
Reportage France - Paroles de soignants
RFI
Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.
Location:
Paris, France
Genres:
World News
Networks:
RFI
Description:
Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.
Language:
French
Website:
http://www.rfi.fr/
Episodes
Handicap: une journée avec Alain, en fauteuil roulant, et ses nombreux obstacles pour se déplacer
12/2/2025
Mercredi 3 décembre marque la journée internationale des personnes handicapées et la France compte 12 millions de personnes vivant avec un ou plusieurs handicaps. Alain Amsellem est handicapé moteur et tous ses déplacements se font en fauteuil roulant : les barrières et les obstacles auxquels il est confronté quotidiennement sont nombreux comme a pu le constater notre journaliste qui l’a suivi durant toute une journée.
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Le documentaire «Devant - Contrechamp de la rétention» d'Annick Redolfi
12/1/2025
Actuellement dans certains cinémas de France est projeté le film documentaire Devant - Contrechamp de la rétention, d'Annick Redolfi. Il porte sur le centre de rétention administrative de Vincennes où sont enfermés les étrangers en situation irrégulière dans l’attente d’une décision sur leur sort : régularisation ou expulsion. La réalisatrice Annick Redolfi n’a pas eu l’autorisation de filmer à l'intérieur du centre de rétention, ni même l'entrée du Centre. Alors et c'est la très belle idée du film, elle retourne sa caméra et filme ceux qu'on ne voit jamais – surtout des femmes – qui viennent voir un proche retenu durant des jours. Elles représentent le miroir de la rétention.
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France: l'infection à VIH particulièrement préoccupante en Guyane
12/1/2025
Journée mondiale de lutte contre le sida ce lundi 1ᵉʳ décembre. En France, la situation concernant les infections à VIH est particulièrement préoccupante en Guyane, collectivité d'outre-mer situé entre le Suriname et le Brésil. Les contaminations se situent au-delà du seuil épidémique : entre 1,18 et 1,35 personne sur 100 sont touchées. Pourtant, d'après les données de Médecins du monde, c'est aussi sur ce territoire que le préservatif est le plus utilisé. Alors comment expliquer la prévalence de la maladie ? Éléments de réponses avec Amélie Beaucour.
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À Nancy, un contre-monument installé devant une statue de la colonisation algérienne
11/27/2025
Que faut-il faire des statues coloniales dans l’espace public ? On en trouve des dizaines en France, souvent installées sur les places des grandes villes. C’est le cas à Nancy, dans le nord-est, où l’on peut encore observer une représentation du sergent Jean-Pierre Hippolyte Blandan, un militaire français mort au combat en 1842 lors de la conquête coloniale de l'Algérie par la France. Début novembre, un contre-monument a été inauguré au pied de cette statue par la ville de Nancy. Une initiative inédite en France qui a deux objectifs : interroger la mémoire de la colonisation française de l’Algérie et apaiser ceux pour qui ce passé reste un traumatisme.
Il a le regard sévère et l’index pointé vers le bas. Du haut de son piédestal, le sergent Blandan domine celui qui le regarde. « Lorsque j’ai vu cette statue pour la première fois, c’était en pleine guerre d’Algérie, en 1957, durant la bataille d’Alger, se remémore Malek Kellou. C’est un personnage qui me faisait extrêmement peur, il était très angoissant ». À cette période, le monument trône depuis 1887 sur une place de Boufarik, à 150 kilomètres de son village natal.
Cette sculpture en bronze a hanté la jeunesse de ce Franco-Algérien. En 1990, il recroise le fantôme de son enfance à Nancy, là où il vit désormais et où la statue a trouvé un point de chute après l’indépendance de l’Algérie en 1962. Immédiatement, les traumatismes ressurgissent. « Ce sont les années de guerre, de déchirement et toutes ces marques de violence que je retrouve ici. Et la statue est représentative de tous ces maux », confie Malek Kellou.
Ce mal, Malek Kellou décide de l’affronter. Réalisateur de formation, il produit l’an dernier un documentaire sur ce militaire français (Mange ton orange et tais-toi !), puis il est associé à la création d’un contre-monument, finalement inauguré le 6 novembre dernier, place de Padoue, à Nancy, où se trouve la statue. Ce contre-monument, appelé « Table de désorientation », est un imposant disque en métal réfléchissant, posé à la verticale à quelques mètres de la représentation du militaire.
Le miroir donne la réplique au sergent Blandan, dont l’action a été largement glorifiée depuis le 19e siècle. « Sa mort n’a pas lieu au cours d’une bataille particulièrement épique, commente Kenza-Marie Safraoui, conservatrice du patrimoine au musée Lorrain de Nancy. Mais cet épisode anecdotique a été utilisé par Thomas Robert Bugeaud, gouverneur général de la France en Algérie, pour faire du sergent Blandan le héros colonial par excellence, le soldat se sacrifiant », complète l’historienne, qui a été associée à la création de cette « Table de désorientation ».
Interroger l’impensé colonial
L’intérêt de ce contre-monument est de proposer un contre-récit. En s’approchant du disque de métal, le passant découvre un texte écrit en français et en arabe qui débute ainsi : « Qui es-tu ? Regardons dans le miroir mal poli de notre mémoire. » L’autrice de ce texte est Dorothée-Myriam Kellou, la fille de Malek. « J’ai écrit une phrase à la fin de ce texte qui dit : “Et toi, lecteur, quelle histoire se reflète en miroir dans ce texte ?”. Il y a une invitation à combler les blancs de l’histoire, penser l’impensé colonial », développe celle qui est également réalisatrice et journaliste.
Un autre objectif de ce contre-monument est de proposer une autre lecture de la colonisation française de l’Algérie, dans l’espace public. Car aujourd’hui, « cette contre-histoire coloniale, nous n’y avons pas accès, reprend Dorothée-Myriam Kellou. C’est un effort d’aller la chercher, parce qu'elle n’a pas été écrite le plus souvent. Donc c’est important, symboliquement, d’avoir créé cet espace de contre-mémoire pour souligner que la France s’est aussi construite sur la colonisation. »
Ce contre-monument n’efface pas les traumatismes de Malek Kellou, ceux de la guerre d’indépendance, mais il contribue à les faire reconnaître après des années passées sous silence. « Je me sens plus apaisé, admet...
