ChriS - Pop Culture & Comics-logo

ChriS - Pop Culture & Comics

Arts & Culture Podcasts

Avec POP CULTURE & COMICS, Chris explore la bande dessinée américaine et ses dérivés dans la culture populaire. chrisstup.substack.com

Location:

United States

Description:

Avec POP CULTURE & COMICS, Chris explore la bande dessinée américaine et ses dérivés dans la culture populaire. chrisstup.substack.com

Language:

French


Episodes
Ask host to enable sharing for playback control

CANNIBAL CORPSE : DEATH METAL, CENSURE & COMICS

5/15/2024
L’art et la censure ne font jamais bon ménage. Et c’est particulièrement vrai quand on parle de l’histoire de la bande dessinée américaine et de musiques extrêmes. Alors, quand les deux se rencontrent, ça ne peut qu’effrayer les puritains de tout poil ! Dans cet épisode de POP CULTURE & COMICS, on revient sur les visuels traumatisants des albums du groupe de Death Metal Cannibal Corpse et sur l’artiste qui en est à l’origine : Vince Locke ! Retrouvez le podcast POP CULTURE & COMICS sur toutes les plateformes d’écoute ! Mes réseaux sociaux. N’hésitez pas à partager cet épisode s’il vous a plu ! Get full access to CHRIS - POP CULTURE & COMICS at chrisstup.substack.com/subscribe

Duration:00:12:42

Ask host to enable sharing for playback control

FAUT-IL FORCER LES GENS À LIRE DES COMICS ?

5/8/2024
Dans cet épisode, je reviens sur la difficulté d’accès à la bande dessinée américaine et à la culture comics en France. Les comics recommandés dans cet épisode : * Ultimate Spider-Man - Brian M. Bendis et Mark Bagley - Marvel Pocket / Panini Comics * Ultimates - Mark Millar et Bryan Hitch - Marvel Pocket / Panini Comics * The Boys - Garth Ennis et Darick Robertson - Dynamite / Panini Comics * Batman : Un Long Halloween - Jeph Loeb et Tim Sale - DC Comics / Urban Comics * V pour Vendetta - Alan Moore et David Lloyd - Urban Nomad / Urban Comics * Nou3 - Grant Morrison et Frank Quitely - Urban Nomad / Urban Comics * Mister Miracle - Tom King et Mitch Gerards - DC Comics / Urban Comics * Superman Red Son - Mark Millar et Dave johnson - DC Comics / Urban Comics * Planetary - Warren Ellis et John Cassaday - Urban Nomad / Urban Comics * Watchmen - Alan Moore et Dave Gibbons - DC Comics / Urban Comics Les articles de Comicsblog avec Xavier Guilbert, à consulter pour les chiffres du marché des comics en détails : * Comics en France en 2023 : Ce que nous disent (vraiment) les chiffres du marché * Comics en France en 2023 : Non, le marché n’est pas en péril Retrouvez le podcast POP CULTURE & COMICS sur toutes les plateformes d’écoute ! Mes réseaux sociaux. N’hésitez pas à partager cet épisode s’il vous a plu ! Recevez mes articles, podcasts et vidéos directement dans votre boîte mail, sans intermédiaire ni publicité, en vous abonnant gratuitement ! Get full access to CHRIS - POP CULTURE & COMICS at chrisstup.substack.com/subscribe

Duration:00:16:44

Ask host to enable sharing for playback control

LES SUPER-HÉROS ONT-ILS ENCORE QUELQUE CHOSE À RACONTER ?

5/1/2024
Dans cet épisode, je reviens sur la prétendue lassitude du public envers les super-héros, et je vous parle de mes lectures récentes qui pourraient bien vous donner envie de laisser une nouvelle chance au genre super-héroïque ! Les comics recommandés dans cet épisode : Titans - Tom Taylor et Nicola Scott - DC Comics / Urban Comics E-Ratic - Kaare Andrews - AWA Studios / Black River Doctor Strange : Fall Sunrise - Tradd Moore - Marvel Comics / Panini Comics Demon Days - Peach Momoko - Marvel Comics / Panini Comics The Blue Flame - Christopher Cantwell et Adam Gorham - Vault Comics / 404 Graphic COPRA - Michel Fiffe - Image Comics / Delirium Retrouvez le podcast POP CULTURE & COMICS sur toutes les plateformes d’écoute ! Mes réseaux sociaux. N’hésitez pas à partager cet épisode s’il vous a plu ! Recevez mes articles, podcasts et vidéos directement dans votre boîte mail, sans intermédiaire ni publicité, en vous abonnant gratuitement ! Get full access to CHRIS - POP CULTURE & COMICS at chrisstup.substack.com/subscribe

Duration:00:17:42

Ask host to enable sharing for playback control

CHUCK NORRIS KARATE KOMMANDOS CHEZ MARVEL COMICS

4/19/2024
La bande dessinée américaine regorge d’étrangetés et de pépites plus ou moins inattendues. Parmi celles-ci, un pur produit des années 1980 : l'adaptation en comic book du dessin animé Chuck Norris Karate Kommandos, ou les aventures de Chuck Norris chez Marvel Comics ! Retrouvez le podcast POP CULTURE & COMICS sur toutes les plateformes d’écoute ! Mes réseaux sociaux. N’hésitez pas à partager cet épisode s’il vous a plu ! Get full access to CHRIS - POP CULTURE & COMICS at chrisstup.substack.com/subscribe

Duration:00:09:47

Ask host to enable sharing for playback control

MES PREMIERS COMICS !

4/1/2024
Dans cet épisode, je vous parle de mes premiers comics et je vous raconte comment j’ai découvert la bande dessinée américaine au début des années 1990 ! De Strange à Conan le Barbare, en passant par Picsou et les Tortues Ninja, je reviens sur les premières heures de mon parcours de lecteur ! Au programme : nostalgie et anecdotes d’un autre temps ! Retrouvez le podcast POP CULTURE & COMICS sur toutes les plateformes d’écoute ! Mes réseaux sociaux. N’hésitez pas à partager cet épisode s’il vous a plu ! Recevez mes articles, podcasts et vidéos directement dans votre boîte mail, sans intermédiaire ni publicité, en vous abonnant gratuitement ! Get full access to CHRIS - POP CULTURE & COMICS at chrisstup.substack.com/subscribe

Duration:00:14:45

Ask host to enable sharing for playback control

COPRA : L'APOGÉE DES SUPER-HÉROS !

12/14/2023
Depuis de nombreuses années, j’ai tendance à dire que tout a été fait en matière d’histoire de super-héros. Et qui aurait pu croire qu’un comic book sorti de nulle part allait me donner tort ? Aujourd'hui, on parle de COPRA par Michel Fiffe. Je ne vais pas y aller par quatre chemins : la série de comics dont je vais vous parler me semble largement sous-estimée de manière générale, et plus particulièrement par les lecteurs français, qui sont totalement passés à côté de la pépite qu’est COPRA. Réparer cette injustice me paraît essentiel, et j’espère que la lecture de cet article vous donnera envie de plonger dans ce qui est sûrement la meilleure chose qui soit arrivée au comic book de super-héros ces derniers temps. Les gens aiment qu’on leur raconte la même histoire encore et encore, autant pour se rassurer en validant leurs propres connaissances que pour mieux s’offusquer d’être pris pour des idiots, et je ne compte plus le nombre de fois où j’ai été confronté à ce paradoxe. D’un côté, une partie du public se plaint de la redondance et du manque d’originalité des comics de super-héros, de l’autre, les tentatives de certains auteurs pour surprendre le lectorat ou sortir des sentiers battus, que ce soit graphiquement ou scénaristiquement, sont souvent victimes de réceptions désintéressées, voire hostiles. Ainsi, les lecteurs et les lectrices qui déplorent l’immobilisme du genre super-héroïque sont aussi souvent ceux qui l’entretiennent, par un fanatisme borné ou bien tout simplement par manque de curiosité. Heureusement, il arrive que des artistes visionnaires fassent prendre au médium des virages novateurs qui définissent de nouveaux standards, sans pour autant renier leur héritage. C’est le cas de Michel Fiffe, né en 1979 à La Havane, qui commence à se faire connaître au début des années 2010 en réalisant de courtes histoires autour de Savage Dragon, le héros de Erik Larsen, chez Image Comics. En 2012, il débute, en autoédition sur son label Copra Press, la publication de COPRA, série dont il est à la fois le scénariste et le dessinateur, qui va rapidement recevoir d’excellentes critiques de la part de la presse et des sites web spécialisés en comic books. En 2014, il écrit les douze numéros de All-New Ultimates de Marvel Comics et travaille ensuite sur Bloodstrike, spin-off de Younglood de Rob Liefeld ; G.I. Joe : Sierra Muerte, une relecture bad-ass de la licence de Hasbro chez IDW ; et réalise plusieurs variant covers pour Valiant Comics et Dark Horse. Le succès de COPRA permettra même aux lecteurs de redécouvrir l’une de ses œuvres de jeunesse, réalisée entre 2005 et 2008 : Panorama, récit mêlant chronique adolescente et body-horror, sélectionnée au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême en 2022. Dans COPRA, sa création phare, une équipe hétéroclite de mercenaires dotés de super-pouvoirs intervient dans les situations les plus désespérées, et ses membres ne tirent aucun honneur public de leurs actes héroïques. Parmi les agents les plus emblématiques de COPRA, on trouve Lloyd, combattant aguerri et tireur émérite ; Gracie, une ancienne mannequin star de série B, mais aussi athlète confirmée experte en corps-à-corps ; Wir, à la fois geek et ex-délinquant ayant fabriqué une colossale armure hi-tech, véritable arme de guerre ambulante ; Rax, justicier originaire d’une autre dimension et doté d’une tenue lui conférant un pouvoir considérable ; Guthie, une dure à cuire dont la force surhumaine lui permet de tenir tête à des êtres divins ; ou encore Xenia, une jeune femme qui peine à accepter l’étendue de ses pouvoirs occultes. Tous des archétypes, pour ne pas dire des ersatz, de personnages célèbres, mais dont on comprend rapidement que leur fibre super-héroïque est aussi erratique que la cohésion de la troupe qu’ils forment. Après avoir posé le décor, Fiffe prend le temps de développer chaque personnage individuellement, offrant soudainement bien plus de profondeur à des héros et des héroïnes qui...

