
Reportage France - Paroles de soignants
RFI
Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.
Location:
Paris, France
Genres:
World News
Networks:
RFI
Description:
Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.
Language:
French
Website:
http://www.rfi.fr/
Episodes
Le crack à Paris: on évacue, mais après?
2/6/2025
Ils sont ceux que l’on ne veut pas voir, qui mettent mal à l’aise. Ceux que l’on chasse et déplace depuis trente ans en France, dans le triangle nord-est parisien, à coup d’opérations policières médiatisées. Des centaines de toxicomanes qui vivent dans une grande précarité et consomment dans l’espace public. Pour les riverains, c'est un enfer. Les évacuations successives ne font que déplacer le problème.
C’est une journée froide avec un soleil pâle. Aya Soro a tenu sa promesse. Membre du collectif Rosa Craque, elle nous emmène sur le chemin du crack dans le nord parisien. « Nous allons remonter le boulevard Macdonald jusqu’à la porte de la Villette, des endroits où se regroupent les usagers de drogues. » À l’approche d’un arrêt de tram, elle désigne une personne : « Les gens sont tranquillement à l’arrêt du tram et vous voyez bien, il passe les importuner. Il va passer demander de l’argent. Et puis c’est une personne qui a besoin d’aide et qui ne peut pas vivre à la rue. »
Depuis le démantèlement du campement du square Forceval dans le 19ᵉ arrondissement, en 2022, les 400 toxicomanes qui s’y étaient installés sont revenus par groupes dans le quartier Rosa Parks, toujours situé dans le nord de Paris. En voilà quelques-uns dans une petite rue. L’approche est difficile, entre méfiance et agressivité. Visage osseux, les doigts jaunis et les ongles noircis, Ali accepte de témoigner : « Cette addiction, c’est la plus sournoise que j’ai jamais connue. Et comme c’est de la cocaïne, forcément, ça a tendance à pousser un peu le cerveau. »
Aya Soro, du collectif Rosa Craque, nous présente un habitant du quartier : « On a des blessures qui sont infectées avec le pied qui a doublé de volume. Ça sent la pourriture. Ils sont, des fois, tout nus dans les métros. On voit des fesses qui sont pleines d’excréments. Franchement, on n’a pas envie de voir tout ça... »
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« Je ne me sens pas en sécurité »
« Ce sont des gens qui circulent ici, ajoute Aya Soro. Et surtout que le crack, c’est une drogue qui met les gens dans un état second. Ils sont très agressifs. Il y a eu beaucoup d’agressions dans le quartier. Moi, quand je dois aller dans le parking pour aller chercher la voiture, j’ai peur. Quand je sors la nuit, je ne me sens pas en sécurité. Je regarde derrière moi. C’est vrai que ça a créé un climat de peur. »
L’État et la mairie de Paris tirent pourtant un bilan positif de la deuxième phase du plan crack, avec, par exemple, un renforcement de la présence des policiers. Insuffisant, pour Aya Soro. « On les voit aux heures de sortie d’école de nos enfants, on les voit devant les écoles. Mais le problème, c’est que ce n’est pas quelques heures dans la journée, ni sur quelques endroits, dénonce-t-elle. C’est dans tout le quartier et tout le temps. »
À écouter dans Le débat du jourPeut-on réguler le marché de la drogue ?
« C’est la misère humaine, c’est la misère sociale, c’est un suicide collectif »
La jeune femme nous quitte devant la Halte « Soins addictions », porte de la Chapelle, ouverte désormais sept jours sur sept et qui reçoit en moyenne 200 consommateurs par jour. Des toxicomanes sont agglutinés devant l’entrée. Les paupières et les jambes tremblent. Jean-Loup était agressif. Puis, il s’est calmé. « C’est la misère humaine, c’est la misère sociale, c’est un suicide collectif », déclare-t-il.
Des avancées se sont fait sentir également, avec des places d’hébergement supplémentaires. Sous l’épuisement, le beau regard bleu résiste. Tom, 43 ans, a bénéficié d’un hébergement. « Moi, j’ai eu cette chance-là et ça me fait mal au cœur parce que tout le monde n’a pas cette chance-là, regrette-t-il. Et moi, il a fallu qu’on me prenne par la main quand même. Sans ça, moi, ça n’aurait pas été possible. Maintenant, je ne veux plus être à la rue. Et ça, ça a été un électrochoc en fait. »
Il n’empêche que, malgré les efforts, les structures d’accueil...
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Des élus mahorais à Paris veulent se faire entendre sur la reconstruction de Mayotte
2/5/2025
Le projet de loi pour reconstruire Mayotte a été adopté à l’unanimité au Sénat mardi 4 février au soir et, ce jeudi 6 février, une proposition de loi est en débat sur le droit du sol à Mayotte. Une délégation d’élus, des présidents d’intercommunalités de Mayotte, s’est déplacée à Paris cette semaine : leur principal mot d’ordre, être associés à la reconstruction de leur île.
« Mayotte aujourd’hui est à terre. Mayotte aujourd’hui pleure. Nous avons perdu des vies. Nous avons tout perdu à Mayotte », dénonce Abassi Archadi, le président de la communauté de communes de Petite-Terre. L’élu revit chaque jour le passage de Chido, comme Assani Saindou Bamcolo, maire de Koungou. « J’ai vu un quartier — j’étais dans ma mairie — de bidonvilles, de tôles, et en l’espace de cinq minutes, il a été rasé. Et là-dessus, il faut apporter des solutions. Mais la solution, elle est où ? Les services de l’État ont de gros soucis à cause de problèmes de communication. Il y a eu aussi des vols, des pillages sur place, les cases qui sont démolies... Il fallait reconstruire tout de suite, en urgence. »
À écouter dans Grand reportage Dans Mayotte dévastée, la fracture face aux sans-papiers
Des solutions inadaptées à la réalité du terrain
Ils sont une dizaine de présidents des intercommunalités mahoraises à être venus parler à leurs homologues parlementaires, autrement dit, à ceux qui décident depuis Paris, sans toujours connaître les réalités du terrain. Le maire de Bandrélé, Ali Moussa Moussa Ben, donne un exemple : le gouvernement a lancé un appel à projet pour reconstruire Mayotte en faisant venir de métropole des modulaires, c’est-à-dire des habitations préfabriquées en kit. « C’est une solution qui n’est pas adaptée à la réalité parce que ces modulaires, quand ils arrivent chez nous, où est-ce qu’on va les construire, par rapport au problème de foncier qui se pose ?Ces modulaires, ce sont des solutions provisoires », déplore-t-il.
Par contre, l’élu entrevoit une autre utilisation pour ces modulaires qui, elle, pourrait être utile : « Ces modulaires, moi, je les vois bien au niveau des équipements publics, parce qu’on a perdu beaucoup d’écoles qui ne sont plus en état de fonctionner. C’est une vraie solution. En revanche, s’agissant des logements des particuliers, ce n’est pas une bonne solution. Au lieu de faire venir des modulaires, il vaudrait mieux se poser la question de comment aider ces personnes-là pour reconstruire leur toit. Déjà, régler les problèmes d’urgence, en tout cas en matière de logement. »
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« Parler de "submersion", ce n’est pas ça qui nous aide actuellement. »
Et puis il y a l’épineuse question migratoire, omniprésente, qui s’invite au moment de la reconstruction avec une proposition de loi pour réformer le droit du sol sur l’archipel. « Ça fait quelques jours qu’on a retrouvé un semblant de vie chez nous. C’est un peu dommage qu’on insiste sur des sujets qui ne nous aident pas pour l’instant, opine Mikidache Houmadi, maire de Dzaoudzi-Labattoir. Ça, ce sont des sujets qui peuvent être traités dans la loi Mayotte. Mais dans cette loi d’urgence, nous avons besoin d’autre chose que de parler de "submersion" en matière d’immigration clandestine ou de droit du sol. Ce n’est pas ça qui nous aide actuellement. »
Lundi 10 février, le projet de loi pour la reconstruction de Mayotte passera en commission mixte paritaire.
