions. La bande-annonce The fall guy revient lui aussi sur un vieux dossier en ressuscitant une madeleine de Proust de la télé américaine des années 80 : L'homme qui tombe à pic. Il n'est pas impossible que cette série sur un cascadeur, détective privé à ses heures aie nourri la vocation de David Leitch, réalisateur lui-même longtemps coordinateur des cascades de nombreux films d'action hollywoodiens des Matrix aux Jason Bourne. Sa version cinéma de la série n'a plus grand-chose à voir avec le matériau d'origine, si ce n'est la mollesse avec laquelle The fall guy essaie d'intégrer une intrigue policière inepte. Leitch rédige bien mieux une très généreuse ode au dévouement des cascadeurs, montrant autant les coulisses que le résultat de scènes aussi efficaces que spectaculaires. La véritable cascade de The fall guy à ne surtout pas reproduire étant ce scénario maniant très mal le dérapage contrôlé entre blockbuster pyrotechnique, comédie romantique et second degré. Le charme d'un Ryan Gosling déconstruisant, après Ken, la figure virile des Action Man n'étant pas suffisant pour empêcher de passer de Barbie à un divertissement amusant mais à la longue barbant. Une affaire de principe / The fall guy. En salles le 1ᵉʳ mai

Duration:00:02:58

Ask host to enable sharing for playback control

NOTRE MONDE : en toute indépendance

4/24/2024
Entre le Kosovo d’hier et l’Europe d’aujourd’hui, Luana Bajrami sonde les espoirs de la jeunesse. Rencontre. On avait repéré Luana Bajrami comme pousse montante du cinéma, via des seconds rôles marquants chez Céline Sciamma, Bruno Podalydès ou les Nakache/Toledano. Il y a trois ans, l'actrice était passée derrière la caméra avec Là où rugissent les lionnes, chronique d'adolescence kosovare inattendue de maturité au vu d'une réalisatrice qui entrait à peine dans la vingtaine. Avec Notre monde, son second film, Bajrami retourne dans le pays de ses origines familiales, pour en remonter le temps et se replonger en 2007 quand le Kosovo était sur le point d'accéder à l'indépendance. Logique alors, qu'elle y raconte celle qu'essaient de prendre Zoé et Volta, deux jeunes femmes fuyant l'ennui d'un village rural pour aller faire des études à Pristina. Plus que dans la plupart des cas, Notre Monde s'affirme comme une œuvre de jeunesse. Pas tant à cause d'un âge que partagent à la fois Bajrami et ses personnage que par le très juste portrait générationnel qu'esquisse Notre monde, film qui va au delà du Kosovo quand il raconte à la fois l'hier d'un pays de l'est négligé vu d'ici, que l'aujourd'hui d'une jeunesse entravée, où qu'elle soit, par les pratiques et le conservatisme de l'ancien monde, écrasant la possibilité de prendre son envol. Beau film maniant autant l'initiatique que le politique quand il met en parallèle construction de deux jeunes femmes et reconstruction d'un état, Notre monde sait faire se rejoindre l'individuel et le collectif, pour un état des lieux plus global que prévu quand il interroge les yeux dans les yeux autant un passé qu'un présent toujours aussi incertain. Notre monde en salles le 24 avril

Duration:00:24:37

Ask host to enable sharing for playback control

Back to black x Notre monde : toute une histoire

4/24/2024
On pensait connaître la chanson des biopics d'artistes musicaux, celui consacré à Amy Winehouse est bienvenu quand il s'essaie à un regard en travers... À sa manière, Luana Bajrami prend aussi les choses sous un angle singulier : immersion dans le Kosovo de 2007, sur le point d'accéder à l'indépendance. "Notre monde" passe par le regard de deux jeunes femmes essayant de lutter contre un manque de perspective en fuyant leur village pour aller étudier à Pristina. "Back to Black" et "Notre monde" en salles le 24 avril

Duration:00:03:02

Ask host to enable sharing for playback control

Monkey Man x Riddle of fire : épris de vengeance ou insolents, les enfants sont formidables

4/17/2024
La mondialisation n'a pas que du mauvais. Elle aura au moins permis une perméabilité des cultures. Surtout dans le cinéma de genre d'aujourd'hui où il n'y a plus vraiment de frontières, pour une sorte de revigorant melting-pot. Dev Patel en a été le témoin il y a longtemps, quand Slumdog millionnaire a fait de cet acteur anglais d'origine indienne un symbole international et transversal. Pour son passage à la mise en scène, il a inventé une ville imaginaire dans une Inde contemporaine pour une histoire de vengeance, mais surtout une hybridation du cinéma d'action, Monkey Man assimile autant le jusqu'au boutisme des thrillers sud-coréens que la précision des cascadeurs indonésiens, le savoir-faire visuel des blockbusters américains, ou la part de fable de ceux indiens. En surface, l'inextinguible soif de revanche d'un fils dont la mère a été tuée par un policier ripou n'en ferait qu'un John Wick délocalisé, mais Patel y ajoute un ingrédient inattendu : un sous-texte abordant autant le nationalisme qui gangrène actuellement l'Inde que le système de castes qui y perdure. Cet aspect là est certes bien moins maitrisé que les ahurissantes séquences de combat, n'a pas la force d'un réel commentaire politique, mais empêche Monkey Man de n'être qu'un spectacle gargantuesque de violence graphique, quand sa fureur est mûe par une colère furibarde contre une sphère politique gouroutée par des mentors usurpateurs, ou quand Patel s'autorise à casser ici et là certains codes du film de baston. Tout ca reste encore à dégrossir, mais la rogne de Monkey Man en fait un passionnant galop d'essai dépassant un certain exotisme ou sa part de défouloir. La bande-annonce du film ici À sa manière, Weston Razooli rend lui aussi exotique le registre purement américain qu'est le film d'aventures pour enfants. Bricolé avec trois dollars six cents, son Riddle of fire et sa bande de marmots en quête d'une recette parfaite de tarte aux myrtilles pour avoir accès au code parental de leur console de jeu, s'aventure dans une Amérique de fiction oubliée, à mi-chemin entre Twin Peaks et les productions Disney des années 60. Razooli renouant à la fois avec l'innocence enfantine et la mythologie bucolique d'un Tom Sawyer, dont ce film inattendu partage l'esprit libre, Mais plus encore avec l'idée d'une foi organique dans un cinéma où tout est terrain de jeu et d'imaginaire. Soit une alternative au cinéma de divertissement américain actuel de plus en désincarné par les effets numériques. Mieux que de passer par le regard de gamins pour réinventer le monde, Riddle of fire invite surtout les adultes à se remettre à leur hauteur pour retrouver sa part chevaleresque comme sa potentielle magie. Weston Razooli s'est lui invité au micro de Nova pour une interview à retrouver ici. Monkey man / Riddle of fire. En salles le 17 avril

