Invité culture

Parfois cosmonaute, parfois patineur sur savon, parfois plongé dans un aquarium, l’artiste vidéaste Pierrick Sorin investit le Musée d’art de Nantes, sa ville natale, jusqu'au 1er septembre 2024. Dans des dispositifs optiques bluffants et miniatures, Pierrick Sorin se met en scène à travers une multitude de personnages. L'exposition s'intitule « Faire bonne(s) figure(s) ». Rencontre avec artiste à nul autre pareil dont l'originalité s'exporte dans le monde entier.

Salim Djaferi demande à sa mère algérienne comment on dit « colonisation » en arabe. Elle lui répond « koulounisation ». C'est le titre et le point de départ de sa dernière pièce, qui part de la langue pour raconter la guerre en Algérie. Une pièce qui raconte l'histoire à travers la langue et les mots. À écouter aussiThéâtre: Salim Djaferi enquête sur la «Koulounisation»

« L'important n'est pas de gagner, c'est de participer ». On connaît tous cette maxime attribuée à l'inventeur des Jeux olympiques modernes, le baron de Coubertin. Mais les athlètes de haut niveau qui participent à cette compétition mondiale y souscrivent-ils vraiment ? Alors que la flamme olympique arrive en France ce mercredi, la comédie L'Esprit Coubertin de Jérémie Sein montre justement un champion de tir sportif qui vient aux Jeux pour monter sur la plus haute marche du podium.

Christelle Khodr est née durant la guerre civile au Liban. Elle convoque au théâtre de la MC93 à Bobigny quatre acteurs de sa génération. Les histoires intimes croisent la grande histoire dans une scénographie au plateau fracassé, mouvant à l'instar de l'instabilité de son pays. Une pièce sombre portée par un texte puissant et de grands acteurs.

En littérature, on appelle ce genre de récit une robinsonnade. Sur le modèle du roman Robinson Crusoe, la dessinatrice Marie Spénale imagine dans la bande dessinée Il y a longtemps que je t'aime (Casterman) l'aventure d'une femme d'une soixantaine d'années qui se retrouve sur une île déserte après que son bateau de croisière a fait naufrage. Le blog de Marie Spénale

Comme le Bénin, le Sénégal participe également pour la première fois à la 60e Biennale de Venise. C’est l’artiste Alioune Diagne qui a été choisi pour représenter son pays. Étoile montante de la scène contemporaine africaine, il expose un ensemble de 16 tableaux pointillistes engagés à l’Arsenal, épicentre de la manifestation consacré à l’art. Son projet, soutenu par le galeriste parisien Daniel Templon, figure incontournable du monde de l'art, est intitulé en wolof Bokk–Bounds, qui signifie « ce qui est partagé ». Et c’est une réponse au thème de l’événement vénitien de cette année, « Étrangers partout ».

Après Placés, un film inspiré de son expérience d'éducateur dans un foyer de l'ASE (l'Aide sociale à l'enfance), le réalisateur Nessim Chikhaoui s'intéresse à la lutte de femmes de ménage d'un palace parisien. Avec Petites mains, qui vient de sortir en salles en France, il livre une comédie sociale drôle et engagée et offre de beaux personnages à des comédiennes afrodescendantes.

Dans Le tableau volé, Pascal Bonitzer plonge Alex Lutz dans une comédie virevoltante : le comédien y incarne un commissaire priseur qui fait la découverte de sa vie : un chef d’œuvre d’Egon Schiele, entreposé depuis la fin de la Seconde guerre mondiale dans le grenier d’un ouvrier de Mulhouse.

Pionnière de l’écriture pour voix d’enfants en France, Isabelle Aboulker parvient à saisir et à sublimer ces voix depuis plus de quatre décennies. À 85 ans, la compositrice française aux origines algériennes vient de créer une partition sur mesure pour la Maîtrise populaire de l’Opéra Comique à Paris. Des chanteuses et chanteurs entre 12 et 20 ans partent explorer « Archipel(s) », un opéra qui reflète les préoccupations des jeunes d’aujourd’hui à travers un voyage initiatique. Pour en savoir plus : La Maîtrise populaire de l'Opéra-Comique