À écouter dans Mémoires d’un continent Mayotte et les Comores, fragments d’une histoire partagée
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En 2024, les exactions contre les chrétiens ont augmenté partout dans le monde
2/4/2025
Comme chaque année depuis 1993, l'ONG Portes ouvertes publie l'Index mondial de persécution des chrétiens et fait le classement des 50 pays où ils sont le plus persécutés. L'édition de 2025, qui porte sur l'année précédente, montre que les exactions envers les chrétiens en raison de leur foi augmentent partout dans le monde.
Plus de 380 millions de chrétiens ont subi des actes de persécution et de la discrimination en 2024, soit 20 millions de plus par rapport à 2023. Il y a de plus en plus de pays où les oppressions envers les membres de la communauté chrétienne augmentent, notamment en Afrique. À l'occasion de la publication de l'index 2025, le pasteur nigérian Ayuba Matawal a fait le déplacement à Paris, en tant que grand témoin des supplices vécus par les chrétiens dans son pays.
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À Nantes, la renaissance du Vishnou du Mébon, chef-d'œuvre de l'art khmer et trésor du Cambodge
2/3/2025
Le Vishnou du Mébon occidental, l’un des plus grands bronzes jamais retrouvés à Angkor en 1936, fait partie des collections du musée national du Cambodge. Cette statue du XIe siècle, de plus de 5 m à l’origine, représente le dieu hindou Vishnou, allongé sur l’océan de l’éternité. Arrivée en France en mai 2024 pour des études techniques et en novembre à Nantes au laboratoire Arc'antique en vue de sa restauration, cette pièce unique sera ensuite présentée au musée Guimet, à Paris, du 30 avril au 8 septembre.
Il est posé sur un chariot dans une salle du laboratoire Arc'antique, à Nantes, dans l'ouest de la France. Le grand Vishnou en impose par sa douceur. On le dirait sur un lit d'hôpital. Seul est exposé la partie supérieure de la statue, comprenant la tête, les deux bras droits et le haut du torse. Le tout dépassant tout de même les 2,20 m de long. À son chevet, Stéphane Lemoine paraît bien petit, tant ce bronze est monumental. Ce spécialiste des métaux participe à la restauration. Il faut d'abord nettoyer. Du ruban adhésif blanc délimite les petites zones carrées sur lesquelles il faut intervenir.
« On voit déjà qu'il y a un état d'encroûtement localisé sur les surfaces corrodées, qui retiennent donc du sédiment d'enfouissement et qui nuisent à la lisibilité globale des modelés de l'œuvre. On peut choisir de retirer plus ou moins ces encroûtements, notamment par des moyens mécaniques, afin de tenter de retrouver la surface qui avait l'objet au moment de son abandon, au milieu du 15e siècle. Il faut imaginer qu'à l'époque, l'intégralité de la surface du Vishnou était dorée. Aujourd'hui, il est vert, parce que la fine dorure – qui était une dorure appliquée avec du mercure – a disparu très rapidement durant l'enfouissement. Il en reste des parcelles, mais il faut imaginer que cette statue, aujourd'hui verte, était à l'époque intégralement dorée », explique le restaurateur.
Entièrement doré donc, le Vishnou flamboyait. Mais ce n'était pas tout, il y avait de la polychromie sur les sourcils, les yeux, la moustache, les lèvres étaient rouges. Trésors du musée national du Cambodge à Phnom Penh, chef-d'œuvre inégalé de l'art khmer, ce Vishnou couché datant du 11e siècle captive Yannick Lintz, présidente du musée Guimet, à Paris, qui a fait le déplacement.
« Vishnou, en tant que personnalité, était évidemment une des grandes divinités du panthéon religieux du Cambodge et de toute l'Asie du Sud-Est, c'est-à-dire spirituellement et religieusement une divinité d'une très grande importance. Et puis, comme c'est le cas dans notre histoire de l'art, les grandes œuvres religieuses sont aussi des grandes d'art. Ce grand bronze monumental de ce Vishnou couché qui résidait au milieu du temple que l'on appelle le temple du Mébon, à Angkor, c'est aussi symbolique que la Joconde du Louvre », s'enthousiasme-t-elle.
On quitte à regret ce Vishnou souriant et la sérénité qu'il dégage. Mais on pourra le retrouver lors d'une exposition exceptionnelle sur les bronzes khmers, qui se tiendra au musée Guimet en avril prochain.
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À Marseille, la basilique Notre-Dame de la Garde, symbole de l'attraction de la ville
2/2/2025
Perchée sur les hauteurs de Marseille, Notre-Dame de la Garde attire des touristes de toute la France, et même au-delà. À l'image de la Cité phocéenne, considérée par le magazine américain Condé Nast Traveler comme l'un des 25 plus beaux endroits du monde à visiter.
De notre correspondante à Marseille,
À l’horizon, la mer qui ondule, et si on tourne à peine la tête, c'est toute la ville de Marseille, ville majeure du sud de la France, que l'on découvre. On devine ses quartiers et son Vieux-Port depuis le parvis de la « Bonne Mère ». Au sommet, une statue de la vierge, dont il faut refaire la dorure tous les trente ans. « La dernière dorure date de 1989. Il est temps de refaire la dorure. Il y aura un délicat travail de préparation : enlever la vieille feuille d’or, retrouver le cuivre qui est dessous. Et en suite, on pourra appliquer une nouvelle feuille d’or », détaille Xavier David, l'architecte en charge des travaux de la fameuse basilique marseillaise.
Pour ses travaux, plus d’un million d’euros ont été récoltés. Car la « Bonne Mère », comme on l’appelle ici, intéresse de plus en plus. « Il y a vingt ans, y avait 500 000 visiteurs. Il y a dix ans, il y en avait un million. Et aujourd’hui, on a dépassé les 2 millions de visiteurs. C’est énorme pour une petite église au sommet d’une petite colline », s'enthousiasme-t-il.
Pour preuve, en quelques minutes, on croise des touristes du monde entier, à commencer par Baptiste, venu de Belgique. « On découvre cette magnifique cathédrale. Très belles couleurs à l’intérieur et à l’extérieur, avec les arches superposées, j’ai trouvé ça vraiment chouette », se réjouit le jeune touriste. Mais il n’y a pas que ça qui l’a séduit à Marseille : « Il y a une partie artistique, une partie un peu plus front de mer, une partie plus parisienne. Surtout, c'est génial parce que c’est le sud accessible. En termes de prix, mais aussi en termes pratiques, c’est une grande ville où on peut venir d’un peu partout », continue-t-il.
Hors d’Europe, ce sont les Américains qui sont les plus nombreux à visiter Marseille, comme David, venu avec sa femme et sa petite fille depuis l’Indiana. « On a pu faire plusieurs sites touristiques, se balader et découvrir la ville. C’est à couper le souffle. C’est notre première fois à Marseille et c’est magique. Une des plus belles villes au monde », estime-t-il.
Mais le nouveau phénomène accélérateur du tourisme à Marseille, ce sont ces vidéos « cartes postales » postées sur YouTube et TikTok. « L’impact des réseaux sociaux est considérable, confie Marc Thépot, président de l’Office de Tourisme de Marseille. D’ailleurs, sur différents sites, il y a un nombre de vues assez important. Tout cela, ça vous donne envie d’aller voir ces quartiers, ces vies, ces accents. Bien sûr, les classiques, c'est toujours Château d’If, Notre-Dame de la Garde, etc. Mais y a aussi Le Corbusier, les calanques, la corniche, le bord de mer, etc. C’est quand même une ville diverse qui accepte tout le monde. Qui correspond effectivement à ce que les gens attendent aujourd’hui. Et je crois que chacun y trouve son compte. » Sans parler de la météo, qui fait partie des points forts de la ville, avec ses 2 965 heures d’ensoleillement en 2024.
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France: la capture du CO2, l'espoir coûteux d'une industrie moins polluante
1/31/2025
Il y a deux ans à la COP, les pays du monde entier se sont engagés à progressivement se passer des énergies fossiles qui sont les grandes responsables du réchauffement climatique. Sauf si les cheminées des usines polluantes sont équipées de système de capture de dioxyde de carbone (CO2), des technologies qui intéressent les industriels, mais qui sont loin d'être des solutions miracles. Ces dernières coûtent cher et sont critiquées par les ONG environnementales.