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France: les anciens appelés se souviennent du service militaire obligatoire
11/26/2025
Face au conflit qui s'enlise en Ukraine et aux craintes d'une expansion de la guerre à d'autres pays européens, Emmanuel Macron doit annoncer, ce jeudi 27 novembre, la création d'un service militaire volontaire en France. Le service militaire obligatoire, lui, a été supprimé en 1997 dans le pays. Quel souvenir en gardent ceux qui l'ont effectué ?
Il y a d'abord les souvenirs, brûlants pour certains. « Des week-ends entiers à garder une ancienne poudrière en plein cagnard. On n'a jamais su s'il y avait encore des munitions. C'était un peu le "Désert des Tartares" », s'amuse un ancien appelé du contingent, en se remémorant son service militaire en France. Un souvenir au contraire glacial, pour d'autres : « J'ai passé le permis poids lourds lors de mes classes en plein hiver, dans la Sarthe, au sud-ouest de Paris, dans une base aérienne désaffectée où il faisait régulièrement des températures négatives. Un souvenir très froid. »
« J'ai fait une préparation militaire parachutiste. On saute de 400 mètres, l'atterrissage peut être un peu brutal », confie un ancien participant. « Une vie rythmée par le réveil matinal, la prise des repas à des horaires bien précis, le lever des couleurs, les séances de sport... Il y avait une vraie fracture entre la vie civile et la vie militaire », détaille un autre.
Une vie routinière et un travail souvent perçu comme besogneux. « Cela évoque des choses totalement inutiles pour moi. J'ai ramassé tout ce qui n'était pas gravillons au sol. On était censé enlever les brins d'herbe. Dès qu'il y en a un ou deux qui déconnaient, ils allaient en cabane », raconte cet homme.
De longs moments d'ennuis, parfois ponctués de franches rigolades, liées à ces petites stratégies afin d'échapper aux sanctions. « Je me souviens d'un sergent-chef assez gros, rougeaud. On sentait qu'il aimait bien titiller du goulot. Lui, son grand plaisir, c'était de faire un trafic de pneus. À l'époque, autour de l'armée, il y avait plein de petites combines comme cela. C'était la "combinazzione" », décrit cet ancien appelé.
Cet homme, aux cheveux longs qui tombent sur les épaules, se souvient de sa surprise après les avoir rasés : « Mon père m'a à peine reconnu quand je suis retourné en permission. J'avais les cheveux coupés courts. »
De longues années après, les souvenirs des uns et des autres sont partagés, concernant leur service militaire. Pour certains, l'épisode reste douloureux : « C'était un très mauvais moment. Douze mois difficiles. » Certains ont su tirer profit de cette parenthèse militaire dans leur vie : « Je faisais des études de sciences politiques. J'ai toujours aimé la sociologie des organisations et de l'armée. C'était un cas pratique merveilleux. »
D'autres mettent en avant le brassage social qu'ils ont vécu. « Moi, j'appartiens à la classe moyenne, plutôt confortable, mais j'étais avec des gens qui n'étaient pas confortables du tout. Des gens qui n'avaient pas fait d'études, d'autres qui en faisaient beaucoup. Il y a de tout. On arrive quand même à fraterniser un peu. »
À cette époque, le service militaire durait un an et était obligatoire pour les hommes. Il fut suspendu par le président de la République Jacques Chirac en 1997.
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Quelles expériences va mener l’astronaute française Sophie Adenot dans l’ISS?
11/25/2025
Le 15 février 2026, Sophie Adenot décollera vers la Station spatiale internationale (ISS) pour une mission de huit mois, une première pour une astronaute française depuis Claudie Haigneré, il y a 25 ans. La Française y conduira près de 200 expériences scientifiques en apesanteur, dont une dizaine ont été conçues par la France et le Centre national d’études spatiales (Cnes), basé à Toulouse.
« Le compte à rebours est plus que lancé, tous les voyants sont au vert ! », s’extasie Sophie Adenot, souriante comme à son habitude face à la nuée de caméras et de micros. Lundi 24 novembre, l’astronaute française a effectué à Toulouse l’une de ses dernières apparitions publiques avant son décollage à destination de la Station spatiale internationale (ISS). Le 15 février 2026, si tout va bien, elle prendra place à bord d’une fusée SpaceX sur le pas de tir de Cap Canaveral, en Floride, aux États-Unis, qui l’emmènera pour une mission de 240 jours à bord de l’ISS : la mission Epsilon.
Très à son aise, la quadragénaire a détaillé une partie de son emploi du temps à bord du laboratoire spatial. Plusieurs centaines d’expériences scientifiques sont programmées, dont une dizaine ont été concoctées par la France via le Centre national des études spatiales (Cnes). Ses missions répondront à trois objectifs : améliorer la connaissance scientifique et médicale, préparer l’avenir des missions spatiales et impliquer la jeunesse.
Améliorer la connaissance scientifique et médicale
De l’aveu même de l’astronaute française, les expériences scientifiques dans le domaine de la santé sont celles qui suscitent le plus sa curiosité. « Je suis intriguée et intéressée par ce type d’expériences, car elles pourraient avoir un impact direct et concret dans notre vie de tous les jours », explique-t-elle.
Sur ce sujet, le programme sera chargé. La Française devra notamment analyser les effets de l’apesanteur sur les organes des astronautes. Pour ce faire, il lui sera nécessaire de travailler avec de l’imagerie médicale. Un scanner ou une IRM étant trop volumineux, ils ne peuvent être embarqués à bord de l’ISS. Seule l’échographie lui permettra de réaliser ce type d’expériences.
Sur le fond, ce n’est pas une nouveauté. Depuis 40 ans, le Cnes dispose d’une expertise reconnue en matière d’analyse échographique dans l’espace. Lors de ses deux précédentes missions à bord de l’ISS, Thomas Pesquet avait déjà eu recours à cet outil, mais jamais seul : il était guidé dans ses mouvements depuis la Terre.