Duration:00:07:35

Ask host to enable sharing for playback control

ROM : LE JOUET DE MARVEL COMICS !

12/1/2023
Une figurine futuriste qui devient contre toute attente la star d’un comic book ? Aujourd’hui, on parle de ROM, le chevalier de l’espace ! Les super-héros de la bande dessinée américaine et les produits dérivés, c’est une vieille histoire. Dès 1940, soit deux ans après sa première apparition dans Action Comics #1, Superman a droit à une adaptation en feuilleton radiophonique, mais également à une figurine à son effigie, produite par la société Ideal ! Si cette poupée de bois dotée d’une cape en tissu est simpliste, pour ne pas dire rustique, dans sa conception, elle reste cependant la première figurine de super-héros jamais fabriquée à grande échelle. Dans les années 1960, les avancées technologiques permettent de concevoir des jouets toujours plus perfectionnés. C’est notamment le cas avec les G.I. Joe de Hasbro, considérés comme les premières action figures, qui vont révolutionner le monde du jouet avec leurs poses réalistes et leurs accessoires inspirés d’armes ou de véhicules bien réels. Du côté des héros de comic books, le fabricant américain Mego obtient, en 1971, à la fois les droits des personnages de Marvel et de DC Comics et produira plusieurs dizaines de poupées articulées qui font aujourd’hui le bonheur des collectionneurs. Dès lors, les super-héros ne quitteront plus les magasins de jouets, de la gamme Secret Wars de Mattel en 1984, aux figurines Batman de Kenner surfant sur le succès de ses adaptations au cinéma ou de la série animée de Bruce Timm, en passant par les figurines de Toy Biz, tirées des séries animées consacrées à Spider-Man ou aux X-Men, dans les années 1990. Mais, comme vous pouvez l’imaginer, au milieu de ces réussites, on trouve aussi quelques tentatives plus ou moins fructueuses de faire cohabiter héros de plastique et héros de papier… C’est notamment vrai pour ROM the Space Knight, initiative commune de la société Parker Brothers et de Marvel Comics lancée en 1979. Si le personnage jouit encore aujourd’hui d’une forte popularité ; entretenue par une fanbase restreinte, mais fidèle ; son histoire reste un cas à part qui mérite d’être raconté. À l'orée des années 1980, les jouets embarquant de l’électronique ont le vent en poupe. Espérant surfer sur ce courant naissant, Scott Dankman, Richard C. Levy, et Bryan L. McCoy imaginent une figurine de robot à l’aspect humanoïde dotée d’effets sonores et lumineux qu’ils nomment COBOL, en référence au langage de programmation informatique du même nom. La société Parker Brothers, jusqu’alors spécialisée dans les jeux de société et derrière des licences connues de tous, comme le Cluedo ou le Monopoly, voit dans ce jouet ultramoderne l’occasion de conquérir un nouveau marché. Après avoir retravaillé le design et changé le nom en ROM ; acronyme de Read-Only Memory, sonnant bien mieux pour le grand public ; Parker décide de lancer la production de cette figurine en ménageant les coûts, afin d’éviter de perdre trop d’argent si le succès n’est pas au rendez-vous. Résultat : les économies et le manque d'expérience de Parker Brothers dans ce domaine font de ROM une figurine aussi avant-gardiste qu’imparfaite. Si elle est la première à embarquer autant d'électronique, proposant des fonctionnalités inédites pour l’époque, elle est également de conception assez médiocre, ce qui lui vaudra le droit d’être durement critiquée dans Time Magazine, qui annonçait qu’elle finirait rapidement sous un canapé, au milieu des moutons de poussière… Cachant une pile 9 volts dans son réacteur dorsal, ROM possède deux LED rouges à la place des yeux, un respirateur électronique produisant des “sons réalistes”, mais aussi trois accessoires lumineux : un analyseur, un traducteur et un neutraliseur, chacun ayant son utilité, bien entendu. Possédant autant de points d’articulation qu’une poupée Barbie, ROM sera intégré à la gamme Action Man de Palitoy au Royaume-Uni, mais peinera à se faire une place sur le marché américain. Avec moins de trois-cent-mille exemplaires vendus, Parker...

Duration:00:11:11

Ask host to enable sharing for playback control

LA PREMIÈRE SUPER-HÉROÏNE DE COMICS ET SON ÉTRANGE CRÉATEUR !

11/24/2023
L’Histoire de la bande dessinée américaine fourmille d'anecdotes plus ou moins inattendues, mais l’histoire que je vais vous raconter compte incontestablement parmi les plus bizarres qu’il m’ait été donné d’entendre. Aujourd’hui, on parle de Fletcher Hanks et de ses créations à la limite du surréalisme… Avec la sortie du premier numéro de Action Comics en 1938, la bande dessinée américaine connaît un véritable cataclysme. Superman, le premier super-héros moderne, est un succès éditorial instantané et le format comic book s’impose définitivement dans les kiosques. Si les créateurs de l’Homme d’Acier, Jerry Siegel et Joe Shuster, auront bien du mal à faire reconnaître leurs droits sur le personnage et la pléthore de produits dérivés qui en seront tirés, ils n’en sont pas moins à l’origine d’une tendance qui va faire des émules. Les gamins veulent des justiciers costumés dotés de super pouvoirs ? Et bien, on va leur en donner ! En l’espace de quelques semaines, tous les éditeurs ou presque se mettent à commander aux artistes qui travaillent pour eux des histoires de super-héros. Et si Batman, Wonder Woman, The Flash, Captain Marvel ou Namor the Sub-Mariner sont parvenus jusqu’à nous, parfois au prix de changements drastiques, vous vous doutez bien qu’une bonne partie des créations de l’époque n’ont pas connu la même longévité. Si Black Cat, Green Lama, Doll Man, Black Terror ou Blue Bolt n’ont pas autant marqué l’histoire des comics que Captain America ou Green Lantern, et ce malgré quelques tentatives isolées de les réanimer, il existe d’autres personnages, bien plus exotiques encore, que le grand public a totalement oublié aujourd’hui. Parmi les proto-super-humains des comic books, la justicière Fantomah est tout à fait remarquable. Apparue dans Jungle Comics #2 en février 1940 sous la plume d’un dénommé Barclay Flagg, chez l’éditeur Fiction House, Fantomah est parfois considérée comme la véritable première super-héroïne, devançant ainsi la célèbre Wonder Woman de William Moulton Marston et Harry G. Peter, apparue dans All-Star Comics #8 en octobre 1941. Cette réputation reste largement sujette à débat, étant donné que Fantomah n’est ni la première protectrice de la jungle ; Rima the Jungle Girl étant apparue bien avant elle ; ni la première à posséder sa propre série, ce titre revenant à Sheena, Queen of the Jungle ; ni le premier personnage féminin à posséder un semblant de super pouvoirs, L’Oiselle du français René d’Anjou ayant pris son envol dès 1909. Si Fantomah peut prétendre à ce statut, c’est parce qu'elle est le premier personnage féminin apparu directement dans une bande dessinée américaine à englober plusieurs caractéristiques super-héroïques, comme des pouvoirs surhumains paranormaux ou une transformation physique comparable à une sorte d’identité secrète. Bien que ses aventures ne soient pas précisément localisées, l’héroïne défend son royaume, très largement fantasmé, de pilleurs occidentaux malintentionnés, abattant son courroux sur ceux qui voudraient profaner son sauvage sanctuaire. À la découverte des surprenantes aventures de Fantomah, on serait en droit de se demander pourquoi son créateur, Barclay Flagg, n’est pas resté dans l’histoire comme Jack Kirby, Stan Lee, ou Will Eisner. Et bien, tout simplement parce que Barclay Flagg n’existe pas. Il s’agit en fait de l’un des nombreux pseudonymes utilisés par l’un des plus mystérieux auteurs de comics du XXe siècle : Fletcher Hanks. Pendant des décennies, Fletcher Hanks est resté l’une des plus grandes énigmes de la bande dessinée américaine, jusqu’à ce que l’auteur Paul Karasik ne se lance dans une incroyable enquête qui l’a mené jusqu’à rencontrer le fils du dessinateur, Fletcher Hanks Jr., au début des années 2000. Ainsi, tout ce que l’on sait, ou presque, de Fletcher Hanks est issu du témoignage de son fils. Né en 1887, Fletcher Hanks grandit à Oxford, dans le Maryland, dans un environnement rude et violent. Gâté par sa mère, qui lui paie des cours de...