Dans un immense hangar, près de Lyon, s'active tout un écosystème de chercheurs dont l'objectif est de décarboner les usines européennes. Blouse blanche sur les épaules et lunettes de protection sur le nez, Patrice Font se tient devant une série de machines, parcourues de gros tubes et de tuyaux de métal. Il s'agit, en modèle réduit, d'un système qui pourrait équiper les futures centrales à charbon ou les incinérateurs de déchets pour réduire leurs émissions de dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère.
« Il y a énormément de nouvelles centrales qui sont encore construites et donc l'idée, c'est de proposer une technologie avec laquelle on peut continuer à utiliser du charbon, produire de la chaleur, de l'électricité. Par contre, le CO2 n'est plus rejeté dans l'atmosphère », explique le chargé de projet à l'IFP Énergies nouvelles (IFPEN).
Concrètement, la combustion du charbon est optimisée pour que, en sortie de cheminée d'usine, la fumée contienne plus de 95% de CO2. Il est alors possible de transporter ce gaz pour le stocker à plus de 800 mètres sous la terre. « Pour l'Europe, en 2050, c'est 450 millions de tonnes de CO2 par an qui devront être captées, stockées ou utilisées si on veut atteindre la neutralité carbone », détaille Raphaël Huyghe responsable du programme Captage et stockage du CO2 à l'IFPEN. Soit presque les trois quarts des émissions de la France sur un an. Mais derrière cette belle promesse, peu de projets voient le jour, admet-il : « Cette technologie, aujourd'hui, a un coût. Les industriels doivent intégrer ce coût. Il faut donc supporter cette filière afin qu'elle puisse avoir une viabilité économique. »
Et pour l'instant, le captage et le stockage de carbone est surtout poussé et financé par les industries pétrogazières, selon le Réseau Action Climat, qui regroupe plusieurs ONG environnementales. « Cela permet de garantir à cette industrie le "business as usual" et de pouvoir se "teinter de vert". Mais ce sont des technologies qui n'ont pas encore totalement démontré leur efficacité. Avec le risque que les financements publics dédiés à la transition écologique viennent financer ces technologies au lieu de financer d'autres leviers de décarbonation. Il faut aussi tenir compte du fait que le captage de carbone ne va venir régler que le problème du carbone. Cela ne règle pas tous les autres problèmes environnementaux liés aux énergies, que ce soit dans le secteur de l'énergie comme dans le secteur de l'industrie », estime Aurélie Brunstein, responsable de plaidoyer au sein du réseau.
Les scientifiques du Giec considèrent tout de même que le captage et le stockage de carbone fait partie des solutions pour décarboner certains secteurs industriels très polluants comme la cimenterie, la sidérurgie, l'industrie chimique. Mais uniquement lorsqu'il n'y a pas d'autre solution.
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Solidarité en Provence: des dons pour Mayotte
1/29/2025
Il y a plus de sept semaines que le cyclone Chido a ravagé Mayotte et deux semaines depuis la seconde tempête tropicale Dikeledi. En métropole, la communauté mahoraise et comorienne est toujours mobilisée. C’est le cas en Provence, où des collectifs continuent inlassablement de récolter et envoyer de nombreux dons vers l'île.
De notre correspondante à Marseille,
Départ de Marseille avec un camion prêté par un bénévole de l’association Ambre. « On part en direction de Toulon. Et là, c'est parti, on a rendez-vous là-bas pour 14h. On va récupérer des denrées alimentaires ».
Naïr est le président de l’association, qui s’occupe d’aller chercher les dons : « Actuellement, on est en train de charger tout ce qui est eau et lait. Ensuite, on va charger tout ce qui est denrées alimentaires, comme les pâtes, le riz, les conserves, et le couscous. Puis par la suite, si on a de la place, on va mettre tout ce qui est matériel médical. Et si vraiment il nous reste de la place, on va prendre les vêtements ».
Mais rapidement le camion marseillais est plein à craquer. « Nous, on va essayer de trouver un deuxième camion pour tout transporter ». Abdou est président de l’union mahoraise de Toulon : « Comme ça, on vous suit. Comme ça, on amène tout là-bas. Ça serait bien que tout parte quoi. Si ça reste ici, on va encore attendre une semaine, cela pourrait retarder l’aide. Et il y a des gens qui en ont besoin. On va essayer de trouver un camion, c’est mieux ».
Vingt minutes plus tard, un semi-remorque appartenant à un des bénévoles se gare sur le parking. « Nous, ce qu’on aimerait bien, c'est que tout parte vers l'île de Mayotte, parce qu’il y a des gens qui meurent de faim, d’autres qui n’ont même pas d’endroit pour dormir, s’habiller, manger. On essaie de faire le geste ».
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Il n’y a pas que de l’alimentaire, il y a de tout
« On a beaucoup d’alimentaire, mais aussi beaucoup de vêtements. Il y a des jouets, des produits d’hygiène, du dentifrice. Il y a vraiment de tout ». Plus de soixante gros cartons en tout. Des dons qui affluent depuis des semaines ici à Toulon, explique Kassim, un bénévole comorien. « On a rassemblé tous les gens de Toulon, qu'ils soient Malgaches, Anjouanais, Comoriens, Mahorais. Et franchement, ça a bien marché ».
Une mobilisation qui ne doit pas s’arrêter là pour lui. « Ce n'est pas qu’aujourd’hui seulement. La crise ne va pas s’arrêter aujourd’hui. S’il faut relancer les dons une fois par mois, il faudra le faire. La reconstruction de Mayotte ne se fera pas en un jour. Les vies, les gens, la misère, ça ne s'arrêtera pas en un jour, donc il faut continuer ».
Une fois les camions chargés, puis les dons sont déposés dans un hangar à Marseille. L’heure du bilan : « Alors là, on vient de décharger tous les dons qu’on a récupérés à Toulon chez les collègues. On a entre sept et huit tonnes de denrées alimentaires, ainsi que des vêtements et du matériel médical ».
Des dons qui partiront par la mer et mettront un peu moins de deux mois à arriver à Mayotte.
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Une ambulance ukrainienne mitraillée fait le tour de la France
1/28/2025
L'Ambulance Mitraillée France (AMF) est un projet humanitaire qui rassemble plus de 45 associations dont l'ONG Pharmaciens sans frontières. En septembre 2022, une ambulance ukrainienne dans la région de Kharkiv est prise pour cible par la Russie. Tout un symbole pour cette opération qui permet de ne pas oublier les atrocités de cette guerre qui dure depuis trois ans. Pendant deux jours, ce véhicule inattendu a fait escale sur la place du marché à Sucy-en-Brie en banlieue parisienne.
Patrick Angelvy est secrétaire général de l'ONG Pharmaciens sans frontières dans le Val-de-Marne. « "Slava Oukraïni", ça veut dire "Gloire à l'Ukraine !", et les gens répondent "Heroïam slava !" ou "Héros, la gloire !", et ça montre un petit peu leur résistance et leur courage ».
Résister et surtout ne pas les oublier
C'est le message porté par cette ambulance qui sillonne l'Europe. Pour Patrick Angelvy c'est un témoin précieux : « Quand on voit un trou, deux trous de balle, trois impacts de balle. On peut toujours dire que ce sont des balles perdues. Là, quand il y en a, je crois, 402, on peut quand même comprendre la façon dont Monsieur Poutine lit la Convention de Genève, qui indique qu'on ne tire pas sur les ambulances. Et en même temps, cette ambulance, c'est le symbole de la résistance et le symbole du courage ukrainien. Je veux dire que cette ambulance ne parle pas, et pourtant, elle nous interpelle. Cette ambulance, c'est un véritable cri silencieux qu'elle nous lance pour nous interpeller sur le drame que vivent ces gens. À moins de deux heures d'avion de chez nous, ce n'est pas acceptable, et ça nous permet, en montrant ce qui se passe, de pouvoir lever des fonds pour acheter plus d’ambulances ».
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Un spectacle qui ne laisse personne indifférent
Sur la place du marché, certains s'arrêtent, observent, et ont du mal à trouver les mots : « Quand je l’ai vue et que j’ai pu toucher les impacts des balles, c'est assez effrayant. Vous voyez, c'est une expérience malheureuse, mais indispensable pour les gens qui vivent loin de la guerre et des atrocités ».