Duration:00:02:55

Ask host to enable sharing for playback control

Riddle Of Fire : Retour en enfance. L'interview de Weston Razooli

4/16/2024
Où se trouve l'aventure dans le cinéma américain actuel ? Sans doute du côté de Weston Razooli, réalisateur autodidacte s'étant lancé dans un drôle de pari avec Riddle of fire. Bricolé avec trois dollars six cents, ce premier film envoie une bande de marmots en quête de la recette parfaite de tarte aux myrtilles pour pouvoir accéder au code parental de leur console de jeu. L'occasion de revisiter une Amérique de fiction oubliée, à mi-chemin entre Twin Peaks et les productions Disney des années 60. Razooli renouant à la fois avec l'innocence enfantine et une mythologie à la Tom Sawyer, Mais surtout avec l'idée d'une foi organique dans un cinéma où tout est terrain de jeu et d'imaginaire et proposer une alternative au cinéma de divertissement américain actuel de plus en désincarné par les effets numériques. Mieux que de passer par le regard de gamins pour réinventer le monde, Riddle of fire invite surtout les adultes à se remettre à leur hauteur pour retrouver sa part chevaleresque comme sa potentielle magie. Weston Razooli, lui s'est invité au micro de Nova. En salles le 17 avril.

Duration:00:10:06

Ask host to enable sharing for playback control

S.O.S Fantômes : La menace de glace x Hitcher : so 80’s

4/10/2024
Les deux derniers énormes triomphes du cinéma de studio américain, Barbie et Oppenheimer, laissaient espérer un renouveau que ce soit dans le ton où les sujets. C'était peut-être aller trop vite quand en 2024, Hollywood prolonge sa marche arrière en recyclant ses succès des années 80. Sont annoncées dans les mois qui viennent des resucées entre autres d'Alien, Karaté Kid, Y'a-t-il un flic pour sauver la reine ?ou Le flic de Beverly Hills.. Ce n'est pas pour autant signe d'une régression façon doudou. En atteste un nouvel avatar de S.O.S Fantômes, confortant ce qui se dessinait dans une précédente tentative voici trois ans. La menace de glace joue encore plus la carte du passage de relais à une nouvelle génération de chasseurs de spectres, sans pour autant évacuer la mauvaise idée de vouloir faire du neuf avec du vieux. Paradoxalement, en reprenant et amplifiant le concept du tout premier film, à savoir déguiser une comédie familiale en film d'aventure, ce S.O.S Fantômes dégraissé de séquences surnaturelles jusqu'à se foutre royalement de gérer une intrigue de menace venue de l'outre-monde paraît presque rafraichissant dans une ère de blockbusters aux faméliques scénarios, ne jurant plus que par une surenchère dans l'action. La menace de glace préfère affiner l'écriture de personnages moins ectoplasmiques, peu à peu attachants. Reste la part de parasitage d'un gênant fan service extirpant le casting originel, de Dan Aykroyd à Bill Murray, de la naphtaline, mais rapidement cireux quand un aspect Musée Grévin tire malgré tout cet énième volet plus inattendu que prévu vers une glaciation que vers une émancipation. Cette semaine cinéma est décidément sous le sceau des années 80, avec la réapparition d'un des meilleurs films de psycho-killers de la période. En 1986, Hitcher avait justement ressourcé ce genre, alors basculé dans le cinéma d'horreur avec les déjà increvables Freddy Krueger et Jason des Vendredi 13. La traque entre un jeune convoyeur de voiture et un autostoppeur machiavélique dans le no man's land des highways rétablissait la figure inquiétante du croque-mitaine, en mettant sur le siège passager de l'Amérique un pur prédateur. Ravivant l'efficacité comme la sécheresse des premiers John Carpenter ou du Duel de Spielberg, le film de Robert Harmon y ajoutait une dose anxiogène par un supplément de nihilisme. Soutenu par la performance hallucinante de Rutger Hauer en psychopathe ultime, Hitcher se faisait perturbante étude du mal incarné. Soumis lui aussi à la loi du recyclage, Hitcher connaîtra en 2007 un piètre remake, confirmant la position d'astre noir du film de départ. Mais aussi qu'il faut finalement toujours préférer l'original à la copie. S.O.S Fantômes : la menace de glace & Hitcher. En salles le 10 avril

Duration:00:03:01