Duration:00:11:06

Ask host to enable sharing for playback control

JACK KIRBY ET LES AVENTURES OUBLIÉES DE GREEN ARROW

11/10/2023
Si je vous demande de penser à un super-héros de chez DC Comics, il y a fort à parier que Batman, Superman ou Wonder Woman vous viendront à l’esprit avant Green Arrow. Aujourd’hui, on parle justement des aventures de Green Arrow par Jack Kirby, qui n’ont pas du tout plu à DC Comics ! La période séparant l’Âge d’Or de la bande dessinée américaine de l’Âge d’Argent est aussi riche que troublée. Après la Seconde Guerre mondiale, les ventes des titres mettant en scène super-héros et super-héroïnes déclinent aux États-Unis. Les justiciers costumés n’ont plus la côte, et le genre super-héroïque, jusqu’alors prédominant, est peu à peu remplacé par d’autres. La romance, l’horreur, le western et la science-fiction évincent les ersatz de Superman et de Batman des kiosques à journaux, tandis que leurs modèles peinent à garder la tête hors de l’eau, et que les artistes doivent s’adapter pour continuer à gagner leur croûte. Dès 1947, Joe Simon et Jack Kirby, déjà derrière la création de Captain America, avaient pressenti la transmutation du marché avec leur titre Young Romance, présentant des aventures sentimentales prétendues réelles, participant grandement à l’évolution des tendances. Mais s’estimant de plus en plus spoliés par les éditeurs, Simon et Kirby décident de lancer leur propre maison d’édition, Mainline Comics, en 1953. Au programme : quatre titres surfant chacun sur un grand courant de l’époque. Malheureusement pour eux, ils ont assurément choisi le pire moment possible pour initier leur projet. À partir de 1950, l’éditeur EC Comics, avec à sa tête Bill Gaines, s’est engagé dans une surenchère d’horreur gore et de violence morbide pour attirer les jeunes lecteurs en manque de sensations fortes, appâtés par des couvertures toujours plus choquantes. Généralement accolées à un discours politique et social, certes implicite, mais extrêmement critique envers la fameuse “American way of life”, les histoires de EC Comics deviennent pour certains et certaines l’incarnation du danger représenté par la bande dessinée, qui pervertirait la jeunesse en la poussant au crime. La panique morale autour des comics de crimes et d’horreur, entretenue par des figures publiques comme le politicien Estes Kefauver et le psychiatre Fredric Wertham, devenu célèbre chez les fans de super-héros pour son livre Seduction of the Innocent, mènera à la création du Comics Code Authority, et surtout à une crise éditoriale majeure, qui verra disparaître près des deux tiers des bandes dessinées publiées à l’époque. Et qui dit moins de comics commercialisés dit moins de travail pour les imprimeurs et les distributeurs. Ce marché fragilisé, dont les différents acteurs font faillite les uns après les autres, couplé à des soucis juridiques avec leur précédent employeur, Crestwood Publications, forcera Jack Kirby et Joe Simon à baisser le rideau de Mainline en 1956, avec seulement quelques publications concrètes au compteur. Cet échec aura épuisé les deux artistes sur tous les plans et émoussé leur longue et solide collaboration. Tandis que Joe Simon décide de quitter le monde du neuvième art pour celui de la publicité et de la presse magazine, Jack Kirby rejoint les rangs de National Comics, qui deviendra DC Comics, avec une toute nouvelle série de science-fiction : Challengers of the Unknown. Une série souvent attribuée au seul génie de Kirby, mais sans doute nourrie de ses derniers échanges avec Joe Simon, et également des idées du scénariste Dave Wood, l’un des créateurs de Animal Man. 1956 est une année charnière pour le genre super-héroïque, la banqueroute de Mainline coïncidant fortuitement avec le retour des héros costumés sur le devant de la scène, en partie à l’initiative de DC Comics. Dans le quatrième numéro du périodique Showcase, l’éditeur présente une nouvelle version de son bolide écarlate, The Flash. Le succès est au rendez-vous, et si le retour en grâce des surhommes costumés va prendre encore quelques années, DC va amorcer un rafraîchissement...

Duration:00:11:01

Ask host to enable sharing for playback control

QUAND CHAIR DE POULE MÉPRISAIT LES FANS DE COMICS...

10/31/2023
Chair de Poule est une licence mythique pour beaucoup de lecteurs passionnés d’horreur, mais vous souvenez-vous de la fois où la série de livres de R.L. Stine s’est attaquée aux fans de super-héros ? Aujourd'hui, on parle de L’Attaque du Mutant ! Dans les années 1990, avant que Harry Potter ne devienne un phénomène convertissant par dizaines les gamins à la lecture, Chair de Poule, de l’Américain Robert Lawrence Stine, a profondément marqué toute une génération de lecteurs en culottes courtes. Il faut dire que l'auteur n'en est pas à son coup d'essai, puisqu'il est déjà l'homme derrière Fear Street, une collection de livres pour ados dont les récits sont plus gores et violents que ce qu’il proposera par la suite. Débutée en 1992 aux États-Unis, Goosebumps, traduit littéralement en Chair de Poule chez nous, est une série littéraire aux thématiques horrifiques visant un jeune public, à partir de neuf ans. La version française arrive dès 1995 dans les librairies, et le succès est immédiatement au rendez-vous. Pantins maléfiques, loups-garous, masques hantés, créatures cachées dans les placards et sous l’évier, la galerie de monstres plus ou moins originaux peuplant les romans de R.L. Stine a sans doute traumatisé certains et certaines d'entre vous. Si vous faites partie de celles et ceux qui ont grandi avec Chair de Poule, vous vous souvenez sûrement de son adaptation télévisée. Diffusée à partir de la rentrée 1997 sur France 2, elle compte en tout quatre saisons, pour un total de soixante-quatorze épisodes, adaptant plus ou moins fidèlement les ouvrages de Stine. L’arrivé de Chair de Poule dans l’Hexagone concorde avec un certain emballement médiatique et commercial autour de la fête d’Halloween ; cette fameuse fête américaine, qui en fait, paraît-il, n’est pas vraiment d’origine américaine, mais nous, “on est français, on va quand même pas fêter ça”, comme dirait ton vieux tonton alcoolisé ; qui s’accompagne d’un accroissement du nombre d’émissions spéciales gentiment effrayantes destinées aux mioches, dont je faisais partie. Car, me situant pile-poil dans la tranche d’âge visée par la licence à l’époque, et déjà très friand de films d’horreur et de monstres en tout genre, j’ai dévoré une bonne partie des livres et religieusement suivi la diffusion de chaque épisode en rentrant de l’école. Mais l’une des histoires de Chair de Poule allait tout particulièrement faire écho pour le jeune lecteur que j’étais. S’il y a bien un sujet dont les fans de comics aiment entendre parler, encore plus que des comic books, c’est d’eux-mêmes. Leur propre condition les passionne et la façon dont elle peut être représentée, tant dans les médias que dans la fiction, est une source infinie de débats plus ou moins constructifs. Et je dois vous avouer que j’échappe rarement à cette règle. Alors que la fin du XXe siècle approchait, le jeune lecteur de comics que j’étais, éperdument fasciné par les aventures de Wolverine ou des Fantastic Four, ne manquait jamais le moindre sujet traitant de sa passion, même s’il s’agissait d’un reportage de quelques minutes à la télévision. Cela impliquait aussi chez moi un grand intérêt pour tout contenu un tant soit peu méta, abordant de façon plus ou moins sérieuse la thématique super-héroïque et mettant en scène des personnages ou des situations tournant autour des comics et de leur contenu. Remettons-nous dans le contexte : nous sommes avant l’an 2000, la majeure partie des blockbusters adaptés de comic books n’en étaient qu’à l’état de projet et internet était encore loin d’être arrivé dans tous les foyers. Ainsi, tout ce qui pouvait avoir à voir de près ou de loin avec les comics était bon à prendre et, de toute évidence, L’Attaque du Mutant était une histoire faite pour moi. Publié en 1994 aux États-Unis et en 1996 en France, L’Attaque du Mutant, ou Attack of the Mutant dans sa version originale, est le vingt-cinquième livre de la série de R.L. Stine. On y découvre Skipper, un gamin d’une dizaine d’année,...