Le dispositif échographique qu’expérimentera Sophie Adenot, baptisé EchoFinder, est assez révolutionnaire. Il permettra de réaliser des échographies de façon autonome, sans formation médicale préalable ni assistance terrestre. L’astronaute sera uniquement aidée par la réalité augmentée et l’intelligence artificielle sur un écran. « L’idée, c’est de placer des sphères virtuelles qui représentent la position de la sonde dans des cubes virtuels qui représentent la position idéale de sonde, explique, démonstration à l’appui, Aristée Thevenon, ingénieur à l’Institut de Médecine et de Physiologie Spatiales, partenaire du CNES. Quand on arrive à mettre nos sphères dans nos cubes, ça devient vert, ce qui signifie que l’on a trouvé la position idéale de sonde. »
L’expérience vise à préparer les futures missions spatiales vers la Lune et Mars « où les délais de communication, parfois de quelques minutes, rendront impossible tout guidage en direct depuis la Terre », explique Aristée Thevenon. Mais ce dispositif pourrait également trouver une application terrestre à moyen terme, « dans certains déserts médicaux où l’échographie serait bien utile, mais pas forcément disponible par manque d’expertise, complète l’ingénieur. On peut aussi imaginer une déclinaison dans les sous-marins, qui sont des environnements confinés et assez similaires à ceux de la Station spatiale internationale. »
Avec EchoFinder, Sophie Adenot jouera un double rôle. « Elle sera à la fois l’opératrice de...
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Violences faites aux femmes: ces «abritants» qui offrent une chambre dans leur logement
11/24/2025
Ce mardi 25 novembre 2025, c'est la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. À cette occasion, rencontre en France avec une « abritante ». C'est le surnom de ces personnes qui mettent à disposition chez elles une chambre pour accueillir des victimes de violences conjugales et intrafamiliales. Ces bénévoles le font dans le cadre de l'association « Un abri qui sauve des vies ». Une association créée par des étudiants en 2020 durant le confinement du Covid-19 dans le but de mettre à disposition des victimes un hébergement d'urgence citoyen.
Le fonctionnement de l'association Un abri qui sauve des vies repose sur un réseau de 1 100 professionnels et particuliers qui mettent gratuitement à disposition un appartement ou une chambre pour la mise à l'abri des victimes de violence conjugale ou intra-familiale.
Julie est chef d'entreprise dans la Tech. Depuis trois ans, elle accueille temporairement dans son appartement parisien des femmes. « Ici, on est dans le salon, elles ont accès à l'ensemble des parties communes : la cuisine, les toilettes, la salle de bain et le salon. Et puis elles ont une chambre pour elles qui est ici. Vous avez un canapé-lit et un bureau si elles ont besoin de travailler et également un accès direct à la salle de bain. »
Comme Julie, 1 100 citoyens proposent gratuitement un hébergement ponctuel aux bénéficiaires, par l'intermédiaire de l'association. « C'est très bien organisé. Ils nous contactent pour savoir si on peut héberger le soir même ou le lendemain. Si c'est possible, on répond positivement et un contrat est signé. On prend ensuite un rendez-vous avec la personne bénéficiaire de la chambre, du logement afin de pouvoir l'accueillir pendant le temps défini avec l'association. »
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Les abritants sont sélectionnés
Une fois inscrit sur le site de l'association, les abritants n'ont aucune démarche à faire. C'est l'association qui s'occupe de l'organisation de la mise à l'abri des bénéficiaires. Charlyne Péculier, fondatrice et directrice générale de l’association : « On a des victimes qui nous contactent via notre permanence téléphonique qui sont souvent orientées par des professionnels pour une mise à l'abri. Si le cas de la situation du demandeur rentre dans notre cadre, on met en place rapidement une mise à l'abri grâce à notre base de données d'abritantes et d'abritants. Et évidemment, ce sont des abritants que l’on a sélectionnés et que l’on accompagne dans leur engagement. »
Une mise à l'abri dure en moyenne 15 jours, sans obligation d'accueil pour les abritants. Et pour devenir membre du réseau de l'association, la démarche est simple : « Quand on veut devenir abritant, on s'inscrit sur le site internet de l'association. C'est un formulaire tout simple à remplir et la mise en place est rapide. »
Un abri qui sauve des vies propose uniquement un hébergement temporaire le temps de trouver une solution durable. Il s'agit d'un dispositif qui vient en complément des structures mises en place par l'État, mais qui sont très fréquemment saturées.
En France, 40% des femmes victimes de violence n'ont aucune solution d'hébergement.
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Dans un centre de tri des déchets: il «commence chez le particulier, le travail fait ici ce n'est que la fin»
11/23/2025
C'est la semaine européenne de réduction des déchets, du 22 au 30 novembre, une semaine de sensibilisation aux bonnes pratiques pour l'environnement. À cette occasion, RFI vous propose d'écouter un reportage sur un centre de tri « dernier cri » à Cergy-Pontoise, en banlieue parisienne. Inauguré en juin dernier, il allie les dernières technologies en vigueur : tri optique et robotisation.
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L'intelligence artificielle dans l'enseignement: seuls 20% des enseignants l'utilisent
11/20/2025
Dernier jour pour Educ@tech Expo, le salon de l'innovation pédagogique et du numérique éducatif. C'était sa 29ᵉ édition à Paris. Les thématiques retenues cette année sont les intelligences humaines, collectives, territoriales, artificielles. L'IA, qui imprègne toute la société et évidemment l’école. D’après le ministère de l'Éducation nationale, la quasi-totalité des élèves utilise ChatGPT, alors que 20% des enseignants auraient recours à l'IA. Face à cette technologie qui va se déployer de manière inéluctable dans le système éducatif français, certains professeurs font part de leurs craintes sur l’apprentissage ou le développement de l’esprit critique des élèves. Quand d'autres enseignants pensent qu'il faut se saisir de l'IA plutôt que de la subir.
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Comment l'université d'Angers traite les témoignages de la Commission sur les violences faites aux enfants
11/19/2025
Depuis sa création en janvier 2021, la Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (Ciivise) a récolté plus de 30 000 témoignages. Si elle en a tiré des recommandations transmises au gouvernement, les récits bouleversants qu'elle a recueillis ne vont pas finir au placard. C'est dans l'ouest de la France, à l'Université d'Angers, que les chercheurs du laboratoire Temos ont pour mission de les archiver. Comment traiter ces paroles délicates en respectant l'anonymat de la victime ? Comment mettre en avant ces expériences traumatisantes pour qu'elles ne se reproduisent plus ?