À quelques mètres de l’ambulance, un petit groupe d’Ukrainiens, collectent de l'argent pour financer de nouveaux véhicules de secours. Elisabeth fait partie des 50 familles qui ont été hébergées à Sucy-en-Brie au tout début de la guerre. Aujourd'hui, elle étudie à la Sorbonne. « Mon appartement est bombardé, donc je ne peux pas y retourner, et pour le moment, je suis en France, je suis à l'université et je reste ici. J'apprends la langue, et je vois mon avenir aussi en France ».
Après des escales dans plusieurs villes de France, l'ambulance mitraillée repartira en avril en Espagne.
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Quand des familles à la rue saisissent la justice
1/27/2025
En France, plus de 2 000 enfants vivent à la rue. L'État a pourtant la charge d'assurer à toute personne sans-abri et vulnérable un hébergement d'urgence. À Paris, un avocat passe ses semaines à défendre devant la justice des familles avec enfant à la rue. Parmi les cas les plus courants de Maître Samy Djemaoun sont des familles demandeuses d'asile. Le temps de la procédure, l'OFII, l'Office français de l'immigration et de l'intégration, est pourtant censé leur fournir une allocation journalière et un logement. Mais faut-il encore que ces familles connaissent leurs droits ?
Dans une petite salle d'audience mal éclairée, Samy Djemaoun donne ses derniers conseils à ses clients. Les parents de la petite Kadija viennent du nord de la Côte d'Ivoire.
« J’ai demandé l’asile avec l'enfant, parce que moi, j'ai été excisée. Je ne veux pas que ma fille vive la même douleur que j’ai subie ». En échangeant avec une amie, ils découvrent qu'ils ont le droit de rester : « Elle m'a dit : non, tu as le droit puisque vous avez un enfant malade, et elle a une pathologie très grave, la drépanocytose ».
Un avocat qui gagne presque huit fois sur dix
Cette amie leur conseille donc d'appeler Maître Djemaoun. Dix jours après, ils se retrouvent au tribunal. En moins de trois ans, Samy Djemaoun, leur avocat, a saisi près de 80 fois la justice pour contraindre l'OFII, l'Office français de l'immigration et de l'intégration, à loger des familles à la rue. L'avocat a gagné près de 70 fois. Comme souvent, l'administration a fait parvenir au tribunal un mémoire en défense. Un texte expliquant sa position : « Vous avez un certificat médical qui indique que le pronostic vital de l'enfant peut être engagé à tout moment et qu'elle a besoin d'un endroit sain et stable. Et l'OFII répond, elle a un traitement et un suivi médical, donc c'est bon. Tout en reconnaissant dans le mémoire en défense qu'elle fait partie des familles les plus prioritaires. Une famille prioritaire, c'est une famille avec des enfants. Point. On ne va pas commencer à faire une hiérarchisation de la détresse ».
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L'audience n'aura duré qu'une petite demi-heure. Hasard du calendrier, ce même jour, l'avocat apprend que la petite Kadija obtient le statut de réfugiée. Un soulagement pour ses parents, mais aussi beaucoup d'amertume.« On a perdu tellement de temps dans ce parcours où tout repose sur la débrouille. Ce sont les associations qui nous aident. Si un logement est trouvé, tant mieux, sinon, on attend ».
Trois jours après la condamnation de l'OFII, la famille obtient les clefs d'un logement. Impossible de savoir combien d'autres sont à la rue, faute d'information sur leurs droits. Pour l'avocat, l'administration compte là-dessus. « Sur 100 personnes, je dirais que Maître Djemaoun va saisir pour 20, parce qu'il n'y en aura que 20 qui auront eu accès à des associations, à tout un tas de dispositifs d'aide juridique. Et si l'OFII est condamné pour ces 20 dossiers ? Ce n'est pas si mal que ça ».
L'OFII, contacté par téléphone, affirme que le couple avait signalé être hébergé de façon précaire chez un ami, raison pour laquelle aucune proposition ne lui a été faite. Son directeur, Didier Leschi, assure qu'un signalement de la part de la famille aurait suffi à son hébergement.
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Camp des Milles: transmettre la mémoire aux générations futures
1/26/2025
Le 27 janvier, journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. Cette date correspond à la libération du camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau par les Soviétiques en 1945 - il y a 80 ans. Mais qu’en est-il de la transmission de la mémoire, près d’un siècle après la Shoah ?
De notre correspondante au Camp des Milles, à côté d’Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône,
Aux abords du petit village provençal des Milles, un énorme bâtiment en briques rouges brise l’horizon au milieu d’une pelouse coupée à ras. À l’intérieur, on découvre le site mémorial : « On va rentrer dans le parcours et les deux premières phrases qui nous interpellent sont : que ferai-je demain si ? Comment est-ce arrivé ? »
Charlotte, médiatrice du site, raconte l’histoire de ce camp. On y raconte la Shoah sur de grands panneaux et les engrenages qui l’ont rendu possible. Au début de la guerre, ce camp servait à enfermer les étrangers et dissidents. « Là, ce que vous voyez à côté, c’était vraiment le lieu où ils vivaient. Le sol, c'était une poussière d’argile, qui faisait tousser et cracher du sang ». Puis, le camp prend une autre tournure. « D'août à septembre 1942, il devient un camp de déportation, où cette fois hommes, femmes, enfants, bébés vont être déportés jusqu’à Auschwitz. »
Dans l’auditorium du site, plusieurs classes de CM2 répètent le Chant des marais – aussi appelé le Chant des déportés. C’est Blandine, professeure des écoles et médiatrice auprès des élèves de primaire, qui encadre cet atelier. « Le travail s’est fait à la fois dans la compréhension des paroles, mais aussi dans le lien avec le site ».
Est-ce qu’en CM1 ou en CM2, on est réceptifs, à la mémoire de la Seconde Guerre mondiale ?
« On va dire que c’est difficile parce que plus on avance dans le temps, plus on est dans ce qui fait partie de l’Histoire. Mais après, il y a pleins d’autres possibilités pour toucher les enfants, en faisant des chants comme ça, en participant à des commémorations, explique Blandine. Pour les enfants, on va beaucoup plus travailler sur les vidéos. Ça peut être les différentes formes de discrimination, comment est-ce qu’ils les voient à l’école et ce qu'on peut faire pour lutter contre les discriminations, notamment le harcèlement scolaire ». Car la particularité du Camp des Milles, c’est le volet réflexif qui clôt la visite. Dans cet espace, on répond aux questions posées en début de parcours.
Le seul grand camp français d’internement et de déportation encore intact
Alain Chouraqui, directeur de recherche au CNRS et président de la Fondation du Camp des Milles : « Tout notre propos, c'est l’Histoire au service du présent : comment faire pour que plus jamais ça. Et d’ailleurs, c'est ce qui fonctionne le plus pour des jeunes publics éloignés de ces sujets qui nous disent parfois : la Seconde Guerre mondiale, ce n'est pas mon affaire. Ils s’aperçoivent que quelque part tous ces grands événements parlent d’eux. Parlent des racismes, de ce qu’ils vivent au quotidien, d’effets de groupes, des petits chefs ».
Et ainsi, ajoute Alain Chouraqui, parler de l’Histoire, transmettre cette mémoire, c’est espérer que justement, cela ne se reproduise plus.
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France: 1,5 million de pannes d'ascenseurs par an, un calvaire pour les usagers à mobilité réduite
1/23/2025
Ne pas pouvoir remonter ses courses quand on habite au 15e étage ou simplement sortir de chez soi à cause de l'ascenseur en panne : chaque année, 1,5 million de pannes d'ascenseurs sont recensées en France. Pour venir à bout de ce problème récurrent et préoccupant, qui touche des milliers de personnes, une proposition de loi, visant à lutter contre les pannes d'ascenseurs non prises en charge, est en débat depuis jeudi 23 janvier à l'Assemblée nationale.
Dans une banlieue résidentielle, à Rueil-Malmaison dans les Hauts-de-Seine, Abdeladim Outtaleb se déplace en fauteuil roulant. Il loue un appartement situé au 2e étage et, suite à de fortes pluies, l'ascenseur de son immeuble est en panne. Une situation qui dure depuis deux mois.