Duration:00:09:57

Ask host to enable sharing for playback control

LE MASQUE DE LA MORT ROUGE : SACRÉE SOIRÉE !

10/18/2023
Tel est pris qui croyait prendre, voilà qui pourrait être la morale d’une histoire d’Edgar Allan Poe, ou de cet article. Aujourd’hui, on parle d’Edgar Allan Poe et de son influence sur la bande dessinée américaine ! Quand je me suis dit qu’il serait amusant de vous parler du Masque de la Mort Rouge et de ses adaptations en comic books, je n’imaginais pas dans quelle spirale infernale je venais de tomber… Car, si l’Américain Edgar Allan Poe, né à Boston en 1809, est incontestablement l’un des pères de la littérature fantastique et horrifique moderne, il est aussi l’inspirateur d’une quantité absolument titanesque de bandes dessinées plus ou moins fidèles à ses œuvres. Publiée pour la première fois en 1842 dans Graham’s Magazine, puis traduite en français par Charles Baudelaire dans le recueil Nouvelles Histoires Extraordinaires en 1857, The Masque of the Red Death, de son titre original, est une nouvelle s’inscrivant dans la tradition du roman gothique. Dans cette courte histoire, la Mort Rouge, une maladie proche de la peste, aux effets visibles désastreux et à la mortalité fulgurante, décime brutalement toute la population d’une contrée. Le Prince Prospero, un homme de pouvoir dans la région, invite un millier de nobles dans son palais au cœur d’une abbaye fortifiée, interdisant à quiconque d’entrer ou de sortir, afin d’éviter toute intrusion d’une personne malade. Bien que barricadés, les convives de Prospero ne manquent de rien, ni de nourriture, ni de divertissements en tout genre. Après plusieurs mois d’enfermement, un bal masqué est organisé et Prospero fait décorer chaque salle de sa demeure d’une couleur différente. Les six premières sont respectivement bleue, pourpre, verte, orange, blanche, et violette, les vitres des fenêtres de chaque pièce laissant passer une lumière dont la couleur est identique à celle des murs. Mais la septième chambre fait exception. Entièrement noire, elle est éclairée d’une lumière rouge, et on y trouve une énorme horloge sonnant à chaque heure d’une façon plus pesante. Lors de la fête, aux douze coups de minuit, un étranger grand et décharné, au masque semblable au visage d’un cadavre, et entièrement vêtu de rouge, se mêle à la foule, errant au milieu des danseurs. Prospero, en colère face à ce costume qu’il prend pour une provocation, demande à ce que l’étranger soit arrêté, puis pendu ! Mais nul n’ose l’interpeller pendant qu’il traverse le palais. Prospero se jette alors sur lui, poignard à la main. Mais, comme foudroyé, il s’écroule sans vie, tandis que les convives constatent que la créature n’est autre la Mort Rouge incarnée, avant de mourir un à un. Si la morale de cette histoire n’est jamais explicitement donnée par Edgar Allan Poe, on y voit souvent une allégorie de l'inéluctabilité de la mort. La Mort Rouge ; peut-être inspirée de la tuberculose dont souffrait Virginia, l’épouse de Poe ; se propage de façon inarrêtable, y compris entre les murs du lieu où la noblesse se croyait à l’abri. Aucun stratagème ne permet d’y échapper et vouloir la contrôler est aussi vain qu’illusoire, tandis que son avancée inexorable nous est rappelée par chaque sonnerie du carillon, qui laisse derrière lui un silence de mort, avant que l’activité des invités ne reprenne peu à peu. L’autre interprétation que l’on peut en faire est plus sociale, car Le Masque de la Mort Rouge met en exergue le dédain des riches et des puissants qui festoient à l’abri, alors que les pauvres et les paysans sont exterminés par la maladie. Mais le répit des privilégiés est de courte durée, car leurs richesses et leur condition sociale ne les prémunissent pas de trépasser dans les mêmes circonstances que les indigents. La nouvelle d’Edgar Allan Poe va inspirer un sacré paquet d’œuvres au fil des années : du Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux à l’univers de Donjons & Dragons, en passant par un skin pour le personnage de Faucheur dans le jeu vidéo Overwatch, mais aussi des ballets, des chansons, de nombreux films, et...

Duration:00:11:50

Ask host to enable sharing for playback control

COMMENT SHE-HULK A CASSÉ MARVEL COMICS ?

10/4/2023
Comment She-Hulk a-t-elle définitivement modifié la perception de la réalité dans l’univers Marvel à cause d’une publicité pour un parfum qui n’a jamais existé ? Aujourd’hui, je m’intéresse à une histoire que vous pensez sûrement connaître, mais qui vous réserve encore bien des surprises ! GIRLS GONE GREEN Nous sommes en 1979, et la série télévisée L'Incroyable Hulk, avec Lou Ferrigno et Bill Bixby, cartonne sur le petit écran. Le producteur Kenneth Johnson ; déjà derrière le spin-off de L’Homme qui valait Trois Milliards, Super Jaimie ; et Stan Lee, que l’on ne présente plus, ont alors la même idée : offrir à L’Incroyable Hulk une série dérivée mettant en scène un personnage féminin. Voulant assurer les arrières de Marvel Comics en matière de propriété intellectuelle, Stan Lee prend les devants et demande au dessinateur John Buscema de l’aider à créer une version féminine de Hulk. C’est ainsi que Jennifer Walters apparaît en novembre 1979 dans le premier numéro de The Savage She-Hulk. Bruce Banner, alias Hulk, fugitif traqué par toutes les polices, débarque à Los Angeles pour retrouver sa cousine Jennifer, devenue avocate, dans l’espoir d’obtenir son aide. Après lui avoir raconté comment il a été irradié par sa propre création, la bombe gamma, qui a fait de lui un monstre incontrôlable, Banner apprend que sa cousine défend un voyou mêlé malgré lui aux malversations du caïd Nicholas Trask. Or, ce fameux Trask compte bien faire taire la jeune avocate, et envoie ses hommes de main pour l’assassiner. Grièvement blessée par balle, Jennifer ne doit son salut qu’à une transfusion sanguine de fortune effectuée par son cousin Bruce, avec son propre sang radioactif. Ainsi, quand Trask envoie de nouveau ses larbins pour définitivement éliminer Jennifer en convalescence à l’hôpital, ces derniers ont la mauvaise surprise de la voir se transformer en géante musculeuse à la peau verte ! She-Hulk est née ! Désormais dotée d’une force colossale et d’une résistance à toute épreuve quand elle se transforme, tout en étant beaucoup moins bestiale que son cousin, Jennifer va prendre goût à cette nouvelle condition, si bien qu’elle restera sous sa forme de She-Hulk la majeure partie du temps. Utilisant ses pouvoirs pour combattre l’injustice et venir en aide aux plus faibles, elle va, sous la plume de David Anthony Kraft et le crayon Mike Vosburg, enchaîner les aventures super-héroïques, mais aussi sentimentales. Annulée après seulement vingt-cinq numéros, The Savage-Shulk est une série largement mésestimée, principalement en ce qui concerne le travail du scénariste David Anthony Kraft, qui adopte rapidement un ton très moderne dans le traitement de l’héroïne, en faisant un personnage qui assume sans complexe son statut hors-normes et ne manquant pas d’aplomb quand il s’agit d’imposer ses choix. De ce fait, bien que rarement cité, The Savage She-Hulk mérite que vous y jetiez un œil, car ce comic book a plutôt bien vieilli. C’est d’ailleurs au cours de ses premières tribulations que Jennifer Walters rencontre Ben Grimm, alias La Chose, des Fantastic Four, donnant naissance à une amitié qui mènera notre géante de jade à rejoindre l’équipe de Reed Richards en remplacement de Grimm après les événements du crossover Secret Wars en 1984. Et si l’hypothétique spin-off télévisé ne verra finalement jamais le jour, She-Hulk va faire son petit bonhomme de chemin dans l’univers Marvel, rejoignant notamment les Avengers et croisant régulièrement la route de son cousin Bruce. YOU’RE KIDDING, RIGHT ? Malgré cela, She-Hulk conserve pour beaucoup de lecteurs l’image d’une énième version féminine d’un héros masculin, comme Ms Marvel et Spider-Woman chez Marvel, ou Supergirl chez DC Comics. Mais tout cela va radicalement changer grâce à un artiste : John Byrne. Figure incontournable de la bande dessinée américaine, ayant œuvré sur les X-Men ou Alpha Flight chez Marvel, sur Superman et Wonder Woman chez DC, et à l’origine de créations originales comme les Next...