Sur son ordinateur, Bénédicte Graille, fait défiler un tableur dans lequel elle a commencé à ranger les données qui ressortent des témoignages. « On a 212 témoignages. Les témoignages sont analysés pour le moment par catégorie », précise-t-elle. Depuis 2021, des milliers de personnes ont contacté la Ciivise pour raconter des violences sexuelles vécues pendant l'enfance. Des paroles fortes qu'il ne faut pas laisser dans une armoire poussiéreuse.
« L'idée, c'est d'avoir un instrument de recherche qui soit suffisamment détaillé et précis pour que des chercheurs puissent l'utiliser de manière anonyme, sans avoir à demander à avoir accès au témoignage directement », ajoute-t-elle.
Des récits arrivés par mail ou dans la boite aux lettres de la Ciivise, via un questionnaire en ligne, une ligne d'écoute téléphonique dédiée, ou des réunions de paroles publiques. La première étape de ce travail d'archives, d'après son collègue Patrice Marcilloux, c'est donc de les localiser.
« S'assurer qu'on a tout ou que l'on sait où se trouve tout. Bref, qu'il n'y a pas de déperdition. On vise une connaissance exhaustive de ces témoignages. Évidemment, il ne faut pas que quelqu'un puisse se trouver en situation de dire "j'ai témoigné et mon témoignage est perdu" », explique-t-il.
« Ce n'est pas humainement supportable »
Vient ensuite le temps de l'indexation, une étape encore une fois délicate. « On va essayer de donner la zone géographique, mais pas trop précise, parce qu'il ne faut pas que les personnes puissent être identifiées. On va indiquer dans quel cadre les agressions ont pu se produire, à quel(s) moment(s) cela a pu se passer dans leur vie, puis aussi les conséquences à long terme sur leur vie ou sur la vie de leurs proches », détaille Bénédicte Graille.
Quatre chercheurs travaillent au quotidien sur ce projet depuis l'année dernière, et ont dû apprendre à se préserver face à des témoignages souvent bouleversants. « Il y a beaucoup de choses extrêmement émouvantes. Et qui rendent triste quand on les lit. On ne peut pas traiter du lundi matin au vendredi après-midi, ces témoignages-là. Ce n'est pas humainement supportable. Il a fallu aussi qu'on réfléchisse en termes d'organisation du travail pour que ce soit limité dans la semaine. Et on a également une réflexion en termes d'accompagnement parce que ça ne me paraissait pas possible d'affronter en permanence ce type de récit », raconte Bénédicte Graille.
Un projet citoyen qui doit aussi permettre d'en finir avec le déni qui entoure les violences sexuelles sur les mineurs. D'après le rapport d'étape de la Ciivise, dont l'agrément a été prolongé jusqu'à octobre 2026, 160 000 enfants en sont victimes chaque année, soit un viol ou une agression sexuelle toutes les trois minutes.
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Accusé d'être un passeur, reconnu victime: le destin d'Ibrahim Aboubakar, rescapé d'un naufrage
11/18/2025
C'est l'histoire d'un jeune soudanais accusé d'être un passeur, et finalement reconnu victime par la justice en France. Ibrahim Aboubakar a passé plus de deux ans en détention préventive, avant d'être relaxé par le tribunal correctionnel de Paris, où il était jugé pour le naufrage entre la France et le Royaume-Uni d'une embarcation, en août 2023 ; sept migrants avaient perdu la vie. Huit hommes, afghans et kurdes irakiens, ont été condamnés à des peines de trois à 15 ans de prison. Ibrahim Aboubakar, lui, a enfin retrouvé la liberté.
Dans le box, Ibrahim Aboubakar est le seul Africain. Mais aussi le seul rescapé de cette nuit d'horreur. Les autres accusés, eux, étaient restés à terre, après avoir organisé la traversée tragique en août 2023. Si le trentenaire soudanais est poursuivi, comme les autres, pour des activités supposées de passeurs, et sa responsabilité présumée dans la mort de sept exilés, c'est parce qu'il est accusé, depuis le début de l'enquête, d'avoir piloté le bateau pneumatique.
« Le premier regard porté par les policiers sur les rescapés du naufrage, c'est de rechercher les pilotes du bateau. Parce que les policiers considèrent que les pilotes sont coupables, en gros, d'aider au trafic illicite de migrants. Et donc, plutôt que de venir en aide à des gens qui sont en train de cracher de l'eau de mer, leur seule préoccupation est d'interpeller des personnes considérées comme des barreurs ou les pilotes des navires », dénonce Me Raphaël Kempf, l'avocat Ibrahim Aboubakar.
Les rescapés, tous Afghans, à l'exception d'Ibrahim et d'un jeune Sud-Soudanais, désignent les deux Africains, comme les pilotes. Peut-être sur ordre des passeurs, suggère l'avocat. Ibrahim Aboubakar a toujours nié. Pour MeKempf, le trentenaire est une victime dans cette affaire. « Lui-même aurait pu perdre la vie dans ce naufrage. C'est absolument terrible de l'accuser d'avoir une part de responsabilité. Les lois qui punissent les passeurs exigent qu'il y ait une forme d'enrichissement, ce qui n'est absolument pas le cas. On en vient à punir quelqu'un et à l'enfermer en prison pendant plus de deux ans. Quelqu'un qui n'a souhaité que fuir la situation génocidaire et trouver un pays d'accueil où il puisse construire une existence un peu digne », explique-t-il.