« Je vis un enfer, confie-t-il. Je ne peux pas descendre. Je ne peux rien faire à part télétravailler chez moi. J'ai envie d'aller au musée, dans un parc, prendre l'air, comme tout le monde ! Moi, qui suis en situation de handicap, j'ai l'impression d'être en prison. Pour l'instant, moi, je subis. »
Pour sortir enfin de chez lui. Abdeladim a trouvé la solution. Il fait appel aux services de Fouad Ben Ahmed. Ce militant au sein du collectif Plus sans ascenseur a lancé, il y a quelques années, SAMV (Solution d'assistance à mobilité verticale), une société qui travaille à ne plus laisser sur le carreau les personnes à mobilité réduite.
« On a adapté un moteur électrique avec un équipement spécifique, répondant à nos usages, explique-t-il. On peut déplacer une personne du rez-de-chaussée au 18e étage, jusqu'à 130 kilos, sur tous types d'escaliers. Le plus important, c'est la formation, la compétence. Nos assistants sont un peu des guides de haute montagne. »
Le guide de haute montagne en question, souriant, qui vient délivrer Abdeladim, s'appelle Willy. Abdeladim est alors arnaché à une chaise très particulière, avec un moteur électrique à sa base et dont le mouvement rotatif épouse les marches et permet de les descendre.
Un travail très particulier pour Willy, jeune recrue de 22 ans : « Ce n'est un travail commun. Rendre service, j'aime cela, mais cela demande de la patience, notamment pour comprendre le mécanisme de la chaise. Il faut se mettre sur le bord. Il faut ensuite pencher la chaise, régler le bouton des trois vitesses, etc. C'est la chaise qui fait tout le travail. Nous, nous sommes là en qualité d'assistant. »
Les pannes d'ascenseurs récurrentes s'invitent aussi au sein de l'Hémicycle. « Avec cette loi, on remet de l'ordre dans le système de la maintenance des ascenseurs : obligation de stocks de pièces pour les sociétés ascensoristes, obligation de délais d'intervention, obligation de mesures de prescription pour qu'il y ait, dans le cadre d'une panne prolongée, des mesures de substitution : portage de repas, portage de courses, portage de personnes dans les escaliers... Il y a des sociétés qui font cela aujourd'hui », détaille le socialiste Philippe Brun, porteur de la proposition de loi à l'Assemblée nationale.
Alors que les députés planchent pour trouver une solution, Abdeladim a pu descendre les dizaines d'escaliers qui le séparent de l'extérieur. « Deux minutes pour descendre ! C'est une solution alternative utile, SAMV, mais uniquement à court-terme. J'ai envie de retrouver ma vie normale », clame-t-il. Chaque année, on recense 1,5 million de pannes d'ascenseurs en France.
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France: la CGT manifeste devant Bercy pour défendre un secteur industriel menacé
1/22/2025
En France, la situation économique continue d'inquiéter. Alors que les finances publiques sont dans le rouge, les défaillances d'entreprises et les plans sociaux se multiplient, particulièrement dans le secteur industriel. La CGT, l'un des principaux syndicats français, a organisé, mercredi 22 janvier, une manifestation devant le ministère français de l'Économie et des Finances pour réclamer des mesures d'urgence.
Réunis le 22 janvier devant le ministère de l'Économie, dans le quartier de Bercy, à Paris, ils sont plusieurs centaines de militants venus de tout le pays à avoir répondu à l'appel de la CGT. Les chasubles rouges et les drapeaux fièrement agités portent les noms d'Auchan, Arcelor, Fonderies de Bretagne, Michelin, Vencorex et tant d'autres. Une carte de France des entreprises qui licencient et des usines qui ferment.
À la tribune, le constat de Sophie Binet, la secrétaire générale du syndicat, est sans appel : « Nous sommes ici pour forcer le gouvernement et le patronat à sortir du déni et à regarder en face la situation. Il n'y a pas de réindustrialisation. Tous les experts partagent le constat de la CGT, nous sommes au début d'un tsunami de désindustrialisation. »
Illustration près de Grenoble, où le chimiste Arkema vient d'annoncer cette semaine plus de 150 suppressions de postes, alors que les 450 salariés de leur principal fournisseur Vencorex se battent depuis des mois pour sauver leur entreprise en redressement judiciaire.
« Vencorex n'est même pas encore mort qu'Arkema a déjà commencé à lancer son plan social, déplore Séverine Dejoux, technicienne-chimiste et élue CGT de Vencorex. Dans l'industrie chimique, c'est comme cela. Toutes les entreprises sont liées les unes aux autres, et quand il y en a une qui tombe, ben ça tombe en chaîne derrière. »
Elle l'assure, la survie de Vencorex et d'Arkema, c'est pourtant une question de souveraineté. « Nous, on produit du sel, que l'on revend à Arkema. De notre sel, sont produits les éponges de zirconium pour le refroidissement des réacteurs nucléaires en France, le carburant de la fusée Ariane et le carburant des missiles de défense français », énumère-t-elle.
« Quand on a rencontré le ministre de l'Industrie, poursuit la jeune syndicaliste, la seule chose qu'il a été capable de nous dire, c'est "on a aidé à vous obtenir une prime de licenciement". Mais nous, on n'en veut pas. Nous, on n'était pas venu voir le ministre des Primes de licenciement, on était venu le voir le ministre de l'Industrie. » La réponse politique n'a pas satisfait les premiers concernés.
La CGT réclame donc des nationalisations et un moratoire sur les licenciements. Deux concepts qui ne figurent pas vraiment dans le vocabulaire du Premier ministre François Bayrou. L'instabilité politique de ces derniers mois n'a en tout cas pas facilité les choses pour Sophie Binet. « À l'étranger, la Chine et les États-Unis en tête, on n'hésite pas à nationaliser, à protéger ses fleurons industriels, à mettre en place des plans d'investissements massifs », affirme la secrétaire générale du mouvement syndical.
La situation, elle, risque encore de s'aggraver. Auditionné le même jour par l'Assemblée nationale, le président d'ArcelorMittal France a prévenu que « tous les sites de sidérurgie européens » risquent la fermeture en 2025 « si rien n'est fait pour protéger l'acier européen », notamment de la concurrence chinoise.
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Mayotte: un mois après la catastrophe, retour sur l'élan de solidarité des cagnottes en ligne
1/21/2025
Il y a un mois, au lendemain de la catastrophe du cyclone Chido, des appels aux dons ont été lancés pour venir en aide aux Mahorais. Des collectes de matériel et de nourriture ont été organisées par de nombreuses associations. Près de 700 cagnottes ont vu le jour sur la plateforme Leetchi.
Face à l'urgence, l'élan de solidarité pour Mayotte a été immédiat. Ainsi, dès le lendemain de la catastrophe naturelle, des centaines de cagnottes ont vu le jour sur une plateforme en ligne bien connue des Français, Leetchi. « Pour Mayotte, il y a à peu près 700 cagnottes qui ont été créés, qui ont permis de collecter environ entre 700 000 et 800 000 euros. Au total, on a pu dénombrer 17 000 personnes qui, sur ces 700 cagnottes, se sont mobilisées pour aider les populations et leur apporter un soutien financier », énumère le directeur général de la plateforme, Jérôme Daguet.
Johan Reboul, dit « Le Jeune Engagé » sur les réseaux sociaux, est un influenceur. Il a lancé une cagnotte pour aider Sarah Minas, professeur des collèges à Mayotte. Un mois après, celle-ci dépasse les 40 000 euros. « Je ne la connaissais pas directement, mais juste après ce qui s'est passé à Mayotte, j'ai eu un grand sentiment d'impuissance, confie-t-il. J'ai fait un stage aux Nations unies, où mon ancienne responsable m'a parlé de cette prof à Mayotte qui, en cherchant ses élèves dans les bidonvilles, constatait qu'il n'y a aucune assistance, qu'il n'y a aucun secours à apporter à cette population qui vient de subir un cyclone. C'est pour cela que j'ai lancé cette cagnotte. Cela pourra aider Sarah à chercher ses élèves et apporter de l'aide directement à la population. »
À des milliers de kilomètres, grâce à ces dons, Sarah Minas organise des équipes de bénévoles sur le terrain. « Les distributions se font tous les deux jours selon les quartiers. À chaque fin de distribution, je centralise les dépenses qui ont été faites. Johan, qui tient la cagnotte, me dit alors combien d'argent reste sur la cagnotte. Avec ce qui reste, je planifie les prochaines journées de distribution », explique la jeune enseignante. Durant la collecte, la plateforme opère des contrôles. « De notre côté, chez Leetchi, on est extrêmement vigilant à ces sujets de destination des fonds et de vérification des identités », confirme Jérôme Daguet.