Avec sa pièce An Irish Story, Kelly Rivière part à la recherche de son grand-père irlandais disparu et nous entraîne dans son récit haletant, tendre et drôle à la fois. La comédienne, autrice, metteuse en scène aux mille talents interprète tous les rôles, de la narratrice aux différents membres de sa famille et nous plonge dans son enquête où l'histoire intime rencontre la grande. Rencontre avec l’artiste au théâtre de La Scala à Paris où elle joue jusqu'à mi-juin. À écouter aussiÉcrivez, envoyez: Appel à écritures pour le PRIX RFI THÉÂTRE 2024

Le Printemps de Bourges tient sa 48e édition jusqu’au dimanche 28 avril dans cette ville du centre de la France. Comme tous les ans, les artistes confirmés et les talents émergents s’y côtoient. L’une des autres particularités de cette manifestation est de mettre en avant les créations. Elles sont tournées cette année autour des thèmes de l’adolescence et de la poésie. Un hommage sera notamment rendu ce vendredi soir à Kurt Cobain, leader du groupe américain Nirvana, à l’occasion des 30 ans de sa disparition. Ce spectacle a été conçu autour de l'actrice Béatrice Dalle et du rappeur Youv Dee. Entretien avec Boris Vedel, le directeur du festival. À lire aussiPrintemps de Bourges, le bel hommage à Françoise Hardy

À la Biennale de Venise, c'est Julien Creuzet qui représente la France. Pour la première fois en 60 éditions du prestigieux évènement d’art contemporain, un artiste franco-caribéen est ainsi invité à investir le pavillon tricolore. Le Martiniquais de 38 ans y déploie en virtuose les couleurs, les sons hypnotiques, la poésie des mots et les images rêvées d’une forêt chimérique. Le festin des sens de son installation monumentale immersive, entre terre et profondeurs de l’océan, est une ode à un monde en voie de disparition.

Borgo, c'est le nom de la prison de Haute-Corse, lieu de détention des insulaires. C'est aussi le titre d'un film qui sort cette semaine en salles. Le long métrage est inspiré d'un fait divers qui avait fait grand bruit sur l'Ile de beauté en 2017 : un double assassinat de figures du banditisme corse. Sophie Torlotin s'entretient avec son réalisateur, Stéphane Demoustier.

Le pianiste et chef d’orchestre Yvan Cassar est derrière les succès de nombreuses stars de la chanson, dont Johnny Hallyday dont il fut le directeur musical pdt une vingtaine d’années. Ce discret musicien de formation classique a réorchestré en version symphonique les succès de la star disparue en 2017 à partir d’enregistrements inédits de sa voix. Après deux albums à succès, il poursuit l’aventure par une tournée à travers toute la France depuis mars dernier, intitulée « Johnny Symphonique Tour ». Sur RFI MusiqueLa biographie et discographie de Johnny Hallyday