Du Soudan aux côtes du nord de la France
Contrairement aux autres accusés, Ibrahim Aboubakar a longuement été interrogé sur son parcours, du Soudan aux côtes du nord de la France. Bruno Bourgin, bénévole pour l'association La Cimade, est allé à sa rencontre en prison. Il décrit une longue série de fuites. « Son village a été détruit en 2003. Sa famille s'est réfugiée dans un camp à côté d'El-Geneina. Quand les choses se sont complètement dégradées en 2022-2023, ce fut la fuite au Tchad. Et c'est là qu'il a laissé sa famille. Fuite suivante, il est parti en Libye en pensant y trouver du travail. Et puis là, il s'est fait ramasser par une milice, torturé. Ce qui le tient, c'est vraiment cette volonté farouche de trouver une solution pour pouvoir venir en aide à sa famille », raconte Bruno Bourgin.
La traversée de la Méditerranée, l'Italie, puis la France... Le sort d'Ibrahim Aboubakar doit être distingué de celui des autres prévenus, a tranché la procureure. « Il est temps que vous sortiez de prison », lui a-t-elle lancé, même si elle reste persuadée que le trentenaire était bien à la barre du bateau. Pour cette raison, elle a réclamé à son encontre deux ans de prison avec sursis. Le tribunal l'a finalement relaxé. Ibrahim Aboubakar peut enfin cesser de fuir.
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Le mois sans tabac en France: les bienfaits de l'arrêt
11/17/2025
En France, le mois de novembre est le mois sans tabac. Une campagne nationale d'aide à l'arrêt de la cigarette est menée. Objectif : inciter les fumeurs à arrêter pendant 30 jours, en leur proposant un accompagnement. Notre reporter s'est penché pour nous sur les bienfaits de l'arrêt du tabac.
Arrêter de fumer une bonne fois pour toutes, change radicalement la vie. Quelques heures à peine après avoir écrasé sa dernière cigarette, les bienfaits se font sentir. Alice Deschenaux, psychiatre est présidente de la société francophone de tabacologie. Elle détaille :
« On peut sentir des choses au niveau du souffle, on peut sentir des choses au niveau du goût. On peut aussi se sentir plus en forme, et être également fier de la démarche qu'on est en train de mener. C'est important. Savoir qu'au fil des semaines, on va aussi être mieux au niveau par exemple de l'anxiété et de l'humeur. On montre que ça s'améliore. Il y a plus d'émotions et d'affects positifs quand on arrête de fumer dans les semaines qui suivent, après un arrêt. Donc pour la santé mentale, c'est tout bénéfique. Puis, petit à petit, c'est vraiment la santé au global qui est améliorée. On va se sentir plus en forme. Si on a des maladies, on aura moins de décompensations de sa maladie, plus d'efficacité des traitements et de la prise en charge. Et puis, petit à petit, on va diminuer les risques cardiovasculaires, les risques oncologiques, donc de cancer, que va amener le tabac », explique la psychiatre.
Malgré tous les bienfaits pour la santé de l'arrêt du tabac, de nombreux fumeurs peinent à franchir le pas. Comme Martine, qui a fumé 35 ans avant d'arrêter. « Avant d'arrêter, j'imaginais que c'était comme l'ascension de l'Everest. Je ne pensais pas que je pouvais arrêter de fumer », précise-t-elle.
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Et pourtant, ce défi, Martine a décidé de le relever. Accompagnée par un spécialiste, aidée par les patchs et les gommettes de nicotine, elle y est parvenue plus facilement qu'elle ne l'imaginait, avec à la clé une surprise :
« J'ai découvert le bonheur de ne pas connaître tous les horaires de tous les tabacs de Paris, s'amuse-t-elle. Au cas où j'aurais manqué d'une cigarette en pleine nuit ou un dimanche, ou je ne sais quoi. Je me suis rendue compte très vite – et ça, c'était très plaisant – que j'étais beaucoup moins stressée que quand je fumais. Et là, je me suis rendue compte qu'en fait, fumer, ça me stressait encore plus que je ne l'étais. Ça ne me décontractait pas du tout alors que j'étais persuadée du contraire. C'était incroyable à quel point j'étais beaucoup moins stressée qu'avant. »
La consommation de tabac en France est en baisse. En dix ans, le nombre de fumeurs quotidiens âgés de 18 à 75 ans a diminué de 4 millions. La proportion de fumeurs quotidiens parmi les 18-75 ans est passée de moins de 30% en 2014 à moins de 20% en 2024.
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Le coliving, une nouvelle forme de logement qui fait débat
11/16/2025
Quelles solutions face à la crise du logement que traverse la France ? Alors que de nombreux jeunes en particulier ne parviennent plus à se loger dans les grandes villes, une nouvelle forme d'habitat partagé se développe de plus en plus ces dernières années : le coliving. Il s'agit, comme la colocation, d'un même appartement dont plusieurs personnes louent les chambres. Sauf que chacun a ici son propre bail, pour une chambre, et un accès partagé à des services. Face à ce que les détracteurs de ce système qualifient de « machine à cash », la ville de Paris a agi : en octobre, elle a adopté une délibération pour refuser tout nouveau projet immobilier de coliving.
Nous sommes dans un coliving. Ici, chacun loue sa chambre meublée, et les 600m² de cuisine, salon et salle de sport communes. Ce n'est pas vraiment une colocation traditionnelle, car les baux sont individuels et gérés par une société qui vend un logement clé en main. Victor Augais, le gérant, défend son modèle :
« Le modèle habituel de la Casa, c'est de racheter des grandes maisons qui logeaient quatre, six personnes, et puis en fin de vie, deux personnes âgées. Nous, après réaménagement, on va faire une douzaine de chambres. Ça me semble plutôt positif, dans un cadre de pénurie de logements, que négatif. »
Le loyer est de 675 euros, auxquels s'ajoutent 275 euros de charges et services, dont un petit-déjeuner quotidien. « On loue chambre et une partie des parties communes. Une douzaine de m² pour la chambre et la salle de bain, et à peu 11m² de part de partie commune », poursuit-il. Payer 950 euros par mois, n'est-ce pas un peu cher pour 10m² de partie individuelle ? Il répond : « Les pratiques de loyer sont conformes au marché. Si vous voulez avoir juste une partie privative et rien d'autres, louez un studio. »
Vers une régulation du marché du coliving ?