C'est grâce à la communauté de plus de 140 000 personnes suivant Johan Reboul sur les réseaux sociaux que la cagnotte a eu du succès. Mais, pour l'influenceur, c'est avant tout une responsabilité importante : « La cagnotte a marché aussi parce qu'il y a eu de la confiance de la part de la communauté. Il fallait démontrer concrètement comment on allait utiliser cet argent. Au début, j'ai dû avancer de mes propres fonds puisque, justement, la plateforme a bloqué le transfert de fonds pour s'assurer que l'argent était bien dépensé. Ils m'ont demandé des preuves, ils m'ont demandé des comptes. Il y avait toute une logistique à faire pour vraiment démontrer que cela allait bien directement sur place. »
Aujourd'hui, cette cagnotte d'urgence est fermée. La générosité des donateurs a permis d'aider des familles démunies, même si, pour Sarah, il reste encore beaucoup à faire pour ses élèves et pour leurs parents.
À écouter aussiMayotte: une rentrée pleine d’incertitudes
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En Martinique, l'ouverture du procès de Rodrigue Petitot, figure du mouvement contre la vie chère
1/20/2025
Le procès de Rodrigue Petitot, ainsi que de trois autres membres et sympathisants du Rpprac (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens), s’ouvre ce mardi 21 janvier à Fort-de-France. Le leader du Rpprac est actuellement en détention provisoire après avoir été condamné à 10 mois de détention provisoire pour des propos jugés menaçants à l’égard de plusieurs élus locaux.
De notre correspondante en Martinique, Peggy Saint-Ville,
Alors que cette audience des deux prochains jours suscite une grande attente en Martinique, les solutions politiques mises en place pour lutter contre la vie chère restent discutées. En réponse à la hausse significative des prix des produits de consommation courante, un dispositif a été instauré depuis le 1ᵉʳ janvier par la grande distribution, l'État et la collectivité territoriale de Martinique. Toutefois, cela ne semble pas encore satisfaire pleinement la population, qui se fait plus rare dans les rayons des grandes surfaces.
Du côté du Rpprac, les manifestations se font aussi plus discrètes à la suite des condamnations de plusieurs sympathisants ayant exprimé ouvertement récemment leur colère contre la justice et ses représentants. Quatre mois après le lancement du mouvement contre la vie chère, se pose la question de la place de la mobilisation dans un contexte de crise économique et des perspectives d’avenir du Rpprac.
À écouterMobilisation contre la vie chère en Martinique: «Le soutien populaire déterminera la durée du mouvement»
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Mayotte: une rentrée pleine d’incertitudes
1/19/2025
Ce lundi 20 janvier, personnels et enseignants font leur retour dans leur établissement, plus d’un mois après le cyclone Chido et la tempête Dikeledi. Les écoles ont été durement impactées, 39 ne sont pas en état de rouvrir. Seulement cinq établissements pourront rouvrir, mais avec des jauges très limitées. Au vu de l’état des bâtiments et des fragilités psychologiques du corps enseignant, beaucoup de questions se posent.
De notre correspondante à Mayotte,
« Là, c'est notre accueil qui avait été inondé par Dikeledi. L'entreprise est en train de finir les travaux, ça sera opérationnel pour lundi ». Au collège de Dembéni, le principal adjoint Maxime Makou prépare la rentrée du personnel. Ici, deux salles de classes ont été détruites. Des dégâts moindres par rapport à d’autres établissements. Comme au lycée du Nord, à Acoua, où des toits ont été arrachés, des murs brisés et la clôture broyée. Véronique Hummel, professeure documentaliste dans l'établissement, se demande comment faire classe dans ces conditions : « Énormément de salles de classe ne sont pas utilisables. L'électricité n'est revenue qu'un mois après le cyclone et l'eau n'est revenue que mardi 14 janvier au matin ».
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Cette rentrée administrative vise d'abord à accueillir le personnel
« On s'aperçoit qu'il y a une disparité des vécus. Et il va falloir faire cohabiter toutes ces personnes qui ont chacun une lecture différente de la situation », explique Jacques Mikulovic, recteur de l'académie de Mayotte. Des professeurs étaient absents au moment du cyclone, d'autres l'ont vécu et sont plus ou moins impactés psychologiquement. Alors que beaucoup ont perdu leur logement, la question se pose si les professeurs vont revenir à Mayotte. L'académie a déjà beaucoup de mal à recruter. Une situation que redoute le rectorat : « Forcément, il y a une crainte parce que certains ont perdu leur logement et se posent la question de savoir comment ils vont faire. Nous, on souhaite qu'ils rentrent et puis qu'ils trouvent la solution et qu'on les accompagne pour trouver une solution aussi ».
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Greg Batin est contractuel, il enseigne la physique-chimie dans un collège de Mamoudzou. S’il n’a plus d’appartement, il n'envisage pas non plus de partir. « Le fait d'être contractuel pour ma part, ça n'a pas tellement d'influence, contractuel comme titulaire. C'est plus un engagement qu'on prend vis-à-vis des élèves d'être prof. Donc, personnellement, je compte rester une fois qu'on a vécu ça ensemble. Ça a d'autant plus d'importance de rester, d'accompagner ».
Tous expriment de l’inquiétude pour leurs élèves. « Ce sont des élèves qui sont dans une situation très précaire et, là, l'incertitude est présente, confie Anaëlle Bracieux, qui enseigne le français aux enfants allophones. Quant au fait qu'on n'est pas sûr qu'ils seront tous là à la rentrée, on verra, on attend de voir si ses effectifs seront complets. S'il y en a qui sont partis, s'il y en a qui se sont déplacés, s'il y en a qui ont été blessés ».
Ils se sentent aussi démunis face aux jeunes. « Dans mon quartier, je croise les élèves, alors tous me demandent, et Madame, il faut s'inscrire sur Parcoursup ? Comment fais-je ? Parce qu'il y a des dates à respecter. Très honnêtement, moi, je ne peux pas leur répondre, regrette Véronique Hummel. Je ne sais pas quand ils pourront se connecter parce qu'eux-mêmes n'ont pas de connexion chez eux, encore moins au lycée ».
Et c'est à partir du lundi 27 janvier que les écoles vont rouvrir au 117 000 élèves de l’académie.
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Les progrès dans l'accès à l'avortement en France, 50 ans après la loi Veil
1/16/2025
Voilà 50 ans que Simone Veil a prononcé son célèbre discours face à l’Assemblée nationale, des mots qui ont marqué l’histoire : « Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement ». Ce vendredi 17 janvier 2025, cela fait 50 ans, jour pour jour, depuis l’entrée en vigueur de la loi qui dépénalisait l’avortement.
De notre envoyée spéciale à Toulon, dans le Var,
Depuis 1975, nombreuses sont les avancées autour de l’accès à l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) en France. La dernière en date donne la possibilité aux sages-femmes de procéder aux IVG instrumentales dans les mêmes conditions que les médecins.
Derrière les portes vitrées de l'hôpital Sainte Musse de Toulon — le Var est le département où l'on recense le plus d’IVG par habitante en métropole —, après un ascenseur et un dédale de couloirs, on peut rencontrer Julia, sage-femme habilitée à pratiquer les Interruptions volontaires de grossesse.
« Tous les lundis, il y a une sage-femme qui fait des consultations d’IVG. Le lundi matin, on est au bloc pour faire les IVG chirurgicales et ensuite, l’après-midi, on a un créneau pour faire des consultations et mettre en place les IVG médicamenteuses ou programmer un créneau de chirurgie », détaille la sage-femme.