Duration:00:14:59

Ask host to enable sharing for playback control

RECKLESS : LE COMICS QUI FRACASSE LE RÊVE AMÉRICAIN !

9/17/2023
Une traversée des États-Unis post-guerre du Viêt Nam, dans un pays en pleine mutation et gangréné par les magouilles en tout genre, voilà ce que nous proposent Ed Brubaker et Sean Phillips dans leur nouvelle série phare. Aujourd’hui, je vous parle de mon coup de cœur du moment : Reckless ! Attention, cet article pourrait vous révéler certains éléments de l’intrigue ! Vous le lisez donc à vos risques et périls ! SECOURS FRATERNEL “Votre problème, c’est le nôtre !”, disait Régis Laspalès dans Ma Femme s’appelle Maurice, pièce de théâtre à succès adaptée au cinéma en 2002. Et bien, avec Ethan Reckless, c’est un peu la même chose : il règle vos problèmes en échange d’une rémunération plus ou moins conséquente. Composant avec son passé trouble d’agent infiltré travaillant pour le compte de la CIA ; dont il a gardé des cicatrices bien visibles sur le visage et une forme d’insensibilité émotionnelle ; et les milieux interlopes aux frontières très floues dans lesquels il évolue désormais, il crèche dans un vieux cinéma de Los Angeles : le El Ricardo. Quand quelqu’un a un problème, il laisse un message sur le répondeur d’Ethan, son assistante Anna filtre les appels, et parfois, ils décident de prendre l’affaire en main. C’est notamment le cas quand, en 1981, une ex-petite amie vient lui demander de l’aide pour récupérer ce qu’elle s’est approprié après un braquage. Rattrapé par des années de mensonges à flirter avec les interdits, Ethan s'embarque dans un road-trip vengeur, sur fond de trahison et de groupuscules radicaux. C’est sur ces bases que s’ouvre le premier tome Reckless, polar hard-boiled au rythme soutenu et à la tension permanente, qui enchaîne les rebondissements explosifs. Le deuxième tome, “L’Envoyé du Diable”, nous emmène en 1985, sur la piste d'une comédienne disparue dans d'étranges circonstances. Quand l'élue de son cœur demande à Ethan de retrouver sa sœur, qui s’est mystérieusement volatilisée alors qu’elle aspirait à faire carrière à Hollywood, notre détective de fortune remonte la piste d'un vieux film jusqu'aux plus sombres arcanes du show-business. Lui qui pensait avoir enfin trouvé l'amour et la sérénité, le voilà dans un milieu fait de faux-semblants, mais où le danger est bien réel. S’il y a bien une chose que nous confirme le tome suivant, “Éliminer les Monstres”, c’est qu’il est difficile d'avoir une vie privée quand on passe son temps à régler les problèmes des autres... Sollicité par un homme qui veut rendre justice à son défunt père, victime des malversations financières d'un magnat de l'immobilier, Ethan doit en parallèle composer avec la soif d’indépendance d’Anna, qui se lasse de sa vie au El Ricardo. Un volume qui permet d'en apprendre un peu plus sur le duo d'enquêteurs, sur leur rencontre, et sur leur état d’esprit. Dans “Ce Fantôme en Toi”, quand Ethan Reckless s'absente pour une affaire, Anna décide de s'aventurer seule dans la vieille demeure d’une ancienne star du cinéma d'horreur pour l'aider à prouver que son manoir n'est pas hanté ! Un quatrième tome qui se démarque des précédents et flirte avec le fantastique grâce à sa vieille bicoque qui cache un terrible secret, mon préféré pour le moment ! Le dernier volume en date, intitulé “Descente aux Enfers”, permet justement de découvrir ce qu’Ethan était parti faire pendant qu’Anna chassait les fantômes. Une fois encore, il est question de vengeance et de disparition, sur fond de dérives d’une communauté prônant une sexualité débridée. Un excellent cinquième tome qui fonctionne en diptyque avec le précédent et qui marque une fin de cycle pour Reckless, mais pas un point final, nous assure Ed Brubaker dans sa postface. Vous l’aurez peut-être compris, les albums de Reckless ont l'avantage d'être relativement indépendants les uns des autres, ce qui rend la série d'autant plus accessible. Chaque enquête conduit le lecteur dans un univers sordide et impitoyable, où l’ambiance capiteuse tranche avec une violence crue et les méthodes peu...

Duration:00:07:53

Ask host to enable sharing for playback control

BRUTE FORCE : L'ÉCOLOGIE SELON MARVEL COMICS

9/3/2023
Il arrive parfois que les comics décident d’embrasser de nobles causes. Mais pas toujours de la façon la plus judicieuse. Revenons à l’époque où Marvel pensait que la meilleure solution pour sauver la planète, c’était de filer des flingues aux dauphins… Si vous avez grandi durant les années 1980 et 1990, vous savez à quel point ces décennies symbolisent le règne des merdes en plastique. Depuis le succès colossal de Star Wars en 1977, et de la ligne de figurines commercialisée par Kenner, tous les fabricants de jouets cherchent la licence qui cartonnera auprès des gosses. Les Transformers et les G.I. Joe de Hasbro, les Cosmocats de LJN, les fameux Maîtres de l’Univers de Mattel, sans oublier le succès des Teenage Mutant Ninja Turtles de Playmates, autant de bonshommes en plastoc qui envahissent la chambre des enfants et vident le porte-monnaie des parents. Paradoxalement, tandis que la promotion de ces nouvelles figures de la Pop Culture est assurée par des dessins animés diffusés à la télévision, c’est aussi à cette période que diverses productions commencent à sensibiliser le jeune public à l’écologie. De Captain Planet à Widget, en passant par SOS Polluards et certaines séries de Tokusatsu, les messages incitant les enfants à protéger la nature et la vie sauvage sont partout. C’est en 1989, dans ce contexte qui mêle surproduction d’action figures et éveil quant à l’importance de notre environnement, que Marvel Comics demande au designer Charles Viola de concevoir des personnages qui pourraient devenir une ligne de jouets à succès. Fort d’avoir su adapter en comic book les G.I. Joe et les Transformers, et de l’accueil commercial, quelques années auparavant, de la gamme Secret Wars développée avec Mattel, l’éditeur américain est persuadé de pouvoir vendre les droits de ses nouveaux héros à un fabricant de jouets pour une petite fortune. Il faut dire que, même si on l’a un peu oublié aujourd’hui, il fut une époque où la Maison des Idées était experte en matière de partenariats plus ou moins pérenne : de ROM le chevalier de l’espace, avec Parker Brothers, à Dazzler en collaboration avec Casablanca Records, en passant par la Saga de Crystar, avec Remco, Marvel Comics a, notamment durant les années 1980, multiplié les coentreprises à double sens, pour le meilleur et pour le pire. Le premier numéro de Brute Force sort en juin 1990, soit trois mois avant la première diffusion de Captain Planet à la télévision et plus d’un an avant son adaptation en comic book par Marvel, qui ne connaîtra que douze numéros, mais c’est une tout autre histoire. Pourtant, Brute Force n’est pas véritablement une série initiatrice de tendance pour la bande dessinée américaine, le Animal Man de Grant Morrison la précédant de plusieurs années. Elle est néanmoins totalement dans l’air du temps en ce qui concerne ses thématiques, même si son approche est largement perfectible. Scénarisée par Simon Furman et dessinée par Jose Delbo, la mini-série en quatre numéros s’ouvre sur l’attaque d’un laboratoire de la société Multicorp, dans lequel travaille le scientifique Randall Pierce. Une équipe de clowns armés jusqu’aux dents, sans doute échappée du fast-food du coin, fait irruption alors que le docteur Pierce pratique une opération extrêmement délicate visant à sauver la vie d’un gorille en le transformant en cyborg. Après que le commando costumé ait pris la fuite en emportant avec lui l’animal amélioré, Randall Pierce s’empresse de prévenir son patron, Monsieur Frost, qui ne semble pas vraiment paniqué par la situation, et lui interdit formellement de prévenir la police. Après quelques tergiversations d’ordre moral et un échange avec son fils autour des responsabilités qui nous incombent vis-à-vis de notre belle planète bleue, le docteur Pierce décide finalement que le meilleur moyen d’aller sauver son gorille est de transformer d’autres animaux, innocents et en parfaite santé, en machines de guerre. Surfstreak le dauphin, Lionheart le lion, Soar l’aigle,...