Un discours trompeur selon Ian Brossat, sénateur communiste de Paris et membre du conseil municipal. Son groupe a rédigé la délibération du 8 octobre 2025 pour rejeter tout nouveau projet de coliving dans la capitale. « Non, ça ne se justifie que le prix d'une chambre de 9m² s'élève à 950 euros de loyer, même si on a la possibilité de fréquenter des espaces communs. Comme nous avons encadré Airbnb, eh bien, les mêmes acteurs se tournent vers un nouveau produit qui doit leur permettre d'atteindre les mêmes niveaux de rentabilité qu'ils n'atteignent plus aujourd'hui sur Airbnb. C'est ça, la réalité », analyse Ian Brossat.
Une expérience qu'a vécue Julia, étudiante argentine arrivée à Paris il y a deux ans. Elle a loué pendant un an une chambre dans un coliving du 15e arrondissement de Paris : 10m² meublés pour 990 euros par mois. « C'est hyper cher », précise-t-elle.
Les garants argentins de Julia étaient presque systématiquement refusés par les bailleurs. « À ce moment-là, c'est la seule solution que j'avais trouvée pour pouvoir vivre ici à Paris. Ils profitent de la situation des étrangers désespérés. J'avais surtout de l'argent de côté. J'ai payé le loyer pendant six mois, et après, j'ai trouvé un travail ici en France. C'est devenu un peu plus facile. »
Ian Brossat et le groupe communiste au Sénat ont déposé une proposition de loi pour réguler le marché du coliving à l'échelle nationale. D'autres villes, comme Lyon ou Montreuil, envisagent aussi d'encadrer ce type d'habitat.
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Raid de l'immeuble à Saint-Denis, une habitante raconte son calvaire: «Une fois relogés, on s'est débrouillés seuls»
11/13/2025
Dix ans après les attaques du 13 novembre 2015 qui ont fait plus de 130 morts et des centaines de blessés, les souvenirs s'estompent, mais demeurent toujours présents chez les victimes. Eux aussi ont été reconnus comme des victimes du terrorisme : les habitants d'un immeuble de la rue du Corbillon, à Saint-Denis. C'est dans cette ville du nord de Paris où s'étaient retranchés deux terroristes. L'immeuble a été détruit lors de l'assaut du Raid, le 18 novembre 2015, cinq jours après les attentats. Mais avant cette reconnaissance arrachée après avoir lutté devant la justice, leur parcours n'a pas été facile pendant des années, et ce, dès le lendemain, dès l'assaut des forces de police. Rencontre avec une ancienne habitante de la rue du Corbillon.
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13-Novembre: dix ans après les attentats, l’association Coexister s’efforce d’entretenir le vivre-ensemble
11/12/2025
Nous commémorons aujourd'hui le dixième anniversaire des attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Ce soir-là, une série de fusillades et d’attaques suicides revendiquées par l’État islamique fait 130 morts dans plusieurs bars parisiens, aux abords du Stade de France et dans la salle de concert du Bataclan. Dans les jours qui ont suivi, plusieurs actes islamophobes et antisémites étaient recensés en France. Ils demeurent à des niveaux élevés dix ans après. Mais en France, une association s'efforce d’entretenir le vivre-ensemble. Son nom : Coexister. Son but : faire dialoguer des jeunes d'horizons et de convictions religieuses différentes pour déconstruire les préjugés et les unir dans la différence. Trois d’entre eux expliquent ce que le 13 novembre 2015 a changé dans leurs vies et les raisons de leur engagement au sein de cette association.
Atouma avait à peine dix ans au soir des attentats. Mais le 13 novembre 2015 s’imposait déjà comme un tournant dans sa vie : « Sur le moment, je n’avais pas encore le recul pour me dire : "Je suis musulmane et ce sont des musulmans qui ont commis cet attentat" », se remémore-t-elle. La prise de conscience est venue progressivement, « par ma mère », précise Atouma. « Je l’entendais dire à mes sœurs : "Évitez de dire que vous êtes musulmans, cachez cela". Elle avait peur qu’on nous rattache à ces attentats », ajoute-t-elle.
« Il y a un avant et un après 13 novembre 2015 », confie à son tour Alexandra, trentenaire et agnostique. L’attentat a constitué chez elle un électrochoc au point que le déclic a été immédiat. « Dès le 14 novembre, je me suis engagée à Coexister avec la volonté d’être tout de suite dans l’action, de participer à une société plus ouverte avec moins d’amalgames », explique-t-elle.
Les trois jeunes femmes rejoignent l’association Coexister avec un même objectif en tête : trouver un espace de rencontre et de dialogue apaisé. Mégane et Atouma ont sauté le pas il y a seulement quelques mois. « Mon engagement chez Coexister s’ancre aussi dans le fait de questionner cette peur de l’autre, comment cette peur nous atteint, comment nous pouvons la dépasser. Ces questionnements permettent de défaire les idées reçues que nous avons les uns sur les autres », développe Mégane, de confession juive.
« C’est seulement que je me dis que je peux en parler »
De son côté, Atouma explique avoir trouvé au sein de l’association « le dialogue [qu’elle] cherchait ». Et précise : « Comme ma mère nous a dit dès le départ de ne pas parler de ces attentats, j’ai tout de suite été freinée dans la façon dont je pouvais exprimer mon ressenti. Et c’est seulement maintenant que je me dis que je peux en parler. » Dix ans après l’attentat, Atouma veut croire que certaines fractures se sont refermées et que certains amalgames appartiennent au passé. « Je pense que certaines personnes ont compris que les musulmans n’étaient pas tous liés à cet attentat », affirme-t-elle.
« Je pense en effet que certaines personnes ont compris que la communauté musulmane n’avait pas à se justifier », abonde Alexandra qui dit percevoir les premiers effets de son engagement au sein de l’association Coexister. « Je sais qu'aujourd’hui mes parents ne diraient absolument pas la même chose au sujet des personnes musulmanes et juives, car ils ont appris des choses grâce aux dialogues que j’ai eus avec eux », ajoute-t-elle.
Mégane, en revanche, se montre plus mesurée. « Malheureusement, de nouvelles fractures se sont ajoutées aux fractures initiales. D’un autre côté, je trouve qu’il y a une grosse représentation des actes de haine et sans doute pas autant de visibilité des actes de solidarité. Elles mériteraient d’être davantage mises en lumière », juge-t-elle.