Le Festival du livre de Paris ouvre ses portes ce vendredi 12 avril, jusqu'à dimanche dans la capitale française. Considéré comme l'événement littéraire du printemps, le festival attend 100 000 visiteurs en trois jours. Cette année, le Québec est l'invité d'honneur du festival avec 42 auteurs et 77 maisons d'éditions présentes à Paris. Parmi ces maisons, celle fondée il y a deux décennies par le poète haïtien Rodney Saint-Éloi, Mémoire d'Encrier. Une maison qui a fait évoluer le regard des Québécois sur la littérature dites « des marges ». RFI : Rodney Saint-Éloi, vous êtes poète, écrivain, essayiste, fondateur de la maison d’édition Mémoire d’Encrier, c’était il y a 21 ans. Vous êtes né en Haïti et vous vivez au Québec. Il y a quelques années, vous disiez que l’édition québécoise manquait de diversité. Est-ce que ce constat est toujours valable ? Rodney Saint-Éloi : On a fait du chemin, et quand on parle de Québec aujourd’hui, il y a une partie très forte de la diversité, des gens racisés, et il y a de nouvelles voies qui s’inscrivent dans cet ensemble-là. Et je pense que c’est tant mieux, parce que ça s’est entre-temps beaucoup diversifié. Quand je vois ce qui se passe avec Naomie Fontaine, quand je vois qui se passe avec Rita Mestokosho, qui est ici présente au Festival, on voit que le Québec est plus grand que ce que l’on appelle le Québec. Et c’est ce que portent ces voix-là. Avant, la littérature québécoise était une littérature de souche, une littérature pure laine. Donc nous, on a mis un petit peu de mauvaise laine dedans. C’est moins pur. Et c’est ça qui est intéressant. Le combat, c’est qui raconte nos histoires. Est-ce que ce combat que vous menez, cette exhortation à aller chercher des écritures différentes, a fait école chez d’autres éditeurs ? Oui, je pense que c’est même un impératif. C’est-à-dire qu’il y a un comité de diversité dont je suis le président à Québec Éditions. Il y a une maison d’édition proprement autochtone qui s’appelle Éditions Hannenorak, qui publie des autochtones. Il y a en fait une demande très claire pour des maisons où, traditionnellement, il y a peut-être 15 ans, quand un Noir voulait publier un livre à Montréal, on lui disait d’aller chez Mémoire d’Encrier. Et ce n’était même pas du racisme. Les gens pensaient qu’ils n’étaient pas autorisés, que ce n’était pas leur affaire, la condition noire. Mais je leur dis : « Mais la condition noire, c’est une condition humaine. La condition arabe, c’est une condition humaine. Il faut regarder le monde. C’est ça, sortir de la province pour aller vers le monde. » C’est cette impulsion, je crois, que Mémoire d’Encrier a donné à la littérature québécoise. Quand vous voyez aujourd’hui la situation que traverse Haïti, comment se faire entendre quand on est romancier, poète, éditeur, pour que l’on puisse un jour mettre un terme à cette anarchie ? On est dans une impuissance. Ce qui se développe aujourd’hui, c’est un imaginaire de l’anéantissement. C’est-à-dire que l’Haïtien que je suis ne comprend pas Haïti. Mais pour revenir à la littérature, j’ai beaucoup parlé d’une société fondée sur le mépris dans Quand il fait triste, Bertha chante, un livre que j’ai publié récemment. Parce qu’une société qui est fondée sur le mépris n’est pas une société viable. Et Haïti a été longtemps une société coloniale et qui s’est toujours comportée comme une société coloniale entre Haïtiens. Une société profondément raciste entre Haïtiens. Donc ce legs, c’est un legs empoisonné. Et je pense qu’on a essayé de culbuter le malheur. Mais en Haïti, le malheur donne le malheur.

L'invité Culture est le réalisateur documentariste Sébastien Lifshitz, pour son nouveau film, Madame Hofmann. C'est un portrait d'une cadre infirmière de l'hôpital Nord de Marseille, tourné en partie pendant l'épidémie de Covid-19. Une vie de travail au service des autres et une radiographie de la France.

Rosalie de Stéphanie Di Giusto se déroule dans la France des années 1870. Rosalie, jouée par Nadia Tereszkiewicz, n’est pas une jeune femme comme les autres, elle cache un secret : depuis sa naissance, son visage et son corps sont recouverts de poils. De peur d’être rejetée, elle a toujours été obligée de se raser. Jusqu’au jour où Abel, interprété par Benoit Magimel, un tenancier de café acculé par les dettes, l’épouse pour sa dot sans savoir son secret. Mais Rosalie veut être regardée comme une femme, malgré sa différence.

L'agresseur, la victime et l'opératrice de la police : Quitter la nuit, le premier long métrage de la réalisatrice belge Delphine Girard, propose trois points de vue sur un même événement traumatique. Sacré du Prix du public à la dernière Mostra de Venise dans la section Journées des auteurs, ce film aborde avec nuances le thème des violences faites aux femmes.

Elle publie son premier roman Kaddour dédié à son père. À travers son portrait Rachida Brakni adresse un hommage à tous ces hommes « travailleurs immigrés » invisibilisés. Une part de l'histoire de France que la comédienne s'emploie à faire entrer dans le champ de la littérature. À écouter aussi2. Rachida Brakni

Partie, la dernière création de Tamara Al Saadi, nous emmène dans le cauchemar de la Première guerre mondiale, ses tranchées, son absurdité. L'auteure et metteure-en-scène franco-irakienne délaisse cette fois les questions identitaires qui ont nourri son travail jusque-là, mais continue à privilégier un travail très documenté, où l'intime rencontre la grande histoire. Le tout dans une pièce relevant de l'artisanat qui fait le charme du théâtre. L'un des derniers arts pouvant susciter l'émotion en étant fait de bric et de broc.