Duration:00:11:30

Ask host to enable sharing for playback control

LES TORTUES NINJA : HISTOIRE(S) D’UNE MUTATION

7/30/2023
Des tortues mutantes et adolescentes adeptes de l'art du ninjutsu ? Un drôle de concept qui cartonne depuis quarante ans ! L'occasion pour moi de revenir sur cette licence aussi culte que protéiforme ! WE STRIKE HARD, AND FADE AWAY… INTO THE NIGHT. Comics, jouets, dessins animés, jeux vidéo : quel que soit le support, il est pratiquement impossible que vous soyez passés à côté des Teenage Mutant Ninja Turtles, à moins d'avoir vécu dans les égouts ces quarante dernières années ! Comme beaucoup de succès story improbables, l’histoire des Tortues Ninja commence avec deux geeks fauchés : Kevin Eastman et Peter Laird. Ces deux jeunes artistes ont pour habitude d'échanger leurs idées dans l'appartement de Laird, transformé pour l'occasion en ce qu'ils appellent "Mirage Studios", un atelier nommé ainsi du fait de son existence toute relative. Un soir de 1983, Kevin Eastman dessine une tortue se tenant sur ses pattes arrière et maniant des nunchakus. Cette idée saugrenue amuse beaucoup les deux comparses qui décident de retravailler le concept, donnant naissance à quatre tortues, utilisant chacune une arme différente. En 1984, Eastman et Laird rassemblent leurs économies, empruntent de l'argent à l'oncle de Kevin et publient eux-mêmes le premier numéro de Teenage Mutant Ninja Turtles, tiré à 3000, 3250, ou 3275 exemplaires selon les sources. Le succès est au rendez-vous, puisqu'ils doivent bientôt réimprimer 6000, puis 35 000 copies de ce premier numéro. N'ayant absolument pas anticipé un tel accueil, et encore moins l’engouement des lecteurs qui en redemandent, les deux auteurs vont bientôt devoir imaginer une suite à ce qui devait être un one-shot. En quarante pages, le premier numéro pose les bases de tout un univers. Transformées par un étrange liquide mutagène, quatre petites tortues vont être entraînées à l'art ancestral du Ninjutsu par Splinter, un rat humanoïde, qui leur donne à chacune le nom d’un artiste de la Renaissance : Leonardo, Raphael, Donatello et Michelangelo. Ensemble, ils affrontent Shredder, terrible combattant à la tête du Clan des Foot, dont l’histoire est intimement liée à celle de Splinter. Réunis par leur amour de l'œuvre de Jack Kirby, et inspirés par les travaux de Frank Miller sur Ronin ou Daredevil, de Dave Sim et de son héros Cerebus, et par les New Mutants de Chris Claremont chez Marvel, Eastman et Laird n’hésitent pas à mélanger les influences, entre hommage et parodie, pour donner naissance à leurs Chevaliers d’Écaille. Ainsi, on trouve plusieurs points communs entre nos tortues préférées et Matt Murdock : elles sont transformées par un étrange produit chimique et affrontent par exemple le Clan des Foot, là où Daredevil tient tête à la secte de La Main. Quant à l’influence de Kirby, si elle est plus qu’évidente sur le plan graphique, elle est aussi distillée tout au long du développement du lore de la licence, qu’il s’agisse d’interventions extra-terrestres ou transdimensionnelles. Seuls aux commandes des premiers numéros de la série, Kevin et Peter vont alors alimenter une véritable mythologie autour des tortues, introduisant des personnages devenus incontournables comme April O'Neil et Casey Jones, des antagonistes mutants comme Leatherhead, ou encore les races extraterrestres des Utrom et des Triceratons. Ces derniers étant d’ailleurs, tout comme le personnage de Fugitoid, des créations de Mirage Studios antérieures aux Tortues Ninja. Le succès affiché par le comic book de Eastman et Laird et le foisonnant univers qui anime ses pages, mais aussi celles de son spin-off Tales of the Teenage Mutant Ninja Turtles et des Micro-Series, vont bientôt attirer l’attention de pas mal de monde et surcharger l’emploi du temps des deux amis qui recrutent alors Jim Lawson, Mark Martin, Michael Dooney ou encore Eric Talbot pour leur filer un coup de main. Des artistes qui vont, à leur tour, nourrir le déjà très riche background des TMNT de leurs créations. COWABUNGA ! Parmi les projets qui occupent le duo,...

Duration:00:22:08

Ask host to enable sharing for playback control

QUAND DISNEY VOULAIT ADAPTER FINAL FANTASY !

7/9/2023
Final Fantasy est l’une des plus grandes sagas de l’histoire du jeu vidéo, c’est un fait. Mais saviez-vous que bien avant Kingdom Hearts, Disney et Square se sont croisés pour un projet d’adaptation comme seule la bande dessinée américaine sait en proposer ? Aujourd’hui, on parle du comic book inachevé tiré de Final Fantasy ! Si le nom de Final Fantasy parle aujourd’hui à pratiquement tout le monde, ça n’a pas toujours été le cas. Lancée en 1987 au Japon, la licence va mettre un peu de temps pour se faire une place au-delà des frontières du pays du Soleil-Levant. Il faudra en effet attendre 1990 pour que le premier opus, sorti sur Nintendo NES, atteigne le marché américain, tandis qu’en France et en Europe, FFVII, sorti en 1997 sur Playstation, sera le premier épisode officiellement disponible, exception faite du spin-off Mystic Quest, sorti sur Game Boy en 1994. Bien que le premier épisode de la saga ai connu un succès non négligeable au pays de l’Oncle Sam, Final Fantasy II et III ne bénéficieront pas de localisation aux USA, et c’est ainsi que Final Fantasy IV, sorti en 1991 sur Super Famicom au Japon, est renommé Final Fantasy II pour l’arrivée de la cartouche Super Nintendo sur le sol américain la même année. Si vous avez suivi, c’est que vous êtes prêts pour la suite. Il n’est pas rare qu’une licence en vogue aux États-Unis, qu’il s’agisse d’un jeu vidéo, d’une ligne de jouets, d’un film, ou d’une série télé, ait droit à son adaptation sur le papier chez un éditeur de comics. Cette tendance est d’autant plus vraie à partir des années 1980, avec l’arrivée dans les rayons des comic shops de titres allant des Maîtres de l’Univers aux Transformers, en passant par Atari Force, G.I. Joe ou Cosmocats. Et il en va de même pour Indiana Jones, Alien, Predator, Robocop, et bien évidemment Star Wars, qui ont tous été convertis en comic book pour une durée plus ou moins longue, aux côtés d’autres franchises plus ou moins plébiscitées par les lecteurs, telles que Biker Mice from Mars, L’Agence Tous Risques, Double Dragon, The Real Ghostbusters, et même Chuck Norris Karate Kommandos… Si la qualité n’est pas toujours au rendez-vous, en démontre l’horrible Street Fighter chez Malibu Comics, c’est parce que, sans grande surprise, la motivation initiale est avant tout mercantile. En 1990, dans une démarche expansionniste, le groupe Disney Publishing Worldwide lance sa filiale Disney Comics, ayant pour objectif de continuer la publication de titres comme Uncle Scrooge ou Walt Disney’s Comics and Stories ; déjà en cours depuis plusieurs années chez Gladstone Publishing, et avant ça chez Gold Key et Dell Comics ; et de lancer de nouvelles séries. Adepte d’une politique agressive, Disney Comics vise un développement un peu trop optimiste face à la réalité du marché en démultipliant les annonces de nouveaux labels, comme Hollywood Comics, qui aurait dû publier les adaptations en comic book des films produits par Hollywood Pictures, autre filiale de Disney. Mais Len Wein, co-créateur de Swamp Thing et de Wolverine, ne fait pas l’unanimité auprès des fans dans son rôle d’éditeur en chef de Disney Comics, et les ventes décevantes viennent rapidement saper les ambitions du groupe qui espérait pouvoir concurrencer Marvel et DC Comics dans la cour des grands. Ainsi, dès l’année 1991, une bonne partie des titres s’arrête et les projets de développement et autres labels, dont Hollywood Comics, sont abandonnés. Disney Comics disparaît pour de bon en 1993 et les séries survivantes sont de nouveau confiées à Gladstone Publishing. Un seul et unique titre aura été publié par Hollywood Comics : l’adaptation de Arachnophobia, film produit par Steven Spielberg. Mais il aurait pu en être autrement… En effet, voilà quelques années, le scénariste Kurt Busiek, célèbre pour son travail sur Marvels avec Alex Ross ou sur le crossover Justice League of America / Avengers avec le regretté George Perez, a révélé qu’il avait œuvré sur un projet pour le moins...