Pour visibiliser davantage ses missions et répandre encore la coexistence, l'association Coexister entend ouvrir huit nouvelles antennes en France d'ici à 2027.
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La vie nocturne dans le quartier des attentats du 13-Novembre: «Ça m'a ruiné, mais il faut continuer à sortir»
11/11/2025
En 2015, la France vivait les attentats terroristes les plus meurtriers perpétrés sur son sol : aux abords du Stade de France, de la salle de concert du Bataclan et devant les terrasses animées des bars de la capitale, au total, 132 personnes ont perdu la vie. Retour dans l'un des quartiers touchés : le 11ᵉ arrondissement de Paris, connu pour sa vie nocturne. Dix ans après, l'ombre des attentats plane-t-elle encore sur la fête ? Marius Laffont a rencontré les noctambules du quartier.
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L'Institut Pasteur face au défi du financement de la recherche
11/11/2025
Il y a six mois, l'Union européenne et la France lançaient l'initiative « Choose Europe for Science », en réponse à la dégradation des conditions de travail des chercheurs américains. La France avait alors annoncé débloquer 100 millions d'euros pour accueillir ces scientifiques. Une annonce qui avait fait bondir une partie du monde de la recherche en France, qui dénonce le manque d'investissement de l'Etat. Pour équilibrer leur budget, certains centres de recherches biomédicaux s'appuient de plus en plus sur d'autres sources de revenus. C'est le cas notamment de l'Institut Pasteur, un centre de référence internationale dans la lutte contre les maladies infectieuses, qui a vu son budget augmenter de 38% en sept ans - atteignant aujourd'hui presque 400 millions d'euros. Reportage dans l'un des laboratoires de l'Institut Pasteur.
« Là, c'est le sas où on va se préparer. On va juste mettre une paire de gants, des petits chaussons pour pas salir le laboratoire. »
Pendant qu'il enfile une blouse en coton jetable, le Dr Olivier Schwarz, directeur de l'unité de virologie, indique une ligne rouge scotchée au sol. Au-delà, interdiction de marcher sans équipement de protection. C'est ici que sont manipulés des cellules humaines infectées par des virus.
« On peut rentrer là si… j'arrive à ouvrir cette porte… Oui, là c'est une hotte à flux laminaire. Donc on peut cultiver des cellules à l'abri. Ici, on a des étuves, donc ce sont des incubateurs à 37 degrés, comme la température du corps. Et quand on ouvre la porte, on peut voir toutes nos cultures cellulaires. On partage tout cet équipement, tout ce laboratoire avec deux autres unités de recherche. On a beaucoup d'équipements mutualisés. »
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Des équipements coûteux et qu'il faut renouveler tous les cinq ans, voir tous les ans. Pour absorber ces coûts, les centres de recherches nationaux sont financés grâces à des dons, des contrats privés et des subventions publics. Notamment les appels d'offres qui mettent les laboratoires en concurrence.
« Je pense que c'est sain qu'il y ait une partie de la recherche qui soit faite sous forme d'appel d'offres compétitif, mais c'est important également qu'il y ait des financements suffisamment importants. Il faut laisser le temps à chaque unité de générer des résultats, de faire des découvertes, et ça ne se fait pas en quelques semaines ou quelques mois. C'est pour ça qu'il faut que les financements soient sur trois ans ou cinq ans, pour laisser le temps justement de produire de la recherche de qualité. »
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L'arrivée au pouvoir de Donald Trump et ses attaques répétées contre le monde scientifique, ont fragilisé les centres de recherches internationaux comme l'Institut Pasteur.
« Les conséquences directes, c'est que même à l'Institut Pasteur, il y a des grands programmes de recherche internationaux qui impliquent les États-Unis qui ne sont plus financés. D'un point de vue indirect, on va pouvoir accueillir certains chercheurs qui travaillent aux États-Unis, à l'Institut Pasteur, mais nos capacités sont quand même modestes par rapport à l'ampleur des chercheurs qui risquent d'être démobilisés. »
Aujourd'hui, la France investit 0,3% de son PIB dans la recherche. C'est moins que la moyenne européenne qui s'élève à 0,9%.
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Attentats de Paris: les leçons tirées par la Croix-Rouge pour mieux organiser les secours
11/10/2025
Près de 700 secouristes ont été déployés lors des attentats de Paris et du Stade de France, le 13 novembre 2015, et lors de la prise d'assaut des forces de l'ordre qui a suivi, le 18 novembre 2015, à Saint-Denis. Jamais encore la Croix-Rouge française n'était intervenue dans une telle configuration. Quelles leçons tirer de ces événements sur l'organisation des secours ? À La Croix-Rouge française, une vaste réflexion a été menée avec les principaux acteurs concernés, sur le plan « Aramis », le dispositif spécial attentat. Les objectifs sont de rendre plus efficaces encore les secours et renforcer la sécurité des intervenants sur le terrain.