Les IVG chirurgicales, ce sont celles qui nécessitent une opération et qui permettent aux femmes d’avorter jusqu’au délai maximum légal de 14 semaines de grossesse. Les sages-femmes volontaires, comme Julia, peuvent le pratiquer depuis avril dernier. « Le but, c'était de pouvoir répondre à une demande croissante, de garantir un accès du droit à l’IVG et de pouvoir répondre à la demande des patientes, explique Julia. Très souvent, lors des appels, elles nous disent : "Je veux que ça soit vite et que ça se passe vite". »
Alors, Julia et une de ses collègues se relaient chaque semaine. « Il y a un lien de confiance qui est tissé et nous permet de les mettre dans un vrai parcours de soins, qu’elles soient suivies », se réjouit la sage-femme.
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Une avancée pour les sages-femmes et les femmes
Une avancée pour les sages-femmes, mais surtout pour les femmes, explique le docteur Quentin Berl, gynécologue-obstétricien et responsable du réseau Ville-hôpital sur les IVG de Toulon : « C’était une demande depuis assez longtemps de certaines sages-femmes qui faisaient déjà les IVG médicamenteuses en ville. C’est un acte qui techniquement, avec une formation, peut être réalisé en toute sécurité. Et la possibilité pour ces sages-femmes de le faire, c’est vraiment une très bonne avancée pour faciliter l’accès. »
Parfois, avant de pousser les portes de l’hôpital, les futures patientes s’adressent au Planning familial varois. Dans des locaux, en pleine ébullition pour cette date anniversaire de la loi Veil, Valérie, conseillère au Planning familial de Toulon, explique avoir déjà observé les bénéfices de l’autorisation pour les sages-femmes de pratiquer l’IVG instrumentale : « Maintenant que les sages-femmes ont l’autorisation de le faire, ça nous permet aussi de libérer des créneaux pour la contraception, de permettre à d’autres femmes de venir. »
Même si on peut toujours aller plus loin, selon elle : « Nous, au niveau de l’IVG instrumentale, on oriente. Ça permet d’avoir un accès à l’IVG plus important, de pouvoir répondre à la demande. Après, la sage-femme, elle va poser un acte médical. Moi, je suis pour la formation du personnel médical à pouvoir écouter et entendre leurs ressentis et leurs émotions. Que ça ne soit pas qu’un geste médical. »
En France, plus d’un avortement sur cinq est réalisé par voie chirurgicale.
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France: découverte à Paris de la Maison des coursiers, un havre pour les livreurs à vélo
1/15/2025
Le succès de L'histoire de Souleymane, film primé au festival de Cannes, a permis au grand public de plonger dans le quotidien des livreurs à vélo. Depuis 2021, la Maison des coursiers accueille les livreurs des plateformes de livraison (Deliveroo, Uber Eats...) quatre jours par semaine. Un lieu unique et gratuit qui appartient à la ville de Paris, où ces travailleurs précaires peuvent simplement se reposer entre deux courses. Des permanences juridiques et administratives sont aussi proposées.
C'est un lieu qui passe inaperçu, pourtant situé dans un quartier très populaire avec de nombreuses boutiques de beauté afro. À Paris, la Maison des coursiers se trouve dans une ancienne agence EDF réaménagée. « Il y a une grande salle ou les livreurs attendent. Il y a du café, du thé, de quoi se restaurer. Il y a un micro-ondes, des toilettes, des prises pour pouvoir charger ces téléphones ou ces batteries... », décrit Circé Lienart.
Depuis 2021, cette dernière coordonne cet espace : « On donne directement sur le boulevard Barbès, pour que cela soit simple pour les livreurs de venir et de potentiellement mettre aussi leur vélo en sécurité. » L'un d'eux confie : « On vient parfois prendre du temps ici, se mettre au chaud, surtout dans ces moments de fraîcheur, profiter pour prendre un petit café. » Ils y garent aussi leurs vélos pour les mettre en sécurité.
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Espace de pause, mais aussi de démarche
Dans la salle aux couleurs vives, tout est fait pour les aider dans leur démarche. Chacun a ses habitudes, s'installe, prend son repas, à l'image de ce livreur Ivoirien. Ladji termine son attiéké-poisson en attendant son rendez-vous : « Je viens ici pour plusieurs démarches. Je dirais même pour tout. Pour envoyer mes CV dans les entreprises, prendre rendez-vous aussi à la préfecture, la Caf, la Sécurité sociale... Je viens régler tout ici. »
Payés à la course pour un salaire de misère, bien inférieur au Smic, ces livreurs à vélo multiplient les heures de travail en prenant des risques. Circé Lienart, responsable de la Maison des coursiers, nous explique :
« On va les accompagner sur l'accès aux droits de santé parce que c'est très important, s'ils ont un accident, qu'ils puissent quand même se faire soigner. C'est un métier quand même assez accidentogène. Et il y a d'autres risques de santé, de problèmes de santé qui sont liés. »
Le premier livreur, qui apprécie le café de la Maison des coursiers, confirme : « Je suis venu voir l'infirmière. J'avais rendez-vous avec elle pour avoir des bilans sur ma santé concernant le travail, souvent des maladies musculaires ou des infections parfois, tout ça... C'est vraiment dur, mais on n'a pas le choix. »
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La régularisation par le travail est difficile dans ce métier
Ces livreurs sont souvent dans des situations précaires. Circé Lienart reprend : « Au début, on avait une grande majorité de personnes en situation irrégulière. La difficulté, c'est que les livreurs travaillent beaucoup, même plus que les travailleurs salariés en général. Mais ils n'ont pas accès à la régularisation par le travail, soit parce que le compte n'est pas à leur nom, soit parce qu'ils ont des factures et pas de fiches de paie. Et avec ça, les préfectures ne permettent pas la régularisation par le travail. C'est aussi pour ça qu'il y a une sur-représentation par rapport à d'autres métiers. »
Pas le temps de souffler pour Circé Lienart, qui enchaine. Elle aide un coursier qui a le statut de réfugié à remplir un dossier de demande de logement. Après Paris et Bordeaux, d'autres maisons de ce type sont en projet à Lille et à Grenoble.
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Guyane: les bustes d'Amérindiens exhibés à Paris bientôt de retour sur leurs terres
1/14/2025
Nouvelle avancée dans le travail de recherche mené depuis plusieurs années par l'association Moliko Alet-Po, composée de descendants d'Amérindiens de Guyane et du Suriname qui avaient été exhibés, il y a 132 ans, au Jardin d'acclimatation de Paris. L'association a permis d'identifier un groupe de 33 personnes arrivées en plein hiver 1892 dans le cadre des expositions humaines en cours à l'époque. Les mauvaises conditions de vie et le froid ont eu raison de leur santé. Plusieurs d'entre eux moururent avant leur retour en Guyane. Leurs descendants réclament le rapatriement des restes de leurs aïeuls. En attendant la mise en place d'une loi d'exception qui permette ce retour, l'association continue son travail de recherche d'informations pour identifier les derniers autochtones du groupe.
Malé, 17 ans, et Kuani, 27 ans, sont les deux Arawaks du groupe d'Amérindiens anciennement exhibés au Jardin d'acclimatation de Paris qui manquaient à l'identification, sur les huit membres du groupe décédés avant leur retour en Guyane. Face à leurs deux bustes moulés et exposés dans les sous-sols du musée de l'Homme, Corinne Toka-Devilliers, présidente de l'association Moliko Alet-Po, est prise par l'émotion :
« Ils sont là, ils dorment presque, ils sont sereins. L'émotion est grande, vraiment. Au bout de 132 ans, les voir... Et puis, les voir tous réunis à travers la photo – puisqu'une photo, c'est aussi une âme –, c'est une belle étape de notre histoire. »
Une belle étape qui marque une progression vers la restitution des restes des Amérindiens pour un retour en Guyane : « C'était l'étape suivante. On savait leur existence dans ces moulages. Et pour moi, après les restes humains, il fallait les deux moulages, parce qu'ils font partie du groupe. Et il était aussi important pour l'association de les voir. C'est une réalité, et aujourd'hui, on peut dire que, pour le retour, officiellement, nous demandons les six restes humains et nos deux bustes de Kuani et Malé. »
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Un retour prochain pour les Amérindiens exhibés
Kuani et Malé, deux frères, sont décédés quelques jours après leur arrivée au zoo humain. Le moulage en plâtre de leur buste a été fait après leur mort, explique Martin Friess, directeur scientifique au musée de l'Homme :
« Le principe du moulage, que ce soit sur le vivant ou sur le mort, consiste à faire un négatif, un plâtre. Et puis, on fait un positif à partir donc de ce moule qu'on peint, et ensuite, on modélise un peu certaines parties comme les yeux. Les yeux ont été colorés aussi. »
Pour Jean-Victor Castor, député de Guyane présent à la consultation des bustes, ce moment est important dans la démarche de restitution engagée par l'association : « Il faut tenir compte de l'avancée du travail qui a été fait par l'association Moliko qui porte cette demande de restitution. On ne peut pas attendre non plus que le véhicule législatif soit très long. »
Le gouvernement a reçu la semaine dernière le rapport qu'il attendait sur ce dossier. Les descendants des Amérindiens exhibés espèrent qu'une solution juridique sera rapidement trouvée pour permettre le retour de leurs ancêtres sur leur terre natale.