Duration:00:08:56

Ask host to enable sharing for playback control

CHACUN CHERCHE SON HULK !

6/16/2023
Parmi les personnages colorés qui mettent le bazar dans les cases de nos comic books préférés, l’Incroyable Hulk, créé par Stan Lee et Jack Kirby en 1962, est sûrement celui dont les multiples mutations et interprétations sont les plus hétérogènes, mais aussi une magnifique démonstration de la façon dont les fans s’approprient les héros de papier. Aujourd’hui, on va parler de Hulk, mais pas seulement de Hulk. Et puis, quel Hulk, d’abord ? Occupe-toi de ton Hulk ! Ce qui m’a toujours laissé perplexe chez les amateurs de super-héros, c’est leur fascination pour l’échelle de puissance des personnages. Si elle est naturelle, elle est aussi et surtout très limitée et occupe bien trop de place dans les débats, au détriment de la profondeur des thématiques sociales, politiques et psychologiques qui entourent les héros de comics. Pour moi, l’infantilisation systématique des problématiques et des intrigues par une partie du lectorat et des prescripteurs amène à une vision biaisée du genre phare de la bande dessinée américaine. Malgré une lassitude de plus en plus palpable, les blockbusters de Marvel restent des valeurs sûres au cinéma, et on se demande souvent pourquoi le grand public ne s’intéresse pas plus aux comics dont ils sont issus. La réponse semble évidente quand on constate qu’une partie de ceux-là même qui devraient pousser les gens à en lire n’en renvoient que l’image d’une sorte de gigantesque bagarre permanente dont le seul enjeu serait de savoir qui est le plus fort. Cette attitude puérile des fans va souvent de pair avec un refus du changement et un rejet systématique de tout ce qui ne correspond pas à des standards esthétiques et scénaristiques induits de longue date. Pourtant, de façon tout à fait évidente, les produits issus de ces licences à l’aspect mercantile indéniable s’inscrivent dans la durée et doivent évoluer avec leur époque, sous peine de disparaître. C’est vrai pour les super-héros, et plus globalement pour toutes les figures de la Pop Culture. Par leur refus du changement, et leurs formulations abusives comme “mon Batman”, “mon Star Wars”, ou “mon Superman”, les puristes autoproclamés assassinent ce qu’ils aiment en cherchant à figer l’image totalement biaisée d’un personnage ou d’une licence, en interdisant indirectement l’accès à un nouveau public. Hulk est un exemple très parlant, car c’est sûrement l’un des héros Marvel qui a le plus changé entre les années 1960 et aujourd’hui, en comparaison de personnages comme Tony Stark ou Steve Rogers qui, s’ils ont tous les deux été développés de différentes façons, sont restés beaucoup plus proches de leurs caractéristiques d’origine. Aussi, quand le Marvel Cinematic Universe a adapté ces changements, certes plus abruptement que dans les comic books, une partie des spectateurs s’est plainte de ne plus retrouver “son” Hulk au cinéma. Un grief recevable face aux méthodes expéditives de Disney et Marvel, mais prenant parfois des proportions totalement ridicules, entre appels au boycott, véhémence disproportionnée, et association douteuse avec des discours prônant l’intolérance sous couvert du respect du matériau d’origine. Se plaindre de l’évolution du Hulk du MCU revient tout simplement à nier que le personnage n’a pas toujours été le même dans les comics. C’est le réduire à une masse de muscles décérébrée, un gros balourd tout juste bon à soulever des voitures et à traverser des murs. Évidemment, pour appréhender cela, il faut s’intéresser un minimum à l’histoire du personnage sur le papier et à ce qu’il représente dans l’univers Marvel. Il manque Hulk dans un coin… Hulk est un pur produit de son époque : l’Âge d’Argent des comics, une période où les super-héros reviennent sur le devant de la scène après une longue pause durant laquelle des genres comme l’horreur, la romance et une science-fiction héritière des pulp’s les avaient supplantés. Aussi, Stan Lee et Jack Kirby en font rapidement une sorte de pot-pourri d’influences pop, qui va paradoxalement...

Duration:00:15:21

Ask host to enable sharing for playback control

VOLTAR : LA FANTASY PERDUE D’ALFREDO ALCALA

6/9/2023
Aiguisez vos lames et sortez vos plus beaux casques à cornes, direction les terres sauvages et envoûtantes de l’Heroic Fantasy avec Voltar par Alfredo Alcala, une saga dans la plus pure tradition Sword & Sorcery du Conan le Barbare de Robert E. Howard ! La France cultive une vision assez nombriliste de l’art séquentiel. Quand on sait à quel point le Manga peut encore être méprisé par une partie des lecteurs et des spécialistes du médium, on imagine sans mal la vision réductrice qui existe vis-à-vis des productions venant de pays où le Neuvième Art est jugé, à tort, moins noble qu’en Europe. La préservation et la diffusion du patrimoine de la bande dessinée me semblent aujourd’hui indispensables pour faire vivre cette culture à l’échelle mondiale, et certains éditeurs réalisent un travail remarquable en la matière. C’est le cas de Neofelis Éditions qui nous propose de découvrir les épisodes de Voltar par Alfredo Alcala, publiés aux États-Unis entre 1977 et 1981. Cette intégrale regroupe le premier épisode de Voltar, paru dans le premier numéro de Magic Carpet, ainsi que les huit épisodes suivants parus dans The Rook chez Warren Publishing. On y suit les aventures du héros éponyme, champion du royaume d’Elysium au service du roi Antiochus, qui va devoir libérer sa contrée des hordes de kobolds du seigneur Magog, dont l’invasion préfigure l’Apocalypse. La quête de Voltar l’emmènera jusqu’aux profondeurs de la Terre, à la recherche d’un sauveur qui pourra libérer Elysium. Dans ce périple semé d'embûches à travers un monde hostile livré à des plaies ancestrales, Voltar va affronter les sombres sicaires de Magog, des cavaliers assassins vêtus de noirs qui ne sont pas sans rappeler les Nazgûls de l’univers de Tolkien, et de nombreuses autres créatures fantastiques. Graphiquement, Alcala, dont le style est ici à mi-chemin entre Frank Frazetta et Gustave Doré, propose des paysages démesurés qui invitent au voyage et à l'aventure. On est aspiré par son univers sombre et farouche, rempli de personnages héroïques et de monstres effrayants, et le grand format de l’album permet de profiter à fond de ses planches éblouissantes ! Cette ambiance de fin de monde, où un messie providentiel doit terrasser le malin et où le destin semble inexorable, fait sans doute écho à l’éducation d’Alfredo Alcala, mais aussi à l’histoire des Philippines. Pays très catholique occupé tour à tour par les Espagnols, les Américains, puis les Japonais, avant de connaître la dictature de Ferdinand Marcos, l’archipel Philippin possède une histoire mouvementée dont résulte un cocktail improbable de principes religieux et de culture pulp qui a sans doute influencé par bien des façons le travail de l’auteur. Cultivant un sens du sacrifice tout ce qu’il y a de plus biblique, le vaillant guerrier d’Alfredo Alcala ne recule devant rien pour accomplir sa mission, dans une démarche jusqu’au-boutiste qui rencontre la Fantasy du Seigneur des Anneaux et les mythes et légendes de l’Antiquité. Né en 1925 aux Philippines, Alfredo P. Alcala publie ses premiers travaux dès 1948. Artiste hétéroclite, il s’essaie autant aux histoires de Science-Fiction qu’à la Romance ou à l’Horreur. En 1963, il crée le personnage de Voltar, qui emprunte de toute évidence à l'œuvre de Robert E. Howard, créateur de Conan le Barbare, Kull le Conquérant et Solomon Kane. Ce héros d’une série de quarante-cinq épisodes ; dont on retrouvera le tout premier publié dans Alcala Fight Comix chez Craf Publishers aux Philippines au sommaire de l’intégrale de Neofelis ; répond aux codes classiques de l’Heroic Fantasy, et plus particulièrement du genre Sword & Sorcery. Comme Conan, Voltar est un valeureux combattant ne comptant que sur sa force et son courage pour affronter les forces du mal. Cependant, si le personnage fait parfois preuve de ruse et se montre impitoyable envers ses ennemis, il n’en reste pas moins fidèle à des principes quasi-chevaleresques et se comporte bien plus en héros modèle que le...