Rémi, un jeune bénévole, faisait partie des 700 secouristes déployés lors des attentats de novembre 2015. Il était à bord d'un véhicule de la Croix-Rouge et se souvient : « Avec une autre bénévole, on a sauté les deux pieds joints dans une flaque de sang. C'était la première fois, dans ma vie de membre de la Croix-Rouge. On voyait l'ampleur des événements avec une désorganisation... je ne vais pas dire ''totale'', mais j'ai vu des policiers égarés. »
Mieux se coordonner avec les forces de l'ordre et les pompiers pour une meilleure intervention, voilà une première leçon de ces événements. Florent Vallée, responsable des opérations d'urgence, explique aussi qu'au lendemain du 13 novembre 2015, la Croix-Rouge a mis en place un outil informatique pour mieux géolocaliser les équipes : « C'est un outil qui fonctionne toujours aujourd'hui, qui a été déployé partout en France, qui nous permet de suivre nos interventions, suivre nos volontaires, suivre nos véhicules en intervention, mais aussi ce qu'ils font. Ça, ce sont de très grandes avancées qui nous permettent d'être plus efficaces et de mieux comprendre ce qui se passe. »
Anna était dans le quartier où une partie des attentats s'est déroulée. Elle raconte que les gens ne savaient pas où se réfugier : « On nous a d'abord évacués chez la propriétaire du bar qui était juste au-dessus. Finalement, vu que c'était un peu trop risqué – parce qu'on a vu une personne se faire abattre juste en dessous, au rez-de-chaussée –, on a préféré aller dans la cour. »
Des mairies ont finalement été ouvertes pour servir d'abris. Là encore, la Croix-Rouge en a tiré des enseignements. Florent Vallée précise qu'il faut mieux identifier et sécuriser les abris : « Ça a été fait très vite, dans des mairies d'arrondissement, sans aucune protection. Il y avait danger, d'abord parce qu'il aurait pu y avoir potentiellement un terroriste au milieu. Il faut prévoir à l'avance quels pourraient être ces lieux. Typiquement, à Paris, il y a plusieurs lieux qui seraient sécurisés, et qui pourraient être prévus pour accueillir les impliqués. Ça, c'est l'amélioration qui a été faite par la suite, pour permettre la sécurité des uns et des autres. »
Autre grande avancée : la santé mentale des volontaires de la Croix-Rouge a été également prise en charge. Car eux aussi ont été très éprouvés. « Les images qui remontent, chaque fois que j'y pense, sont à peu près les mêmes. Comme parler avec des personnes qui sont peut-être habillées comme moi aujourd'hui, mais qui étaient rouges de sang, et qui me disaient ''on est rentrés à cinq dans le bar, je suis sorti tout seul'' », confie Rémi, le bénévole.
Les 700 volontaires mobilisés ont été reçus, un par un, par des professionnels de la santé mentale. Pour Florent Vallée, c'est une priorité : « Il va y avoir systématiquement ce type de dispositif. Pour les JO de Paris, nous avions intégré cette problématique, et nous avions des médecins et des psychologues à disposition en permanence pour nos équipes. »
Dix ans plus tard, la Croix-Rouge réfléchit toujours à comment améliorer la préparation et la sécurité des volontaires en situation de crise.
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France: dix ans après les attentats de Paris, comment a évolué le métier des forces de l'ordre?
11/9/2025
Il y a dix ans, la France vivait les attentats terroristes les plus meurtriers jamais commis sur son sol. Le 13 novembre 2015, trois commandos du groupe État islamique s'élançaient, ceintures explosives et armes à la main, aux abords du Stade de France, dans la salle de concert du Bataclan et devant les terrasses animées des bars de la capitale. Au total, 132 personnes ont perdu la vie. Des attaques qui ont marqué l'ensemble de la société française, à commencer par ses forces de sécurité. En première ligne ce soir-là, policiers et gendarmes ont dû, en dix ans, intégrer la menace terroriste à leur métier. Retour sur l'évolution de la profession et ses conséquences sur le quotidien de la population.
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Santé: le don de plasma, un enjeu de souveraineté sanitaire en France
11/6/2025
Avec 1,6 million de donneurs chaque année, le don du sang est un acte de solidarité bien connu des Français. Moins connu, le don de plasma, un dérivé du sang, progresse toutefois en France, avec une augmentation de 16% en 2024 par rapport à 2023. Une croissance que l'Établissement français du sang (EFS) veut accélérer dans le cadre de son programme baptisé « Ambition plasma ». Il vise à mobiliser plusieurs centaines de milliers de nouveaux donneurs chaque année, d'ici à 2028. Arame Mbengue s'est rendue à Bobigny, en région parisienne, dans l'une des Maisons du don de l'EFS.
Le plasma, c'est le liquide dans lequel circulent les cellules sanguines telles que les globules rouges et blancs, entre autres. Il est très riche en protéines. Son utilisation sous forme de médicaments dérivés du sang ou par transfusion permet de soigner des milliers de patients.
Dans la salle de prélèvement de la Maison du don de Bobigny, située à l'hôpital Avicenne, une donneuse effectue pour la deuxième fois un don de plasma. Elle raconte ce qui l'a poussé à donner : « La première fois, c'est tout simplement parce que j'ai réalisé que j'étais en bonne santé, et je me suis dit ''pourquoi pas''. Puisque je suis donneuse universelle, donc autant donner. Et la deuxième fois, on m'a recontactée, parce qu'il y avait un manque. On m'a demandé si je voulais bien venir, et j'ai dit ''OK, pas de problème''. »
Pendant le prélèvement, seul le plasma de cette donneuse est extrait par la machine. Le reste du sang est immédiatement réinjecté dans son organisme, comme l'explique Alice, infirmière de l'EFS : « La machine récupère le sang et vient filtrer le plasma grâce à un retors qui vient utiliser la force centrifuge pour pouvoir filtrer les globules rouges et le plasma. On récupère le plasma et on réinjecte les globules rouges au donneur. »
Mais avant d'arriver à la salle de prélèvement du plasma, les donneurs passent d'abord par différentes étapes. D'abord un passage à l'accueil, puis un entretien médical. Une étape essentielle, pour le docteur Bayazid Belhadj-Kacem, responsable des prélèvements : « C'est pour déterminer l'éligibilité, voir si la personne prend des médicaments, si elle se fait soigner pour x maladies, si elle est rentrée d'un pays à risques, ou si elle a un comportement à risques... Si tous les voyants sont au vert, la personne est éligible au don, et elle est invitée bien sûr à donner son plasma. »
Avec son programme « Ambition plasma », l'Établissement français du sang vise à prélever un 1 400 000 litres de plasma en 2028 contre 870 000 litres en 2024. Un enjeu de souveraineté sanitaire pour la France, qui importe des médicaments dérivés du sang.
Laure Bouguignat, directrice de l'EFS Île-de-France, nous dit l'importance des dons français : « On a besoin de plasma pour fabriquer des médicaments issus de ce plasma. Pour l'instant, la France est loin d'être autosuffisante, et elle dépend, en fait, de ce qui est collecté au niveau des États-Unis pour la fabrication des médicaments dérivés du sang. »
Le don de plasma est réalisé uniquement dans les maisons du don de l'EFS et sur rendez-vous, partout en France métropolitaine. Toute personne âgée de 18 à 65 ans peut faire un don de plasma tous les 15 jours.
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