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Mayotte: un mois après le cyclone Chido, des conditions de vie toujours très précaires
1/13/2025
Il y a un mois, le cyclone Chido dévastait Mayotte et faisait au moins 39 morts et plus de 5 000 blessés, selon le dernier bilan. D'abord coupé du monde, l'archipel panse maintenant ses plaies. Le gouvernement assure que 70% des foyers ont retrouvé l'électricité, mais dans les faits, les conditions de vie restent très difficiles. Entre débrouille et frustration, Raphaël Delvolvé a recueilli quelques impressions de Mahorais rencontrés sur place.
Depuis Chido, deux sons raisonnent plus que les autres à Mayotte : celui de la taule et celui des tronçonneuses. Les opérations de déblayage continuent dans l'archipel, où aucun endroit ne semble épargné. « Cette fois-ci, ça a vraiment frappé l'île en plein fouet. Vous voyez les dégâts », relève Aramadi Salim, un chauffeur. Il conduit des camions le matin et l'après-midi un taxi à Mamoudzou, la préfecture.
Dans ces décors de végétation détruite et de routes jonchées de débris et de déchet, Aramadi Salim voit une très légère amélioration : « Ça commence à changer. On a fait une semaine dans le noir et sans eau. On se débrouillait par-ci et par là pour trouver de l'eau. Depuis que l'électricité est revenue, ça va. » Il a repris son travail avec beaucoup de contraintes : « Rien que pour avoir le carburant, il faut faire la queue comme pas possible. »
Ce semblant de retour à la normale n'existe qu'à Mamoudzou. Au nord de l'archipel, touché par l'œil du cyclone, les choses sont bien plus compliquées. « Le bateau, c'est mon outil de travail. Si je n'ai pas de bateau, je ne peux pas travailler », confie un pêcheur, devant une baie ou la plupart des bateaux sont retournés. Cet homme venu de la ville d'Hamjago se sent abandonné : « On est un petit peu exclu de la zone Mamoudzou, même au niveau des informations. »
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L'immigration clandestine pèse dans la reconstruction
L'information est sans doute ce qu'il y a de plus précieux après l'eau et la nourriture à Mayotte. Les contacts avec les autorités et les assurances demeurent par endroit impossible. Et les doutes se renforcent. « Pourquoi ils cachent la vérité ? La moitié de la population d'Hamjago n'a pas l'électricité », s'agace Faoulati, mère de famille. Dans sa tenue traditionnelle, elle laisse exploser sa colère : « C'est inhumain. Les aides qui sont arrivées, on ne les voit pas ici, au nord. Tout est concentré sur les bidonvilles qui regroupent des personnes rentrées illégalement sur le territoire. Et nous, on compte pour rien. »
Les bidonvilles, appelés ici bangas, sont le symbole d'un autre problème de Mayotte : l'immigration clandestine venue en grande partie des Comores. Le sentiment de surpeuplement des quelques 374 km² du territoire et de saturation des services publics s'est renforcé après le cyclone dans les zones les plus reculées.
Mari Atibou, qui habite le sud de Mayotte, lâche : « C'est un grand problème qu'il y a Mayotte en ce moment. Quand on regarde, tous les bangas sont déjà montés. C'est le moment de régler tout ça. » Lors de sa venue il y a deux semaines, le Premier ministre François Bayrou a promis outre de s'attaquer à la question migratoire, mais aussi de reconstruire Mayotte en deux ans.
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Comment les forêts du massif de La Colle Noire se sont régénérées, après un incendie dévastateur
1/12/2025
En 2005, un feu d'origine humaine dévastait la quasi-totalité du massif de La Colle Noire, près de Toulon, dans le sud de la France. Cette forêt méditerranéenne littorale avec des arbres cinquantenaires, voire centenaires, a été calcinée en quelques heures. Comment les gardes du Conservatoire du littoral ont-ils travaillé pour réhabiliter cette forêt après le passage des flammes ? Un garde du littoral du massif en compagnie de rangers des quatre coins du monde sont venus échanger sur les défis liés au changement climatique dans les espaces forestiers.
Près de 20 ans après l'incendie, la forêt de la Colle Noire ressemble plutôt à un maquis. Quelques pins ont atteint plusieurs mètres, mais il y a surtout des arbustes. « En Méditerranée, on a les aromatiques. Ici, regardez le romarin que vous connaissez très bien en cuisine. Là, la lavande sauvage, vous pouvez sentir » : Franck Bertrand, garde du littoral, mène le groupe de rangers internationaux sur le sentier qui serpente au-dessus de la mer Méditerranée.
« Ici, il y a 19 ans, il n'y avait plus rien ici. Il n'y avait plus une mouche qui volait, plus une herbe. Il n'y avait que des troncs calcinés », se souvient-il. Pour réhabiliter la forêt après le feu, les gardes du massif n'ont fait qu'une seule chose : ils ont fabriqué des « fascines .
« Le plus gros danger après un feu ici, c'est la perte de la matière, de la terre. Donc, on a réalisé des fascines. C'est la coupe des arbres morts et calcinés qu'on met en travers des pentes pour retenir l'eau lors des fortes pluies et garder cette terre qui va favoriser la régénération des graines et de la forêt », développe le garde français.
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Les avantages de la régénération naturelle
Et puis, ils ont laissé faire la nature. Laisser la végétation se régénérer toute seule est plus efficace que de replanter. « On a le chêne liège, le champion de l'adaptation. Son écorce va brûler en premier. Et une fois le feu passé, les bourgeons qui sont en dormance à l'intérieur vont redémarrer », explique Franck Bertrand.
Car les arbres qui repoussent naturellement sont plus résistants, notamment à la sécheresse : « Ces arbres, qui ont connu d'années en années ces incendies, ils savent se défendre. Ils s'adaptent vraiment au milieu. Alors qu'un arbre qui a grandi en pépinière, qui a subi un arrosage quotidien une fois dans le milieu naturel, a très, très peu de chances de survivre. Voire aucune. »
Le feu fait partie du fonctionnement naturel de nombreuses forêts. Mais à cause du changement climatique, de l'urbanisation et des imprudences humaines, la fréquence de ces incendies est bousculée. En Méditerranée, on est passé d'un incendie tous les 600 ans à un tous les 50 ans.
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Incendies préventifs et protection de la biodiversité
Face au garde français, Benson Kanyembo, ranger du parc national de South Luangwa en Zambie, acquiesce. Son problème à lui, ce sont les braconniers : « Nous planifions des incendies préventifs pour éviter les grands feux de fin de saison dans le parc. Mais parfois les braconniers mettent le feu avant nous. Ils font ça pour dissimuler leurs activités illégales. »
Pour Lisa Jennings, garde forestière dans les montagnes Blue Ridge de l'Est des États-Unis, c'est l'inverse. Pour protéger les gens qui ont installé leurs maisons dans les bois, elle ne peut plus laisser sa forêt brûler comme il le faudrait :
« Nous avons beaucoup d'espèces qui dépendent du feu pour pousser. Les pommes de pin, par exemple, ne libèrent leurs graines que lorsque certaines hautes températures sont atteintes grâce au feu. Nous avons aussi une couche dense d'arbustes au pied des arbres. Et sans feu, elle empêche les herbes et les fleurs sauvages de pousser. »
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