Duration:00:06:43

Ask host to enable sharing for playback control

SAGA : L’ÉPOPÉE ULTIME DE SPACE-FANTASY ?

4/26/2023
Voilà près de trente ans que je lis des comics, et la série dont je vais vous parler aujourd’hui entre sans mal dans le top 3 de ce que j’ai pu lire de mieux dans ma vie. Oui, sur Internet, on adore faire des tops et des classements, alors qu’il n’y a pas plus inutile et subjectif quand on parle d’art. Mais vous avez saisi l’idée : le comic book qui nous intéresse est une véritable pépite : Saga de Brian K. Vaughan et Fiona Staples ! LÀ-HAUT, DANS LES ÉTOILES… Quand Star Wars rencontre Game of Thrones et Les Animaux du Bois de Quat’sous (si, si, je vous assure que le cocktail est valide), ça donne Saga, une série qui porte bien son nom et dont la publication a commencé en 2012 aux États-Unis chez l’éditeur Image Comics. Écrite par Brian K. Vaughan, déjà derrière le comic book à succès Y, Le Dernier Homme, et dessinée par Fiona Staples, Saga commence par la rencontre entre Alana et Marko. Elle est originaire de la planète Continent, dont la population ailée maîtrise une technologie très avancée, tandis que lui est natif de Couronne, le satellite naturel de Continent, dont le peuple, reconnaissable à ses cornes, pratique la magie. En conflit depuis de nombreuses années, les armées de Couronne et de Continent se livrent bataille partout où cela est possible, forçant chacun à choisir son camp à grands coups d’endoctrinement et de propagande. Capturé, Marko se voit emprisonné sur la planète Clivage, où Alana est désignée pour être sa surveillante. Mais de façon tout à fait inattendue, nos deux héros vont briser un véritable tabou en débutant une histoire d’amour. Forcés de prendre la fuite, le prisonnier et sa gardienne vont bientôt devenir la cible de toutes les attentions quand une nouvelle s’ébruite : Alana est enceinte et donc la preuve vivante que l’union entre les habitants de Couronne et ceux de Continent est possible… De leur amour défendu naît Hazel, une petite fille possédant à la fois des ailes, comme sa mère, et des cornes, comme son père. Principale narratrice de l’histoire, Hazel raconte dès lors au lecteur son périple en compagnie de ses parents, désormais considérés comme des traîtres et dont les têtes sont mises à prix. Leur voyage semé d’embûches est l’occasion pour nous de découvrir une foisonnante galerie de personnages à travers des mondes tantôt hostiles, tantôt merveilleux, où Hazel découvre, souvent malgré elle, la véritable nature et parfois les sombres motivations des gens qui l’entourent. Poursuivis et constamment sur le qui-vive, Alana, Marko et leur famille ne peuvent que trop rarement faire confiance à autrui, au risque de tout perdre et de semer le chaos sur leur passage. À l’image de l’univers de Star Wars, Saga brille par l’inventivité des concepts et des personnages présentés, chacun distillant un microscopique fragment d’un univers que l’on imagine sans limite. Les seconds rôles comme Le Testament, chasseur de primes accompagné de son Chat-Mensonge ; capable de déterminer si quelqu’un dit ou non la vérité ; ou bien le Prince Robot IV, chargé de poursuivre Alana et Marko au prix de son honneur, participent à la fois à la tension et au ton satirique de la série. Et si l’on sait ces personnages impitoyables et déterminés à tuer quiconque se mettra en travers de leur route, cela n’empêche pas les auteurs de les rendre attachants, et même de nous faire éprouver de l'empathie envers eux quand leur situation devient critique. Enfin, Hazel, qui reste l’héroïne servant de liant entre tous les autres protagonistes, va grandir au fur et à mesure que la série avance. De ses premiers jours à sa crise d’adolescence, elle est le fil conducteur des lecteurs et des lectrices de Saga, et décrit les événements vus de l’intérieur, avec l’impertinence propre à beaucoup d’enfants. Ce procédé, en plus d’apporter une touche d’humour parfois nécessaire face aux drames que traverse Hazel, aide beaucoup à l’implication et l’identification du lecteur. HAPPY TOGETHER ? Brian K. Vaughan considère lui-même Saga comme...

Duration:00:06:55

Ask host to enable sharing for playback control

CYBERFORCE : LA REVANCHE DES MUTANTS

2/5/2023
Les histoires de super-héros ont parfois la réputation de se résumer à un enchaînement de bagarres et d’explosions dont les onomatopées bariolées cachent un manque manifeste de profondeur. Idée reçue ou fait avéré ? Voici une série culte parfaite pour trancher la question ! TAKE THAT DISK OUT OF YOUR MOUTH ! Les années 1990 sont le pinacle d’un genre bien particulier de comic book : celui mettant en scène des anti-héros violents et immoraux. Initiée durant la décennie précédente, cette tendance atteint son paroxysme avec les publications de Image Comics comme Spawn, Youngblood, WildC.A.T.s, et celle qui nous intéresse aujourd’hui : CyberForce. La série, qui vient de fêter son trentième anniversaire, est de nouveau disponible en version française aux Éditions Reflexions, l’occasion ou jamais de revenir sur ce classique parfois mal-aimé ! Débutée comme une mini-série de quatre numéros en octobre 1992 et publiée sous le label Top Cow par Image Comics en collaboration avec Malibu Comics, CyberForce est une création du dessinateur Marc Silvestri, qui coécrit le scénario avec son frère Eric. On y découvre un groupe d’individus aux pouvoirs mutants améliorés cybernétiquement, manipulés à des fins criminelles via des “brain box”, et utilisés comme une troupe d’élite à la solde d’une organisation maléfique appelée Cyberdata. Parvenant à échapper au contrôle de leur geôlier tyrannique, certains de ces mutants prennent la fuite et fondent une équipe ayant pour objectif de contrecarrer les plans de Cyberdata : CyberForce. Le premier épisode de la série s’ouvre sur la fuite de Velocity, jeune femme dotée d’une célérité prodigieuse, poursuivie par un escadron de Cyberdata dirigé par Ballistic. Cette dernière, en plus de posséder une force surhumaine, manifeste une dextérité hors du commun avec les armes à feu, ne ratant pratiquement jamais sa cible. Alors que tout semble terminé pour Velocity, elle est miraculeusement sauvée par Ripclaw et Heatwave, deux membres de CyberForce, qui mettent en déroute Ballistic et son équipe avant de ramener la jeune mutante jusqu’à leur quartier général. En parallèle, on découvre les autres membres de CyberForce : Stryker, Cyblade et Impact, chargés d’assurer la protection d’un mutant briguant la place de maire. Évidemment, le candidat est la cible d’une tentative d’attentat, et nos héros vont devoir user de leurs pouvoirs pour le protéger. Le premier arc de la saga s’articule principalement autour la lutte entre CyberForce et Cyberdata pour s’approprier ou protéger Velocity, qui devient un point de repère récurrent pour le lecteur devant, tout comme elle, se familiariser avec ce monde rempli de surhommes. Lorsque CyberForce devient une série régulière, à la fin de l’année 1993, Image Comics propose un crossover entre les héros de Marc Silvestri et ceux de Jim Lee, les WildC.A.T.s. Cette rencontre intitulée “Killer Instinct” est l’occasion de découvrir que les deux équipes fonctionnent un peu en mode miroir, tout du moins à leurs débuts, ce qui n’a rien d’étonnant quand on connaît le parcours de leur créateur respectif chez Marvel. Dans les numéros suivants, Marc Silvestri reçoit l’appui prestigieux de Chris Claremont au scénario, avant de laisser sa place à David Finch au dessin, puis au scénariste Brian Holguin pour la majorité des épisodes suivants. Bien que la série des frères Silvestri introduise un nombre considérable de personnages en seulement quelques numéros, c’est bien autour de Heatwave, Cyblade, Stryker, Ripclaw, Impact, Velocity et Ballistic que celle-ci construit la plus grande partie de ses intrigues. Ces protagonistes, majoritairement calqués sur des archétypes super-héroïques déjà éculés à l’époque, rappellent fortement les X-Men de Marvel. Sans parler de copie ou de plagiat, le contexte dans lequel évoluent les héros mutants de CyberForce, celui d’une société hostile où différents points de vue s’opposent, ne peut que pousser le lecteur à comparer la série à celle des enfants de...

Duration:00:10:40